Picarel fronça les sourcils, un peu vexé. Était-ce si dur à envisager ?
— Oui ! Saurais-tu où je pourrais la trouver ? Peut-être dans ce quartier –
— Il y a peu de chance que tu la trouves ici, rétorqua Sytry d’une voix plus neutre. Ils sont bien trop paresseux pour s’occuper d’un animal ; si l’un d’eux transite ici, c’est pour finir dans un estomac.
Son visage affichait toujours un air amusé, appuyé par un sourire entendu, mais son hilarité s’était dissipée. Il commença à se brosser les cheveux avec ses doigts.
— Je dois avouer que c’est une recherche assez originale… je crois n’avoir jamais entendu une demande pareille depuis des siècles ! Très bien, je vais t’aider ; cela promet d’être divertissant !
Picarel ne chercha pas à comprendre le sous-entendu ; il se réjouit de la dernière phrase du jeune démon et sa joie fut si intense qu’il commença à luire alors qu’il le remerciait abondamment, les mains jointes. Sytry suspendit son brossage, interloqué. Près d’eux, Coussin considéra l’ange avec une certaine indifférence placide.
— Pourquoi tu t’illumines comme ça ?
Picarel hoqueta à la remarque et sa joie s’en vit balayée, remplacée par l’inquiétude. Ciel, si cela continuait, ses ailes et son auréole finiraient par réapparaitre ! Son angoisse fut telle que la lumière cessa. Il se mordit les lèvres alors que Sytry continuait de le considérer avec curiosité tandis que Coussin se curait les ongles. Le démon se rapprocha de lui pour souffler :
— Tu es un ange, c’est ça ?
Picarel sursauta et Sytry y vit une confirmation. Il plissa les yeux et lui adressa un sourire de chat satisfait qui le stupéfia.
— Eh bien, ce sera encore plus amusant que je ne le pensais.
— P-pardon ?
Sytry ne lui laissa pas le temps de s’expliquer. Il s’éloigna de lui dans un bond, l’air réjoui, pour désigner le bout de la large allée.
— Tu veux retrouver ton amie limace, non ? Alors allons-y. Je vais t’emmener là où tu as le plus de chance d’en trouver !
— C’est vrai ? se réjouit Picarel, oubliant par la même occasion son secret éventé.
Sytry hocha la tête avant d’adopter un air faussement sérieux.
— Par contre, j’espère que tu sauras la reconnaitre parce que pour moi, une limace, ce n’est rien de plus qu’une limace !
Picarel acquiesça avec enthousiasme. Sytry pencha la sienne, curieux.
— Comment espères-tu la reconnaitre ? Elle a une marque spéciale ?
— Non, non.
— Alors comment comptes-tu faire ?
— Je la connais, assura-t-il simplement.
Sytry haussa un sourcil mais n’eut droit à aucun détail supplémentaire. Il abandonna au bout d’une vingtaine de secondes, ennuyé.
— Ok. Bref, allons-y !
Sur ces mots, il s’élança avec entrain en sifflotant un air guilleret, les mains croisées dans le dos. Picarel et Coussin lui emboitèrent le pas.
— Au fait, c’est quoi comme genre d’endroit ? demanda-t-il.
Sytry parut heureux de la question et arrêta ses notes chantonnées.
— C’est un endroit incontournable en Enfer ! On y sert des plats de toutes sortes, et en particulier à base de crustacés et de gastéropodes pour les amateurs !
— Hein ?
Sytry poursuivit, l’air de rien, ignorant la perplexité teintée d’effarement de Picarel.
— Il y en a pour tous les goûts ! Limaces juste rôties au four ou sautées à la poêle, limaces grillées à la broche, limaces en sucré-salé au caramel, par exemple… tu devrais essayer les limaces à l’orange, c’est une tuerie !
Pâle et loin d’être tenté, Picarel crut surtout s’évanouir.
— … parmentier de limace aussi… Au fait, y aurait-il des bonbons à la limace ? Je n’y ai jamais prêté attention mais il en existe bien au rat alors pourquoi pas ! Je devrais essayer, tiens !
Picarel crut sentir son cœur s’arrêter, horrifié. Nana avait-elle réellement fini dans un endroit pareil ?
Un éclat orange le détourna des babillages de Sytry qui s’enthousiasmait tout seul à la perspective de goûter aux plats qu’il citait. Une jeune femme aux traits gracieux et à la chevelure de feu avançait en leur direction d’un pas souple. Elle portait une robe couleur citrouille moulante et très courte qui laissait ses cuisses nues. Picarel rougit. Sytry l’aperçut à son tour.
— Eh, Achamoth ! Que fais-tu donc ici ? C’est l’heure de la sieste, tu n’obtiendras rien d’eux pour le moment et certainement pas une séance galipettes !
— Une séance galipettes ? s’étonna Picarel.
Parce qu’ils jouaient entre eux ? Lui qui croyait qu’ils ne cessaient de se battre ! L’idée le fit sourire.
Achamoth s’arrêta, surprise de croiser tant de monde.
— Oh, non, je ne viens pas pour cela – même si tu as tort, il y aurait bien quelque chose susceptible de m’intéresser, ajouta-t-elle avec un regard concupiscent vers Coussin qui se limait les ongles. J’apporte juste une invitation de mon Seigneur à Byleth.
— C’est beau de voir Asmodée aussi pétri d’espoir, plaisanta Sytry.
Achamoth haussa les épaules avant de croiser les bras, elle aussi amusée.
— Il a l’habitude, il ne se fait plus d’illusions depuis le temps. C’est pour cela qu’il m’envoie au lieu d’un mail, vu que Byleth est trop paresseux pour les consulter.
Sytry gloussa.
— Et toi, que fais-tu ici ? Tu squattes encore ?
— Eh bien, on peut dire que c’est l’endroit parfait pour piquer une petite sieste, par sa tranquillité !
Le silence environnant appuyait ses propos. Pas une mouche n’avait cillé à l’arrivée d’Achamoth.
— Mais là, tout de suite, j’aide mon ami ici présent à retrouver son amie limace ! poursuivit-il en désignant Picarel jusque-là resté en retrait.
— Une limace ?!
Picarel ne fut même plus étonné de l’exclamation ; une telle amitié leur était visiblement invraisemblable. Quelle étroitesse d’esprit.
— Cela me fait penser ! Si cela se trouve, nous pourrions la retrouver chez Asmodée ! s’exclama Sytry avant d’ajouter : Vivante, en prime.
Il appuya ses propos avec un clin d’œil. Picarel s’en réjouit.
— Vraiment ?
— Il est vrai qu’on trouve de tout chez nous, intervint Achamoth, un doigt sur les lèvres, songeuse. Enfin une limace…
— Exactement ! soutint Sytry en glissant un bras autour des épaules de Picarel. C’est très joyeux, tu verras ! Tout le monde y fait des galipettes, même les âmes humaines !
— Ah oui ?
Ce devait être un lieu très agréable, si même les âmes damnées étaient aussi heureuses ! Picarel en était surpris mais il n’y réfléchit pas, les yeux brillants. Sytry cacha son sourire goguenard sous un faux air chagriné.
— Enfin, encore faut-il que tu réussisses à convaincre Byleth de l’y accompagner, bien sûr.
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