Il était une fois une puissante sorcière dont le mari mourut en la laissant seule avec ses quatre enfants.
Même s’ils étaient tous très différents, elle les aimait sans distinction. Son fils aîné était un érudit toujours à la recherche des secrets de la magie, délaissant souvent la vie quotidienne pour ce faire. Ensuite elle avait eu deux filles. Bien que ces dernières soient nées à quelques secondes d’intervalle, elle ne cessaient de se disputer. L’une d’elle était intrépide et voulait sans cesse agir ouvertement pour protéger autrui, tandis que la seconde était maligne et préférait la ruse pour parvenir à ses fins. Enfin, le benjamin était un garçon qui aimait tout le monde autour de lui, bien que ses frères et sœurs le taquinassent parfois pour sa naïveté.
Ils vivaient heureux ensemble, et le merveilleux talent de guérison de leur mère faisait venir des gens de toute la région. Elle avait un secret : un pendentif enchanté, un artefact puissant que sa famille se transmettait depuis des générations. A l’intérieur, il y avait une réserve inépuisable d’un baume régénérant qui pouvait guérir presque tous les maux.
De nombreux magiciens soupçonnaient que la sorcière avait une source secrète expliquant ses pouvoirs, et ils tentaient de l’attaquer pour s’en emparer. Mais la sorcière les repoussait aisément avec l’aide de l’artefact et de ses enfants.
Mais un jour arriva un magicien qui était différent. C’était quelqu’un de fascinant qui affirmait qu’il voulait aider la sorcière à guérir les nombreux malades qui venaient à elle.
La sorcière et ses enfants se méfièrent en premier lieu, mais l’homme se révéla constamment serviable et séduisant.
Il leur apportait régulièrement des présents. A l’aîné, il offrit des livres sur les formes les plus étranges de magie, et ce dernier en vint à l’admirer aussi pour ses nombreuses connaissances. Il régala la cadette d’exploits magiques, et lui apporta une épée magique qui brillait lorsqu’on se battait avec elle. La troisième commença par se défier de lui, s’attendant à ce qu’il ait quelque sombre dessein dissimulé, mais il lui présenta tant de gens fascinants et lui apprit tant d’artifices qu’elle finit par oublier ses appréhensions.
Seul le benjamin continuait à ne pas l’apprécier, bien qu’il se montrasse toujours courtois et respectueux avec lui.
Quant à la mère, elle fut bien vite ensorcelée par cet homme qui semblait aussi dévoué qu’elle aux autres et s’entendait si bien avec ses enfants.
Après quelques temps, il l’épousa donc.
Il commença aussitôt à lui demander la source de ses pouvoirs, afin de pouvoir l’aider encore davantage dans son travail. Mais la sorcière se refusait toujours à le lui révéler, il s’agissait d’un artefact dont elle ne se séparerait qu’à sa mort pour le confier à un de ses enfants. Il avait beau user de tous ses charmes quotidiennement, elle gardait le silence sur le sujet.
De plus, ses enfants étaient à ses côtés et veillaient sur elle. Le temps passa et la vie se poursuivit comme toujours...
Jusqu’à ce qu’un gigantesque tournoi ne soit annoncé à la capitale. Il durerait trois jours, et on attendait des gens venant de tous les royaumes connus, des érudits, des paladins avec leurs armes magiques, des nobles puissants...
Toute la famille souhaitait s’y rendre, malheureusement la mère fit une mauvaise chute à ce moment-là et se brisa la jambe, la forçant à plusieurs jours d’immobilisation.
Son mari aimant lui assura que ce ne serait pas un sacrifice de rester et prendre soin d’elle, elle enjoignit donc ses enfants à se rendre au tournoi et à en profiter.
Les trois aînés se laissèrent facilement convaincre, mais le benjamin n’aimait pas l’idée de laisser leur mère seule. Mais elle insista tant et si bien qu’il finit par céder et suivre ses frères et sœurs.
