Du plus loin qu’elle se souvînt, Faith n’avait nourri qu’un unique désir : celui d’avoir des amis. De vrais amis ; pas de ceux que lui présentaient ses parents, plus intéressés par la fortune familiale et par la renommée de leur lignée que par elle-même. Des amis qui l’apprécieraient pour ce qu’elle était, qui elle était, dans son intégralité ; ses qualités mais aussi ses défauts… sans préjugés vis-à-vis du nom qu’elle portait et qui, à ses yeux, représentait un fardeau, un fardeau dont elle aurait aimé se débarrasser. Cela lui faisait donc deux désirs.
Elle en nourrissait un troisième, cependant elle n’avait aucun espoir qu’il vît le jour et préférait ne pas y songer.
Depuis toute petite, Faith avait pris une certaine habitude ; chaque fois que sa famille et elle allaient à la plage ou au bord d’un lac ou d’un cours d’eau, elle jetait une bouteille à l’eau. Avant cela, elle ne manquait jamais de glisser un rouleau de papier dans cette dernière, sur lequel elle inscrivait ces quelques mots : ses deux souhaits les plus profonds. Avec un peu de chance, un esprit des eaux ou une entité quelconque en trouverait une et les exaucerait… Ce qui avait fini par se produire pour l’un d’eux, grâce à sa rencontre avec lui. Il lui avait offert un autre avenir que celui que sa famille avait tracé pour elle, lui avait permis d’abandonner son nom pour une nouvelle vie. Elle lui devait tant ; depuis, elle demeurait à ses côtés et espérait qu’il en serait ainsi jusqu’à sa mort. Peut-être verrait-elle le second s’exaucer auprès de lui.
Faith se pencha avant de s’asseoir, les fesses dans le sable. Dans sa main droite, une bouteille contenant une simple feuille roulée. Les habitudes étaient tenaces et celle-ci était presque devenue une tradition pour elle. Sans un mot, elle tendit le bras et lâcha la bouteille, l’abandonnant aux flots. La houle la fit aller et revenir mais peu à peu, la bouteille s’éloigna du rivage et d’elle-même. Elle la regarda partir puis disparaitre, priant pour que son vœu devînt réalité.
— Ah, Faith, tu es là !
La jeune fille retourna la tête avant de se redresser, un peu honteuse qu’il l’eût trouvée ainsi. Elle n’avait pas vu le temps passer ; elle aurait dû les retrouver à la terrasse du café qu’ils avaient convenu. Sans doute l’avaient-ils aperçue et avaient-ils décidé de la rejoindre, car le bâtiment en question n’était pas très loin et avait une vue sur la plage.
Sa jupe et ses collants étaient humides à présent et le sable mouillé était difficile à brosser. Elle abandonna après quelques secondes, afin d’éviter de faire patienter les nouveaux venus. Au moins étaient-ils seuls sur la plage, ne laissant aucun témoin à cette scène. Le ciel couvert dissuadait les gens de sortir, sans compter l’explosion de gaz dans un appartement à quelques centaines de mètres de la mer, qui avait entrainé l’évacuation de ce dernier et des bâtiments autour.
Au nombre de deux, ils lui faisaient face. Elle ne reconnut que le bel homme brun aux yeux bleu nuit, celui qu’elle avait décidé de suivre et pour lequel elle consacrait désormais sa vie ; Uriel. Toujours vêtu de manière élégante, son costume deux-pièces d’un gris presque argenté détonait étrangement sur la plage mais à ses yeux, sa perfection était immuable. A côté de lui, une jeune fille la fixait avec curiosité. Elle possédait de longs cheveux blond cendré, lisses et maintenus en une queue-de-cheval haute, et des yeux gris. Elle était assez petite mais restait plus grande qu’elle ; la différence était surtout perceptible avec Uriel, qui faisait une bonne tête de plus. Elle lui adressa un hochement de tête poli. Nul doute qu’il s’agissait de la jeune fille dont Uriel lui avait parlé, celle qu’il désirait lui présenter.
Celle qui devait devenir son binôme de chasse.
Elle n’eut pas à attendre longtemps lesdites présentations. Uriel la lui désigna avec un sourire.
— Faith, je te présente Harmony Evans. Harmony, voici Faith Lindsworth. Elle a récemment intégré l’Ordre des Chasseurs.
— Ravie de te rencontrer, s’exclama Harmony en lui tendant la main, un large sourire sur les lèvres.
Une anglaise, déduisit Faith à son accent. Elle-même l’était et l’avait encore, mais le sien était plus prononcé. Le visage neutre, elle serra sa main et lui rendit la politesse. Sa réserve n’altéra en rien l’enthousiasme de son vis-à-vis. Était-elle capable de démontrer d’autres émotions comme de la colère ou de la peine ? A la voir, il semblait impossible qu’elle pût en être atteinte.
— Ah, le temps se couvre. Mieux vaut retourner au café, vous ferez plus ample connaissance là-bas.
Faith leva la tête pour noter qu’effectivement, les nuages s’obscurcissaient et viraient au noir. Elle acquiesça et ils se mirent en route d’un même mouvement. Elle ne se rendit compte qu’après quelques secondes que Harmony s’était glissée à côté d’elle et l’observait avec bonne humeur.
— Alors, tu viens d’où ? Vu ton accent, je suis prête à parier que tu viens de l’Angleterre, tout comme moi !
Faith se retint de soupirer. Les prochains jours seraient déterminants. Arriverait-elle à s’habituer à son entrain ou finirait-elle par la détester ?
En cet instant, elle n’imagina pas que son second souhait ne tarderait pas à être exaucé.
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