— Qu’est-ce que tu fais debout, toi ?
— Bonjour à toi aussi, Faëki.
Danaël baissa la tête pour entrer dans la petite cuisine où la bouilloire sifflait sur le poêle à bois. La pièce était saturée de meubles et d’ustensiles. Le garde-manger et le buffet s’étendaient sur tout le mur alors que les casseroles pendaient au plafond. Danaël avait l’impression d’étouffer. Une odeur de cuisson lui chatouilla les narines. Il prit place sur l’une des deux chaises, autour d’une table minuscule qui avait connu des jours meilleurs.
— Talek est parti ?
— Dès la fin du couvre-feu. Pourquoi ? Maintenant que tu as Peon, tu n’as plus besoin de l’enguirlander.
Danaël leva les yeux au ciel. Faëki lui servit une tasse de thé fumant et une assiette d’œufs brouillés. Il poussa vers lui les quelques fruits un peu ridés qu’il avait entreposés dans une coupelle.
— T’as réussi à dormir, loin de ta jungle ?
Danaël eut un sourire en coin. Maintenant, il parvenait à en s’en amuser
— Pas vraiment, Peon prend beaucoup de place.
Peon et son agitation permanente n’avaient cessé de le réveiller. Mala et Talek s’étant ligués contre lui, il avait dû partager le lit double avec Peon et avait été le premier témoin de ses nombreux cauchemars.
— Comment un être aussi petit peut être aussi énervant ? soupira Danaël.
Un sourire naquit sous la barbe de Faëki, qui lui lança un sourire lourd de sous-entendus prodigieusement agaçant. Si des sentiments qu’il refusait de comprendre agitaient Danaël au contact de Peon, cela ne regardait que lui. Il changea de sujet.
— Dis, Faëki… quand tu parlais de vos moyens d’actions, hier, tu étais sérieux ? Les inconnus sans mémoire dans les Plevraïki, c’est…
Faëki se servit une autre assiette d’œufs brouillés, une nouvelle tasse de thé avant de retirer son tablier rouge cerise et de fixer Danaël.
— Ils nous auraient dénoncés, gamin. Le choix était clair : soit ils nous rejoignaient et nous les aidions à dompter leur petite maîtrise, soit ils finissaient comme ça.
— C’est lié, alors, j’avais raison ?
Faëki leva un sourcil perplexe. Comme pour lui répondre, Danaël posa sur la table son précieux carnet.
— Quand je suis arrivé ici, je voulais trouver un moyen de partir sans mourir, et j’ai cherché la trace des anciens concurrents. Qui ont tous mystérieusement disparu, en parallèle à une hausse de personnes amnésiques retrouvées par la maréchaussée dans le Plevraïki.
— T’es pas la moitié d’un idiot, toi, siffla-t-il impressioné.
Danaël engouffra une fourchette de son repas, chaud, riche en saveurs et réconfortant, prenant quelques secondes pour en savourer la texture sur la langue. Il avala sa bouchée avant de demander :
— Pourquoi le Plevraïki ? Et comment vous avez fait pour leur enlever la mémoire ?
— Le Plevraïki est loin de la zone que les candidats ont le droit de parcourir, répondit Mala en se joignant à eux.
Faëki s’empressa de lui glisser une coupelle de fruit. Danaël nota qu’elle était plus remplie que la sienne…
— Exact, confirma leur hôte. Et pour leur mémoire, j’en sais rien, c’est un truc que Lys fait. Ça lui pompe une énergie terrible et il ne le fait qu’en dernier recours. Je crois que c’est à voir avec ses maîtrises…
— La maîtrise des quatre éléments permettrait de…
— Sans doute, le coupa Faëki, maintenant mange. Et l’autre sauvage, il dort encore ?
