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— Ah ! Enfin une pièce connue !

Picarel pénétra dans la pièce et referma brusquement la porte derrière lui, soulagé de l’avoir trouvée. Une chambre, celle qu’Adamanth avait indiquée être la sienne. A la base, il cherchait une carte du quartier… à présent il cherchait aussi – ou avant tout – une carte de cette immense maison. Avec toutes ces salles sans dessus dessous et ces couloirs interminables, il avait cru ne jamais parvenir à retrouver son chemin, condamné à errer à jamais dans ce dédale tortueux jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Il avança de quelques pas vers une commode vide sur laquelle il déversa le contenu de ses poches, tout ce qui n’était pas utile qu’il gardât sur lui dans ses recherches. Finirent ainsi leur séjour dans des tiroirs un string violet à pois roses, un cake aux cerises à moitié entamé, une statue hideuse d’une créature mi-serpent des mers mi-gorgone – ou était-ce juste une femme hirsute et hystérique ? –, des sachets de bonbons collants et autres objets hétéroclites. D’ailleurs, pensa-t-il alors qu’il tenait la statue dans sa main, n’aurait-il pas dû la donner aux Archanges ? Après le nettoyage des catastrophes que Cockatiel et lui avaient semés, Michael avait oublié de la leur réclamer et lui de la lui remettre. Il haussa les épaules avant de la jeter dans un tiroir avec le reste. Si l’Archange avait su l’oublier, cela ne devait pas être si important, si ? De toute façon, c’était de la faute de Michael, il n’avait qu’à y penser. Il ne pouvait pas tout faire à sa place et il avait d’autres priorités.

Fort de ses constatations, il se vautra comme un phoque échoué sur le lit moelleux, face contre le matelas. Deux heures qu’il avait déambulé sans rien comprendre et le hasard lui avait permis de tomber ici, alors évidemment il se sentait fatigué. Trop de recherche infructueuse l’épuisait. Il se sentait capable de dormir des heures voire des journées s’il le fallait… Soudain, une alarme mentale retentit en même temps qu’un gros BOUM déchira le silence environnant. Le pseudo-attentat – ou peut-être en était-ce vraiment un, qu’en savait-il avec ces démons ? – l’avait fait penser à Nana et l’alerta indirectement sur l’urgence de sa situation – la pauvre était toujours entre les mains de démons ! Il se redressa. Il ne pouvait pas rester ici à flemmarder comme Adamanth l’avait sous-entendu, même s’il aimait ça ! Il lui fallait d’abord sauver son amie !

Et puis, à présent qu’il y songeait, il devrait pouvoir retrouver le chemin à partir de sa chambre, non ?

Fort de cette idée, il se leva et quitta la chambre. Il emprunta le couloir sur sa droite, estimant que c’était là la direction opposée à celle par laquelle il était arrivé. Il était presque sûr de pouvoir se retrouver à présent, en se remémorant les quelques indications d’Adamanth…

Il lui fallut une heure pour reconnaitre qu’une fois encore, il s’était irrémédiablement perdu.

Ce n’est pas possible, un sort a été jeté sur cet endroit pour ne jamais s’y retrouver ! Il se demandait où était le problème, alors qu’Adamanth l’avait baladé partout avec une aisance effarante. Après, il fallait reconnaitre qu’il n’avait pas été tout à fait attentif aux propos de ce dernier et que son esprit avait légèrement vagabondé ici et là… Mais quand même, c’était un comble que de ne rien reconnaitre du tout ! Et pire que tout, de n’y croiser personne ! Personne pour l’aider à retrouver son chemin. Même pas un chat. C’était le cas de le dire.

Il avait bien essayé avec les portraits vivants mais à part des ricanements, il n’avait rien su tirer d’eux.

Alors qu’il commençait à se penser maudit, il tomba sur une salle claire baignée de lumière, et pour cause : tout un pan de mur avait tout simplement disparu ! Quelques colonnes torses striaient l’ouverture. Face à lui, un hamac était attaché entre deux d’entre elles. Picarel se figea, un sourire sur les lèvres. Des sifflotements chantonnés lui parvenaient en provenance du hamac ! Sans compter le pied nu calé négligemment sur la colonne, la silhouette à la peau claire qui dépassait du tissu et la main fine qui en pendait négligemment. De longs cheveux lisses et brillants, couleur bleu ciel, formaient une cascade mouvante suspendue au-dessus du sol.

— Excusez-moi !

La silhouette bougea mollement à l’interpellation qui échoua à attirer son attention. Picarel se résigna à pénétrer plus avant dans la pièce jusqu’à se retrouver à quelques pas du démon. Il tiqua lorsqu’il aperçut un jeune homme très beau et svelte, aux traits doux un peu efféminés et aux yeux clos. Il était vêtu d’une veste croisée et d’un pantalon droit qui s’arrêtait au-dessus de la cheville, dans un ton pastel qui s’accordait à ses cheveux. La tige d’une sucette dépassait de ses lèvres fines et roses. Un pot rempli de ses comparses était calé dans le creux de son bras.

Il détermina qu’il n’avait aucune idée de son identité et imagina qu’il s’agissait d’un serviteur lambda. Certain qu’il n’avait ainsi rien à craindre, il lui secoua doucement l’épaule.

— Excusez-moi… est-ce que vous sauriez comment on sort de cet endroit ? C’est que je me suis perdu !

Le démon se redressa brusquement et retira sa sucette de la bouche pour le toiser avec insistance. Picarel fut juste capable de noter que ses yeux avaient la couleur de la chair du saumon.

— T’es sérieux là ?