Picarel n’eut pas le temps de questionner Sytry au sujet de la succube, de ses liens avec Achamoth ou de la scène à laquelle ils venaient d’assister – ni poser aucune des nombreuses interrogations qui encombraient son esprit –. Byleth s’élança dans les escaliers et les deux autres le suivirent. Cette fois, ce fut Picarel qui prit l’initiative d’attraper le poignet de son homologue démoniaque, ce qui lui valut une œillade surprise. Cela n’arrêta pas pour autant leur progression mais cela permit à l’ange de se placer à son niveau.
– Dis, tu connais bien cet endroit, non ? Tu ne saurais pas où je pourrais trouver Nana, par hasard ?
Parce qu’après réflexion, il ne voyait aucun intérêt à se lancer dans une visite touristique de l’antre d’Asmodée ni de le rencontrer lui-même. Même s’il nourrissait une vague curiosité à son égard et surtout à son visage – il était quand même l’un des noms les plus emblématiques parmi les démons ou tout du moins, l’un des seuls noms qu’il eût retenus –, la culpabilité d’oublier Nana de temps à autre associée à l’inquiétude quant à son devenir balayaient ce désir. A se laisser distraire de la sorte, il risquait de finir frappé d’amnésie ! Quant aux âmes humaines… si leur sort l’interloquait, même s’il n’avait pas du tout compris en quoi il consistait, Asmodée pouvait les traiter comme qu’il le souhaitait ; il n’en avait rien à faire de toute façon. C’était leur problème, pas le sien. Rechercher Nana était une quête à elle seule.
Sytry plissa les lèvres.
– Pas tellement. Je ne viens pas souvent ici, et je ne suis pas zooph – disons que les animaux ici ne me branchent pas tellement. Mais As’ connait tous les recoins de son domaine, il saura te dire où tu es susceptible d’y trouver une limace, quelle qu’elle soit.
– Ok, lâcha Picarel, un peu dépité.
Comme il plongea dans ses pensées et rongea son frein dans un mutisme songeur, il n’aperçut pas l’air malicieux qui se glissa un instant sur le visage de Sytry.
Ils avancèrent dans un long couloir aux parois dorées surchargées d’ornementations qui composaient des scènes tout aussi excentriques que les statues du parc du domaine. De nombreuses portes y défilaient, desquelles émergeaient des sons divers, semblables à ceux de la grande salle mais en plus étouffés. S’adonnaient-ils à la même activité incompréhensible ou à autre chose de tout aussi sportif ?
– Elles donnent sur quoi, toutes ces salles ? J’entends des gens mais –
– Ne t’inquiète pas pour eux, ils prennent leur pied, répondit Sytry d’une voix faible, distrait.
Picarel faillit s’arrêter à cause de la perplexité, incertain quant au sens de ces mots. Strictement parlant, c’était très étrange…
– Ils prennent leur pied ? répéta-t-il, hébété.
– Ils se donnent du plaisir. Certaines salles ont un matériel particulier –
– Du matériel particulier ? Pour quoi ? Jouer ?
Sytry rit franchement. Byleth, qui écoutait la conversation d’une oreille, gloussa et jeta un coup d’œil vers lui pour le fixer avec ironie.
– On peut dire ça, ricana Sytry en reportant son attention devant lui. Il va vraiment falloir revoir tes fondamentaux ! Quoique, dans ton cas, ce serait les voir tout court, en vérité.
– J’imagine que tu gagnerais au moins ça de ton séjour ici, glissa Byleth. Même si Michael n’en serait pas ravi.
Picarel ne sut que répondre.
– Serais-tu en train de m’encourager à l’instruire ? susurra Sytry, amusé.
Byleth leva les mains.
– Ce n’est pas mon problème – si cela reste dans les règles.
– Dans les règles ? répéta Picarel, perdu.
– Entre autres, que tu sois pleinement consentant. Si Asmodée se montre bien plus flex’ en la matière – comme tu as pu le voir pour les âmes humaines piégées ici, entre autres –, officiellement tu m’appartiens et je n’accepte pas ce genre de… pratique sur mes gens.
– Pratique ?
Picarel commençait à être inquiet. Leurs jeux sentaient vraiment le coup foireux. Il préférait encore rester ignorant !
– Ne t’inquiète pas ; c’est amusant, l’assura Sytry avec un clin d’œil.
Picarel songea qu’il devait être maudit ce jour-là ; alors qu’il allait demander des explications, ils parvinrent au bout du couloir. Byleth ouvrit la porte et, sans plus de cérémonie, il pénétra à l’intérieur de la pièce. Avant de l’imiter, Picarel eut la surprise de réentendre encore les mêmes sons. A croire qu’il s’agissait d’une coutume locale que d’émettre de tels bruitages !
Et pour cause. Le propriétaire des lieux n’était pas seul ; penché sur son bureau, encadré par un coupe-papier aux formes grotesques et un hélicoptère en papier, il se faisait ramoner l’arrière-train avec violence par un démon à tête de bouc.
– As’ ! Comment as-tu pu me faire ça ? Commencer sans moi alors que je viens spécialement pour toi, cela ne se fait pas ! s’écria Byleth, faussement chagriné. Et hoy, comment ça va, Baphi ?
– Comme tu peux le voir, grogna le bouc en redoublant d’ardeur dans ses coups de rein.
– Oh, Byleth ! Comment vas-tu ? Je ne t’attendais pas si tôt ! s’écria Asmodée avec bonne humeur tandis qu’il levait la tête vers lui.
Picarel le considéra avec curiosité et fut surpris par sa normalité : au moins pour la partie haute du corps qui lui était visible, il ressemblait à un humain élancé de type maghrébin, plutôt beau. Seuls tranchaient ses yeux rouges dans cette façade avenante.
– Allons, avoue que tu t’attendais à ce que je vienne, rétorqua Byleth en prenant place dans le premier fauteuil qui lui tomba sous la main, après avoir vérifié qu’il n’y avait rien d’étrange ou de suspect dessus.
Asmodée eut un petit rire.
– Tu as raison ! Mais Baphi passait dans le coin, et je n’ai pas su résister à l’envie…
– Baphomet, ce sauveur.
– Comme tu peux le voir, lâcha ce dernier.
– Alors, tu veux te joindre à nous ?
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