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tome 1, Chapitre 23 tome 1, Chapitre 23

C’est la fin. C’est terminé. Quelque part, tu en étais persuadée. La petite voix dans ton esprit s’éteint en même temps que les flammes finissent de lécher les derniers fragments de ton passé. Il ne reste plus rien. Rien de plus que des cendres. Ton regard vide d’expression ne les quitte pas. La chaleur brûle ton visage, mais tu ne le remarques pas et ne recules pas. Seul un long soupir traverse silencieusement tes lèvres sèches. C’est quelque chose que tu aurais dû faire depuis bien des années ; ta dernière bonne action en tant qu’Ashleigh Amber Fox. Malheureusement, tu n’en as jamais le temps et encore moins le courage. Est-ce qu’il est trop tard ? Oui. Il est trop tard pour tenter de récupérer ce dernier vestige de tes actes monstrueux. Le feu a terminé de son œuvre. Tes doigts s’approchent doucement de la cheminée, comme hésitants. Est-ce que ton cerveau parviendra à oublier ? Tu ne le sais pas. Tu l’espères. Tu en doutes. Les voix masculines derrière toi s’immiscent lentement dans ton esprit. Ils fêtent la fin d’une ère d’oppression et de mort. Ils honorent la mort d’Hydra.

Ils se trompent lourdement.

L’Ordre n’est pas mort. Il vit toujours. En effet, tu es là. Tu es encore bien vivante. Changer de nom ne change aucunement cet état de fait. Ce n’est qu’un lâche moyen de fuir ton passé et d’éviter ton destin. Ta sentence. Tu devrais être devant les juges et jurys, à plaider coupable et accepter la prison à vie ou la mort. Mais c’est une chose qu’on te refuse. Est-ce une punition à leurs yeux ? Tu entends le rire de James. Il est si beau, si rare. Tu ne peux que le graver dans ta mémoire. Ses yeux sont toujours hantés par tout ce qu’on l’a obligé à commettre. Tous ces kidnappings, ces meurtres, ces tortures. Toutes ces expériences, ces punitions, ces souffrances. Les siennes. Il t’a pardonnée. Tu ne le peux pas. Tout comme dans ces iris, ces horreurs continueront de te hanter. La culpabilité n’a de cesse de te ronger de l’intérieur. L’expiation n’est pas pour les monstres tels que toi. Que tu sois Ashleigh ou Una, cela ne change rien. Parce que tu le vois encore refuser de toucher les autres avec sa prothèse. Sa main tient obstinément sa bière. Personne n’est dupe. Tout le monde sait qu’elle est vide depuis longtemps. La tienne est pleine. Tu n’y as pas touché. Ta gorge est sèche.

— Ils vont finir par croire que tu n’es pas contente de cette victoire.

— Parce que vous trouvez que c’en est une ?

Ta voix est dure et froide alors que tu réponds à Hope. Pourtant, elle n’est qu’à peine murmurée, mais tu vois bien qu’elle t’a entendue. Parler plus fort et les autres cessent de s’amuser. Aucune de vous deux ne le souhaite. Ton regard se braque à nouveau sur le feu hypnotique.

— Arrête de faire ta princesse victime, claque-t-elle.

Plaît-il… ?

— On connaît tous ton passé entre Barnes et Rogers. Pas dans le détail, mais suffisamment pour comprendre votre position à tous les trois. Et franchement, tu n’es pas la plus à plaindre du trio.

— Tu ignores ce que j’ai fait.

— Je n’en ai qu’une vague idée, oui. Et tu as de la chance qu’ils t’aient pardonnée. Personne ne comprend pourquoi ils le font. En particulier pour James. Alors, arrête de chouiner, reste pas dans ton coin. Ils le montrent pas, mais ils s’inquiètent de te voir là.

— Comment vous le savez ?

— Parce qu’ils ne cessent pas de jeter un regard dans ta direction, note La Guêpe.

