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-Bon, qu'est-ce qu'on fait ? râla Raphaël en se roulant allégrement sur le lit de son ami, entraînant la couverture dans son mouvement.

Son ami et hôte Faustin, installé sur une chaise de bureau devant son ordinateur, secoua la tête, comme s'il s'agissait d'une évidence.

-On attends la fin de la mise à jour.

-Ca prend trois plombs !

Le garçon avachi jeta un coup d'oeil à son ordinateur portable. Sur son écran, la barre de téléchargement n'avançait pas. Ou plutôt, on voyait bien tourner le cercle indiquant que tout était parfaitement fonctionnel, mais cela prenait du temps. Trop de temps...

-Faire une telle chose le samedi soir, c'est cruel… Ils ne pensent pas aux pauvres petits lycéens qui n'attendent que de pouvoir jouer avec leur jeu vidéo, chouina Raphaël.

Faustin fit pivoter sa chaise de bureau vers lui, remontant ses lunettes par la même occasion.

-Arrête donc de pleurnicher. Loïs n'a même pas d'ordinateur et ne pleure pas pour autant.

Assit contre le lit, Kamu sourit. Malgré son faux nom, il savait toujours que c'était de lui qu'on parlait.

-C'est pas grave. Sinon, je regarderais, assura-t-il.

Juste être présent, lui faisait déjà beaucoup plaisir. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été invité chez quelqu'un.

Raphaël secoua la tête, repoussant une mèche blonde qui le gênait.

-C'est nul de jouer qu'à deux… Il est où, ce con de Thibault ?

Son ami à lunettes lui répondit.

-Il ne peut pas venir aujourd'hui, il est occupé.

-Occupé à quoi ? A draguer ?

-Qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu es jaloux ?

Le blond se redressa sur le lit, prenant un air grave.

-Je croyais que l'amitié, c'était sacré.

-Je vois pas le rapport, déclara Faustin.

-Il nous abandonne pour une fille !

L'autre ricana.

-Tu serais le premier à le faire ! En plus, tu ne sais même pas où il est.

-C'est faux !

Raphael se renfrogna, tournant son attention vers Kamu toujours installé par terre.

-Loïs, trouve-nous un jeu !

Le change-forme prit au dépourvu hésita.

-Je ne sais pas…

Racontez-vous des histoires d'horreurs.

Loth, je ne suis pas sûr que…

T'as mieux à proposer ?

Il devait avouer que son double avait au moins le mérite de proposer quelque chose, contrairement à lui, qui restait sans idée.

-Si on se racontait des histoires d'horreurs ?

-Oui ! Cool ! Avec une contrainte ! Un mot au hasard.

Cherchant son portable, le blond pianota dessus.

-Fèves ! Faustin, c'est à toi !

Son interlocuteur souffla.

-Attends !

Raphaël traversa la pièce pour éteindre la lumière, avant de s'asseoir à côté de Kamu. Il attrapa ensuite la jambe de son ami resté sur la chaise pour la tirer.

-Viens avec nous. Ca sera mieux si on est assis tous ensemble.

-Bof ! On aura juste l'air de trois cons. A ce niveau-là, autant s'installer dehors pour profiter du fait qu'on est en été.

Kamu se leva le premier.

-Faisons ça.

Les deux autres s'entre-regardèrent, avant que Faustin suive le mouvement.

-Ok. De toute façon, on ne fait rien de passionnant ici.

Finalement, le blond leur emboita le pas, pour ne pas rester seul.

-D'accord, mais faut pas que Loïs voit ta mère. Il doit en être amoureux, dès qu'elle dit un truc, il se presse pour l'aider.

Kamu secoua la tête, se sentant un peu honteux, alors que tous les trois se pressaient dans les escaliers.

-C'est juste qu'elle a besoin d'un petit coup de main et que comme je suis invité, je peux bien rendre service.

-T'es vraiment crade, Raphaël ! Tu le sais ?! râla son ami à lunettes. Laisse ma mère tranquille !

-Si on peut plus rigoler…

Tous les trois gagnèrent la minuscule court, où ils s'installèrent sur un transat en plastique blanc, qui virait au gris par l'action du temps. En levant la tête, ils pouvaient voir le ciel, magnifique en cette saison. Les nuages n'étaient pas présents permettant d'observer la voûte céleste en toute tranquillité. Chacune des étoiles brillait intensément, comme pour attirer leur attention. L'espace d'un instant, ils restèrent tous trois silencieux.

-Super, on voit bien les étoiles !

La tête levée, ils contemplaient le magnifique spectacle, profitant de la température clémente et du calme apparent.

-Faustin, c'est quand la nuit des étoiles filantes ?

L'autre haussa les épaules pris au dépourvu.

-Euh, je ne sais pas.

Du sept au neuf août !

Loth paraissait bien renseigné sur le sujet.

-Pas maintenant, c'est en août, déclara Kamu.

-Ok. Tu voulais voir les étoiles ?

Le change-forme hocha la tête, même si c'était plutôt son compagnon de vie qui s'y intéressait. Il ne pouvait pas divulguer cette information de toute façon.

