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Chapitre III : La Pomme empoisonnée

« Pour chaque aventure, il faut être prêt à surmonter ses peurs. Surtout en tant que Maître de la Keyblade, et d’autant plus en tant que Gardien. »

n Journal d’Ypsen

Après avoir accompagné Dingo dans un ascenseur pour aller aux sous-sols du Château des Cœurs, une énorme machine dominait l’espace d’une large pièce circulaire. Réith était émerveillé, en voyant le vaisseau dont parlait le bras droit du Chevalier Mickey.

« On va voyager avec ça ? Super !

Il y avait de quoi s’émerveiller. L’engin disposait de quatre longs et fins réacteurs, d’un cockpit au sommet de ce que l’on pourrait voir comme la gueule d’un dragon, et d’un canon. Tout cet attirail était d’une couleur rougeoyante. En allumant la lumière, Nara fut surpris tellement le vaisseau ressemblait à un dragon.

« Et qui est-ce qui va conduire ? demanda Aria

« Moi, crièrent ses deux amis en levant la main.

« C’est moi qui aie demandé en premier ! s’exclama Nara en regardant tout le monde pour qu’ils le confirme.

Désespéré devant autant de gamineries, Squall désigna Aria en tant que pilote.

« Mais pourquoi elle ?

« Parce qu’elle n’a pas réclamé, rétorqua Squall.

Poussant un long soupir, Nara et Réith décidèrent de ne pas insister. Squall donna au trio des conseils pour manœuvrer le vaisseau, et indiqua, que s’ils avaient des problèmes, ils pouvaient appeler la base du Château des Cœurs avec l’ordinateur du vaisseau.

« Rappelez-vous, ce sont les serrures que vous devrez retrouver. Pour que les mondes soient sauvés.

« Et c’est en aidant les habitants des autres mondes que vous les trouverez ! Ajouta le Chevalier Mickey.

« T’inquiètes ! Je veux revoir mes parents ! Et je ferais tout pour ça ! déclara Réith, d’un ton solennel.

« Nous vous faisons confiance. Tic, Tac, le vaisseau est prêt à décoller.

Deux petits écureuils saluèrent le mercenaire, avant d’enclencher un levier deux fois plus grand qu’eux. Le dôme qui logeait le vaisseau s’ouvrit en même temps qu’un immense vortex. Aria emprunta l’escalier qui ouvrait la voie vers le cockpit, suivis par ses deux amis. L’intérieur du vaisseau était tout sauf ordinaire. Il y avait trois sièges, où trônait des tableaux de bord. « Ca a l’air vachement compliqué », pensait Nara qui ne voulait finalement plus conduire. En effet, il y avait tellement de boutons qu’il ne savait pas par où commencer.

« Le siège de droite, c’est pour les armes du vaisseau, et celui de gauche pour la maintenance, indiqua Aria en s’installant sur le siège au centre.

« Elle lit dans mes pensée ou quoi ? » se demanda le jeune Maître.

Les deux jeunes hommes prirent place. Nara décida de s’occuper de l’armement et Réith de la maintenance. Sous les ordres de leur amie, ils enclenchèrent les machines et décollèrent lentement. Au fur et à mesure que le vaisseau s’approchait du vortex, il accélérait jusqu’à aplatir le trio au fond de leur siège.

« On va voler en hyper-espace ! Accrochez-vous ! cria Aria en poussant un levier vers elle.

Des flammes bleues s’évacuaient des réacteurs, pendant quelques dizaines de seconde. Puis, la vitesse revint à la normale. Le spectacle qui s’offrit à eux fut alors littéralement magique. Un banc d’étoiles brillait au firmament, d’un fier éclat. « On dirait des milliers de poisson dans l’eau » pensait Réith qui avait inconsciemment saisis la main de son amie en scrutant l’espace. Nara voulut en profiter pour placer un commentaire, mais le regard noir d’Aria à son égard lui fit changer d’avis. Réith dirigea son attention envers la maintenance du vaisseau. Aria et lui ne purent tout de même cacher leurs visages rouges. Nara exprima un léger contentement. Décidant de stopper ses taquineries, il demanda quelques explications à propos des boutons.

« Selon Squall, tu peux diriger le canon avec le manche. Pour tirer, tu dois appuyer sur les trois boutons à gauche.

A peine eue-t-elle le temps de finir sa phrase que le Ragnarok s’arrêta en plein vol, provoquant une secousse dans tout le vaisseau. Le tableau de bord de Réith provoqua un bruit strident. Le jeune gardien y jeta un œil manipula le clavier pour essayer de trouver d’où venait le problème. Une jauge brillait d’un rouge éclatant.

« Le Ragnarok a déjà besoin de repos après quelques minutes de vol, ironisa Réith.

« Oh non ! Tic et Tac n’ont pas rechargé le vaisseau ! Et il ne peut récupérer de l’énergie que sur les mondes. Réith, tu peux vérifier le monde le plus proche ? C’est le bouton vert sur la droite.

Après quelques secondes de réflexion, le jeune gardien eu accès à un menu qui affichait les mondes aux alentours. Le monde le plus proche était la « Forêt des Nains ». Etrangement, ce monde lui était familier, malgré le fait qu’il n’ait jamais voyagé.