Le tournoi leur offrait d’innombrables distractions. L’aîné dénicha des livres qu’il n’avait jamais vu auparavant, de vieux grimoires emplis de connaissances oubliées, tandis que la cadette pu admirer de nombreux chevaliers célèbres, notamment Sir Gwydion du Royaume de Lir, renommé pour ses exploits durant la guerre. On disait qu’il possédait une épée dansante et deux pairs de jumeaux comme écuyers pour l’aider dans ses quêtes.
La plus subtile eu elle aussi de nombreuses occasions de se mesurer à des courtisans de toutes origines.
Quand au benjamin, il se réjouit simplement de pouvoir rencontrer autant de nouvelles personnes lors des délicieux festins organisés régulièrement.
Lors du dernier jour du tournoi, Sir Gwydion les invita tous les quatre à le rencontrer sous sa tente. Il leur proposa de fêter la fin de ce grand événement par un toast commun.
Mais alors que ses frères et sœurs buvaient, la maligne remarqua l’expression moqueuse des écuyers après les avoir servis, et renversa discrètement le vin sur le sol.
Elle vit ses frères et sœurs s’écrouler et les imita aussitôt. Elle savait qu’ils étaient en train de mourir, et elle eut tout juste le temps de demander à l’aîné dans un murmure s’il connaissait un sortilège pour contrer le poison. Il lui donna une incantation qu’elle chuchota fiévreusement. Le temps sembla s’arrêter...
Sir Gwydion et ses écuyers commençaient déjà à célébrer leur victoire, quand la plus courageuse se releva brusquement, arracha l’épée dansante de son fourreau et le défia en duel à mort.
Le chevalier paraissait terrifié, et elle comprit rapidement pourquoi : son épée étant magique, son propriétaire n’avait besoin d’aucune habileté au combat ! Révoltée par cette tromperie de la part d’un paladin, elle se saisit aussitôt de deux épées ordinaires et le força à se battre équitablement.
Il fut bientôt au sol, la suppliant de l’épargner. Les trois autres avaient réussi à neutraliser les écuyers, qui n’étaient pas grand-chose de plus que des enfants arrogants servant un maître lâche.
Elle fut brièvement tentée de le tuer pour le punir de ses méfaits, mais son petit frère la supplia de ne pas s’abaisser à son niveau, et elle finit par se ranger à ses raisons.
Ils prirent simplement leur baguettes et les ligotèrent, ils espéraient que le roi et les princes présents les jugeraient équitablement. Sir Gwydion se moqua d’eux :
« Vous n’êtes que des imbéciles naïfs, vous auriez du m’exécuter, vous croyez vraiment que des nobles vont croire la parole de sorciers ordinaires tel que vous face à celle d’un chevalier reconnu ? Je serai libre dans quelques heures, et vous, vous serez morts dans moins de sept jours. C’est votre beau-père qui m’avait demandé de vous éliminer, je lui devais un service pour l’épée… c’est le plus puissants des sorciers, un expert en magie noire, et son poison ne pourra pas être stoppé très longtemps… Il a déjà gagné, votre mère repose dès à présent dans un cercueil de verre et il possède ses pouvoirs ! »
Les quatre ne voulaient pas croire à de pareilles assertions, mais elles avaient un accent de vérité… Ils pouvaient déjà voir d’autres chevaliers arriver vers eux, et ils ne semblaient pas bien disposés à leur égard.
Le benjamin leur suggéra de rentrer chez eux immédiatement pour savoir ce qu’il s’était vraiment passé. Ils transplanèrent ensemble dans la nuit.
Ils arrivèrent au cœur d’une sombre forêt, emplie de sons étranges… Ils réalisèrent bientôt qu’il s’agissait de la Forêt de Brocéliande, à la frontière de leur royaume.
L’aîné supposait que leur beau-père devait avoir protéger leur foyer contre le transplanage, et ils avaient donc atterrit aussi loin que possible de leur destination. De plus, trois d’entre eux pouvaient bel et bien sentir le poison dans leurs veines, et l’érudit savait que Sir Gwydion avait dit vrai : son incantation n’avait fait que ralentir le poison.
