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tome 1, Chapitre 3 « Proches comme des sœurs » tome 1, Chapitre 3

Lorsque je fus incapable de travailler ou de tourner davantage en rond dans le salon, je partis me doucher. Les courbatures me faisaient encore mal et j’espérais que cela apaiserait mes points de tension. Hélas, en jetant un œil dans le miroir, je devinai que c’était mal parti : de grosses cernes se dessinaient sous mes yeux verts et mon teint avait la couleur de cire fondue. Quant à mes cheveux, ils étaient secs comme de la paille.

Dépitée, je me lavais en vitesse bien qu’une boule d’angoisse continue à vriller mon ventre. Il me semblait sentir la main de la Bela Dama sur mon bras, ou sentir le magnétisme du médaillon embrumer mon esprit. Je l’avais pourtant laissé dans le salon, au fond d’une boîte pour limiter son influence.

Par chance, l’eau chaude me relaxa un peu. Je me séchai en hâte en rêvant de me terrer au fond du lit. Mon corps réclamait une semaine entière de sommeil, ainsi que de vrais repas. Pas les sandwichs que je m’enfilais en quelques minutes, mais un plat sain, équilibré, que Dimitrije cuisinait parfois. Hélas, je ne prenais jamais le temps de me poser au grand désespoir de mon copain.

Alors que je branchai le sèche-cheveux, un souffle glacé frôla ma nuque. Le cri de la Bela Dama siffla dans mes oreilles et je reculai d’un bond, le cœur battant la chamade. Pourtant, aucune fenêtre n’était ouverte et l’appartement paraissait désert.

Tu es épuisée, Sveta.

C’était l’explication la plus logique : à force de tirer sur la corde, je serais bientôt contrainte de lâcher prise. Toutefois, au lieu de me raisonner, j’attrapai la palette de maquillage pour atténuer ma mauvaise mine. J’appliquai d’abord du rouge sur mes lèvres craquelées, puis, au moment de mettre le fond de teint, je discernai des éclats argentés dans mes iris. Discrets au premier coup d’œil, ils entouraient pourtant mes pupilles et brillaient presque au contact des rayons du soleil. Je battis des cils comme l’on chasse une poussière, et quelques secondes plus tard, ils disparurent.

Je soupirai, lasse. La fatigue ne m’allait pas du tout.

D’un geste morne, je me brossai ensuite les cheveux, quand une grosse mèche rousse tomba dans le lavabo. Mon sang se glaça ; impossible qu’il s’agisse d’une hallucination cette fois-ci. Horrifiée, je ralentis mes mouvements, mais de nouvelles touffes se détachèrent de mon crâne. Je lâchai la brosse avant de rejoindre le salon.

Bon, si mon corps me disait vraiment merde, j’allais devoir réagir. Il demeurait l’un de mes meilleurs outils de travail, puisqu’il me servait parfois à appâter certaines victimes pour les contrats d’assassinat. Cela restait rare, mais la mission m’y obligeait de temps en temps. De plus, j’avais besoin de toute mon énergie pour ne négliger aucun détail et me concentrer en toutes circonstances.

Je choisis d’avaler un calmant et consultai ma montre en attendant les effets. J’aperçus alors deux appels manqués de Milica.

Va te faire foutre, kurva.

Hormis nous disputer de nouveau, nous n’avancerions à rien si je la recontactais. J’en avais marre de nos conversations stériles qui ne servaient qu’à me rabaisser. Souvent, je rêvais de jouer les absentes et de me contenter de lui virer l’argent chaque mois. En vérité, j’avais essayé, mais Kaća m’avait tellement harcelé pour que je passe la voir que j’avais renoncé. Ma sœur était presque aussi têtue que moi. Lorsqu’elle se mettait une idée dans la tête, rien ne l’arrêtait. J’esquissai un sourire tendre, le premier depuis un moment.

Malheureusement, le médaillon de la Bela Dama m’arracha à mes réflexions. Une lueur jaunâtre brillait alors que la boîte où je l’avais rangé était fermée. Si j’avais été intelligente, j’aurais lancé le bijou au fond de la benne à ordures. Au lieu de cela, je soulevai le couvercle avec prudence. Le symbole des vampiri brillait et son œil ensanglanté me tétanisa. Ma cage thoracique se comprima et une violente chaleur piqua chaque parcelle de mon corps. Je voulus hurler, mais les cris moururent au fond de ma gorge.

La Bela Dama se matérialisa dans mon esprit et son regard glacial amplifia ma terreur. La mort rôdait autour d’elle ; je la sentais à cause d’une violente odeur rance, similaire à un cadavre en décomposition. J’essayai de me débattre, de m’extirper de cette vision, mais mon corps demeurait prisonnier d’une force invisible.

