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tome 1, Chapitre 18 « Peon » tome 1, Chapitre 18

— Alors ? T’as ouvert l’œil ?

La petite vague qu’avait réussi à faire naître Peon s'aplatit à la surface du vase. Il esquissa une grimace de frustration.

— De quoi tu parles ? s’agaça-t-il.

— De ta pote qui devrait être là mais qui ne l’est plus !

Peon arqua un sourcil. Quelle pote ? Aomi roula des yeux, signe qu’elle s’énervait.

— T’as oublié…

Cette peste de Chalae. Son absence, ce matin, au sein de son groupe. L’obsession d’Aomi pour cette fameuse règle de quatre qui n’avait pas été respectée. Peon poussa un profond soupir.

— J’ai un peu autre chose à faire en ce moment, excuse-moi ! C’est pas comme si j’avais une seconde maîtrise qui sortait de nulle part !

Il parvenait à peine à maîtriser son eau ! L’épreuve du matin l’avait terrorisé, il avait été incapable de tenir plus de cinq minutes. Sa maîtrise avait menacé de déborder à chacune des gouttes frappant son front…

— Fais gaffe s’il manque quelqu’un.

Aomi lui envoya une liane d’eau qu’il attrapa. Peon fit de son mieux pour la retenir, mais elle finit par retomber sur le tatami et les éclabousser. D’un geste du poignet, la Mushadine attira les gouttes pour reformer une boule.

— C’est vraiment n’importe quoi, cette flotte…

— Tu t’améliores, lâcha Aomi. Mais il ne faut pas te relâcher.

Elle joua un moment à passer la boule d’une main à l’autre avant de la renvoyer à Peon. L’Orgoï tenta de l’imiter, et la renvoya avec maladresse. Elle l’observa d’un œil scrutateur.

— Pourquoi ça perturbe autant, l’absence de Chalae ?

— Parce que ça veut dire qu’il y a une injustice. Ou un problème. Ils ont bien dit que les équipes incomplètes ne pouvaient pas continuer à participer.

Peon serra les dents. Est-ce qu'elle le dénoncerait, si la règle des équipes incomplètes n’était pas maintenue ? La boule d’eau s’éclata au sol. Peon ferma les paupières si fort que des étoiles apparurent sur sa rétine. Il entendit le soupir d’Aomi puis son impitoyable :

— On reprend.

Le lendemain, quand Peon entra dans l’Amphithéâtre, il fut retenu par le bras. Chilam Fenrir, soldat de l’armée impériale, et frère aîné d’Olek, était en poste à la Tour Nord. Sous son casque doré, sa mine était soucieuse.

— Tu as reçu la dernière lettre d’Olek ? Il m’a écrit qu’il était inquiet pour toi.

Peon se frappa le front. Il n’y avait plus pensé, et la lettre en question trônait sur la table de nuit de sa cellule. Un malaise l’envahit.

— Oui, j’ai… je dois lui répondre. Mais j’ai beaucoup de choses à faire.

Domestiquer son eau lui prenait toute son énergie… Chilam se détendit et le relâcha.

— C’est ce que je lui ai répondu. Les épreuves de Gaïa ne sont pas simples pour toi…

— Merci de me le rappeler, soupira Peon.

Chilam lui tapota la tête avec bienveillance, comme il en avait l’habitude, lorsqu’ils étaient plus jeunes, à Logowa. Ce geste fit naître une pointe de culpabilité dans sa poitrine.

— Essaie de répondre quand même à Olek, quand tu auras un peu de temps. Et si tu n’as pas le temps d’aller poster ton courrier, j’irai pour toi.

Peon sourit et assentit. L’estomac lourd d’anxiété, il rejoignit Aomi qui était déjà là, les yeux fermés. Il parcourut les derniers mètres, grimpa prestement les escaliers de pierres et s’assit à côté d’elle, en silence. Après un soupir, il porta quelques morceaux de raisin à sa bouche pour les grignoter.

— Tu sais que tu peux finir ton petit-déjeuner en salle commune ?

Peon haussa les épaules.

— L’ambiance est nulle. Et tu avais raison : il manque Chalae. Personne ne l’a croisée depuis quelques jours.

Un sourire victorieux et presque effrayant tordit le visage d’Aomi.

— Je le savais.

— Et alors, qu’est-ce que tu vas faire ?

Au fond de lui, la peur insidieuse qu’elle le dénonce lui glaçait le sang.

— Demander des comptes à qui de droit.

Elle n’en dit pas plus car Mala les rejoignit. Elle les salua, comme d’habitude, et l’Orgoï consentit cette fois à hocher la tête. Quand Danaël grimpa les escaliers avec difficulté, Peon remarqua que son dos se courbait davantage que d’ordinaire. Il passa devant lui sans le regarder.