Danaël s’étrangla. Bien malgré lui, l’image de Peon endormi à ses côtés lui fit monter le rouge aux joues. Il reprit contenance avant
— Ouais, je crois, dit-il. En même temps, hier il... C’était juste incroyable, il a carrément ordonné à l’eau de nous rejeter, et de noyer les soldats qui nous poursuivaient. Tu m’étonnes qu’il est crevé.
Faëki le fixa.
— Il a montré sa maîtrise devant les soldats de Waal ?
— Oui, c’était…
Danaël s’arrêta, prenant subitement conscience des conséquences.
— Il est totalement inconscient ! Comme si on n’avait pas assez de boulot à vous planquer tous les deux !
— De toute façon, sa disparition n’allait pas passer inaperçue, tempéra Mala.
— Au moins, il n’y a plus de doute sur qui je suis.
Les cheveux en bataille, la trace de l’oreiller sur la joue et le teint encore blafard de celui qui ne s’était pas assez reposé, Peon entra à son tour. Danaël se leva pour lui laisser la place et termina sa tasse adossé au garde-manger, évitant au passage une casserole qui pendait. La cuisine, qui lui paraissait déjà petite alors qu’ils n’étaient que deux, était maintenant minuscule. Elle ne lui permettait pas d’éviter de regarder Peon.
— Ça va compliquer votre circulation dans Urbaïs, mais on va trouver. Pas d'inquiétude, les mômes, c’est notre job.
Mala pressa la main de Peon au-dessus de la table. Ses yeux cernés se fixaient dans le vide et sa posture, habituellement si tonique, était complètement avachie. Derrière le masque d’insolence et d’arrogance, il y avait un garçon aussi désorienté. Incapable de voir la direction de son avenir dans le brouillard qu’était devenu sa vie. Un peu comme moi, se dit Danaël.
Danaël sirota son thé en silence.
— Pourquoi vous êtes venus me chercher ? demanda-t-il, la voix un peu éraillée.
— Ça, je laisse Cathan ou Lys te répondre, répondit Faëki en lui déposant un repas Moi, je suis qu’un sous-fifre.
Danaël ne put s’empêcher de secouer la tête face à cette absurdité. Peon, lui, resta de marbre.
— Tu devrais manger, souffla Danaël à l’Orgoï en posant une main sur son épaule t’as besoin de forces.
Peon sursauta, mais lorsqu’il croisa son regard, Danaël ne vit pas la férocité qui l’animait d’ordinaire.
— Merci, pour cette nuit, lui chuchota-t-il.
Danaël haussa les épaules, gêné. Il se souvenait de l’intensité des pleurs de Peon contre son torse et la force désespérée avec laquelle le garçon s’était accroché à lui à chaque réveil.
Une clochette retentit dans la cuisine. Aussitôt, Faëki redevint grave.
— Pas un bruit, c’est un client. Je reviens.
L’ambiance pesante ne dura pas longtemps : leur hôte revint avec une figure connue.
— Bonjour, fit la chaude voix d’Issah. Je suppose que tu es Peon.
Il posa un panier de vivres sur la table et le salua à la manière orgoïe, la main droite frappant l’épaule gauche. Peon fit de même.
— C’est Issah, informa Danaël. Il tient la petite boutique alayie près de l’Amphithéâtre et il aide beaucoup la cause.
Danaël adressa un regard en coin à Mala, qui s’était tendue sur sa chaise. Après trois mois, elle ne lui avait toujours pas parlé.
— Cathan m’a demandé de prendre Mala et de l’emmener au quartier général. Liako viendra chercher Peon en milieu de journée, et tu dois ramener Danaël ce soir.
Faëki assentit. Il ne discutait jamais les ordres de Cathan.
— Que s’est-il passé ? demanda Issah. Vous ne deviez pas rentrer au quartier général cette nuit ?
— Ils ont foutu un beau merdier, mais ils sont sains et saufs. Elle te racontera. Allez ma belle, à la prochaine !