« Les Princesses de Cœur ouvrent la voie aux Maître de la Keyblade, murmura le jeune homme.

« Alors ? demanda Nara.

« Le monde le plus proche est la Forêt des Nains.

« Allons-y ! Accrochez-vous ! cria Aria en s’emparant fermement des commandes.

Nara s’accrocha aux bras de son siège, effrayé à l’idée de se déplacer à nouveau en hyper-espace. Réith eut un fou rire. Son ami le dévisagea. Il ne désirait pas être de nouveau aplati sur son siège.

*

Au bout de quelques minutes, le Ragnarok fit face à une planète. De leurs positions, le trio la détaillait. Un château trônait à côtés de magnifiques plaines fleuries et d’une immense forêt. Aria eut un cri d’admiration. Distraite, elle laissa chavirer le vaisseau, ce qui fit tomber à la renverse ses deux amis. Paniquée, elle en reprit lentement le contrôle. Rouge de confusion, elle n’osa pas regarder ses deux amis écrasés à leur tableau de bord. Etouffant un râle, ses deux amis se rassirent sur leurs sièges, frottant leurs bosses sur le crâne. Aria accéléra autant que l’énergie du vaisseau pouvait le permettre. Puis, un vortex se formait peu à peu. Se rappelant des indications de Squall, Aria manipula le clavier de son tableau de bord, et appuya sur la touche Entrée. Soudain, le trio disparut dans une lumière intense.

*

Allongés sur l’herbe tendre de la prairie, le trio reprit conscience, sous le parfum enivrant des fleurs aux alentours. N’ayant jamais voyagé de leur vie, ils ne purent s’empêcher d’admirer le magnifique paysage, et d’humer l’air doux qui régnait dans l’air. Des fleurs décrivaient une véritable palette de couleurs vive et rassurante. Le soleil brillait et l’air frais donnait une irrésistible envie de se détendre. Malheureusement, leurs rêveries furent interrompues par un cri strident. Il venait d’une forêt que l’on pouvait voir au loin. Sans attendre, le jeune Maître et ses gardiens se précipitèrent à la rencontre des arbres menaçant. Mais des créatures noires émergèrent du sol et des ombres de la forêt. « Des Némésis » pensait Nara en faisant apparaître sa Keyblade dans sa main gauche. Ses amis firent de même en préparant leurs armes. L’une des créatures, ayant l’apparence d’une fleur allongea sa tige pour s’attaquer au Maître de la Clé. Celui-ci frappa la tête de son ennemi de toutes ses forces ce qui eu pour effet d’allonger la tige dans le sens inverse et de repousser les autres monstres.

« La voie est ouverte ! cria-t-il à l’adresse de ses amis. Attention, Némésis en approche ! dit-il prêt à frapper avec sa clé brillant comme le soleil.

Une des créatures fut plus rapide que lui et s’attaqua aux deux jeunes gens prêt à riposter. Par réflexe, Réith fit un énorme bond et trancha son ennemi à l’aide de ses dagues en quatre coups. Malheureusement, sa force n’étant pas égale à celle de Nara, le Némésis reprit ses esprits pour prendre d’assaut la jeune gardienne. Après un instant d’appréhension, elle se tint droite, avant de crier :

« Brasier ! »

Une portée de notes enflammées fit disparaître son ennemi dans des flammes intenses mêlées aux flammes bleuâtres.

« Ne t’arrête surtout pas !

Sans attendre, Aria se précipita au cœur de la forêt, cherchant la source du cri. Après quelques minutes de course, le trio vit une jeune fille aux cheveux noirs entourée d’arbres effrayant, tandis que des Némésis l’entouraient. Réith crut distinguer entre les arbres un tourbillon de flammes vertes, mais se concentra sur la fille en détresse qui ne cessait de crier de terreur. En quelques secondes, il repoussa les Némésis de ses dagues, jouant sur sa vitesse tandis que Nara prenait la bouleversée dans ses bras pour s’échapper.

*

Le parcours pour s’échapper de la forêt semblait interminable pour le trio qui faillit laisser tomber leur protégée à cause de la fatigue. Mais ils ne pouvaient se résoudre à abandonner cette fille dans la sombre forêt, qui ne leur inspirait aucune confiance. Ils arrivèrent toutes-fois à repérer la tour d’un château et se dirigèrent vers celui-ci. Fatigués, ils décidèrent de se reposer dans une prairie non loin de la forêt. C’est alors que Réith étudia plus en détail leur protégée. Elle avait des cheveux courts et noir comme l’ébène. Une robe large lui couvrant les jambes. D’un jaune clair jusqu’à sa taille, et bleue sur son buste. Un col large couvrant sa nuque et une longue cape rouge. Ses lèvres rouges comme la rose et son teint blanc comme la neige la rendaient assez attirante, même si elle semblait assez jeune pour que sa beauté soit convoitée. Nara prit l’initiative de l’interroger sur son identité. Après un moment de silence, elle prit la parole :

« Je m’appelle Blanche-Neige. Je cueillais des fleurs dans la prairie quand ces horribles créatures m’ont attaquée.