La femme pose une main sur ton bras. Tu l’énerves, mais elle ne t’en veut pas. Toute cette générosité commence à te débecter. Tu préfères te concentrer sur ces cendres. Où sont-ils ? Tu ne les vois plus. Les flammes les ont-elles avalés ? Tu serres les dents. Bon gré, mal gré, tu finis par opiner du chef et par te lever du siège, à quitter cette chaleur brûlante. Tu as froid. Tu as froid dedans. Tu ne sais pas où te placer. Cela fait tant d’années que tu n’as pas participé à une seule fête. Qu’est-ce qu’on attend de toi, au juste ? Hope semble le comprendre puisqu’elle te colle un verre de punch dans une main et un morceau de cake salé dans l’autre. Okay. Manger et boire, visiblement. Elle t’offre un sourire et un clin d’œil avant de retourner auprès de son petit ami. Méfiante, tu goûtes du bout des lèvres cette boisson à l’odeur sucrée. Elle a un goût de « retournes-y ». Et tu avales une nouvelle gorgée avec plus de franchise. On ne te laisse pas l’opportunité d’en boire plus puisqu’une main autoritaire t’arrache ton élixir pour t’en donner un autre. Tu fusilles du regard Steve qui clame haut et fort qu’il t’est interdit de boire une autre goutte d’alcool. Le blond rajoute qu’il n’est pas sûr de pouvoir survivre à une nouvelle session de chant avec toi. Tu grimaces et ne te retiens pas de lui montrer ton majeur. Il en résulte que tout le monde explose de rire. Même James s’accorde un petit sourire.

L’homme vient se placer à tes côtés et te propose silencieusement de te faire boire un peu de bière. Tu acceptes et ne manques pas de te débarrasser de ton verre de jus de fruit. Vous êtes comme deux gamins qui effectuez des bêtises dans le dos de votre père et cela vous amuse beaucoup. Vous ne parlez pas. Vous vous contentez d’écouter les autres bavarder. Il n’y a aucune mention de T’Challa et de Shuri. Cette dernière n’est pas avec vous. À cause de ses nouvelles responsabilités, elle n’a malheureusement plus vraiment le temps de s’amuser. « Une prochaine fois » a-t-elle dit. Mais vous avez bien vu dans ses yeux qu’elle ne souhaitait pas venir. Son cœur n’y était pas. Ce n’était pas une victoire pour elle. Ce n’en est pas plus une pour toi. C’est ce que tu as voulu faire comprendre à Hope. Néanmoins, elle a eu raison de rabrouer durement. Tu admets que tu passes beaucoup trop de temps et d’énergie à t’apitoyer sur ton sort. Il faut que cela cesse.

— La cheminée était si intéressante ? te glisse James d’un air débonnaire.

— Ce que j’y brûlais surtout.

— Pas tes recettes de cuisine, j’espère. On sait que tu n’as aucun talent, mais ce que tu déniches est très bon.

— Idiot, pouffes-tu.

Tu ne te vexes même plus de ton absence d’avenir dans l’art culinaire.

— C’est mon carnet.

Tu n’as pas besoin de préciser de quel carnet il s’agit, Barnes le sait parfaitement. L’homme t’a vu suffisamment longtemps griffonner dedans. Le silence entre vous deux devient gênant. Il avale sa bière d’un cul sec plutôt éloquent et tu ne peux que chercher à dissimuler ta honte et ta culpabilité dans ton cake salé. Cela recommence. Tu devrais plutôt être fière de ce que tu as fait. Tu as enfin trouvé le courage de détruire cette dernière preuve de ton affiliation à Hydra. Cependant, la pâleur de son visage ne joue pas en ta faveur. Tu es pourtant persuadée d’avoir effectué une bonne action. Et pas des moindres. Aucun imbécile, aucun fanatique ne pourra réitérer tes erreurs. Les seules notes et explications pour recréer un nouveau Soldat de l’Hiver se trouvent dans ta mémoire. Soudainement, un bras puissant vient entourer tes épaules et tu en perds presque l’équilibre sous l’effet de la surprise. Tu ne t’attendais pas à ce que l’homme soit aussi tactile après cette annonce. Pourtant, quand tu lèves le nez, c’est un James tout sourire que tu découvres. La joie se lit jusque dans ses yeux. Steve s’approche de vous deux, curieux. Ce dernier ne lui répond que par un :

— Elle l’a brûlé.