Désemparés et furieux d’avoir été berné à ce point, ils commencèrent à se rejeter la faut pour ce qu’il s’était passé.
Leur dispute était âpre et tumultueuse et le benjamin les supplia de se calmer s’ils voulaient avoir la moindre chance de réussir.
Alors qu’ils commençaient tout juste à se calmer, ils entendirent plusieurs explosions autour d’eux et aperçurent une douzaine de gobelins qui les entouraient. Ces derniers les regardaient d’un air peu amène : ils se trouvaient apparemment en plein cœur de leurs territoires sauvages.
Dès que l’aîné le comprit, il usa de ses connaissances sur l’étiquette gobeline pour s’excuser dans les formes :
« Mes seigneurs, nous sommes profondément navrés de vous avoir accidentellement dérangés, nous avons dû fuir une menace et nous sommes égarés. »
Un ancien s’approcha d’eux :
« Nous connaissons bien les sorciers humains, ils ne viennent généralement ici que pour nous dérober nos trésors. Pourquoi devrions-nous vous épargner alors que vous risquez de vous emparer de certains de nos artefacts les plus précieux ? Quelqu’un de votre espèce s’est introduit ici il y a bien des années et nous a volé notre clé captivante, un objet puissant qui peut accumuler des pouvoirs en son sein et pourrait être utilisé pour nuire à notre peuple et à d’autres…
- Cher ancien, j’ai étudié vos coutumes et bien qu’elle diffèrent sensiblement des nôtres, je les respecte. Si vous le souhaitez nous pourrions tous prêter le serment inviolable pour jurer que nous désirons simplement vous laisser tranquille et trouver un moyen de combattre un sorcier maléfique ! »
L’ancien les observa longuement tous les quatre, et ils eurent l’impression de voir leurs âmes mises à nue. L’ancien repris enfin la parole :
« Vous paraissez sincères, même si la plupart d’entre vous avez été naïfs… et il semble que nous ayons le même ennemi. Nous pourrions vous aider à demeurer jusqu’à votre dernière épreuve… si vous nous promettez de rapporter notre artefact ! »
Il lui confia ensuite un anneau qui pouvait dissimuler la magie d’un petit groupe de personne s’ils le portaient à tour de rôle, mais il ne pouvait fonctionner qu’une semaine avant de devoir être rechargé. L’aîné promit à l’ancien de lui rapporter l’anneau une fois que le sorcier aurait été vaincu.
Les gobelins acceptèrent également de les laisser traverser leur territoire. Ils n’avaient pas de temps à perdre, sans la possibilité de transplaner.
Après cinq jours, ils n’étaient plus très loin de leur foyer. Ils devaient encore franchir un dernier obstacle, un pic abrupte que l’on disait maudit. Ils pensaient le passer en utilisant le lit d’une ancienne rivière souterraine, quand ils entendirent le chant d’un oiseau dans une autre galerie. Ce dernier semblait emplit de douleur.
Les trois aînés voulaient poursuivre leur route, car ils savaient que le temps leur était compté, mais le benjamin refusa, il était persuadé qu’il fallait aider l’oiseau. Il insista tant et tant que ses frères et sœurs finirent par céder.
Quand ils se rapprochèrent, ils découvrirent un oiseau rare : une femelle phénix noir. A cette époque, les phénix noirs étaient supposés porter malheur, et elle avait reçu une flèche ensorcelée. Le benjamin avait toujours eu une empathie instinctive avec toutes les créatures, et il s’aperçut bien vite que l’oiselle était enceinte et avait une aile cassée.
Les autres lui ordonnèrent de ne pas s'approcher, d'une créature maudite et blessée, qui plus est, pouvant se révéler vicieuse, mais il ne pensait qu'à la douleur de l'oiselle. Il se rapprocha doucement en chantant l'une des berceuse favorite de leur mère, avant de toucher l'aile et lancer un sort guérison. Son cœur pure avait su calmer la bête et elle ne lui fit aucun mal.