« Heureusement qu’on était là alors ! s’exclama Nara en arborant un sourire, fier de son travail.

« Tu habites ici ? demanda Aria en pointant la tour du château.

Elle eu un léger mouvement de panique, et reprit la parole.

« La Reine de ce château me cherche pour s’emparer de mon cœur. Il faut aller dans la mignonne chaumière des Nains. Enfin, si cela ne vous gène pas.

« On ne t’abandonnera pas ! s’écria Réith en faisant apparaître ses dagues.

« Oui ! On va t’emmener en sécurité ! s’écria Aria, laissant échapper quelques flammes de sa main.

Ses deux amis acquiescèrent de la tête. Blanche-Neige souri pour démontrer sa gratitude. Elle s’avança vers la lisière de la forêt et indiqua la direction de la chaumière au trio. Il fallait aller vers l’est et attendre le retour de leurs hôtes. La jeune fille fut tout de même effrayée de retourner dans cette horrible forêt infestée de monstres et de Némésis. Nara mit la main sur son épaule pour la rassurer. La jeune princesse sentit une intense lumière émaner de son cœur, puis décida de lui faire confiance. C’est ainsi qu’ils pénétrèrent dans la forêt, tandis que des Ténèbres menaçantes enveloppait le Château.

*

De sa tour, la Reine avait entendu le cri d’effroi qui avait failli alerter tous ses serviteurs. Se levant de sa chaise luxueuse, elle secoua sa cape couverte de la poussière de son antre, et réfléchissait. Un doute l’envahissait. N’avait-elle pas ordonné à ce chasseur de ramener le cœur de Blanche-Neige. Cette sorcière qui était apparue tel un fantôme dans sa tour lui avait donné la potion pour mettre fin à l’impudente beauté de sa belle-fille. Il ne resterait plus qu’elle. Elle et sa beauté parfaite. Son visage n’affichait plus sa froideur habituelle

Elle remit sa cagoule, laissant les contours de son visage avoir la forme d’une pomme, et mit sa majestueuse couronne. Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Il fallait qu’elle sache si le chasseur avait effectué sa demande. Elle descendit les escaliers de la tour quatre à quatre avant d’atteindre sa chambre où trônait sur le mur un miroir. A peine l’avait-elle approché qu’un masque blanc apparut sur la surface de l’objet.

« Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle.

L’esprit du miroir ne dit rien pendant quelques secondes puis répondit:

« Une fille aux cheveux noir comme l’ébène, aux lèvres rouge comme la rose et au teint blanc comme neige. Son nom est Blanche-Neige.

« Impossible, son cœur est dans ce coffre ! criât-elle de rage en ouvrant le coffret de bois.

« Il n’y dans ce coffre que le cœur d’une biche. Le chasseur vous a trahis, et maintenant votre belle-fille rentre à la chaumière des Nains accompagnée du Maître de la Keyblade et de ses gardiens.

« Silence ! Personne ne se moque de moi impunément ! hurle-t-elle en brisant le coffre par terre.

Elle s’empara d’une de ses potions et la jeta sur le miroir. Au lieu de se briser, sa surface devint noirâtre, tandis que l’esprit du miroir avait disparu. Satisfaite de ses précautions, elle retourna prestement dans sa tour personnelle. Jamais Blanche-Neige ne survivra face à elle. Jamais. Autour d’elle, les Ténèbres commençaient à devenir menaçantes. Attirées par sa jalousie.

*

N’ayant pas rencontrés de problèmes particuliers avec les Némésis, la traversée de la forêt fut paisible. Quelques créatures avaient tentées en vain de s’attaquer à la princesse, mais ses Gardiens prirent soin de la protéger jusqu’à la chaumière des Nains. Celle-ci se situait au milieu d’arbres et était faites de pierre, tandis que le toit était en paille. Un petit pont de pierre enjambait une rivière non loin de la chaumière pour la rejoindre. De petits hommes barbus venaient de rentrer, une pioche à la main, chantant gaiement :

« Hé ho ! Hé ho ! On rentre du boulot !

« Mes amis, vous êtes enfin là ! s’écria la princesse.

Les hommes barbus se retournèrent et se mirent à courir à la rencontre de leur protégée. Voyant Réith, Nara et Aria à ses côtés, ils devinrent méfiants à leurs égards.

« Ne leur faites pas de mal, ils m’ont sauvés des créatures qui hantent la forêt. Oh ! Timide ! Je n’ai pas eu le temps de t’embrasser avant ton départ à la mine.

« Chacun ses priorités, pensait Aria. Ces Nains ont tous des noms bizarres ?

« Je vous présente Prof, Atchoum, Dormeur, Grincheux, Joyeux, Timide et Simplet.

Timide se cacha derrière sa barbe après que son visage soit rouge comme une tomate. Blanche-Neige s’approcha de lui, et lui fit un baiser sur le front. Nara du se retenir intérieurement de rire, car le Nain lui rappelait Réith quand il est en présence d’Aria. Son ami ressentit pourtant son amusement et lui fit signe de ne dire quoique se soit. Tout à coup, il fut surpris par Prof, se demandant s’ils sont vraiment des amis ou s’ils ont été envoyés par la Reine.