Rogers garde le silence et tu te sens paniquer tandis que tu distingues comme des larmes apparaître au coin de ses yeux. Tu lui assènes précipitamment que, si tu peux gérer des hommes blessés, tu en es pourtant incapable quand il s’agit d’un type en pleurs. Il glousse. Steven Grant Rogers glousse ! Bordel… Si on t’avait dit, un jour, que tu vivrais assez longtemps pour le découvrir ainsi, tu lui aurais conseillé de diminuer sa consommation d’alcool. Mais le fait est là et tu ne peux qu’en être abasourdie. Tu as même droit à un gros câlin qui te coupe la respiration. Cela ne manque pas car, tout le monde en rit et se moque de toi. On t’offre même une bière sous l’œil désapprobateur du blond. Pour la peine, tu lui tires la langue telle une adolescente tenant tête à son paternel. L’ambiance est légère et tout le monde a besoin de ça. Même toi. Tu te prêtes au jeu et, plus tard dans la soirée, tu ne rechignes pas à un nouveau verre de punch.

Quelques verres et deux morceaux de cake plus tard, tu te portes évidemment volontaire pour un karaoké bien éméché en compagnie de Scott, Hope et Sam. Les autres ont décidé de servir de jury et tu as parfaitement conscience que tu te retrouveras belle dernière. Ce n’est pas grave. Au moins, tu t’amuses et te venges du jus de fruit qu’on a voulu t’imposer. Tu déclares forfait à l’étrange jeu Just Dance et tu es circonspecte avec l’activité proposé par Scott, bien plus saoul que toi. Les règles sont simples, pourtant. Il s’agit de deviner ce qu’il y a de marquer sur le papier collé sur ton front. Tu ne trouves pas. Cela te frustre. Tu acceptes l’eau que l’on te propose et argue que tu ne risques pas de réussir si tu dois trouver quelque chose qui n’est pas de ton époque.

— Tu sais pourtant que tu ne tiens pas du tout l’alcool, soupire Steve.

— Mais j’ai quand même le droit de m’amuser ! Et ‘pis… et ‘pis, t’es pas mon père !

— Mais oui, mais oui…

Installée comme un sac de pomme de terre sur l’épaule de l’ancien Captain America, tu ne manques pas l’expression moqueuse sur le visage de James. Ce dernier vous suit tandis que Steve ouvre la porte de ta désormais chambre et te pose sur le lit avec peu de délicatesse. Tu grognes et manques la conversation rapide entre les deux hommes. Tu vois juste Rogers te souhaiter bonne nuit avant de quitter la pièce. Barnes, lui, reste. Il s’installe sur le bord du lit et t’encourage à te mettre à l’aise. Ce qui consiste à te déshabiller, ce que tu effectues sans trop de pudeur. Il rougit. Tu t’en amuses et lui confies que tu as déjà fait pire que te déshabiller devant quelqu’un. Sa curiosité te demande d’en dire plus et tu lui parles de ce général russe qui avait un fétichisme pour les pieds et qu’il te laissait faire tout ce que tu voulais dans ton travail à la condition qu’il puisse te lécher les pieds jusqu’à satiété. Ton ami grimace de dégoût et tu glousses. Certes, c’est assez étrange, mais cela ne l’était pas pour ce militaire. Là où il mériterait cette répulsion, c’est lorsque tu as découvert qu’il était marié et que son épouse était ignorante de ce penchant. Tu es maintenant en sous-vêtements et sous la couverture, la tête posée sur l’oreiller. Tu es prête à t’endormir, mais tu te débats pour garder les yeux ouverts et continuer à lui parler.

— Vous m’en croyiez pas capable, hein ? Pour le carnet.

— On le craignait, oui, avoue-t-il. Ça reste une partie importante de ton passé.

— De notre passé, rectifies-tu.

Tu voulais mettre ton index sur sa bouche ; il s’appuie maintenant sur sa narine.

— Et c’est justement pour ça qu’il fallait le détruire.

Il acquiesce et sourit. Tu te sens sombrer dans les limbes du sommeil alors qu’une question taraude ton esprit. Ta main s’agrippe sur son bras et tu n’entends pas ce qu’il te répond. Peut-être qu’il te le répétera demain si tu le lui demandes.

