— Kiba, vire-moi cette bouteille de lait de là et range-la, elle n’a rien à faire sur le plan de travail !
Cyrille menaçait son colocataire avec l’aide d’une cuillère couverte de farine qu’elle pointait en sa direction, tandis que son autre main serrait le paquet dudit ingrédient à la châtaigne. Elle espérait ainsi conférer à la pâte une saveur particulière grâce à cet élément indispensable.
Le japonais fronça les sourcils avant de croiser les bras avec mauvaise humeur, ignorant la consigne.
— Pour faire un gâteau, il faut du lait, affirma-t-il d’une voix décidée.
— On ne va pas faire un gâteau avec du lait de vache alors que le Seigneur Uriel est végétalien ! s’écria-t-elle, exaspérée. Tu devrais le savoir !
Elle attrapa alors une bouteille de lait végétal. Kiba écarquilla les yeux avant de plisser les yeux, sceptique.
— En es-tu sûr ? N’est-il pas plutôt allergique au gluten ? Il ne mange pas de pain à la farine de blé !
Cyrille roula des yeux. Elle ne fumait pas sous la colère mais sentait que ce n’était pas loin. C’était la même histoire à chaque fois !
— Non ! Il n’aime pas le pain blanc et le pain de mie classique et de toute façon, il préfère le pain au sarrasin, nuance ! Il mange les pâtes au blé, par exemple. Tu as bien dû t’en apercevoir, quand il mange ici, une fois sur deux ce sont des pâtes, des ravioles ou des lasagnes ! Il adore ça !
Kiba hésita quelques secondes, songeur, avant d’admettre qu’elle n’avait pas tort.
— C’est vrai qu’il n’est pas regardant sur les farines utilisées mais plutôt sur les garnitures.
Jamais il ne consommait de variantes contenant du fromage, de la crème ou des œufs, seulement celles aux légumes et aux graines. Cyrille avait peut-être raison.
— Donc la farine de châtaigne n’a rien à voir avec le sans-gluten ?
— Non, c’est pour donner du goût, assura-t-elle en remettant le paquet dans la boite métallique.
Elle referma cette dernière avant de la ranger dans le placard. Kiba continua de la fixer, indécis, et resta immobile.
— Attends, je croyais que tu voulais faire un gâteau au chocolat ?
— Oui, c’est bien ce que j’ai dit, au chocolat. Parfumé à la châtaigne.
Elle s’essuya les doigts sur le tablier couleur abricot avant d’attraper la cuillère pour la jeter dans l’évier. Kiba la jaugea, hébété.
— Parfumée à… ? Attends, tu as déjà essayé ?
— Non, pourquoi ?
Il hoqueta sous l’indignation.
— Tu ne peux pas lui faire ça, le Seigneur Uriel n’est pas un cobaye !
— Hé ! Je sais ce que je fais ! Il suffit de suivre la recette !
— Une recette ? répéta-t-il alors qu’elle se penchait vers la corbeille à fruits pour attraper une première poire. Avec des poires, en plus ?
Cyrille suspendit son geste et lui jeta un regard intrigué.
— Oui, pourquoi ? Enfin, elles ne sont pas dans la recette mais comme il adore ça –
— Le Seigneur Michael adore ça, je ne sais pas ce qu’il en est de lui.
Cyrille hocha la tête et reposa aussitôt le fruit car ce rappel sonnait juste à ses oreilles. C’était bien la seule chose qu’ils savaient concernant les goûts du Prince des Archanges ; les poires tendaient à disparaitre de la corbeille de fruits les rares fois où il passait chez eux.
Comme son amie restait déterminée à suivre ses plans, Kiba abandonna l’idée de la dissuader et se résigna à l’aider. Il pria Dieu en pensée de leur accorder un résultat convenable. Ou à défaut, un résultat qui ne passerait pas pour une tentative d’empoisonnement auprès de leur Archange.
Quelques minutes passèrent alors qu’ils préparaient la pâte et préchauffaient le four. Cyrille déversait la pâte dans un moule rond lorsqu’une brusque pensée saisit le jeune homme.
— Au fait… et s’il nous demande la raison de ce gâteau, on répond quoi ?
Les deux Chasseurs s’étaient enthousiasmés à la nouvelle de son passage et ils avaient décidé de lui faire plaisir avec une pâtisserie sous l’impulsion du moment. Difficile de l’expliquer, d’autant qu’ils ne connaissaient même pas la raison de sa venue.
— Bah, je ne sais pas… comme ça, quoi, hésita Cyrille avant d’hausser les épaules. Que veux-tu, on ne va pas lui dire que c’est pour son anniversaire !
Les deux colocataires tiquèrent à la dernière remarque. Ils gardèrent le silence quelques secondes ; leurs regards finirent par se croiser.
— Tu sais quand est son anniversaire, d’ailleurs ? demanda le japonais perplexe.
Cyrille secoua la tête en signe de dénégation.
— Je ne sais même pas quel âge il a exactement !
— Moi non plus.
Les anges fêtaient-ils leurs anniversaires ? Ils se sentirent honteux de leur méconnaissance, surtout si ce devait être le cas. Dire qu’ils le connaissaient depuis quelques années et qu’ils n’y avaient jamais pensé jusque-là !
Le regard de Kiba tomba sur le moule dont il considéra les dimensions, dubitatif.
— Bah… de toute façon, je doute que le gâteau soit assez grand pour mettre toutes les bougies.
Cyrille ne put que tomber d’accord avec lui. Afficher ses quelques milliers d’années sur le gâteau n’était sans doute pas une meilleure option. Ils décidèrent de ne plus y réfléchir.
— Allez, on l’enfourne et on n’en parle plus !
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