« Peut-on savoir qui vous êtes ?

« Ils m’ont sauvée des créatures de la forêt ! Ne les chassez pas Prof !

« Vous avez vraiment sauvé la Princesse ? demanda le nain, incrédule.

« On est fait pour combattre les Ténèbres ! C’est notre job ! s’écria Nara en faisant apparaître sa Keyblade.

Emerveillé devant la clé littéralement enflammée, Prof se retourna demandant l’avis de ses compagnons d’un seul regard. Seul Grincheux semblait ne pas approuver. Il marmonnait des mots incompréhensibles dans sa barbe. Voyant leur accord, Nara se dirigea vers la chaumière et s’étendit dans l’herbe fraiche. Plus soucieux de l’avenir de la Princesse, Réith retourna dans la forêt pour s’assurer que les créatures ne viendront pas ici.

Soudain, il sentit dans la forêt une présence. Elle était différente de celle des Némésis. On aurait plutôt dit une présence humaine. Intrigué, le jeune gardien s’approcha des sombres feuillages. Plus il s’approchait, plus l’énergie lui était familière. Les Ténèbres ! Quelqu’un se servirait-il des Némésis ? Réith continua sa route malgré la peur qui le tenaillait. Depuis l’horrible épisode de Sainte Bonne Nuit, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender ses prochaines confrontations contre les Ténèbres. La solitude était tout ce qu’il cherchait à éviter. Mais Aria risquait elle aussi sa vie. Comment pourrait-il vivre avec ça ? Alors que l’ambiance devenait palpable, le jeune homme sentit toute l’énergie disparaître en un clin d’œil. Il buta sur une branche, soulevant un nuage de terre. En se relevant, il vit une pomme d’un rouge éclatant trainer sur le sol. Il n’y avait pourtant aucun pommier dans les environs. D’abord, il s’empara délicatement du fruit. Puis il l’observa. Elle semblait succulente, mais il se méfiait tout de même. Qui sait si elle pouvait être empoisonnée ? Elle avait pourtant si délicieuse ! « Bon, allez, juste un bout » se dit-il en la croquant. Il eu à peine le temps de faire un pas que la lueur de ses yeux s’éteignit alors que son corps sans vie s’écroulait sur le sol.

Après quelques minutes de détente, le garçon aux cheveux rouges ressentit un grand froid dans son corps. Comme si quelque chose en lui venait de s’éteindre. Il se souvint que le cristal de son monde appartenait non seulement à Réith, mais aussi à Aria et lui. Il se leva et se dirigea à la rencontre d’Aria qui semblait ressentir la même chose :

« T’aurais pas vu Réith ?

« Il s’est dirigé vers la forêt. Il avait l’air effrayé. Tu crois qu’il lui est arrivé quelque chose ? demanda-t-elle, la mine inquiète.

« J’allais vérifier. Tu viens ?

« Oui, il ne faut pas trop le laisser seul à mon avis.

« J’y prends note.

Sans perdre de temps, ils entrèrent dans la forêt. Quelle ne fut pas l’horreur de la gardienne lorsqu’elle vit son cher ami étendu par terre. Elle le fixait d’un air livide. Ses craintes pour son ami étaient justifiées. Nara, lui prit la main pour essayer d’examiner Réith mais la jeune gardienne faisait preuve d’une grande résistance. Cependant, ils ne remarquèrent pas la pomme qui avait roulée dans les buissons. La jeune fille était sur le point de pleurer quand Nara, dans son empressement l’écarta du corps de son ami pour l’étudier. Il ne vivait plus certes, mais quelque chose le parasitait. Plus précisément son cœur. Quelqu’un l’a donc ensorcelé.

En tant que Maître de la Keyblade, il avait demandé à Mickey quelles était ses nouvelles aptitudes. L’une d’entre elles pouvait permettre d’analyser le cœur de quelqu’un pour y trouver des Ténèbres. Parfois, il pouvait ainsi trouver une solution. Sans parler à Aria, il fit apparaître sa Keyblade et en utilisa la pointe pour commencer l’opération. Après quelques secondes, il ne pouvait s’empêcher de rire.

« Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle ! lui reprocha Aria qui ne comprenait pas son attitude.

« Il est pas mort. Quelque chose l’empêche de vivre ! Et pour le réveiller, il faut…

Il fit une pause pour laisser Aria deviner. Celle-ci le regarda d’un air mécontent, lui faisant comprendre qu’il devait lui dire au lieu de la faire patienter. Il poussa un soupir avant de continuer son explication :

« Il lui faut un premier baiser d’amour !

Son amie compris tout de suite où elle voulait en venir. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de rougir à cette annonce surprenante.

« Eh ! C’est pas moi qui vais le faire ! cria Nara avec un léger sourire.