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Le réveil est dur ce matin. Plus que les autres. Tu as eu énormément de travail à terminer la veille et tu sens que tu n’es pas complètement reposée. Il va te falloir un café très fort si tu veux pouvoir assurer au boulot. Et rester d’une humeur relativement neutre. De toute façon, personne ne viendra t’enquiquiner. Ils ont tous compris qu’il valait mieux t’éviter en cas de court ou d’absence de repos. Tu participes au même rituel matinal qui consiste à : café, toilette, transport. On t’a bien proposé un petit appartement agréable au sein du bâtiment afin d’éviter les retards quels qu’ils soient, mais tu as refusé à maintes reprises. Tu aimes l’idée de pouvoir rentrer chez toi, de pouvoir te couper du travail et avoir une vie rien qu’à toi. Ils le comprennent, mais restent néanmoins inquiets. Tout peut arriver et la mort d’Hydra ne signifie nullement que tout potentiel danger est écarté.

— Docteur, ils vont bientôt arriver.

— Des dégâts à déplorer ?

— Rien qui ne nécessite une grosse intervention. Comme d’habitude, quoi.

Miller rigole et continue ses préparatifs tandis que tu t’occupes des nouveaux documents à lire, à remplir et à signer ou à contester. Tu as effectué un sérieux ménage et il a fallu toute l’aide et le soutien de ce jeune homme pour que les autres – soi-disant plus expérimentés – t’écoutent. Certes, tu n’as soigné que des personnes qui n’ont jamais été boostées au sérum, mais tu apprends vite et tu l’as prouvé. Sur un ton badin, ton assistant demande si tu as déjà vu les nouvelles tombées dans le journal quotidien. Tu réponds par la négative. Tu n’as pas pris le temps et tu acceptes avec plaisir un résumé de sa part. Le voilà tout sourire et tu te plonges dans ces feuilles volantes pour ne pas participer. Sonny aime parler et tu as appris à utiliser sa voix comme bruit de fond et moyen de te concentrer. Il t’apprend que les nouvelles ne sont pas très bonnes, mais il assure que tout ira mieux après l’intervention de l’équipe qui devrait arriver d’ici peu de temps.

— Heum… Docteur. Il y a quelque chose que j’aimerais vous demander.

Tu lèves le nez en même temps que tu arques un sourcil. C’est la première fois que tu entends Miller hésiter et être aussi peu sûr de lui. Ce n’est absolument pas dans ses habitudes. Tu poses donc ton stylo et croises les doigts. Tu patientes. Tu es bien curieuse d’entendre ce qu’il a à te demander. Il commence sa phrase avec quelques trémolos dans sa voix, mais il n’aura pas l’occasion de la terminer. La porte s’ouvre en grand et dans un fracas dont ton manque de sommeil se passerait bien. C’est toi ou un mal de tête commence à pointer le bout de son nez… ?

— Miller ! Occupes-toi de Sam, il s’est pris une balle !

— Arrête ! C’est qu’une éraflure.

Tu soupires et laisses ton assistant s’occuper du blessé. Tu te lèves et tu songes à te prendre un nouveau café. Le précédent n’était pas assez fort. Tu t’approches des deux autres hommes présents dans la pièce et leur demande s’ils ont également besoin de soins. « On guérit vite » est leur seule réponse et tu fronces les sourcils. Tu ne manques pas de les gronder pour leurs enfantillages et les menaces de leur interdire toute mission jusqu’à nouvel ordre. Ils te fusillent du regard et le blond est le premier à céder. Certes, la coupure sur son torse n’est pas belle à voir mais, fort heureusement, cela ne nécessite pas de points de suture et tu leur fais confiance quant à leur capacité de guérison. Néanmoins, tu t’appliques à désinfecter la plaie et à le bander comme il se doit. Il sera libre de s’en débarrasser uniquement le lendemain matin. Il geint. Sa douche l’attend et tu es assez sadique pour lui asséner que cela peut très bien patienter une nuit. Mécontent, il se retire et assène qu’il sera dans son bureau pour rédiger son rapport. Le brun s’installe à son tour devant toi, conscient qu’il ne pourra pas éviter le calvaire.

— Tu sais qu’il n’est pas fait pour rester inactif.

— C’est pourtant lui qui a accepté de prendre ce rôle de directeur.

— Il n’y avait personne d’autre qui en voulait et nous avons besoin d’un leader.

Et Steve est le parfait leader, tu en conviens tout à fait. De toute manière, tu mentais lorsque tu as assuré que tu lui interdirais toute mission. C’est juste le seul moyen que tu as trouvé pour le faire plier. Du coin de l’œil, tu vois James fusiller Sonny de regard et tu as du mal à dissimuler ton sourire en coin. Tu lui glisses qu’il n’a vraiment rien à craindre de ce jeune garçon. Il te répond qu’il ne parvient pas à lui faire confiance.

