Son visage était lisse dans le sens le plus strict du terme. Pas la moindre ride, pas le moindre poil, pas la moindre irrégularité...
On en venait à douter de la réalité de son détenteur. Pourtant il bougeait, et même souriait. Cette dernière action le rendait un peu plus authentique du fait des plis sur son visage.
Comme tout bon prédateur il s’approcha d’une démarche fluide et silencieuse vers son gibier.
« Vous m’accordez cette danse mademoiselle ? » Dit-il dans une prononciation relevée digne d’un acteur shakespearien.
Face à tant de manières sa proie interloquée se demandait, s’il était sérieux. Puis vint une sorte de deus ex machina.
« C’est madame. » Précisa le coup de théâtre en question en posant sa main sur l’épaule de la proie.
« Séraphine ! » S’exclama le séducteur malchanceux. « Tes goûts ont changés à ce que je vois. »
« C’est plutôt ta vue, qui baisse Laurence. »
Suite à cette réplique, il regarda de nouveau Anne. Un court trouble passa sur son masque lui servant de visage ou l’inverse.
« Veuillez accepter mes excuses pour la confusion. » Dit-il ensuite aux deux femmes avant de s’éclipser.
« Hé oui. » Dit Séraphine à sa compagne surprise. « Il t’a prit pour une fée. Ne te vexe pas. Certaines sont vraiment douées. Il suffit de regarder. »
En élève obéissante, Anne examina de nouveau la foule de ce drag ball. C’était un spectacle étrange tous ces hommes en robe et maquillés. Au fond le plus surprenant demeurait leur attitude. Ils étaient blancs, riches, éduqués bref ils représentaient le mètre étalon de la société américaine. Et pourtant ils n’éprouvaient aucune honte ou culpabilité à se comporter ainsi
C’était cela un drag ball une soirée où on s’oubliait, s’affirmait, voir revendiquait.
« Lui il est parfait. » Dit Anne en pointant un homme en robe verte dont seule l’absence de poitrine rappelait son sexe.
« Elle. On dit elle dans son cas. » Précisa Séraphine en professeur minutieux.
Anne ne l’écoutait déjà plus. Elle venait de dépasser le stade de la réticence au profit de celui de la fascination. Focalisée au départ sur les fées, elle étendit son observation. Il y avait une imitation de français avec le béret et le foulard mais torse-nu, qui dansait avec un homme vêtu d’une salopette dorée. Un peu plus loin une femme en uniforme de marin échangeait des baisers avec une cowgirl.
D’une certaine manière il y avait un coté créatif voir artistique dans cette assemblée.
A présent il fallait franchir le stade ultime.
« Vous m’accordez cette danse, mademoiselle ? »
Cette fois-ci Anne ne suivit pas immédiatement. Puis son trouble s’effaça au profit de son sourire habituelle. Et la danse commença.
Une jolie femme dans les bras et une soirée sans à avoir gérer quoi que se soit qu’est-ce que Séraphine pouvait demander de plus ?
Seulement elle était du genre à toujours vouloir plus. Sinon elle attendrait sagement le retour d’un mari choisi par ses parents. Alors elle passa délicatement sa main dans la chevelure de sa compagne. Séraphine aimait cette simple sensation de ressentir les mèches s’entortiller sous ses doigts.
Elle se pencha. Anne ouvrit la bouche en attente d’un baiser. Soudain Séraphine se redressa et son visage afficha un sentiment proscrit en ces lieux de la gêne.
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