Sur ces mots, il se redressa avant de prendre une pose grandiloquente tout en se désignant.
— Puisqu’il en est ainsi, je me dois de me présenter correctement ! Je suis le Roi Byleth, seigneur –
— Oh, Byleth ! Oui, je connais ce nom-là ! Ce n’est pas un truc associé aux paresseux et aux ignorants ?
— Ce truc, c’est moi, imbécile, grogna ce dernier, vexé.
Il abandonna sa posture et croisa les bras en le considérant avec dédain. Pas la peine de se répandre en vains efforts pour un individu ni apte à les apprécier ni même fichu de comprendre l’importance de la personne à laquelle il s’adressait.
Une chance pour lui, il avait d’autres idées en tête qui lui évitèrent d’être tué pour outrage.
— Mais oui, tu n’as pas tort ; raison pour laquelle nous avons pu te faire passer pour mon serviteur.
— Je ne comprends pas pourquoi, rétorqua Picarel.
Les deux démons gloussèrent. C’était bien la raison pour laquelle il était un candidat si probant !
— Parce que ça se voit que tu ne connais rien d’ici, voyons ! Et il ne faut pas t’observer longtemps pour comprendre que tu n’es même pas un démon. Enfin, heureusement que tu as croisé mon serviteur et que nous sommes venus à ta rescousse ; d’autres auraient fini par s’en rendre compte si nous n’avions pas usé de la raison de ta bêtise.
— Mais ce démon voulait me manger !
— Ah, et tu voulais être manger ?
— Quoi ? Non, non, je ne voulais pas ! Mais je ne comprends pas : pourquoi m’avoir sauvé ?
— Tu ne sais vraiment rien de moi, soupira Byleth, chagriné.
Fatigué par la conversation, il s’affala sur des oreillers violets et mauves.
— Pourquoi ? Parce que je sais que tu es un ange et que je souhaite t’aider !
Picarel hoqueta.
— Quoi ? Mais comment – ?
Il se couvrit la bouche, horrifié. Il venait de lui confirmer ce qu’il disait ! Cependant, Byleth n’y prêta pas attention. Il s’était de nouveau levé pour reprendre une pose grandiloquente, les yeux brillants, et Picarel comprit qu’il était parti dans un trip quelconque.
— Pourquoi voudrais-je t’aider, te demandes-tu, n’est-ce pas ? Ah ! Parce que j’étais un ange autrefois – et entre anges, il faut se serrer les coudes, n’est-ce pas ?
— Vous êtes un démon.
— Même si je ne le suis plus pour le moment, je le redeviendrai un jour et t’aider devrait m’y aider !
— Hein ?
Pensait-il réellement qu’il lui suffisait de gagner des points par ce genre d’actions pour retourner au Paradis ? A voir Byleth jubiler, c’était le cas.
— O-ok, si vous voulez…
— Au fait, qu’es-tu donc venu faire ici ? demanda-t-il brusquement. Tu n’es sans doute pas là pour que l’on te cache indéfiniment. Nous pouvons peut-être t’aider.
Il prit un air malicieux, les doigts joints devant ses lèvres. Il s’imaginait déjà sentir de nouveau l’air pur et le parfum du Royaume Céleste.
— Où sont les anges qui t’accompagnent ? Vous –
— Oh, non, je suis venu tout seul, le coupa Picarel en agitant les mains en signe de défense. Je suis venu retrouver une amie, peut-être l’avez-vous croisée !
— Une amie ? Un autre ange, tu veux dire ? s’écria Byleth, perplexe.
Un autre infiltré, peut-être ? Sans doute plus efficace que celui qui se tenait devant lui !
— Non, c’est une limace !
Byleth tiqua. Sa moue excitée se figea et son sourire diminua pour se crisper. Il finit par s’exclamer :
— Pardon ?
Picarel crut qu’il avait réellement mal entendu et, rempli d’espoir, il répéta :
— Nana est une limace ! Peut-être l’auriez-vous aperçue ? Elle est morte il y a deux ou trois jours à peine ! Bon, c’est difficile de dire quand exactement…
Byleth le fixa, hébété, tandis qu’il babillait une description scrupuleuse de ladite limace, espérant que ce ne fût qu’une simple plaisanterie. Picarel était parfaitement sérieux.
— J-je ne connais pas de limace ! le coupa-t-il brusquement.
Cet individu battait les records de bêtise – et pourtant, il en connaissait un rayon —. Byleth faillit gémir de dépit. Lui qui avait cru voir là une belle occasion de se racheter aux yeux du Ciel et qui espérait enfin regagner sa place… ce n’était pas avec un abruti pareil et un but tout aussi absurde qu’il y parviendrait !
— Donc, tu es tout seul ?
Que faire ? Sérieusement, trouver une limace dans les Enfers, autant chercher un lego dans une décharge… Devrait-il le laisser se débrouiller ou plutôt le tuer ? Picarel lui confirma qu’il n’avait aucun compagnon. Ce serait d’autant plus facile de se débarrasser de lui… mais ne risquait-il pas, au contraire, de perdre des points s’il agissait ainsi ? Même si les anges y gagneraient au change, sa mort risquerait de compromettre son retour au Paradis !
Picarel continuait de bavarder au sujet de son amie, sans réaliser qu’il avait perdu son auditoire. Désabusé, Byleth jeta un coup d’œil à Adamanth qui haussa les épaules, impuissant. Que faire de cet imbécile ? Il le soupçonnait d’être parti en vadrouille sans l’aval de Michael. Ce dernier était bien trop strict pour accepter d’exposer ses anges au danger pour une telle fantaisie. Même Raphael en serait perplexe, pour dire ! Par conséquent, il était presque sûr qu’aucun d’eux ne lui tiendrait rigueur de l’en empêcher. Peut-être que, s’il aidait Picarel à retourner sain et sauf au Paradis, ce qui était presque perdu d’avance pour lui tout seul, il grappillerait quelques points au passage ? Ce serait toujours mieux que rien.
Et puis, ils éviteraient aussi une guerre rangée entre le Paradis et l’Enfer que l’imbécile était susceptible de causer par ses maladresses, n’est-ce pas ?
Oui, c’était un bon plan. Le guider vers la sortie le plus vite possible avant qu’il n’eût le temps de se faire tuer de diverses manières, de servir de hors-d’œuvre particulièrement dégoûtant ou de faire une gaffe que tout le monde ou presque regretterait.
— Tu es sûr que tu ne veux pas rentrer chez toi, plutôt ?
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