Ils se turent tous les trois, écoutant le silence de la nuit. Cela avait un côté reposant que Raphaël s'empressa de briser.

-Bon alors Faustin, ton histoire ?!

-T'es chiant !

L'autre soupira.

Désireux d'en savoir plus, sur les sujets qui l'intéressaient, le blond reprit la parole.

-Loïs, ça se passe comment avec Lauriane ?

-Euh…

Kamu croisa le regard de son ami à lunette, lui demandant de façon muette son aide. Comprenant que leur camarade ne s'arrêterait pas avant de savoir, ou qu'on détourne son attention, Faustin prit l'affaire en main.

-Bon d'accord, je vais te raconter une histoire, mais après, tu me fous la paix !

-Attends, je lance la playlist.

Après avoir tapoté sur son portable, Raphaël le posa sur le siège à son côté et une musique douce s'en échappa. Elle n'était pas effrayante, plutôt triste, mais aucun des deux autres ne fit de remarque sur le sujet. Préférant éviter certaines mélodies auxquelles se mêlaient parfois des cris, qui avait le don de vous faire sursauter.

-Alors, c'était un garçon qui aimait faire des blagues aux autres.

-Il s'appelait Raphaël, plaisanta Kamu.

-Oui, voilà.

Le blond bouda, devant l'alliance que venait de former contre lui, les deux autres.

-Utilisez pas mon prénom sans mon accord.

Mais ses camarades ne l'écoutèrent pas, faisant même mine de ne pas l'avoir entendu.

-Alors Raphaël aimait bien embêter ses amis en leur faisant des blagues.

Kamu ne put s'empêcher de sourire, en entendant Faustin continuer sans prendre en compte l'avis du râleur.

-Mais euh ! Vous êtes franchement pas drôle tous les deux !

-Mais voyons Raphaël, toi qui avait besoin d'une petite histoire pour s'endormir, tu ne l'écoutes même pas ?

L'autre serra les bras autour de son torse, tirant la tête.

-Tu la veux ton histoire du jour ou pas ?

-Tu inventes un truc pour te foutre de moi, j'en suis sûr.

Faustin hocha la tête.

-Oui, c'est tout à fait ça.

Raphaël plissa les yeux.

-Qu'est-ce que ton esprit retord est en train d'inventer ?

Saisissant le bras de Kamu à son côté, il l'attira vers lui.

-Loïs, protège-moi, il est vil.

-C'est délicat, murmura le change-forme sans savoir pourquoi il disait ces mots.

-C'est toi, la seule personne vile ici, tu nous fais chier pour avoir une histoire d'horreur, mais après, tu poses tes conditions au fur et à mesure. Utilise un mot aléatoire ! Prends pas mon prénom !

Faustin prit plaisir à l'imiter, reproduisant l'intonation en l'exagérant volontairement.

-Je cherchais juste un jeu à faire pour ne pas s'ennuyer, se plaignit Raphaël.

Son ami à lunette hocha la tête. Le jeune garçon parut soudain se souvenir de quelque chose. Lorsque cela lui revint, il claqua des doigts.

-Ho ! Tu joues peuple aquatique, si c'est pas vil, ça !

-Aucun rapport avec la situation.

Le blond se tourna vers Kamu, pointant le doigt vers lui.

-Et toi, tu joues mort-vivants !

-Oui, mais c'est surtout parce que personne joue mort-vivants et donc y a beaucoup de cartes dont vous ne vous servez pas.

Faustin prit la parole.

-Il n'a pas tord. Il joue avec tout ce qu'on ne veut pas.

-Bon ok, alors je te pardonne, déclara d'un air solennelle Raphaël.

Kamu passa la main dans ses cheveux.

-Normalement si je mets encore un peu de côté, je pourrais m’acheter des paquets spécialisés.

Son ami bondit sur l'occasion.

-Trop bien. On ira tous ensemble, pour t'aider. Spécialisé en quoi d'ailleurs ?

Le change-forme sourit.

-Merci, c'est gentil. Je ne sais pas encore...

-Comme ça, tu ouvriras tes cartes avec nous qu'on voit si elles sont bien. Ça sera trop bien ! J'ai hâte d'y être !

L'espace de quelques instants le blond s'agita, avant de finalement soupirer.

-Dommage que tu l'es pas ce soir, ça aurait été bien… En attendant, on s'ennuie...

Le voyant déprimé, Faustin prit la parole.

-Très bien, tu la veux ton histoire d'horreur ou pas ?

Cela eut au moins le mérite d'attirer l'attention de Raphaël.

-Oui, déclara-t-il.

L'autre prit une grande inspiration.

-D'accord. Il était une fois, un garçon chiant qui s’appelait Raphaëlo.

Malgré la grimace de son camarade, il continua.

-Il n'aimait rien tant qu'embêter les autres. Un jour, il y eu une galette des rois à la cantine. Alors que tous ses amis s'étaient servi une part issue de la même galette pour être sûr d'avoir la fève, Raphaëlo s'aperçut que c'était lui, l'heureux élu. Seulement, dans le but d'ennuyer les autres, il ne dit rien et la garda en bouche. Tous s'entre-regardèrent, cherchant qui pouvait l'avoir. Finalement, quand tout le monde eut terminé, il fallut se rendre à l'évidence, pas de fèves dans cette maudite galette. De quoi à bien déprimer… Tout le monde s'en retourna en cours le coeur lourd. Tout l'après-midi se déroula sans encombre. Finalement, toute le monde se quitta en pensa à cette fève inexistante. Quel dommage qu'aucun d'eux n'est pu l'avoir.