Un sourire forcé tendit les lèvres de Mala qui se leva et étreignit Faëki.
— Merci pour tout.
Puis elle attrapa sa capeline vert sombre qu’elle fixa sur ses épaules.
— À tout à l’heure les garçons !
Un mauvais pressentiment serra le cœur de Danaël quand elle quitta la pièce.
La chambre de Faëki était minuscule mais, pour ne pas attirer l’attention des nombreuses patrouilles de l’armée de Waal, Peon et Danaël étaient obligés d’y rester encore quelque temps. Danaël savait que se séparer était une bonne chose, mais s’il avait pu partir à la place de Mala, en premier, cela ne l’aurait pas dérangé.
Il épluchait un livre de mécanique horlogère afin de tuer le temps. Il s’était installé dans un fauteuil usé mais tout à fait confortable, près de la petite fenêtre, et profitait des rayons du milieu de matinée. Peon, lui, dormait de nouveau, roulé en boule dans un lit qui paraissait trop grand pour lui. Il n’avait pas dit grand-chose depuis le petit-déjeuner, et s’était rapidement écroulé de fatigue.
Danaël l’observa du coin de l’œil : Peon avait maigri un peu, et ses yeux cernés témoignaient d’insomnies récurrentes. Danaël tapota la page sur laquelle il s’était arrêté. Il voulait comprendre comment il avait réussi à dominer ainsi sa petite maîtrise. Comment avait -il pu faire appel à son second élément de cette manière aussi instinctive et puissante ? Il voulait parler, discuter, faire marcher ses méninges comme il le faisait avec Mala.
— Je sens ton regard d’ici et c’est assez flippant, alors arrête.
Danaël sursauta. Il referma lentement le livre, le posa sur la petite table de chevet et dénoua ses jambes, pour se donner un peu de contenance.
— Tu ne dors plus ?
— À ton avis ?
Avec difficulté, Peon se redressa, les sourcils froncés et l’humeur massacrante.
— Pas bien dormi, à ce que je vois.
Le visage de Peon se défroissa légèrement.
— Si, ça va… Il est quelle heure ?
— Deuxième heure de Gaïa.
Danaël l’avait laissé dormir pendant toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi. Peon passa une main sur son visage puis dans ses boucles emmêlées. Il était beau.
— Ça va ? tenta Danaël.
— Je viens de passer une des pires nuits de ma vie, et je suis sans doute considéré comme un traître à ma patrie. Officiellement. Comme si être un mêlé n’était pas suffisant.
Danaël se pencha, les coudes sur les genoux, puis garda le silence, pressentant que Peon en avait encore sur le cœur.
— Sinon, toi, comment ça va ? demanda timidement l’Orgoï.
— J’ai pas dormi des masses non plus.
Peon lui adressa un sourire gêné.
— Désolé.
— Comment tu as fait pour faire ça avec ton eau ?
L’Orgoï fronça les sourcils, surpris par la question posée de but en blanc, sans préambule. Il haussa les épaules.
— Je sais pas. Dès que je pouvais, je m’entraînais. Seul. Elle m’obéit mieux maintenant.
Seul… Danaël avait eu du mal alors qu’un maître l’accompagnait, qu’il avait eu Mala pour lui expliquer… Quelque part, il était jaloux de ne pas avoir réussi à le faire sans toutes ces aides, comme s’il devait une part de sa maîtrise aux personnes qui la lui avaient enseignée.
— Pourquoi c’est vous qu’ils ont envoyés si vous êtes si précieux ? demanda Peon.
— Cathan voulait que ce soit nous, parce que tu nous connais et tu nous aurais suivis. Elle pensait aussi que nos deux maîtrises seraient plus utiles au cas où.
Peon rit d’un seul coup. Cela donnait un air tellement lumineux à son visage, tellement étranger à ce qu’il lui connaissait que le Danaël en fut touché.
