– Eh bien, avec vos diverses frasques et cette escapade, vous vous doutez bien que nous n’allons pas vous garder dans votre future fonction passée –
– Notre future fonction passée ? C’est laquelle, celle-là ?
Michael souffla, exaspéré.
– Votre fonction actuelle. Celle sous mes ordres.
– Ah ! C’est plus simple de dire comme ça, je ne vois pas pourquoi –
– Taisez-vous.
– Et nous deviendrons quoi, alors ? s’inquiéta Cockatiel.
– Ce n’est pas encore décidé, éluda Michael. Nettoyeur de latrines à temps plein, peut-être ?
Les deux amis déglutirent et s’entreregardèrent. Le job ne les tentait pas du tout et ils prièrent pour que ce ne fût qu’une simple plaisanterie.
– Excusez-moi ! intervint Byleth. Pour mon cas –
– Oui, vous l’avez assez évoqué tout à l’heure, nous ne vous avons pas oublié – avec une telle insistance, nous aurions du mal. Nous n’oublierons pas votre rôle dans cette affaire et nous ferons passer le message, le rassura Michael, austère.
Byleth se rassit, ravi. Asmodée arbora une moue plus sceptique. La plupart se doutait que cette promesse n’équivalait en rien à une victoire ; Byleth était encore trop loin de réussir à se racheter aux yeux des anges.
L’heure était donc venue de faire leurs adieux pour Picarel et les autres.
– Pourquoi souris-tu ?
– N’ai-je pas le droit de sourire ?
Après le départ des anges, il avait fallu s’occuper d’Asmodée. Ce dernier avait été effondré du peu de considération d’Uriel à son égard et ils s’étaient chargés de le consoler – selon sa méthode favorite, celle qui générait de nombreux soupirs et gémissements. Il avait fini par partir, avec la promesse que l’attitude de l’Archange à son égard ne signifiait rien puisque Michael était encore là pour biaiser leurs observations éventuelles – l’habituel, en somme.
Puis Sytry n’avait pas tardé à rejoindre son emplacement habituel auprès de son hamac. Cela faisait drôle d’y retourner, sans Picarel dans les parages. De ce fait, il n’avait pas pu plonger dans sa traditionnelle sieste, agité de réflexions intempestives et presque agaçantes. C’était un peu frustrant de voir la place que l’ange avait pris dans son quotidien, lui qui n’était, au début, rien d’autre qu’une source de divertissement passagère. Il ne savait pas ce qu’il était devenu pour lui, finalement, et n’avait aucune envie de poser un terme dessus. Il ne sonnait sans doute pas assez démoniaque. Son absence lui ferait une bonne cure pour se débarrasser de cela. Mais en avait-il seulement envie ?
Ce qu’il ne comprenait pas, à l’heure actuelle, était la raison pour laquelle Byleth était venu le rejoindre après le départ d’Asmodée. Il aurait cru qu’il irait se planquer pour dormir ou pour aller câliner ses chats. Exécuter une danse de la joie après sa pseudo-réussite auprès des deux Archanges, se récompenser en buvant à outrance, jusqu’à finir totalement imbiber. S’offrir un concert que lui seul était en mesure d’apprécier. Quelque chose dans ce goût-là.
Mais non, il se tenait là, à quelques pas de lui, vautré sur un pouf, à contempler le plafond d’un air méditatif. Cela ne l’empêchait pas de laisser traîner une oreille auprès du prince.
– Ne fais pas l’idiot. Est-ce la perspective que Picarel et Cockatiel puissent récurer des chiottes, à l’heure actuelle, qui te met de si bonne humeur ?
Sytry rit franchement.
– J’imagine que ce n’est pas ça, supposa-t-il alors, car Sytry lui donnait l’impression qu’il y avait autre chose.
Sytry attrapa un cookie avant d’en défaire l’emballage, lentement.
– Et tu as raison. Je n’y pensais même plus, mais ta suggestion est plausible : rien que de l’imaginer, là, j’ai envie de rire.
– Sans doute.
Il croqua dans le gâteau et mâcha quelques secondes, songeur. Il sentait le regard de Byleth peser sur lui.
– Disons que… je pense qu’ils risquent d’avoir une mauvaise surprise, poursuivit-il, après avoir avalé une autre bouchée.
– Qui ça, ils ?
– Michael, Uriel… les Archanges et les autres. Avec Picarel. C’est qu’il a appris quelques petites choses ici, durant son séjour. Et peut-être Cockatiel, qui sait.
– Appris quoi ? Je ne vois pas ce qu’il aurait pu apprendre…
Byleth s’interrompit un instant devant le sourire mutin de Sytry et réfléchit quelques secondes à sa signification. Il fronça ensuite les sourcils.
– Qu’as-tu fait, Sytry ?
Ce dernier adopta une attitude faussement indignée.
– Moi ? Mais –
– Arrête ça et accouche, soupira Byleth. Partage donc la source de ton hilarité.
Sytry fit la moue mais abdiqua, trop heureux d’avoir son public. Il se recoucha avec théâtralité.
– Oh, pas grand-chose, en réalité… je n’ai fait que semer quelques graines –
– Si tu parles de la découverte de l’alcool, tu sais qu’il peut perdre cette habitude qui n’en est même pas vraiment une. Il n’y a pas touché si souvent.
— Je le sais. La graine peut rester inerte, mais elle peut aussi germer. Et puis, il n’y a pas que cela.
— Et quoi, alors ?
— Sais-tu que Cockatiel a fini par apprendre, pour les vidéos que j’ai montrées à Picarel ? Il croyait que j’étais en train de lui faire une fellation, le bougre ! On sent que celui-ci se tient mieux informé que son ami.
— Et alors ? Tu n’as pas sauté l’un ou l’autre, non ?
— Oh, rien du tout, ou presque… et non, je n’ai couché avec aucun d’entre eux, le fruit n’était pas assez mûr. Mais cela peut donner lieu à une suite intéressante. Je crois que Cockatiel est plus curieux de la chose qu’il ne veut bien l’admettre. Et Picarel… qui sait ?
Byleth haussa un sourcil devant ces paroles sibyllines avant de soupirer. Il n’obtiendrait rien de plus de lui. De toute façon, il était trop tôt pour tirer de telles conclusions. L’avenir leur dirait si les espérances de Sytry se réaliseraient et, ainsi, s’il avait réellement eu de quoi se réjouir.
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