— La politesse, ça te dit un truc ?

— Bonjour, lâcha Danaël d’une voix blanche.

— Salut, répondit Aomi.

Danaël s’installa à côté de Mala. Elle lui glissa une petite fiole dans la main en lui chuchotant à l’oreille. Qu’est-ce que c’était ? Pourquoi autant de cachotteries ? Si d’ordinaire, Danaël déclinait l’offre de l’Alayie, il accepta cette fois d’avaler ce qu’elle lui proposait. Peon se pencha en avant pour lui lancer :

— Ça y est, tu te drogues comme eux ? Je pensais les Thaelins plus civilisés !

— Essaie de ne pas prendre des points de malus aujourd’hui et on en reparlera, siffla Danaël.

— Tant que ça ne nous fait pas perdre, je me fiche qu’ils se droguent, lâcha Aomi, glaciale. T’as intérêt à faire gaffe aujourd’hui.

Elle n’accorda aucun regard à Peon, toute entière tournée vers la tribune d’honneur.

— Il va falloir que tu te barricades, chuchota Mala à Danaël. Que tu caches ça dans un coin et que tu n’y penses pas.

Piqué par la curiosité, Peon leur demanda :

— De quoi vous parlez ?

— Ça ne te regarde pas, aboya le Thaelin.

Peon le foudroya. Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais la voix de l’héraldesse l’interrompit :

— Concurrents du Grand Choix, voilà la déesse Gaïa !

La déesse des Alayis pénétra la tribune d’honneur et vint siéger sur son trône. Les applaudissements du public retentirent. Elle posa ses deux mains sur son ventre rond. Pourquoi passait-elle toutes ses vies enceinte ? Pendant leur grossesse, les femmes orgoïes se plaignaient de ne pas pouvoir se battre.

— Zalin, son Donneur !

Au milieu de l’arène, le beau Zalin marchait. Avec un sourire dont il fallait se méfier, le Donneur embrassa les gradins du regard.

— Pour cette dernière épreuve dédiée à Gaïa, vous allez avoir enfin besoin de votre élément.

La configuration des lieux amplifia sa voix qui résonna dans tout l’Amphithéâtre. Peon fronça les sourcils. Son feu s’agitait, mais combattait maintenant avec son eau à l’intérieur de lui. Grâce à Aomi, il parvenait à la museler, mais pour combien de temps encore ? Et face à l’intruse, son feu devenait de plus en plus furieux.

— Grâce à la force de votre esprit, il vous faudra convoquer votre élément sans un geste. Vous devrez être en harmonie avec lui.

Peon serra les mâchoires. Il coula un regard en coin vers Mala et Danaël, qui ne réagirent pas plus que ça. Évidemment : les maîtrises du feu et de l’eau reposaient davantage sur les gestes que les leurs. Dans le public, les Mushadines et les Orgoïs affichaient des mines soucieuses.

— C’est clairement du favoritisme pour les Alayis, râla-t-il.

— Tu t’attendais à quoi ? soupira Danaël. Toutes les épreuves avantagent le peuple du dieu qui les a conçues. Réfléchis deux minutes.

Peon s’apprêta à se lever, mais Aomi le retint par l’épaule.

— T’as envie d’attirer tout de suite l’attention sur toi ? souffla-t-elle.

La remarque fit mouche. Peon envoya un regard noir à Danaël, mais resta à sa place.

— Je vais vous appeler un par un. Au bout de cinq minutes, si votre élément ne s’est pas manifesté, vous aurez des points de malus. Plus vous serez long à le convoquer, et moins vous aurez de points.

Zalin annonçait tout ceci avec son éternel sourire. Ce qu’il détestait Zalin et ses faux airs bienveillants ! Pour faire passer l’agacement, il tapota contre sa cuisse. Mieux valait la colère à l’abattement, ou pire, l’angoisse, qui s’abattait sur son voisin avec violence. Pourquoi Danaël avait-il l’air aussi paniqué, maintenant ? Il essayait au mieux de le dissimuler sous un air concentré, mais ses yeux fuyants ne trompaient pas Peon.

Un organisateur en pelisse ocre rejoignit Zalin sur l’arène pour lui donner un long morceau de papier que le Donneur déroula. Entre-temps, le brouhaha des candidats encore en lice et impatients s’intensifia jusqu’à ce que le premier nom soit prononcé.

Un compatriote descendit sur le sable de l’arène, sous les hourras du public, et ferma les yeux. Peon devina que cet exercice le perturbait : pour un Orgoï, qui se sert de son corps comme d’une arme, la maîtrise ne s’effectuait que par les gestes, même les plus infimes. Le premier candidat mit presque cinq minutes avant qu’une flammèche ne naisse du bout de son index.