Faustin reprit son souffle avant de continuer :

-Raphaëlo était content de lui. Il avait même du mal à ne pas rire, tant il était fier de lui. Certes il n'avait pas beaucoup parlé, mais c'était avant tout parce qu'il avait gardé la fève dans sa bouche tout l'après-midi. D'ailleurs, en rentrant, il se fit un plaisir de montrer son trésor, faisant râler son frère par la même occasion.

-Non pas mon frère ! Je ne veux pas de lui dans l'histoire !

Cependant son ami ne l'écouta pas du tout.

-Le lendemain, on retrouva Raphaëlo gisant sur le carrelage, le corps froid. Tout le monde s'interrogea sur les causes de sa mort. Après autopsie du corps, on apprit qu'il s'était étranglé avec la fève. En effet, il l'avait remis dans sa bouche pour faire une blague à ses amis. Sans le savoir, en le bousculant son frère lui avait fait avaler la fève provoquant sa mort. Raphaëlo était mort d'avoir trop fait l'idiot.

En entendant cette fin, le blond grogna.

-Arrête de te foutre de moi !

-Moi ? Me foutre de toi ?! Jamais je ne le pourrais, déclara Faustin en riant.

-Ton histoire est pourri ! D'ailleurs, ce jeu est pourri !

-Très bien, monsieur le génie, trouve s'en un autre alors !

Raphaël fit la moue. Rien ne l'amusait dans cette cours.

-Pourquoi on ne joue pas aux cartes « légendes oubliées » ?

-J'ai oublié les miennes, murmura Kamu.

C'est pas les légendes qui sont oubliées, ce sont les cartes. T'es vraiment pas doué !

Le petit rire de Loth, piqua au vif, le change-forme. Mais au fond, il savait bien qu'il avait raison. S'il avait fait plus attention, il aurait pu jouer avec ses amis.

Je sais. Je ne l'ai pas fais exprès. En plus, je voulais leur faire une surprise.

-T'en as ?

Pour la surprise, tu repasseras, tu t'es trahie seul.

Zut…

Kamu se reprit.

-Oui, Giles a bien voulu que j'en achète. Je ne les ai pas ouvertes, pour qu'on le fasse ensemble. Je voulais avoir la surprise.

Le blond l'attrapa par son t-shirt et le secoua.

-Tu as des cartes sous blister et tu les oublies ! Malheur !

-Désolé…

-Raph, calme-toi, ça sera pour une autre fois, soupira son ami à lunette.

-C'est quelle extension ?

-Mort-vivant.

-Encore ? Mais qu'est-ce que tu as avec tes mort-vivants ?

-Rien. Disons que je me suis habitué à jouer avec.

-J'aimerais voir ça.

Kamu eut un petit sourire forcé.

-La prochaine fois…

-Y a intérêt, je vais te surveiller maintenant !

Le silence se fit, les berçant tranquillement, avant que Raphaël en rajoute une couche :

-Je ne vais pas en dormir de la nuit.

-Une bière et ça sera réglé, déclara Faustin d'un air blasé.

Le blond redressa la tête fier de lui.

-Je tiens mieux l'alcool maintenant !

-Il t'en faut une et demi ?

-Petit joueur. Je bois plus que toi !

Faustin haussa les épaules.

-C'est pas difficile puisque je ne bois pas.

-Et toi, Loïs ?

Kamu se trouva prit au dépourvu.

-Bah… Pas trop… Mon tuteur ne serait pas d'accord.

Raphaël se mit à rire.

-Petits joueurs !

Les deux autres ne lui répondirent pas. Le blond chercha un autre moyen d'attirer leur attention.

-N'empêche si Loïs sort avec Lauriane et Thibault avec Alix, on va se retrouver comme deux cons, toi et moi, déclara-t-il à attention de Faustin.

Kamu releva la tête.

-Je ne sors avec personne.

Normal, elle ne t'a pas encore demandé. Sinon je suis sûr que tu auras sauté sur l'occasion.

Tu es de quel côté ?

C'est pas question de côté. Je suis juste réaliste. Dès qu'un crétin ou une crétine, te regarde, tu fonces.

Kamu grimaça. Il savait bien que Loth avait raison, mais ne voulait pas l'accepter. Hors de question de l'avouer.

Voyant que personne n'allait lui répondre, Raphaël soupira.

-Bon, je vais chercher mes cartes. J'en ai assez pour en prêter à Loïs. Je reviens.

Il se leva pour se diriger vers la maison.

-T'étrangle pas avec la fève, lui cria Faustin pour le plaisir de le faire râler.

Kamu se prit à sourire. C'était agréable de passer une bonne soirée avec des amis.


Texte publié par Nascana, 16 janvier 2020 à 00h21
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