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tome 1, Chapitre 18 « Etranges luxures… (Part 1) » tome 1, Chapitre 18

La nuit était tombée en Enfer. C’était un mystère que Picarel était curieux de décrypter auprès de Byleth ou de Sytry, en plus de celui du passage du temps chez eux car il ne semblait pas être en lien avec le cycle terrestre. Il n’existait rien non plus de semblable au Paradis, toujours baigné de lumière divine. Désormais, c’était un ciel noir d’encre – du genre vraiment noir – qui les surplombait alors qu’ils gagnaient le territoire d’Asmodée. Aucun éclat argenté pour donner un semblant de lumière… Seuls les braseros qui entouraient l’entrée, vers laquelle ils se dirigeaient, ainsi que les divers éclairages derrière eux en fournissaient.

Le complexe lui-même, que le démon de la Luxure régissait, n’était pas encore visible, caché derrière de hauts murs roses aux toitures à tuiles rouges. Quand Picarel s’était enquis de la raison de leur présence – il n’y avait rien autour de la ville elle-même, alors pourquoi mettre des murs ici ? –, Sytry l’avait justifiée en prétextant que l’objectif était de ne pas heurter la sensibilité des démons les plus innocents. Picarel fut étonné d’apprendre que cela pût exister. Il n’avait pas vu non plus de réel lien de cause à effet mais avait préféré ne pas chercher plus loin, accaparé par bien d’autres détails qui suscitaient tout autant sa curiosité. En particulier, le domaine lui-même. Ce dernier lui paraissait plutôt petit comparé au quartier de Byleth. Chose étonnante car la maison close, qui comprenait une partie cabaret – Picarel n’avait pas compris ce que cela signifiait, car pourquoi y aller si ce devait être fermé ? – était associée à la maison de jeu de Mammon qu’Asmodée cogérait avec lui en sa qualité de surintendant. Ne devrait-ce donc pas être plus grand, au contraire ? Cependant, Sytry lui avait dit de ne pas se fier aux apparences, ce qui avait stimulé son désir de voir l’intérieur par lui-même.

Toutes ces considérations furent vite balayées par le colosse qui se dressa devant eux et leur bloqua le passage. Picarel écarquilla les yeux à sa vue, éberlué, tandis que près de lui, Sytry retenait ses gloussements avec peine. Etait-ce réellement un démon ? Il y ressemblait bien, malgré –

– Oh Byleth, mon chou, tu es là ! On ne t’avait pas vu depuis un bail !

Un sourire charmeur apparut sur le visage de Byleth tandis qu’une main caressante se glissait sur son torse. Cachée parmi les ombres, Achamoth masquait son sourire d’une main gracile bien que ce fût inutile.

– Désolé, j’étais plutôt occupé… je te manquais tant que cela ?

– Bien sûr ! roucoula le vigile, qui accaparait toute l’attention de l’ange.

Et pour cause, Picarel avait eu des attentes très précises sur les gardiens démoniaques, sans doute plus monstrueux et plus effrayants que la moyenne ! Or, l’individu qui se tenait devant eux ne s’y conformait pas du tout. Le démon avait l’apparence d’un humain de grande taille, très musculeux – jusque-là, cela restait encore correct – mais… il portait un costume de magical girl ! Savant mélange de rose et de blanc, il se composait d’une jupe courte et d’un haut au décolleté profond qui dégageait largement ses pectoraux, le tout agrémenté de nombreux rubans. Des mitaines et des bottes montantes complétaient l’ensemble en plus du bâton qu’il tenait malgré sa complète inutilité. Un serre-tête avec des oreilles de lapin surmontait son crâne, entouré de deux couettes de boucles violettes. Seules deux cornes d’un noir profond semblables à celles d’un bouc trahissaient sa nature mais décorées de tresses en tissu colorées, elles perdaient tout leur aspect menaçant. Asmodée était-il au courant de l’apparence de celui qui gardait ses portes ?

Tandis que le démon continuait de minauder auprès de Byleth, pas choqué le moins du monde par cela, et face à ce constat, une seule question s’imposa dans son esprit. Soudain, il l’énonça à voix haute :

– Les magical girls sont tous des démons ?

Dire qu’elles avaient tout un fanclub sur Terre… Un léger silence s’ensuivit, que Sytry interrompit dans un éclat de rire. Il se plia en deux et ses longs cheveux turquoise glissèrent de part et d’autre de son visage jusqu’à le cacher. Picarel l’observa avec inquiétude. Etait-ce… de l’amertume, peut-être ? Sa remarque lui rappelait-elle des souvenirs ? Mal à l’aise, il regretta un peu son initiative malheureuse. S’il était la source de sa tristesse… Puis les trois autres se mirent à glousser à leur tour et Picarel n’y comprit plus rien. Alors qu’il allait leur demander la cause de leur hilarité, perplexe, il eut la surprise de sentir la main de Sytry se poser sur son épaule pour y prendre appui. Le Prince prit sur lui pour lui souffler un non presque inaudible, entre deux rires. Picarel n’eut pas davantage d’explication et même s’il en fut un peu confus, il n’osa pas en réclamer. Pas sûr qu’il en obtînt, de toute façon.

– Qui est-ce ? Ton serviteur ? demanda le vigile en s’essuyant les yeux. On dirait que c’est un cas. D’où le sors-tu ?

– Gasarons, tu sais bien que nombre de mes serviteurs sont des cas, voyons. Et oui, c’en est un – voici Pika. C’est un nouveau, raison pour laquelle il m’accompagne, entre autres. Et d’où voudrais-tu que je le sorte ?

– Un nouveau ! Tu as de ces lubies, ronronna-t-il. Tu veux le présenter à As’ ?

– Hm, ce n’était pas vraiment l’idée…

Byleth haussa un sourcil lorsque la main de Gasarons glissa vers son entrejambe pour le malaxer avec douceur, avant que lui-même ne plaquât sa hanche contre la sienne, un sourire entendu sur les lèvres. Picarel observa le geste avec stupéfaction, puis Byleth qui ne se pressa pas pour le repousser. Il se pencha vers Sytry pour lui souffler :

– Qu’est-ce qu’il lui fait ?

Il avait déjà vu des humains faire ce genre de chose mais n’en avait jamais compris le sens. Voulait-il… stimuler son membre pour qu’il urinât ? Mais quel intérêt à cela ? Byleth avait-il des problèmes urinaires ? Sytry pinça les lèvres mais malgré cela, leurs commissures se redressèrent. Il jaugea Picarel d’un air étrange avant de lui susurrer à l’oreille :

– Ca, c’est du domaine privé… mais je pourrais t’en parler davantage à un autre moment et peut-être même te montrer, si tu veux.

Il s’écarta de Picarel qui le considéra avec curiosité.

– Me montrer quoi ?

Sytry haussa les épaules sans répondre, une lueur amusée dans les yeux. Sa moue mystérieuse incita Picarel à abandonner l’idée de comprendre. De toute façon, s’il lui expliquait tout après, il n’y avait pas de mal à attendre un peu !


Texte publié par Ploum, 22 novembre 2020 à 22h35
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