Le phénix se remit alors à chanter, et ils eurent une vision commune… ils purent voir leur mère, sans vie dans un étrange cercueil de verre. Leur beau-père utilisait les pouvoirs de l'amulette pour tuer les gens d'une simple pensée. Ils virent le royaume tomber entre ses mains, tandis qu'il se servait des nombreux artefacts et pouvoirs qu'il avait volés. Enfin, ils comprirent que leur seul espoir résidait à la fois dans le feu et l'eau...
Ils reprirent conscience au même moment alors que l'oiselle les quittait sur un dernier chant d'adieux, abandonnant aussi une plume noire derrière elle…
mais ils n'eurent pas le temps de l'examiner : un rugissement puissant résonnait depuis le haut de la montagne .
L’intrépide reconnut immédiatement ce son : il s’agissait d’un dragon ! Ils auraient bien voulu l’éviter, mais le benjamin leur rappela que le feu semblait pouvoir les sauver d’après leur vision.
La maligne savait que son frère avait raison, mais ils auraient besoin d’un plan pour se débarrasser du monstre cruel. L’aîné savait que ce dragon s’appelait Y Ddraig Goch, qu’il était particulièrement âgé et puissant.
Ils ne pouvaient pas se servir de l’anneau, ils en auraient besoin plus tard contre le sorcier, mais elle avait entendu dire que les hauts dragons comme celui-ci appréciait les énigmes et le courage...
Tout d’abord, il fallait qu’ils puissent approcher le dragon d’assez près pour lui parler. L’intrépide se porta immédiatement volontaire, elle leur assura qu’elle était rapide et pourrait résister au feu de la créature le temps nécessaire. Elle pourrait alors le défier et laisser ses frères et sœurs venir à leur tour.
La maligne savait pouvoir compter sur son frère pour des énigmes particulièrement abstruses et pensait pouvoir trouver comment le tromper d’une manière ou d’une autre pour qu’il les laisse passer sans dommage.
L’intrépide pénétra dans la caverne du dragon rouge. Dès qu’elle en franchit le seuil et en dépit de son sort protecteur, elle sentit le feu magique se précipiter vers elle . Tout autour, elle pouvait apercevoir de nombreux artefacts et les os des magiciens assez infortunés ou stupides pour avoir fini ici. Tandis qu’elle s’approchait du but, tous ses vêtement et ses cheveux étaient enflammés.
Malgré tout, elle ne se déroba pas et hurla le défi à la gueule du gigantesque monstre. On dit que nul sortilège ne put ensuite retourner ses cheveux aux teintes de flammes à leur couleur originelle.
Y Ddraig Goch fut impressionné par le courage de cette faible créature et accepta de relever le défi, certain de sa victoire.
Il les autorisa à lui poser trois énigmes : s'il pouvait répondre à toutes, ils auraient perdu et seraient dévorés. S'il n'y parvenait pas, il les autoriserait alors à passer.
L’aîné commença alors par cette question « Je passe lentement et on ne me voit pas, pourtant, tout le monde me craint, qui suis-je ? »
Le dragon réfléchit quelques secondes puis répliqua : « le temps, qui vous affecte tant, on pourrait dire que vous êtes à peine vivant avant votre mort ! ».
L’aîné tenta alors de trouver une énigme plus difficile :
« Pourriez-vous me nommer trois jours consécutifs sans utiliser les mots lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi ou dimanche ? »
Après une pause à peine plus longue, leur adversaire répondit une nouvelle fois :
« Hier, aujourd’hui et demain. ».
Il souriait ouvertement à présent, assuré de se régaler d’ici peu. L’aîné se sentait terrifié à l’idée de poser la dernière énigme, leur dernière porte de sortie et il se creusait désespérément la cervelle pour trouver l’énigme la plus complexe de sa connaissance…
Mais la rusée lui demanda de la laisser poser leur dernière question, et malgré quelques doutes, il décida de lui laisser sa chance. Elle se tourna vers le dragon en souriant :
« Qu’est-ce qui se trouve dans ma poche gauche en ce moment-même ? ».
Furieux, le dragon l’accusa de tricher, ce n’était pas une véritable énigme !
