Il haussa un sourcil décontracté alors qu’une hypothèse venait de germer dans son esprit.
— Ah… tu dois être le nouveau crétin qu’a récupéré Byleth, c’est ça ? Vous vous paumez tous les premiers jours ; un classique. Quoique je dis ça, certains ne s’y retrouvent pas même après plusieurs années, faut toujours aller les chercher, ces imbéciles errants, sinon on retrouverait leurs cadavres desséchés… c’est toujours agaçant à gérer, ces trucs-là !
Picarel fut vexé du terme utilisé pour le désigner et par le dédain que le démon lui témoigna tandis qu’il se recouchait. Il reprit la dégustation de sa sucrerie, désintéressé par son cas. De plus, ses derniers mots l’inquiétaient ; il était donc possible de ne jamais s’y retrouver dans cette baraque ?
— Je ne suis pas un crétin ! protesta-t-il avec véhémence avant de renifler avec suffisance. Et n’es-tu pas censé traiter Byleth avec plus de respect ?
— Pourquoi faire ? En plus, tu ne le fais même pas toi-même.
— N’es-tu pas son serviteur ?
Le démon écarquilla les yeux puis s’esclaffa. Il faillit s’étouffer avec sa sucette au passage et la retira donc. Un large sourire se dessina sur ses lèvres.
— Ok, t’es un marrant toi.
Il se redressa et Picarel eut la surprise de le voir quitter son hamac. Il dut reculer pour lui laisser la place. Le démon se désigna dans un geste grandiloquent qu’il renforçait avec un mouvement de ses cheveux dont il était visiblement très fier. Picarel songea vaguement que ce devait être un tic des démons que de s’agiter ainsi pour se présenter.
— Puisque tu es trop ignorant – et / ou trop bête, au choix – pour me reconnaitre, je vais te faire l’honneur de me présenter. Je suis le Prince Sytry –
— T’es son fils, alors ?
— Quoi ? Non ! Je n’ai rien à voir avec ce type, tu le saurais si tu me laissais finir ma –
— Donc tu n’es pas censé loger ici ?
— Quoi ? Non ! J’ai mon propre domaine, je –
A sa surprise, Picarel se mit aussitôt à crier :
— Aleeeeeeeeeeeeerte !
Alors Picarel s’enfuit en courant et en criant à l’intrus et à la tentative d’assassinat, de cambriolage ect, puisqu’au fond il ne savait pas trop pourquoi le démon se trouvait là. Sytry se crispa d’indignation, les poings serrés.
— Hey ! Je n’ai même pas fini ma présentation !
Sytry fut tenté de le poursuivre avant de songer qu’il était bien trop important pour courir après un serviteur lambda et que ses cheveux si bien apprêtés en feraient les frais. Il retourna donc dans son hamac, décidé à reprendre sa sieste.
Picarel n’eut pas l’occasion d’aller très loin ; une horde de démons de toutes les formes et une armée de chats trompettistes débarquèrent et Picarel pila à leur rencontre, surpris. Leur apparition, quelques secondes après ses hurlements, l’interpella. Lui aurait-il donc suffi de crier à l’aide pour que quelqu’un vînt à sa rescousse alors qu’il errait avec un but mais perdu ?
— Où est l’intrus ? gronda une espèce de chimère à la tête de lion sertie de cornes, au corps massif et aux biceps immenses, terminé par des pattes de chèvre.
La vision d’horreur calma instantanément ses cris et, craignant pour sa vie, Picarel se contenta de désigner la direction dans son dos et de se coller au mur pour leur céder le passage. Alors qu’il se demandait s’il ne serait pas plus sage pour lui de s’éclipser – mais se posait toujours le problème de l’orientation –, Byleth se dressa soudain devant lui, accompagné de deux démons qu’il ne connaissait pas. Avant que le Roi n’eût l’occasion de parler, des grognements émergèrent dans le dos de l’ange.
— Putain, Sytry ! Ça ne va pas de faire peur aux nouveaux ! Regarde-moi ça, on est tous en état d’alerte à cause de toi ! T’aurais pas pu lui dire qui t’étais et voilà ?
— Ce crétin ne m’en a pas laissé le temps ! s’indigna ce dernier, visiblement vexé d’être ainsi accusé.
Devant Picarel qui se crispait, de plus en plus déboussolé, Byleth soupira.
— Je vois que tu as déjà fait sa rencontre. J’aurais dû te prévenir de son cas. Sytry n’appartient pas à ma maison, c’est un Prince donc il a son propre domaine. Il a pris l’habitude de venir squatter ici de temps à autre, histoire de flemmarder un peu et d’être au calme. Enfin, quand c’est calme. Il n’y a pas à s’inquiéter de lui, il n’est pas méchant.
— A-ah. D’accord, bégaya Picarel, hébété. C’est… d’accord.
Il songea que c’aurait été sympa de le prévenir avant et se demanda si les démons ne lui réservaient pas d’autres surprises de ce genre.
— D’ailleurs, que fais-tu dans cette partie de la maison ? s’étonna Byleth en croisant les bras. Je m’attendais à ce que tu sortes, or tu t’es retrouvé à l’opposé de l’entrée.
Picarel se figea, glacé. Il était… à l’opposé ? A l’opposé ?
— Quoiiiiii ?
Comment pouvait-on être si malchanceux ?
— Je ne comprends même pas que tu t’étonnes encore que tes serviteurs se perdent, Byleth… c’est le cas à chaque fois !
Sytry venait d’apparaitre dans le dos de Picarel, suivi de démons mécontents qui se dispersèrent. A présent, il affichait un large sourire.
— Tu ne t’es pas précipité pour l’aider.
Sytry haussa les épaules.
— Il ne m’en a pas laissé le temps.
— Hé ! C’est lui qui ne m’a pas répondu, je lui ai demandé !
Sytry prit un air ingénu.
— Ah ? Je n’ai pas entendu ta question.
Alors que Picarel s’indignait, Byleth roula des yeux et l’amusement de Sytry grandit.
— Celui-là est amusant…, susurra-t-il, presque ronronnant. Je crois que je vais venir plus souvent dans les prochains jours, ce devrait être distrayant !
Si Byleth ne réagit pas, indifférent, Picarel ne sut comment l’interpréter. Il sut juste qu’il n’apprécia pas d’être considéré comme un sujet de divertissement.
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