L’Alayi suivante fit apparaître une prairie de fleurs grasses et colorées à ses pieds en quelques secondes. Le Thaelin qui lui succéda fut moins spectaculaire, mais aussi rapide, quant à la Mushadine, elle dut elle s’y reprendre à plusieurs fois au vu de la frustration qui défaisait son masque de froideur.

Les candidats défilèrent, équipe par équipe. Peon bouillonnait. Son esprit de compétition se ravivait à chaque fois que l’un de leurs concurrents dépassait les cinq minutes autorisées. À côté de lui, Aomi prenait un malin plaisir dès qu’une Mushadine se montrait en difficulté.

— Tu les détestes à ce point-là, tes compatriotes ? demanda-t-il quand il vit le petit sourire féroce de sa coéquipière étirer ses lèvres.

— Ce sont elles qui me détestent, je ne fais que leur rendre la pareille.

— Peon, c’est pas ton ami ? lui demanda Mala.

Vidal se tenait face à Zalin, sa haute stature fière et droite, exhalant une insolence que Peon pouvait sentir depuis sa place.

— Il ne devrait pas avoir de problème, il régule la température de son corps à l’aide de son feu.

Peon ne se rendit compte de l'amertume qui teintait ses mots qu’après les avoir prononcés. Vidal était l’un des rares Orgoïs à avoir une maîtrise aussi instinctive de son feu. Des flammes irisées léchèrent les bras de son ami pendant de longues secondes avant de disparaître d’un seul coup.

Un Krasny qui ne sait pas utiliser le feu n’est pas digne de ce nom.

Il passa sa main libre dans ses courtes boucles brunes, qui repoussaient avec lenteur. Après plusieurs passages, un petit Thaelin arriva sur la piste, ses cheveux blonds ramassés en une queue de cheval lâche. Danaël se tendit. Curieux, Peon demanda :

— Tu le connais ?

— T’occupes, lui répondit Danaël.

Il se pencha en avant, les coudes sur les genoux, sans desserrer les dents. Le temps s’écoula dans un silence pesant, que la voix de Zalin finit par briser :

— Tomaïan Hugwin, tu as un malus.

Danaël ferma les yeux, et se prit le visage entre les mains. Peon, lui, fut submergé par une grande vague de satisfaction malsaine.

— Il fallait bien que ça arrive, fit Mala avec philosophie.

— Je préfère que ce soit lui que toi, lâcha Peon d’une voix tranchante.

Danaël se gratta la nuque sans rien dire, les yeux perdus dans le vide. Peon attendit, mais la réponse du Thaelin ne vint pas. Il l’analysa, surpris : Danaël avait l’air fatigué.

— Peon Krasny !

Aomi lui flanqua une bourrade.

— Bouge-toi.

Peon eut un coup de tête combatif. Il descendit les marches des gradins avec mesure et prit son temps pour parvenir en face de Zalin. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Des centaines de regards se posaient sur lui, dont celui d’une déesse. Son feu hurlait, dévastateur, pour couvrir le clapotis de l’eau qui faisait de plus en plus surface.

Alors qu’il arrivait à sa hauteur, Zalin activa le chronomètre de sa montre à pendule. Peon ferma les paupières en prenant une grande inspiration. La fatigue le transperça et faillit briser les barreaux de la prison de son eau, mais la colère l’emporta. Une colère sourde et aveugle, qui se déversa dans ses veines comme un magma incandescent et incontrôlable.

Les cris de surprise et les mouvements de la foule lui firent ouvrir les yeux. Ses mains étaient baignées de flammes bleues, grossissant de seconde en seconde. Peon les écarta de lui avec vigueur, et le geste les souffla. Devant lui, Zalin avait stoppé le chronomètre depuis bien longtemps et le regardait avec intensité. D’un léger signe du menton, le Donneur lui fit comprendre de retourner s’asseoir, et Peon s'exécuta sans attendre. Quand il reprit sa place à côté d’Aomi, il remarqua que les manches de sa tunique avaient été grignotées par le feu.

Un Krasny qui ne sait pas utiliser le feu n’est pas digne de ce nom.

Il ferma les yeux et fronça les sourcils pour chasser la voix de Madder. Ce chef de clan imperturbable, digne et fier, savait-il ce qu’il était ? Oui, lui soufflait sa conscience. Oui, Madder n’aurait pas été aussi exigeant, aussi dur, aussi glacial avec quelqu’un de son sang. Il n’aurait pas tenté d’éradiquer tout ce qui le rendait particulier aux yeux des autres, il n’aurait pas essayé de lui faire vêtir ce carcan de traditions étroit et douloureux. Peon chassa ses larmes du dos de la main dans un geste vif.

— Pourquoi tu pleures ? T’as réussi.