Son sourire s’élargit :
« Excusez-moi, mais nous n’avons jamais défini en quoi consistait une énigme exactement. A mon sens, il s’agit simplement d’une question à laquelle on doit fournir une réponse. Admettez-vous donc votre défaite ?
- Bien sûr que non ! Mais les règles n’avaient pas étaient définies clairement, vous devez me laisser poser trois questions avant que je ne donne la réponse finale.
- Il semblerait que les dragons ne soient pas si puissants, après tout ! Très bien, mais dans ce cas, vous devrez nous laisser emporter tout ce que nous pouvez porter sur nous si nous gagnions. »
Le dragon jeta un bref coup d’œil sur ses trésors avant de répondre d’un air confiant :
« Très bien, c’est d’accord, vous pourrez emporter ce que vous pouvez porter, mais sans utiliser la magie ! Avec trois questions ,je ne peux pas perdre...commençons.
Est-ce un artefact magique ?
- Non, ce n’est pas ça.
- Est-une une créature magique, alors, une de celles que votre espèce réduit en esclavage ?
- Non ce n’est pas ça. Enhardi, elle poursuivit : c’est quelque chose qui provient de ce qui peut être à la fois vivant et mort.
- Ça y est, j’ai trouvé ! C’est un de ces affreux inferi que vos magiciens noirs utilisent sans arrêt ? Une main de Gloire ou quelque chose du même genre ?
- Non, ce n’est pas ça ! Vous avez perdu ce défi, dragon ! Et je sais que votre espèce est lié par sa parole, alors vous devez nous laisser passer à présent.
- Dites-moi la réponse avant ! Vous avez triché, votre poche est vide, c’est ça ?!
- Non. Elle contient une plume du phénix noir que nous avons croisé. »
Y Ddraig Goch rugit furieusement, l'accusant une fois de plus de tricherie, mais il savait qu'il n'avait pas le choix, il avait donné sa parole en acceptant le défi… au moins ces magiciens ne devraient pas pouvoir emporter son trésor le plus précieux, le secret de sa puissance supérieure !
Mais la jeune fille se dirigea droit sur le gigantesque miroir qu'elle avait vu le dragon fixer quand il parlait de ses trésors. Et sa surface réfléchissante pourrait bien correspondre à l'eau de la prophétie qu'ils n'avaient pas encore obtenue...
Elle ne pouvait pas le porter seule, mais elle demande l'aide de son frère aîné et de sa sœur. Le benjamin se saisit de trois balais laissés par des voyageurs moins fortunés qu'eux.
Enragé, le dragon menaça de les dévorer pour avoir brisé leur promesse, mais la maligne lui rétorqua :
« Nous sommes fidèle à notre parole, nous portons le trésor nous-même, sans magie ! Vous n'avez jamais mentionné le fait que l'on ne puisse pas s'entraider ! »
Y Ddraig Goch sut alors qu'il était battu, et qu'il allait perdre son trésor le plus précieux. S'il ne voulait pas souffrir d'une malédiction, il était obligé de respecter sa parole, mais il leur jura que ni lui ni son peuple ne converseraient plus jamais avec les humains, dont la langue était si perfide, ils n'emploieraient plus que le langage de la guerre...
Ils pouvaient donc partir tous les quatre. Une fois sortis de la caverne, l’aîné examina l'artefact. Il put déterminer qu'il s'agissait d'un des sept miroirs forgés par Gilgamesh avant sa descente dans l’outre-monde, un endroit mythique des Enfers. Après avoir observé les gravures qui l’ornaient, il pensait connaître son pouvoir : il permettrait d’ouvrir un portail vers l’au-delà.
Ensuite, ils volèrent sans relâche sur leurs balais : leur temps était presque écoulé. Ils arrivèrent près de leur foyer à l’aube du septième jour.
Malgré l’anneau des gobelins, ils savaient qu’ils auraient besoin d’un plan brillant pour pouvoir approcher le sorcier, qui devait d’ores et déjà être sur ses gardes !