Quand la libération survint, je fonçai sans réfléchir vers l’extérieur, avant de me heurter à un problème de taille : sans voiture, impossible de fuir. Les transports en commun ne fonctionnaient plus depuis plusieurs décennies et la perspective d’une randonnée sur l’E75 ne m’enchantait pas. Je repris alors ma respiration et descendit au rez-de-chaussée de notre immeuble, vers l’atelier de Dimitrije.

Mon petit-ami le gérait depuis plusieurs années. Il y réparait tout et n’importe quoi – il soignait parfois certains délinquants blessés, qui ne pouvaient aller à l’hôpital. Bien que Leštane soit une commune fantôme, il disposait d’une clientèle fidèle issue essentiellement du grand marš. Il gagnait bien sa vie et son travail, assez calme, nous offrait un semblant de vie normale. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je ne le quittais pas. Je ne l’aimais pas, mais il me raccrochait à la meilleure facette de ma personnalité.

— Tu devrais te reposer, Sveta, me sermonna-t-il à mon arrivée. Tu as une sale mine.

Je ne répondis rien, trop secouée pour siffler un juron et bus sa thermos de café d’une traite. Ok, calmant et café ne faisaient pas bon ménage, mais j’avais besoin d’une dose d’énergie afin de ne pas m’écrouler.

Tandis qu’il lavait les fenêtres de ma voiture, je sentis la pression redescendre. Devais-je lui parler de l’incident ? Il me conseillerait sans doute de lever le pied, d’arrêter de me gaver de cafés et de médocs à tout va, voire de consulter. Oh, Dimitrije m’acceptait comme j’étais, avec mon tempérament borderline et mes failles. Parfois, il essayait de me raisonner, de réfléchir à mener une vie plus rangée, mais je refusais à chaque fois.

— J’ai bientôt terminé, m’annonça-t-il. J’ai remis des pièces à neuf, mais elle est fonctionnelle. J’espère que tu n’envisages pas de travailler ce soir…

— Ne.

Non, je préparerai mon planning pour le contrat d’assassinat. Je devais repérer les habitudes du mari infidèle, sélectionner le mode opératoire, la date de l’exécution et surtout, préparer l’alibi. La cliente étant souple, je pouvais prendre mon temps.

— Michail et toi êtes certains qu’il s’agit d’une Bela Dama ? me demanda-t-il soudain. Admets que cette histoire dépasse l’entendement.

— Visiblement, oui, répondis-je. Elle s’est volatilisée en quelques secondes et l’accident n’a pas été assez violent pour l’éjecter de la voiture.

Je comprenais le scepticisme de Dimitrije : si nous acceptions l’existence de créatures surnaturelles, celles des fantômes, en revanche, était soumise à de nombreux doutes. Les démons et vampiri étaient des êtres de chair, que nous avions affrontés à de multiples reprises. Les spectres, non. Ils demeuraient mystérieux, imprévisibles et aucune preuve tangible ne confirmait leur existence. Toutefois, je savais que cette rencontre avec la Bela Dama avait bien eu lieu.

— La théorie d’un portail spatial avec le Demi-Monde se confirme, révélai-je.

— Dans les Balkans ? Tout le monde s’en doute déjà. Y a encore un gamin qui a disparu, hier. C’est le dixième en moins d’un mois.

— Et le taux de criminalité bats des records, renchéris-je, sinistre. Les stats sont formelles. En comparaison, nos voisins sont des havres de paix.

— Ouais, triste monde. Au fait, y a du courrier pour toi.

Il me désigna une pile d’enveloppes rangées sur une table. Il y avait des factures, ainsi qu’une lettre recommandée du propriétaire pour le loyer en retard. Je serrai les dents, avant de découvrir l’avis de recherche sur le gamin du terrain vague. Les parents promettaient une récompense de 117 000 dinars (1) serbe à quiconque le retrouverait.

Soudain, une enveloppe à mon nom attira mon attention. Il s’agissait d’une proposition de contrat, émise par un Konstantin Preston. C’était la première fois qu’une demande m’était envoyée sur papier. D’ordinaire, mes clients me contactaient par mail crypté afin de rester discrets. Pourquoi courir le risque d’être intercepté par les autorités locales ?

L’absence de timbre me fournit un élément de réponse. Il l’avait déposée lui-même ici, ce qui signifiait qu’on lui avait donné mon adresse. Merveilleux. Néanmoins, le prix balaya mes réticences. 117 280 000 dinars serbe . Il y avait de quoi arrondir mes fins de mois pour les prochaines années et me permettre de raccrocher. En bas de la feuille, je lus un numéro de téléphone, ainsi qu’un symbole bien trop familier.

L’emblème des Cachés.