— On voit ce que ça a donné, j’ai failli t’envoyer à la flotte, tu m’as presque étouffé et on s’est fait repérer. Vachement efficace, votre plan.
En temps normal, Danaël se serait froissé, mais une bulle de bonne humeur et de soulagement le fit rire à son tour.
— Finalement, on s’en sort bien, c’est le principal.
— Ouais.
Peon, seulement vêtu d’un maillot de corps, rejeta les draps et entreprit de se lever. Danaël détourna les yeux et se cacha derrière son livre qu’il rouvrit maladroitement.
— Sur la table de chevet, Issah a laissé ça pour toi. C’est pour te requinquer.
Il l’entendit ouvrir le goulot et renifler.
— C’est sans danger. Il est extrêmement doué, comme guérisseur, tu sais.
Peon finit par suivre son conseil et avala le contenu cul sec.
— Et pourquoi on doit bouger ? Pour aller où ?
— Au quartier général, on sera plus en sécurité qu’ici. Ça grouille de soldats dans le coin, et Faëki a peur qu’ils finissent par perquisitionner.
Du coin de l'œil, il le vit s’habiller.
— Toujours aussi Je-sais-tout, lâcha Peon.
Danaël releva d’un seul coup les yeux. Ceux de Peon, noirs et rieurs, étaient fixés sur lui.
— Toujours. Et toi, toujours aussi prétentieux, râleur et orgueilleux ?
Au lieu de lui rétorquer une vanne bien acide, Peon lui sourit.
— T’as encore rien vu. Dis, y’a pas quelque chose à bouffer ? J’ai encore la dalle.
— Amène-toi.
Sur la pointe des pieds, ils étaient descendus en cuisine alors que la voix bourrue de Faëki et celle de son client résonnaient dans la maison. Leur hôte leur avait bien dit de ne pas entrer dans la partie consacrée à sa boutique, et leur avait laissé les vivres apportés par Issah le matin-même. Quelques œufs, des fruits, des morceaux de viande séchée et une miche de pain. Habitué à ce genre d’installation, Peon avait attrapé une poêle pour faire cuire une omelette.
— Ils sont vraiment minuscules ces œufs.
— Ils sont normaux, répondit Danaël en haussant les épaules, c’est vos bestioles qui sont trop grosses, à Logowa.
— Comment tu le sais ?
— J’ai lu des traités sur les cultures étrangères, au Haut Monastère.
— T’es un gars bizarre.
— Et c’est toi qui me dis ça…
Peon lui donna un coup de coude.
— Je suis tout à fait normal !
— Chez moi, faire la cuisine n’est pas normal pour un homme.
— Et ben chez moi, toutes les femmes pourraient te décocher une bonne droite si jamais t’essaies de les enfermer dans une cuisine. Et puis, y’avait que mon grand-père et il était presque jamais là, fallait bien que je me débrouille.
Danaël le regarda mélanger les œufs avec les quelques herbes aromatiques qu’ils avaient réussi à dénicher. Le frémissement de la poêle emplit le silence.
— Quand on bossait aux archives, avec Mala, on a trouvé les traces d’une certaine Garhenae Krasny. On t’en a déjà parlé, mais je ne sais pas si tu t’en souviens.
Les gestes de Peon s’interrompirent quelques secondes avant de reprendre.
— Si. C’était ma mère. Pourquoi ?
Danaël s’humifia les lèvres. Mala avait eu raison, une fois de plus.
— Elle a fréquenté une troupe d’artistes nomades appelée L’horizon. Ils se produisaient un peu partout dans les quatre terres et… des métissages ont eu lieu entre différents membres d’origine ethnique variée.
Peon lâcha un rire jaune.
— On dirait que tu parles de l’accouplement des animaux.
— Désolé je… je pensais que… À ta place, j’aurais bien voulu le savoir.
— Ouais. Merci.
Peon garda le silence, mais Danaël devina qu’il réfléchissait. Il crevait d’envie de savoir ce qui lui passait par la tête.
