– Euh… excusez-moi ?
Une fois encore, il attira l’attention sur lui.
– Ce n’est pas que je m’ennuie mais –
– En gros, tu te fiches de notre sujet de conversation, s’esclaffa Asmodée, pas vexé le moins du monde.
Face à lui, Byleth affichait une certaine perplexité tandis que Sytry s’était redressé, intrigué par la suite des événements.
– Pas exactement, c’est surtout que je suis ici parce que –
– Tu parles de ta présence ici ou en Enfer de manière générale ? C’est vrai que je ne sais toujours pas ce que tu fais là !
– Les deux, en fait.
A cette réponse, le visage de Byleth s’éclaira tandis que le souvenir revenait à lui.
– Ah oui, c’est vrai ! J’avais oublié ce détail ! As’, tu saurais où l’on peut trouver des limaces, chez toi ? Il en recherche une en particulier –
– Mon amie !
Sytry eut un petit sourire mutin, ravi que le sujet fût enfin mis sur la table. Baphomet haussa un sourcil avant de croiser le regard d’Asmodée, qui en disait aussi long que le sien.
– Une limace… ?
– Une limace, oui. Son amie.
– Donc une en particulier ? Mais comment comptez-vous la reconnaitre ? Pour ma part, je suis déjà incapable de faire la diagnose d’espèce !
Sytry gloussa à ces mots puis s’arrêta net en voyant les regards converger vers lui. Cependant, ses lèvres pincées trahissaient son amusement.
– Ceci est son affaire, pas la nôtre, ce n’est pas comme si je l’avais déjà rencontrée, répondit Byleth.
– Donc tu n’en as aucune idée.
Le démon haussa les épaules avec indolence.
– De toute façon, l’affaire qui nous préoccupe ne l’intéresse pas – comme tu l’auras déjà compris – et je ne pense pas que cela te pose de souci particulier ?
Asmodée prit quelques secondes pour réfléchir.
– Non, pas vraiment, décréta-t-il finalement, songeur. Des limaces vivantes, j’imagine ?
L’expression interpella l’ange qui s’empressa d’intervenir :
– En fait, mon amie est morte sur Terre, donc ce serait plutôt –
– L’âme de ton amie, oui. C’est ce que j’entends par là car une âme peut disparaitre, si elle est mangée, par exemple.
Picarel pâlit à la perspective que cette phrase sous-entendait.
– Nana pourrait… ?
– Ton service restauration propose des limaces ? demanda Sytry, curieux.
– Je dois t’avouer que je ne connais pas tous les plats proposés par cœur mais je ne pense pas. La cuisine que nous servons est raffinée mais classique. Tu te doutes bien que les clients ne viennent pas ici pour la nourriture, nous ne sommes pas chez Belzébuth !
Byleth rit sans répondre.
– Sinon, eh bien, tu te doutes où tu pourras en trouver : dans le bâtiment d’élevage, mais les entrées sont contrôlées –
– Je doute que cela nous concerne, la limace en question est morte il y a quelques jours.
– Donc non. Nous ne prendrions pas le risque d’introduire comme ça une limace au statut inconnue dans mon élevage et il n’y a eu aucune entrée en quarantaine récemment.
– Tu es au courant que ce sont des âmes de limaces mortes ?
– Parce que tu crois sérieusement qu’elles ne peuvent pas disparaitre après être tombées malades ? Tu ne connais pas Marbas. Cet enfoiré a réussi à me faire perdre tout un cheptel de dendrobates teints en m’en refourgant une infectée.
– Ah. Mince. C’est la raison pour laquelle tu interdis sa venue chez toi à présent ?
Le visage d’Asmodée s’assombrit. Comme il garda le silence, Byleth continua :
– C’était pour se venger de – ?
– Cela ne justifie pas de s’en prendre à mes dendrobates ! cracha Asmodée, agacé.
Picarel eut le cœur serré devant la colère soudaine de ce démon jusque-là jovial, certain de la détresse qu’elle témoignait et de l’attachement qu’il avait eu pour ses amphibiens. L’attitude de ce Marbas – qui ne lui disait rien du tout – l’indignait, même si elle ne le surprenait pas – on parlait d’un démon, après tout. Il n’osait imaginer la douleur occasionnée par cette vindicte vengeresse et préférait d’ailleurs ne pas savoir combien d’individus avaient ainsi trépassé de manière définitive.
– Sinon, il y a évidemment toute la section consacrée à la zoophilie, dans la salle des gastéropodes.
– Zoophile ?
Picarel ne connaissait pas ce mot, qui lui paraissait plutôt compliqué. Quelques sourires fleurirent devant son innocence mais personne ne prit l’initiative de l’éclairer sur ce sujet.
– Tu verras, lâcha Byleth en agitant mollement la main. Par contre, je suppose qu’il faudrait l’accompagner pour –
– Je l’accompagnerai, affirma Sytry en s’étirant avec langueur avant de se redresser, la mine réjouie. Je vois où est la section, même si je n’y suis jamais rentré et, au pire, je suppose qu’on pourra demander ?
– Bien sûr !
– Pas d’autres salles ? insista Picarel, désappointé.
Asmodée lui adressa un rictus ironique.
– Non. Vous pouvez aussi vérifier les cuisines, mais je doute qu’il s’y passe quelque chose. Après, tu peux fouiller toutes les salles au cas où des clients auraient ramené leurs limaces de compagnie, mais la probabilité est très faible car c’est au risque de la perdre. Sinon oui, c’est tout ; c’est une maison close, ici, pas un parc zoologique.
Je n’ai toujours pas compris en quoi cette maison était close, songea Picarel. Il n’insista pas et remercia le Roi démoniaque qui s’était désintéressé de lui pour minauder auprès de Byleth. Lui-même ne se préoccupa pas davantage de leurs activités présentes et à venir et gagna la porte avec entrain. Il allait sortir lorsqu’il se rappela qu’il n’irait pas bien loin tout seul. Un soupir s’échappa derrière lui.
– Tant d’enthousiasme à une heure aussi tardive, c’est beau à voir…
Sytry le rejoignit d’un pas léger et ils quittèrent ensemble la pièce. Picarel calqua ses pas sur ceux de son compagnon qui l’entraina vers une passerelle couverte pour gagner un autre bâtiment. Il leur fallut un quart d’heure pour atteindre la section en question, et quelques minutes supplémentaires pour se retrouver dans le dédale de couloirs, malgré les indications d’un démon que Sytry avait interpellé, et rejoindre la salle recherchée.
Picarel se précipita à l’intérieur, enthousiaste à l’idée de retrouver son amie et de vérifier si elle allait bien. Sytry se mordit les lèvres pour éviter de ricaner par anticipation, sans rien faire pour réfréner son élan. Picarel se figea à l’entrée. La scène devant lui… était tout bonnement incompréhensible. Il se demanda même si sa vue ne lui faisait pas défaut, à force de voir des choses étranges en ces lieux. Cependant, il eut beau cligner des yeux, la vision ne se dissipa pas.
Ils étaient au nombre de trois. Trois démons qui prenaient des poignées de limaces pour les fourrer dans la bouche d’un de leurs partenaires, les glisser sur leurs peaux nues ou entre leurs cuisses avec des gestes bizarres pour… étaient-ils en train de les insérer dans leurs corps ? Pourquoi faire, leur tenir chaud ?
– Je… Mais que se passe-t-il, ici, à la fin ?!
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