On disait dans la région qu’il avait banni tous les elfes de maison, afin qu’ils ne puissent pas aider leurs anciens maîtres. Il employait en ce moment des Moldus innocents, forcés à une loyauté absolue par un Imperio puissant.
La maligne sourit tandis qu’elle cocotait un plan. Ils pourraient demander aux elfes mécontents d’espionner les nouveaux serviteurs pour leur dire le moment exact où ils se trouveraient à l’extérieur de la maison. Ils pourraient alors les assommer et prendre leur place et leur apparence. Grâce à l’anneau, le sorcier ne pourrait pas les percer à jour.
Une fois à l’intérieur,ils devraient arracher la clef captivante à leur beau-père pour le priver de toutes ses facultés inhumaines mal acquises . Les deux sœurs voulaient toutes deux être choisies pour cette tâche, arguant que la ruse ou le courage serait la compétence le plus utile pour ce faire.
L’aîné les réprimanda pour leurs disputes infantiles alors qu’ils leur restaient moins d’une heure avant que le poison ne reprenne son œuvre.
Il déclara à l'intrépide qu’elle pourrait s’emparer de la clef du sorcier, tandis qu’il aurait besoin de la maligne pour placer le miroir juste en face de leur Némésis.
Il pensait connaître un très ancien sortilège sumérien qui était censé activer le miroir, mais le sorcier devait impérativement se trouver devant pour être emporté dans l’outre-monde.
Quant au benjamin, il pourrait rester à l’abri jusqu’à ce qu’il n’y est plus de danger. En entendant ces mots, ce dernier se sentit contrarié d'être compté pour rien, mais il ne dit rien, bien déterminé à prouver sa valeur à un moment ou à un autre.
Ils purent prendre l’apparence des serviteurs sans accroc, à l’aide de leurs fidèle elfes de maison. Ces derniers leur révélèrent également quelque chose d’étrange : leur beau-père avait dissimulé le cercueil de verre contenant leur mère et l’amulette familiale dans une pièce obscure. Il était le seul à pouvoir y pénétrer grâce à une clé dorée qu’il portait en permanence autour du cou.
Dans la maison, le sorcier s’apprêtait à dîner, et les trois aînés arrivèrent pour le servir. La sœur téméraire s’approcha pour couper la chaîne à l’aide d’une dague magique. Mais alors qu’elle s’apprêtait à agir, l’homme remarqua soudainement qu’il se passait quelque chose et l’attaqua immédiatement à l’aide d’un sortilège de Doloris ! Elle souffrait atrocement, mais par un effort de volonté surhumain, elle parvint à couper la chaîne avant de s’effondrer. Deux clefs roulèrent au sol près du sorcier...
Il voulut s’en saisir immédiatement, mais deux petites mains avaient été plus promptes que lui : le benjamin s’en était emparé et courait vers la pièce où reposait leur mère.
Au même instant, l’aîné avait commencé à incanter son enchantement complexe, tandis que sa sœur avait placé le miroir juste devant leur beau-père, tau moment où sa jumelle s’effondrait.
La surface du miroir sembla se changer en eau et ils pouvaient à présent apercevoir un paysage inquiétant au travers… le sorcier parut terrifié dès qu’il l’aperçut. Il s’apprêtait à transplaner, quand le benjamin revint avec la clé captivante et le cercueil à ses côtés...
La clé luisait et ils purent tous entendre des voix colériques s’élever de l’autre côté du miroir. Le sorcier fut brutalement attirer vers le miroir par une force surnaturelle. Alors qu’il était sur le point d’être absorbé par lui, il lança un sortilège d’attraction sur le benjamin.
Ils étaient tous deux en train de disparaître à l’intérieur du miroir à présent, malgré les tentatives désespérées du benjamin pour l'empêcher. L’intrépide parvint tout juste à se saisir de sa main, et tous les autres se joignirent à ses efforts pour le retenir, mais ils ne pouvaient pas lutter contre le tourbillon les emportant dans l’au-delà… La rusée eut tout juste le temps de lancer l’anneau des gobelins et la plume de phénix du côté des vivants pour les aider à retrouver le chemin du retour...