— Et toi, tu les connais tes parents ? reprit Peon en versant les œufs dans la poêle frémissante.
— J’ai été confié au Haut Monastère parce que je suis orphelin, comme une immense majorité de moines. Sans trace, retrouver ma mère relèverait du miracle.
— La planque parfaite pour un enfant illégitime.
Un nouveau silence s’installa. Peon attrapa les assiettes et y fit glisser une moitié d’omelette fumante. Danaël partagea les morceaux de viande, coupa deux bouts de pain et ils s’attablèrent l’un en face de l’autre. Le mutisme de Peon attisait la curiosité de Danaël : il le voyait réfléchir et attendait toujours que ses idées accouchent finalement en une phrase qu’il lui lancerait d’un seul coup.
— Sinon, toi, tu boitais avant non ?
Danaël sourit.
— Les Alayis sont les meilleurs médecins de l’empire, sans rire. Mala et Issah ont fait des miracles.
— Et… comment tu t’es fait ça ? C’est de naissance ?
Danaël mâcha lentement sa bouchée et prit son temps avant de répondre :
— C’est Lan qui m’a fait ça. Il… il m’a balancé du haut de la falaise d’Halioes. Mon air m’a retenu juste avant de m’écraser sur le sol, mais j’ai eu un faux mouvement et ma jambe a été broyée. Les médecins n’ont jamais réussi à rétablir mon genou comme il était avant.
Peon s’était arrêté de manger et le fixait.
— C’est pour ça que tu disais qu’il te détestait ?
À son tour, Danaël le dévisagea. Peon se souvenait des premiers mots qu’il lui avaient crachés au visage lors de la toute première épreuve, les premiers jours de leur rencontre.
— Et t’étais moine pour cet enfoiré ? Et ben, si j’étais à ta place, j’aurais tout fait pour le buter.
Danaël repensa aux mots que Cathan lui avait lancés, plusieurs jours plus tôt.
Pour réaliser ce que tu rêves de faire depuis que tu n’es plus capable de marcher correctement sans drogue.
— Et Talek, tu le connaissais avant de venir ici ? demanda Danaël pour changer le sujet de conversation.
— Nan.
— Lui, il te connaissait.
— Comme beaucoup de monde. Vous aviez l’air proches, vous deux.
Danaël avala de travers sa miche de pain.
— Tu rigoles, j’espère ? Il est enquiquinant.
Peon eut un grand sourire.
— Plus que moi ?
Danaël rougit et resta silencieux plusieurs secondes.
— Mais c’est pas un concours, souffla-t-il.
— Peut-être que si, répondit Peon. T’agacer devrait faire partie d’une des épreuves du Grand Choix.
— Je suis sûr que tu la remporterais haut la main, répondit Danaël.
— Moi aussi.
L’arrogance reprit place sur le théâtre de son visage, et Danaël trouva que ça lui allait extrêmement bien. Il avala sa salive un peu difficilement. Les sourcils de Peon se froncèrent de nouveau.
— Mais sinon, y’a vraiment rien entre Talek et toi ?
— Pourquoi ça t’intéresse ?
Peon joua avec un morceau d’omelette qui accapara toute son attention pendant quelques secondes.
— Parce que tu es grand, t’as de beaux traits, t’as une répartie franchement amusante et un côté flippant quand tu réfléchis qui est assez mignon. Je me demande comment t’as fait pour éviter qu’un Orgoï comme Talek te tombe dessus
— Je croyais que tu ne connaissais pas Talek.
— Tous les Orgoïs aiment les garçons dans ton genre, soupira-t-il comme si c’était évident.
— Même toi ? osa Danaël, contemplant son morceau de viande séchée.
Son cœur battait contre ses tempes. Il s'attendait à l’entendre se briser dans le silence de la cuisine quand Peon souffla :
— Ouais.
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