Après quelques minutes de réflexion, Aria se résigna à embrasser Réith. Elle eu tout d’abord un moment d’hésitation. Lentement, elle approcha ses lèvres, et lui fit un baiser. Une multitude de sentiments déferlèrent dans l’esprit de la jeune gardienne. Ce flux fut interrompu par le réveil du garçon aux cheveux bleus. D’abord étourdi, le jeune homme se rendit vite compte de la position dans laquelle il était. Le doux visage d’Aria le fit rougir tandis qu’elle se relevait lentement, le visage rouge de timidité. L’hilarité de Nara se fit entendre dans toute la forêt. Mais ces deux amis étaient trop étonnés, voire trop heureux par l’instant présent qu’ils ne réagirent pas. Ils ne bougèrent pas, provoquant un grand silence pendant quelques secondes.

« Bon, oublions tout ça d’accord.

« Oui, il vaut mieux, répondit Aria en détournant son regard.

« Ah non ! On a trop attendus ce moment pour l’oublier ! Vous êtes fou ou quoi ?

Réith et Aria lui décocha un regard noir, signe qu’ils n’appréciaient pas la remarque de leur ami.

« Bon, j’ai compris, je retourne à la chaumière, répondit Nara en soupirant.

« Mais où est cette pomme ? » se demanda Réith en scrutant les environs. Ne voulant pas se faire piéger une fois de plus, il prit la décision de rejoindre ses amis et Blanche-Neige. Il n’est pas question qu’une Princesse de Cœur meure par son manque de vigilance.

*

« Quels imbéciles ! » C’est que ne cessait de penser la vieille femme, scrutant sa pomme empoisonnée. Elle ne pouvait plus la présenter à Blanche-Neige. Ravalant sa rage, elle reprit la direction du château. La Reine se jura de tout faire pour tuer la Princesse. Ainsi, sa beauté sera l’illumination du monde.

*

Assis sur un banc de bois, le trio n’avait pas parlé aux Nains et à Blanche-Neige des récents événements pour ne pas faire paniquer inutilement la Princesse. Ils discutaient plutôt sur la façon de découvrir la Serrure. Nara avançait qu’il fallait essayer d’explorer la Forêt des Nains de fond en comble, Aria prétendait qu’il faudrait demander à Blanche-Neige, étant donné que c’est une Princesse de Cœur. Réith ne cessait de se répéter ce que le Cristal lui a dit : « Les Princesses de Cœur ouvrent la voie aux Maître de la Keyblade » Et si l’on en croit Mickey, il faut non seulement explorer, mais aussi aider les gens de chaque monde pour espérer trouver la Serrure. Réith se leva à la grande surprise de ses deux amis.

« Où tu vas ? On ne pourra pas te ressusciter une seconde fois ! se moqua Nara.

« Si on aide Blanche-Neige, je suis sûr qu’on trouvera la Serrure. C’est le Chevalier Mickey qui nous l’a dit. Si ça se trouve, on va devoir combattre la Reine.

« Dans ce cas, nous devons aller au Château, l’appuya Aria. Mais si on laisse la Princesse toute seule.

« Les Nains la protègeront. Ils sont prêts à tout.

Après un long silence, Nara se leva lui aussi et invita Aria à faire de même. Celle-ci n’obéit pas. Elle était toujours inquiète à propos de Blanche-Neige. Il fallait que quelqu’un reste la protéger. Comprenant son inquiétude, Nara se dirigea vers la forêt tandis que Réith lui fit signe de rester prudente.

« Ne t’inquiètes pas. Je peux me débrouiller seule. Part avec Réith ! cria-t-elle en craignant pour ses deux amis.

*

A peine eurent-ils pénétré à travers les arbres que des Némésis apparurent. Les « Tire-Graines » comme les appelait Nara n’arrêtaient pas d’allonger leurs longs cous pour les mordre ou de cracher des graines. Alors que Réith se contentait de les repousser pour passer, le jeune Maître les frappait à la tige pour les faire disparaître dans un nuage bleuâtre. Même si ils ne pouvaient pas se déplacer à cause de leurs racines, leur multitude submergea le duo dans un champ de fleurs violettes.

« S’ils pensent que je vais abandonner, pensait Nara en s’extrayant de la masse. A l’attaque !

Le jeune Maître exécuta une attaque circulaire qui sépara les Némésis de son ami. Des flammes intenses éclatèrent sur leurs corps noir comme les Ténèbres. Enfin libre, le gardien se fraya un chemin à travers ses ennemis. « Si seulement je pouvais être aussi fort que lui » se disait Réith en s’échappant du champ de fleur.

La fuite du duo aboutit sur un chemin menant à des tours que l’on pouvait distinguer à travers les feuillages. Tremblant légèrement, le jeune gardien s’assura de toujours rester aux côtés de Nara. Il ne voulait pas se retrouver seul face aux Ténèbres. Il en avait peur.

Après quelques rencontres mouvementées, ils virent un immense château de pierre dressé devant eux. Le pont-levis était abaissé, et rien n’indiquait le moindre signe de vie. A la place, une horde de Némésis envahissaient la place, armés de lances et d’épées.

« On va les appeler les Solbêtes ! s’écria Nara

« Hein ?