Malgré l’air hautain renvoyé par Danaël, il y avait quelque chose de chaud dans sa voix que son mépris ne parvenait à dissimuler.

— T’occupe.

Le fantôme d’une moue moqueuse et intrigante s’afficha sur le visage du Thaelin.

— Invente tes propres répliques au lieu de piquer les miennes.

La remarque de Danaël lui arracha un sourire qu’il dissimula aussitôt.

En bas sur l’arène, Mala avait entouré sa jambe d’une fine liane qui avait grimpé avec lenteur jusqu’à son genou. Peon devina que sa coéquipière n’avait pas envie de pousser ses efforts pour ne pas se fatiguer. Quand elle revint dans les gradins, Zalin prononça le nom de Danaël, qui se glaça. Il avala sa salive avec difficulté et descendit à son tour sur l’arène. Sa démarche avait encore cette maladresse bancale due à sa jambe handicapée, mais c’était beaucoup moins marqué qu’avant. La drogue de Mala faisait-elle autant de miracles ? Peon se mordit les lèvres, la danse de son pied reprenant sur le sol. Il fallait que Danaël réussisse lui aussi pour compenser les malus de leur équipe. Les malus que Peon avait apportés lors des deux précédentes épreuves.

Zalin déclencha de nouveau le chronomètre de sa montre dans le silence de l’Amphithéâtre. Même le public, d’habitude toujours bruyant, n’était parcouru que souffles curieux. Danaël bascula sa tête de droite à gauche, comme lorsqu’il le faisait lorsqu’il entrait en méditation, et ferma les yeux. Peon retint sa respiration. Les secondes défilèrent, puis les minutes, impitoyables.

Soudain, le sable de l’arène se souleva en cercle autour de Danaël et fut projeté sur les plus bas gradins dans un mouvement aussi vif que violent. Les candidats qui ne s’étaient pas protégés à temps protestèrent, tandis que les spectateurs exhalèrent une exclamation de surprise, avant d’applaudir. Zalin, impassible, vérifia le temps. Il esquissa un sourire appréciateur.

— Quatre minutes cinquante-trois.

Peon soupira de soulagement. Danaël hocha la tête sans émotion, puis remonta rapidement jusqu’à eux. Il s’assit à côté de Mala et lui montra quelque chose en ouvrant le poing. Dans sa paume, une feuille solitaire s’était échouée. Peon se pencha vers eux pour mieux voir, mais Danaël resserra le poing avec vivacité.

— Vous avez trop de secrets, siffla Peon.

— Autant que tu en as avec la Mushadine, répondit Danaël.

Aomi fut appelée à son tour. Elle souffla un mot en dialecte mushadin, certainement un mot qu’aurait dit Peon lui-même, et rejoignit Zalin à grands pas. Elle remonta les larges manches de sa veste croisée en fixant le Donneur de son regard farouche et franc. Peon ne doutait pas d’elle, même si cette confiance était désarçonnante et nouvelle pour lui. Aomi était une battante. Elle l’avait prouvé à maintes reprises.

Au bout d’une minute, elle parvint à faire tomber des gouttes de pluie sur le sol, juste aux pieds de Zalin. Elle eut son mouvement de tête fier, comme si elle mettait au défi quiconque de réaliser cet acte avec une précision aussi redoutable que la sienne. Elle fit demi-tour avant même que Zalin ne le lui permette, et toutes les Mushadines esquissèrent une moue de dégoût sur son passage.

— T’es effrayante, lui souffla-t-il quand elle reprit sa place.

Son sourire lui donnait un air féroce.

— T’as encore rien vu.

— Chalae Daorak ! appela Zalin.

La gamine exaspérante ne se leva pas. Peon échangea un regard avec Aomi. Dans ses yeux se battaient inquiétude et curiosité. L’organisateur revint vers Zalin en courant. Le Donneur se pencha pour qu’il puisse lui chuchoter à son oreille.

Elle a disparu, et ils ne l’ont pas retrouvée, comprit Peon.

L’administratif de l’empire reprit la liste de noms, s’arma d’une plume et en raya plusieurs. Peon ouvrit de grands yeux et ficha un coup de coude à Aomi, trop concentrée par la scène pour répliquer.

Pukra, jura-t-il, c’est pas la seule, regarde…

— Ils ne sont pas au courant, chuchota-t-elle. Ils…

— Ça veut dire quoi ?

— Rien de bon… faut qu’on fasse attention à nous…

Tout en bas, comme si de rien n’était, Zalin avait repris l'égrenage de noms. Un vague malaise tordit le ventre de Peon. À voir la bouche ouverte et les yeux surpris de Danaël, il devait ressentir la même chose que lui.


Texte publié par Codan, 3 février 2021 à 16h05
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