Je tressaillis et rangeai en vitesse la feuille dans l’enveloppe. J’avais la possibilité de refuser, même si le fait d’avoir déposé cela chez moi signifiait qu’il pouvait me retrouver n’importe quand.

— Ne le rappelle pas, me conseilla Dimitrije. Ça sent le coup fourré.

J’opinai, bien que mon instinct – le même qui m’avait poussé à prendre la Bela Dama en stop – me susurrât le contraire. J’appréciais l’adrénaline que tuer des personnes me procurait. De plus, une mission hors norme me changerait les idées, et j’en avais grand besoin.

Finalement, dès que le nettoyage de la voiture fut terminé, nous remontâmes à l’appartement. Dimitrije écouta la radio d’un air morne, tandis que je poursuivais les recherches sur mon contrat actuel.

— Sveta, je suis sérieux, soupira-t-il alors que nous vaquions chacun à nos occupations. Ces assassinats ne riment à rien, ton job à l’Agencija bouffe assez de ton énergie pour que tu passes tes soirées à traquer des inconnus…

— L’Agencija a des problèmes d’argent comme tout le monde. Le gouvernement nous verse de moins en moins de subventions, et nos salaires s’en ressentent.

— Dis surtout que tu es une psychopathe au fond de toi.

Je haussai les épaules, sans nier. À quoi bon se justifier ? Je tuais des gens depuis des années, cela avait même été mon premier métier. Lorsque l’on est une femme, jeune, sans relations, sans ressources, deux options s’offraient à nous : la prostitution ou l’assassinat. Certaines aspiraient à une carrière plus glorieuse, mais la concurrence était trop rude et nous nous retrouvions vite cantonnées à ces deux marchés.

Maintenant, cela faisait partie intégrante de ma vie. Lorsque l’on sacrifiait son âme ainsi, il était difficile de revenir en arrière. J’avais acquis une solide réputation, et si je l’avais décidé, j’aurais pu vivre de ce travail. Toutefois, les soupçons de ma famille, ainsi que le risque d’être un jour trahie par un client et jetée en prison, m’avait incité à trouver un job « normal ». Je me plaisais à l’Agencija, mais je ne gagnais pas un salaire mirobolant et la traque de petites créatures ne m’enthousiasmait pas vraiment.

— Rappelle-moi qui vend les renseignements de tes clients en échange d’argent ? ironisai-je. Tu sais très bien ce qu’ils font de tes informations, Dimi. L’unique différence entre toi et moi, c’est que je les tue directement.

Je mis un terme à cette conversation stérile en m’enfermant dans ma chambre. Dehors, le ciel s’était voilé de nuages noirs. L’orage menaçait d’éclater, mais la chaleur continuait à m’étouffer. J’allumai le ventilo et avalai un nouveau calmant, en réfléchissant à la proposition de ce Konstantin. Je n’avais rien à perdre en le contactant ; j’avais assez d’expérience pour refuser le contrat si les clauses ne me convenaient pas.

Au même moment, le symbole des Cachés se matérialisa dans mon esprit et des hurlements bestiaux résonnèrent. L’odeur du sang se mêla à celle de la sueur, et une profonde terreur me vrilla les entrailles.

Il y a des siècles que je t’attends, Svetlana.

La voix était délicate, presque chantante. Elle me rassura légèrement et je m’assoupis. Le néant m’envahit et je m’y plongeai avec soulagement. Quand je rouvris les paupières, dix-huit heures approchaient. Je me levai en lâchant un juron, avant de voir nouveaux appels manqués de Milica.

Agacée, je me plaçai à la fenêtre. Un couple ramassait les avis de recherches éparpillés sur le sol, malgré les rafales. Je les observai un instant, indifférente à leur détresse palpable. Eux-mêmes se doutaient que tout était fichu. Aucune disparition ne débouchait sur des retrouvailles ; pas avec les vampiri.

En fin d’après-midi, Misha annula sa visite et m’envoya un mail avec les premiers résultats sur le médaillon. Mon sang se glaça : les matériaux provenaient du Demi-Monde, et des traces avaient été repérées dans l’E75 par l’équipe chargée d’analyser le terrain. La Bela Dama sortait donc de là-bas et l’hypothèse d’un portail en Serbie se confirmait.

Je consultai ensuite une carte, sur laquelle figuraient des portails potentiels. Le premier se situait à la frontière serbo-croate, le second dans le village de Medveđa, à trois heures d’ici. Un sourire lugubre fleurit sur mes lèvres ; c’était là-bas que les premières légendes sur les vampiri s’étaient répandues en Serbie. Je notai les pistes, en acceptant aussitôt la proposition de mon patron d’étudier chaque terrain. Avec un peu de chance, cela m’occuperait suffisamment l’esprit pour que je puisse refuser le contrat de Konstantin sans me torturer le cerveau.