« T’as vraiment aucun sens de l’humour ! Allez, on se les fait et on pourra fouiller le château. A l’attaque !

« Il n’y a vraiment rien qui t’inquiètes ? pensait Réith en avançant, prêt à frapper avec ses dagues.

A peine furent-ils entrés dans la cour de l’édifice qu’une dizaine de créatures noires, ressemblant plus ou moins à des humains les attaquaient de toutes parts. Dans une magnifique attaque circulaire, Réith s’éleva dans les airs désarmant tant bien que mal les créatures de Ténèbres qui l’avaient agressé. Des gargouilles prirent le risque de le prendre d’assaut par la voie des airs, mais, agile comme un singe, le jeune gardien esquiva leurs claquements de mâchoires, leur coupa leurs corps violâtres qui disparut dans une volute de fumée. Au sol Nara se débrouillait fort bien. On pouvait remarquer son plaisir à combattre, tant par ses gestes violents et précis que par son sourire joyeux. On croyait voir une tempête de flammes au beau milieu de la cour servant de champ de bataille.

« Je sais pas si tu as remarqué, mais ils font des bruits marrant quand on les frappent.

« Ouais, ils couinent un peu. Mais tu devrais ne pas te concentrer sur le combat là ?

« Allez, sois pas si coincé ! On y est presque !

En effet, une tour pointait au bout de la cour. Non seulement ils échapperaient aux Ténèbres, mais en plus, ils pourront explorer le château de fond en comble pour y trouver la Reine et la combattre. Mais des Némésis les coursaient toujours de plus en plus nombreux. L’un d’eux a failli toucher Réith au cœur par le fil de son épée. Après une course effrénée, le gardien ouvrit la porte de bois. Ne pouvant arrêter leur course, les Némésis s’écrasèrent avec fracas contre la porte fermée.

« Ca fait du bien un peu d’exercice ! s’exclama Nara en s’appuyant contre le mur.

« On a plutôt failli y passer, murmura Réith en reprenant son souffle.

Le jeune maître scruta les environs et vit une porte menant à un escalier de pierre. Sans attendre, il monta les marches quatre à quatre. Réith étouffa une plainte car il était essoufflé. Après quelques dizaines de seconde, ils arrivèrent aux remparts. Deux voies menaient à l’intérieur même du château.

« Je crois qu’on a pas le choix, il faut se séparer. Dès que tu trouve la Reine, tu me préviens.

« Attends ! rétorqua Réith. Ne me laisse pas seul s’il te plaît…

Sa dernière phrase était tellement inaudible que Nara n’y prêta pas attention. Il laissa son ami seul avec sa peur des Ténèbres.

Le jeune gardien, seul et effrayé ne pouvait s’empêcher de paniquer face à des bruits imaginaires. Il avançait lentement en direction du pont de pierre menant au cœur même du château. Son regard ne pouvait arrêter de scruter le physique des Némésis qui grouillait vers le bas. Il ressemblait bien trop à des humains malgré leur corps noirâtre et leurs doigts pointus. Tout à coup, les Némésis de ses parents l’attaquèrent. Il recula et glissa, se cognant contre la pierre froide. Ce n’était qu’une illusion. Une larme coula sur sa joue, tandis que les ombres continuaient de le hanter. Il ne voulait pas être seul. Sinon, les Ténèbres le glaceraient d’effroi. Il voulait retrouver la lumière rassurante de ses amis.

*

S’il est vrai que l’on pourrait reprocher à Nara son manque de clairvoyance dans certaines situations, il avait parfaitement compris depuis les évènements de Sainte Bonne Nuit que quelque chose avait changé chez Réith. C’est pourquoi, malgré ses taquineries, il s’est donné pour mission de le soutenir en cas de problèmes. Combattant les Némésis, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour son gardien. Pouvait-il se battre seul contre les Ténèbres ? Il ne pensait pas que la peur de son ami était si profonde qu’elle l’empêchait de bouger. Etant insouciant de nature, Nara n’avait aucune peine à combattre. Ce n’est que lorsqu’il atteignit le château qu’il dû se résoudre à se concentrer de plus en plus. Un large couloir décoré de bannières noires était connecté par une multitude de portes de bois. Des créatures noirâtres ne cessaient de s’y multiplier, sans qu’aucune âme qui vive ne se manifeste auprès du jeune homme.

« Il y a des millions de portes ici ! Je fais comment pour chercher et combattre ? cria-t-il en attirant les Némésis. Oups !

Une dizaine de créatures armées d’épées le prirent d’assaut. Parant habilement les coups, il se fraya un chemin pour trouver la salle du trône. Dans son esprit, il fallait forcement que la porte soit immense. Il passa donc son temps à errer dans les couloirs.

« C’est pas vrai, et ces abrutis se multiplie ! dit-il en frappant de toutes ses forces les Némésis.

C’est alors que, acculé contre un mur, celui-ci pivota, l’emmenant dans une chambre royale richement décorée. Un miroir à la surface noire comme l’ébène se tenait devant le Maître de la Keyblade. Celle-ci brilla d’un éclat aveuglant, ce qui fit réagir le miroir. Un masque apparut à sa surface.