Ils se réveillèrent tous les quatre dans un endroit désert, étrangement dépourvu de toutes couleurs. Tout autour d’eux ils pouvaient voir des silhouettes translucides semblables à des fantômes, mais dont l’aîné était certain qu’il s’agissait d’âmes.
Ils observèrent les alentours pour retrouver leur beau-père. Ils l’aperçurent bien vite, toujours près de leur jeune frère, il s’apprêtait de toute évidence à lui faire du mal quand un tourbillon entier d’âmes vint l’attaquer. On pouvait y distinguer des sorciers comme des moldus : il recevait enfin son dû pour toutes les morts qu’ils avait provoquées.
Ils se réunirent. La maligne s’efforçait de les convaincre de revenir de l’autre côté, mais le benjamin refusait, il avait cru entendre une voix familière…
Bientôt, ils purent tous l’entendre : l’écho de la voix de leur mère était tout autour d’eux...
L’aîné comprit ce que cela pouvait signifier : leur mère n’était peut-être pas tout à fait morte dans son cercueil de verre, grâce à l'amulette qui ne l’avait pas quittée… Il demanda aux pouvoirs d’en-haut s’ils pouvaient ramener l’âme de leur mère avec eux, étant donné qu’elle était décédée avant son heure. Une voix désincarnée lui répondit enfin :
« Vous pouvez l’emmener, mais vous devez partir sans jamais vous retourner, sinon son âme appartiendra à l’au-delà pour l’éternité. »
C’est ainsi qu’ils se mirent en chemin. Tout au long de leur voyage, ils entendaient le chant de leur mère derrière eux. Le trajet semblait long dans ces paysages désolés, mais ils pouvaient suivre un fil d’or qui les menaient vers la sortie sans faillir.
Cependant, alors qu’ils approchaient du portail, la voix maternelle s’éteignit tout à coup.
La sœur rusée était la dernière d’entre eux. Elle hésita, se demandant si cela n’avait été qu’un mauvais tour du sorcier pour leur faire abandonner l’âme de leur mère derrière eux.
Elle était sur le point de regarder derrière elle, quand le benjamin lui fit signe depuis l’autre côté du miroir. Il la supplia de lui faire confiance, son instinct lui disait que la voix était fiable et qu’il fallait la suivre.
Le portail se refermait et ils avaient tous traversé, à l’exception de la maligne qui hésitait toujours. Elle décida finalement de se fier à la foi de son frère, mais alors qu’elle s’apprêtait à passer, elle sentit une force la tirer en arrière. Sa jumelle se mit alors au travers du portail et lui tendit la main pour la ramener dans le monde des vivants. Juste après leur retour, le miroir se brisa en sept morceaux.
Ils se précipitèrent autour du cercueil de verre. Le corps de leur mère était toujours aussi pâle et immobile. La maligne s’apprêtait à s’en prendre à son frère, quand soudain le pendentif se mit à briller… jusqu’à ce qu’une explosion de lumière les enveloppe tous !
C’est alors que quatre coups résonnèrent depuis le cercueil : leur mère avait ressuscité ! Ils sentirent également que le poison ne coulait plus dans leurs veines.
Ils avaient terrassé un mal qui aurait pu corrompre le royaume tout entier et la liesse était partout. Malgré tout, les trois aînés regrettaient quelque peu la perte de tous leurs artefacts:e le miroir était brisé, la clé était demeurée dans l’outre-monde, l’anneau avait été rendu aux gobelins et le pendentif ne contenait plus aucune trace de magie après son dernier sort si puissant.
Mais leur mère se mit à rire :
« N’avez-vous pas encore compris ? Les artefacts n’ont aucune importance, l’essentiel est invisible pour les yeux… la vraie clé enchantée n’était pas au cou du sorcier mais en chacun d’entre vous ! »
Ils sourirent, comprenant qu’elle avait raison. Une nouvelle aube se levait sur le royaume, et ils pourraient tous y vivre heureux avec leurs futurs enfants.
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