— C’est ça, ricanes-tu en lui passant de la crème pour sa brûlure. Dis plutôt que tu n’apprécies pas le fait qu’il puisse passer autant de temps avec moi.

— Et si c’était le cas? grogne-t-il.

Tu hausses les épaules. Tu ne veux pas le titiller plus que de raison. Tu trouves que son côté jaloux est mignon et amusant, mais tu as conscience qu’il n’aime pas que tu ries à ses dépends.

— Je te répondrai qu’il m’a avoué hier qu’il est fiancé. Il voulait me dire quelque chose avant que vous arriviez. Je suppose que c’était pour me demander un jour de congé afin qu’il puisse faire sa demande. Tu en penses quoi ?

— Que ce serait mieux si tu venais vivre ici.

C’est à ton tour d’être de mauvaise humeur, mais il ne cède pas et argue qu’il voit bien que tu es fatiguée. Tu es encore rentrée tard chez toi. Tu lui rétorques que tu n’as pas envie de revenir sur cette conversation. Tu ne changeras pas d’avis. Il n’a qu’à venir s’installer chez toi s’il s’inquiète tant. Le silence s’installe entre vous deux et tu sens que tu viens de lâcher une bombe. Le genre de débat qui gêne les deux protagonistes. Tu termines de le soigner et lui indiques qu’il peut rejoindre Rogers s’il le souhaite. C’est évidemment le feu vert pour l’homme qui ne perd pas de temps à se lever et à quitter la pièce à grandes enjambées. Ce n’est lorsqu’il passe la porte que tu te permets de pousser un long soupir épuisé et tu passes ta main sur ton visage. Ce n’est vraiment pas la meilleure chose à sortir si tu souhaites désamorcer une discussion qui se promet houleuse et agaçante. Sam claudique vers toi, te questionne sur l’absence des deux garçons et tu ne peux que te sentir coupable à son égard. C’est toi qui as provoqué le départ des deux acolytes. Il acquiesce et annonce qu’il va se reposer dans ses appartements.

— Il y a quelque chose qui ne va pas, docteur ?

C’est Miller qui te pose cette question au bout de longues heures. Tu n’arrives pas à avancer dans tes papiers et ses babillages ne servent strictement à rien. Tu ne parviens pas à te concentrer. À la place de cela, tu pinces l’arête de ton nez et lui réponds qu’il peut évidemment prendre la journée dont il a besoin pour faire sa demande en mariage à son fiancé. Tu as juste besoin de savoir quel jour il souhaite prendre afin que tu puisses le noter dans le planning. Son visage s’illumine et il oublie totalement sa position et ton humeur ronchon. Il te lâche un grand « Merci, docteur ! » dans les oreilles en même temps qu’il te prend dans ses bras. Puis, il disparaît dans le couloir. Un coup d’œil à ta montre t’indique qu’il est l’heure de déjeuner. Tu soupires et décides que tu reprendras ton travail plus tard. Du moins, cela aurait pu être dans tes plans si James n’était pas apparu dans l’encadrement de ta porte et ne s’approchait pas d’un pas décidé vers le bureau derrière lequel tu es installée. Tu ne sursautes pas lorsqu’il pose brusquement un étrange catalogue.

— Tu choisis la maison. Mes conditions sont à l’intérieur.

— Tu vas un peu vite en besogne, James, répliques-tu pour dissimuler ton trouble et garder contenance. Normalement, il y a de nombreux rendez-vous avant d’émettre l’idée de vivre ensemble.

— C’est toi qui l’a émise pas plus tard que ce matin. Quant aux rencards, on planifiera ça après s’être installés.

Tu n’as pas le temps de réagir que James t’a déjà déposé un tendre baiser sur la joue avant de disparaître comme un fantôme. Il manque ton rougissement et ton sourire attendri, mais ce n’est pas grave. Bucky est persuadé d’en revoir d’autres. Comment tu le sais ? C’est la rose posée sur le catalogue immobilier qui te l’assure.

Une rose éternelle.


Texte publié par Edda T. Charon, 6 juin 2022 à 17h32
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