« Une Keyblade, la Clé de l’équilibre.

Sur ces paroles, Nara sentit son corps se ratatiner et sa vue se brouilla. Il se réveilla ensuite dans un autre univers. Des nuages violâtres soutenaient son corps, tandis que le masque émergea tel un fantôme. Sentant en lui des intensions hostiles, Nara tint fermement sa Keyblade et se mit en position de combat. Son arme brillait d’un fier éclat.

« Si tu comptes me retenir prisonnier, sache que j’ai un ami qui n’hésitera pas à t’affronter !

« Ton ami aux cheveux bleu est en ce moment même glacé d’effroi par les Ténèbres, et ce, depuis l’attaque de vos mondes. Et ce sera ton tour, comme l’a ordonné ma Reine.

Nara afficha un visage inquiet. Comment connaissait-il tout ceci ? Il devait sortir d’ici et sauver son ami. Voilà pourquoi, regardant l’esprit du miroir, il était prêt à en découdre avec lui.

« Maintenant que je sais ça, je vais te vaincre et aller sauver Réith !

Sans dire un mot de plus, une énergie sombre émergea des nuages en fins rayons pour s’attaquer au jeune maître. Celui-ci, le regard déterminé, ne put que les esquiver de son mieux et dévier les rayons avec sa Keyblade. L’esprit du miroir ne cessait d’apparaître et de s’évaporer devant lui, tandis que les rayons l’attaquaient de toutes parts. Il courait sans cesse, attendant le bon moment pour s’attaquer au masque blanc.

Au bout de quelques attaques dévastatrices, les rayons arrêtèrent leurs courses. L’esprit du miroir était devant lui, le visage – du moins les traits du masque – fatigué et crispé. Nara s’élança à sa rencontre et le frappa de toutes ses forces. Des étoiles enflammées apparurent à chaque coup. Enchaînant des attaques violentes, le masque laissait échapper des plaintes.

« Tu as besoin de recharger les batteries ont dirait.

Une flamme violâtre s’échappa du masque et explosa au visage de Nara. La douleur indescriptible que subissait le jeune Maître le maintint au sol nuageux, tandis que les flammes ténébreuses continuaient de le consumer. Le masque ria aux éclats en voyant son œuvre. Sans attendre que son ennemi soit prêt, il invoqua des copies de lui-même formant un long couloir. Des flammes les entouraient, tandis que Nara forçait son corps à bouger.

« Disparaît ! dirent les masques en propulsant leurs flammes.

Pensant plus que tout à ses amis, Nara sortit de sa torpeur et, le regard déterminé, il exécuta un saut pour esquiver les multitudes de flammes maléfique. C’est alors que, sans réfléchir il s’enveloppa de flammes.

« Pyrolyse ! cria-t-il en envoyant deux boules de feu en forme d’étoile au sol.

Cette attaque troubla tellement le masque que ses copies disparurent dans un écran de fumée. « Comment j’ai fait ça ? » se demandait le jeune maître regardant sa Keyblade enflammée. Effrayé par ce pouvoir incroyable, le masque s’éleva dans les airs, lança des rayons et déchaîna la totalité de son pouvoir sur Nara. Fatigué par sa prouesse, il n’avait pas moins de courage face à cet esprit qui le retenait. Réfléchissant à moyen pour le battre d’aussi loin, il repoussait les rayons de par sa Keyblade. C’est alors qu’il s’aperçut que l’énergie rebondissait contre son arme. Le sourire au visage, il tenta une stratégie risquée.

En position de garde, il renvoyait les rayons en direction de l’esprit du miroir. Après quelques tentatives ratées, Nara finit par enfin avoir le bon geste pour viser son adversaire. Celui-ci, constatant son ingéniosité se multiplia une nouvelle fois pour ne pas se faire toucher. Mais il oubliait que ses copies ne pouvaient pas copier les traits de son visage. Et Nara l’avait bel et bien constaté. C’est pourquoi, éliminant les clones les uns après les autres, il cherchait le masque n’affichant pas le même visage que les autres. Après seulement quelques minutes, l’Esprit du miroir tomba au sol vaporeux.

« C’est fini ! cria Nara en fondant sur lui.

Il enchaîna trois coups violents avant d’achever son attaque par un coup circulaire. L’Esprit du miroir étouffa une plainte avant qu’une intense lumière enveloppe le terrain. Nara se réveilla devant le miroir, sentant toujours les brûlures de son combat. Malgré ce combat intense, sa première pensée fut adressée à Réith. Il fallait le sauver ! Mais avant, il fallait qu’il sache où est la Reine. Voilà pourquoi il fixa le miroir où l’Esprit du Miroir y est

« Eh le miroir tueur ! Où est la Reine ?

« Elle s’est attaquée à Blanche-Neige. Sa Majesté a déployé des Némésis pour se débarrasser de la jeune gardienne et bientôt, la Princesse mourra.

« Elle rêve si elle croit s’en sortir ! Tiens bon Aria ! s’écria-t-il en sortant de la pièce.

