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Il frappa à la porte du bureau, puis entra immédiatement après sans attendre l’autorisation.

Ce geste résumait parfaitement le personnage. Gary était un être factice singeant maladroitement la bourgeoisie, dont il ne ferait jamais partit. Cela se reflétait également dans divers éléments de son apparence. Du gomina bon marché lissait ses cheveux, et dégoulinait sur sa nuque. Son nœud de cravate était bien trop bas. Son veston n’était pas assortit au reste de son costume.

Dominique n’avait pas tellement fait attention à lui jusqu’à présent. Il ne passait qu’en coup de vent. A présent elle réalisait, qu’il était en quelque sorte son contraire. Lui se laissait dicter son comportement dans les moindres détails.

L’objectivité de Dominique était quelque peu viciée sur ce point. Son fameux bureau ne servait qu’à son image de femme d’affaire. Les classeurs, et les tiroirs étaient vides. Tout comme les feuilles en évidence sur le bureau, étaient juste divers documents administratifs récoltés çà et là.

Son affaire étant clandestine, Dominique jugeait plus sage de faire et de ranger sa comptabilité à domicile.

« Vous vouliez me parler ? » Demanda Gary de son timbre de vendeur ambulant.

D’abord Dominique prit une profonde aspiration mais demeura silencieuse. Ce mutisme interloqua Gary. N’étant pas du genre patient il ne supporta pas longtemps cette situation.

« Alors ? C’est un pourcentage, c’est çà ? Vous voulez une commission sur les eight pagers que je vends à vos clients. »

Dominique jusque là crispée se mit à regarder derrière son interlocuteur, puis enfin elle prit la parole :

« Pauvre petite merde. »

Le ton employé était dur et froid. Le genre, qui ne supporte aucune contradiction. Gary s’y essaya malgré tout.

« S’il y a un problème, on peut en parler. »

D’où il sortait de telle réplique ! Heureusement que d’autres se montraient plus habiles dans ce domaine.

« C’est avec moi que tu vas causer. » Dit derrière Gary une voix masculine et enjouée.

Son propriétaire avait ouvert la porte en silence afin de le surprendre. L’effet était une réussite. Dans un premier temps Gary recula prit de court. Son esprit vif lui avait fait sentir le danger. Hélas son arrogance prit le dessus.

« Je vous préviens, il y a des gens derrière moi. Des gens dangereux...»

Benny releva sa veste et dévoila ainsi son holster occupé par un lüger rutilant. Ce simple geste mit fin à toute cette comédie.

Ce nouveau silence était si pesant qu’un simple raclement de chaise capta l’attention de Gary. Dominique venait de se lever. Elle se dirigea vers la porte le visage inexpressif et la démarche mécanique.

Durant ce court trajet la bouche de Gary s’agita sans que rien n’en sorte. Il ne devait à aucun prix rester seul dans cette pièce avec l’autre homme. Seulement tout avait déjà été organisé. Ses petites combines ne valaient rien dans ce genre de situation.

Lorsque la porte se referma Benny sourit. L’un de ses deux plaisirs allait être satisfait.

A sa table habituelle Séraphine en cherchait aussi à sa manière. Elle buvait tout en sortant des phrases en français. Personne ne comprenait vraiment ce qu’elle disait. Même un véritable francophone n’y serait pas parvenu complètement. Ce n’était que des tirades retenues çà et là pour leurs sonorités et non leurs significations.

Était-ce si important après tout ? Les gens présent appréciaient cette attitude fantasque. Elle faisait partie du folklore de l’endroit. Seule Anne assise à ses cotés voyait au-delà. Derrière cette représentation sans retenue se dissimulait de l’amertume. Séraphine n’allait pas bien.

Dominique elle aussi cachait son jeu en restant silencieuse. Même si elle feignait l’indifférence, elle avait été bien plus qu’une simple intermédiaire dans cette affaire. Elle avait suggéré à Benny par le biais de son client de fureter dans cette imprimerie de Hell’s Kitchen.

Effectivement Gary y passait régulièrement prendre ses illustrés cochons et aussi téléphoner à la cabine à proximité. Dominique n’avait aucun doute sur ce dernier point. La coïncidence était bien trop grande.

Quelque il soit le sort de Gary était peu enviable à présent. Et Dominique en était partiellement responsable. Pourtant les remords ne parvenaient toujours pas l’atteindre du moins envers Gary.

Dominique s’affligeait pour une autre raison. C’était elle, qui offrait soit-disant un sanctuaire à sa communauté. C’était elle, qui avait laissé un étranger y pénétrer.

Anne posa sa main sur l’épaule de Séraphine avec compassion. Personne ne fit de même pour Dominique. Séraphine prit alors la main de la jeune fille, et mit un terme à sa comédie.

Elle chassa tendrement une des mèches du front d’Anne. Son visage se rapprocha mais pas autant qu’Anne l’espérait.

« J’ai certaines choses à te dire. »

Anne avait l’impression d’entendre parler quelqu’un d’autre. Les mots étaient simples et dénués de tout effet alambiqué.

La discussion à venir s’annonçait importante.


Texte publié par Jules Famas, 21 avril 2020 à 18h24
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