– Mais où est-il donc passé ?
Le palais de Byleth était un véritable labyrinthe. Si Cockatiel avait bien eu une visite guidée, il n’en avait rien retenu, à cause de l’excès d’information. Un déplié lui avait été remis mais il n’arrivait pas à se localiser dessus, encore moins à s’orienter grâce à lui, aussi il restait sagement au fond de sa poche.
– Pica ?
Byleth avait insisté sur le fait d’utiliser leurs noms de ‘démons’, car tous ses subalternes n’étaient pas au courant de la mascarade. S’ils lui obéissaient, un simple mot de travers ou prononcé près d’oreilles indiscrètes – parce qu’ils auraient la flemme d’être prudents tout le temps – suffirait à les trahir. Aussi, moins ils étaient nombreux à être au courant, mieux cela valait pour eux.
Malgré la nécessité de cette prudence, il avait du mal à digérer son nouveau nom. Pouik. Une idée de génie de Sytry. C’était nul ! Il se méfiait de lui, et ce choix de nom discutable était, à son sens, un argument supplémentaire pour titiller sa suspicion. Il avait vu comment il tournait autour de Picarel, tel un rapace sur sa proie, prêt à fondre sur elle. Cockatiel le sentait ; son ‘aide’ n’avait rien d’innocente, il voulait corrompre son ami ! Le plonger dans le péché, l’immerger dedans, jusqu’à l’y noyer ! Il avait déjà commencé avec la boisson – Cockatiel avait failli s’évanouir lorsqu’il l’avait appris et que Picarel lui avait proposé de goûter – et il ne s’arrêterait sans doute pas là. Picarel, naïf comme il l’était, ne voyait rien venir. Il le considérait même comme son ami. Le risque était d’autant plus grand que ce dernier lui attribuait sa confiance !
Sytry n’était pas revenu depuis plusieurs jours mais ce serait trop beau d’espérer qu’il oubliât Picarel et ne revînt jamais. Il ne le ferait que lorsqu’il aurait obtenu ce qu’il voulait, pour laisser Picarel anéanti, le cœur en miettes et sali de toutes les façons possibles. Rester avec lui devenait primordial pour le protéger de son influence maléfique.
– Pica ?
Soudain, il entendit des gémissements en provenance d’une pièce et se figea. Il reconnaissait la nature de ces sons. Gêné, il allait poursuivre son chemin lorsqu’un murmure fut émis et qu’il en reconnut la voix. Celle de l’être malfaisant qui faisait miroiter une pseudo-amitié à Picarel. Il se glaça. Non ! Il se rapprocha de la pièce où se déroulait la terrible scène que son cerveau commençait déjà à dérouler dans sa tête. La porte en était entrouverte. Il y glissa un œil.
Picarel était couché entre divers coussins, le visage mal orienté de sorte qu’il ne pût observer ses traits. Un ordinateur portable déposé au milieu d’un pouf pastel en forme de pavé masquait son bassin et ses cuisses, tandis que ses mollets dépassaient de l’autre côté. Ses jambes côtoyaient une autre paire couverte d’un tissu droit bleuté qu’il reconnut. Il hoqueta d’horreur.
Noooooooooon ! Il couina, se cogna et s’enfuit en titubant, une main sur le cœur. Comment pourrait-il jamais se remettre d’une telle vision d’horreur ? Son ami était fini, Sytry avait réussi !
Inconscient de cela, Sytry maugréa entre les gémissements puis se redressa, la main sur le clavier, la mine dépitée.
— Non, le son est pourtant bon, ça ne vient pas de l’ordi mais des vidéos… Bon, Pica, fais pas gaffe à ça, c’est un peu pourri. La vidéo aussi, d’ailleurs, on voit les pixels… et… ah, les brutes ! Bon, celle-là non plus, ça ne va pas. Je te rassure, tout le monde ne le fait pas aussi brusquement, hein. Les sites pornos ne sont peut-être pas la meilleure référence en la matière, enfin il y a du choix. Attends que je te trouve une autre vidéo…
Il mit celle activée en pause avant de changer de page. Étonné par le manque de réaction de son élève du moment, il se tourna vers lui. Celui-ci avait les yeux clos et un filet de bave coulait sur son menton.
— Ah, mais c’est qu’il s’est encore endormi, le petit paresseux ! gloussa-t-il, amusé. Combien on parie que tu n’as juste rien compris et que ça t’a incité à roupiller ? Bon, j’avoue, j’ai mis un peu à charger –
— Sytry ! Je peux savoir pourquoi tu passes des vidéos pornos chez moi ? Si tu veux te masturber, reste chez toi !
Byleth se tenait à la porte, désormais grande ouverte, les jambes bien campées dans leur position. Oups. C’était peut-être trop tôt pour être vu du grand patron des lieux. L’affaire ne remontait pas à si loin. Cela étant, il ne paraissait pas furibard. Il y avait donc de l’espoir.
— Byleth ! Hey, mon vieux, comment ça va ? s’exclama-t-il, enjoué.
Ledit vieux plissa les yeux.
— Inutile de faire semblant, ça ne fonctionne pas avec moi. C’est Roi Byleth pour toi. Tu devrais déjà t’estimer heureux que je ne crame pas tes petites fesses pour te jeter hors de mon domaine. Je n’ai pas oublié le cadeau que tu m’as laissé, et je ne l’ai toujours pas digéré, d’ailleurs. Par ta faute, tout l’Enfer jacasse sur mes prétendues expériences !
Sytry prit un air faussement contrit, tout en se mordant l’intérieur des joues. Il en avait entendu parler, pour sûr, et il en avait bien ri. Cependant, il éviterait de l’avouer devant le concerné, même si celui-ci s’en doutait.
— Désolé.
— Tais-toi, tu ne l’es même pas, soupira Byleth, las. Enfin, ils finiront bien par trouver un autre sujet de discussion plus croustillant, en espérant que celui-ci se présente le plus rapidement possible… Mais qu’est-ce que tu fous là ? Pourquoi tu regardes des vidéos porno en compagnie de Pica qui dort ?
La question ramena Sytry à la situation avant l’arrivée de Byleth. Il jeta une œillade à l’endormi et gloussa.
— Tu vas rire…
— Je ne suis pas sûr, non. Et c’est Roi Byleth.
— Dans tous les cas, je peux te l’affirmer : c’est le pire élève du monde !
— Élève ? Élève de quoi ?
— Pica voulait savoir ce qu’était le désir charnel. Mais avec juste des mots, il ne comprend rien, et avec ce qu’il a vu chez Asmodée – plus son éducation d’ange, j’imagine –, il n’était pas chaud pour essayer. Alors j’ai voulu lui montrer des vidéos de –
— Arrête-toi, j’ai compris l’idée.
Même s’il ne voyait pas en quoi montrer des rapports sexuels permettrait à Picarel d’appréhender la notion de désir, mais il était sûr que Sytry avait une autre idée derrière la tête. A moins qu’il trouvât amusant de montrer du porno à un ange. Ou les deux.
— Soit. Dis, tu n’aurais pas des vidéos de bonne qualité avec des gens qui ne se prennent pas comme des sauvages et où on voit bien ce qu’il se passe ? Ou tu crois que je devrais me rendre sur Terre pour filmer des mortels ?
— T’es sérieux, là ?
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