*

Le jeune gardien se débattait pour résister aux assauts répétés des Némésis qui l’ont repéré sur les remparts. Sa peur était telle qu’il ne pouvait pas se battre normalement. Heureusement pour lui, Nara dégagea les Némésis du passage et tendit la main à son ami pour le relever. Trop effrayé pour le réprimander, ils s’enfuirent du château. Descendant la tour, ils combattirent sans relâche pour atteindre le pont-levis. Ils finirent par échapper aux griffes des Némésis une fois arrivés à l’entré de la forêt.

« Tu as remarqué ? Il ressemblait trop à des humains.

« Et il n’y avait pas un chat au château.

« Comme mes parents, ils sont succombés au Ténèbres de la Reine, déclara Réith, l’air grave.

Nara ne répondit pas. Il l’avait compris lui aussi. Mais il fallait qu’ils se pressent de rejoindre Blanche-Neige pour la protéger du danger. Réith comprit aussitôt que quelque chose n’allait pas. Il s’empara d’une potion et en jeta le contenu sur son le jeune maître. Ses brûlures furent guéries en un instant.

« Tu ne pensais pas que j’aillais te laisser dans cet état ? Bon, allons-y. Et cette fois, tu reste avec moi.

« D’accord, je te protègerais. Je te l’ai promis après tout. Et je tiens mes promesses.

Sur ces mots, ils prirent la route menant à la chaumière des Nains. Nara restait aux côtés de Réith pour s’assurer qu’il ne paniquait pas en présence des autres Némésis aux alentours. Etrangement, il se battait avec férocité. Il n’était plus celui qui était effrayé à la moindre chose. « Le pauvre » pensait Nara en combattant violemment contre les Tire-Graines. Au fur et à mesure de leur avancée, les Ténèbres s’intensifiaient. La Reine ne doit pas être très loin. Dans un moment d’inattention, un Tire-Graine toucha Réith dans une rafale de graine. Il roula par terre jusqu’à buter contre un arbre. C’est alors qu’une portée de notes foudroyées fit disparaître les Némésis dans un filet de flammes bleues. Le jeune gardien reconnut tout de suite la magie d’Aria. Son visage crispé par la douleur n’indiquait rien de bon.

« Je vous cherchait !

« Avant, il faut qu’on sorte d’ici ! cria Nara en relevant son gardien.

« Mais c’est très important ! Blanche-Neige, elle est…

Sa terreur était telle qu’elle ne put finir sa phrase. Mais ses amis comprirent tout de suite de quoi il en retournait. Ils prirent tout de suite la direction de la chaumière et le spectacle qui s’offrit à eux les révulsa. La Princesse de Cœur était étendue au seuil de la chaumière. Nara se précipita sur son corps et analysa son cœur. « C’est la même chose qu’avec Réith ». Son regard triste fit comprendre à tout le monde qu’il était trop tard. Le jeune gardien serra des poings. C’est alors qu’il aperçut un objet près de la princesse. Il s’agissait d’une pomme, rouge comme le sang.

« Princesse !

Les nains venaient de rentrer de la mine. Quelle ne fut pas leur surprise de la voir étendue aux côtés des étrangers qui l’ont sauvée. Un rire tonitruant résonna partout dans la forêt et la montagne. Une vieille femme admirait son œuvre avec impudence. Elle riait aux éclats, étant maintenant la plus belle femme au monde. Pourtant, la Reine n’avait pas prévu la violente réaction des Nains qui partirent à sa recherche. Ils n’avaient qu’une idée en tête: la retrouver pour lui faire payer ce meurtre ! Armés de leurs pioches, ils s’élancèrent à la poursuite de la sorcière tout en ruminant leur colère. Le trio les rejoignit dans leur poursuite incessante à travers les pics montagneux. Rien, pas même les Némésis ne pouvait les arrêter. La sorcière, n’ayant plus qu’un vieux corps pour se déplacer craignait grandement pour sa vie face à ces misérables déchaînés. Sa jalousie qui l’avait enlaidit laissa place à une profonde peur qui attirait les Némésis. Elle les craignait maintenant ! Et eux voulait encore plus attiser sa peur pour la faire sombrer dans les Ténèbres ! Elle atteignit difficilement un pic montagneux et y vit une lourde et large pierre. La vieille femme s’empara d’un bout de bois et voulut l’utiliser pour écraser ces misérables avec elle.

« Pauvre amie, murmura une voix qui était familière à la Reine. La jalousie t’a enlaidie pour que tu puisses tuer la beauté que tu convoitais. Quel gâchis.

« Sorcière du temps ! Est-ce toi ?

« Je t’ai donné le pouvoir de changer ta misérable vie par les Ténèbres. Mais tu t’es révélée incompétente. Endors-toi dans le doux sommeil de la mort !

Un projectile foudroyé fendit le sol sous les pieds de la sorcière qui tomba comme une masse du sommet du pic tandis qu’elle criait de toutes ses forces. La sorcière s’évapora dans l’air tandis que les Nains et le trio arrivèrent au pic. Il ne restait plus rien de la Reine. Blanche-Neige a été vengée. Rien n’empêchait pourtant la tristesse d’envahir le cœur du trio et des petits hommes.