Milica me joignit de nouveau. Je ravalai une injure bien sentie, puis acceptai l’appel, la mort dans l’âme.

— Mama, je suis occupée, j’ai…

— Tu réponds enfin ! me coupa-t-elle de sa voix criarde. Que fichais-tu, c’était…

— Tu veux quoi ?

— Kaća a disparu.

Je faillis m’étrangler, tandis que son hologramme me fixait d’un air sombre. Dimitrije se rapprocha lentement, le teint blême. Je l’enjoignis à se taire, persuadée que ma génitrice exagérait.

— Disparue ?

Milica acquiesça.

— Elle est sortie de la maison ce matin pour rejoindre Karl, expliqua-t-elle. Elle devait rentrer vers midi, mais personne n’a de nouvelles depuis. Elle… elle n’est jamais allée chez lui.

— Et Tijana ?

C’était la meilleure – l’unique – amie de ma sœur. Lorsqu’elle n’était pas fourrée chez Karl ou dans les jupons de ma génitrice, elle se réfugiait chez cette adolescente attardée. Parfois, je me disais que Kaća ne se facilitait pas les choses en s’entourant de ratés pareils.

— Introuvable aussi.

— Elles ont dû sortir un moment, papoter de leurs conneries…

Déjà, le doute se frayait un chemin dans mon esprit. Quelque chose n’allait pas. Kaća et Tijana allaient rarement à l’extérieur. La première avait peur de son ombre à cause de Milica qui l’abreuvait d’histoires plus sanglantes les unes que les autres à propos de Beograd, la seconde avait un sens de l’orientation catastrophique. Elles préféraient regarder des séries chez l’une ou l’autre. D’ailleurs, je me souvenais que les parents de Tijana contrôlaient tous ses déplacements.

J’éludai pourtant mes soupçons. Kaća était naïve, mais prudente. Elle n’aurait jamais rien fait qui puisse inquiéter notre mère ou la famille de sa meilleure amie.

— S’il leur était arrivé quelque chose en chemin ? Je l’aurais su si elle avait prévu de voir Tijana aujourd’hui…

— Ta fille a peut-être ce que l’on appelle une vie privée, raillai-je. Elle n’est pas obligée de t’avertir de son agenda !

— Elle a toujours été plus responsable que toi.

Les hostilités étaient lancées. J’échangeai un regard avec Dimitrije, qui lâcha un « kurva » à peine audible, puis inspirai doucement pour ne pas perdre le contrôle. J’étais habituée à ses remarques, mais cela m’atteignait à chaque fois.

— Celle qui renfloue tes comptes pendant que tu larves sur ton canapé, c’est moi, crachai-je. Celle qui survit dans les rues de Beograd, au milieu des trafiquants, des vampiri et autres ramassis de l’humanité, c’est moi.

Milica ne rétorqua rien. Dimitrije tapota mon épaule et je m’obligeai à remettre de l’ordre dans mes pensées. Je connaissais assez la ville et ma cadette pour diriger mes recherches au bon endroit. En utilisant nos contacts communs, nous réussirions à la repérer rapidement – je l’espérais, du moins. Je m’en voulais à présent d’avoir observé la famille du gamin avec autant de dédain. À tous les coups, c’était un retour de karma.

— Karl m’appelle, je dois décrocher, dit-elle. Je fonce au commissariat demain et je prépare des avis de recherche. Rejoins-moi en début de matinée.

Sur ces mots, elle coupa court à la conversation. Je demeurai immobile, incapable de bouger, de réfléchir ou même de penser. La situation dépassait l’entendement. Ma mère s’alarmait facilement en ce qui concernait ma sœur, mais elle n’aurait jamais réclamé mon aide sans un motif valable. Aussi détestable soit-elle, elle supportait mal de dépendre de moi, même si elle n’avait rien fait pour arranger les choses.

— Kaća ne peut pas avoir disparu, hein ? soupirai-je.

Dimitrije garda le silence. Je devinai son opinion, mais je le remerciai de ne pas enfoncer le clou. Pour le moment, j’avais besoin de rester optimiste.

— J’appelle mes contacts, annonça-t-il. Va préparer la voiture, on part dans cinq minutes.

J’obéis, en listant mentalement tous les endroits où ma sœur et sa meilleure étaient susceptibles de traîner. En retournant dans ma chambre, le médaillon chauffa à nouveau malgré le tissu censé me préserver. Quand je le tirai de ma poche, il brillait de mille feux. Le symbole des Cachés semblaient presque s’enflammer et je discernai même une larme de sang couler le long du soleil.


Texte publié par Elia, 3 mars 2020 à 14h46
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