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Les Malédictions de l'Homme aux Yeux de Jack
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volume 1, Chapitre 16 « L’Homme qui Avait Entendu le Pas de l’Homme aux Ye » volume 1, Chapitre 16

L’avez-vous entendu cette nuit ? Ce cri ! Ce cri de minuscule souris ! Un cri à vous glacer le sang d’effroi ! Un rire dément jaillit du néant ! Strident ! Hululant ! Encore, je l’entends et dans mes veines, mon sang se fige. Oh ! Oh ! Pourquoi me suis-je attardé dans ce quartier ? Pourquoi m’y être aventuré ? Maintenant, je suis maudit ; je ne suis plus qu’un mort en sursis. Ah ! Que ne puis-je revenir sur mes pas ? Car désormais, je le sens qui m’épie, me poursuis, me flaire où que j’aille, où que je m’installe ; il me traque, je suis devenu sa proie.

Une ombre, un souffle, un regard de trop, un geste un peu brusque et tout s’enchaîne. Je l’entends alors qui marche, qui marche de ce pas d’automate. Jamais un pas de trop, ni de côté ni de travers, droit, toujours comme il faut. Non ! Non ! Un pas harmonieux, vous dis-je ! L’un de ses pas qui s’attachent à vos pas et qui ne vous quittent pas, comme ce cœur qui bat dans votre poitrail. Ah ! Que ne puis-je vous convaincre, car ce n’est ni un chasseur ni un traqueur ! Oh non ! Détrompez-vous ! Cet homme est le diable en personne ! Souvenez-vous donc de cette fille, cette pauvre fille qui tapinait sur les docks ; du côté de Limehouse. Un soir, elle en croisa le regard et cela lui fut fatal. L’on-dit même, accroche-cœur à son heure, qu’il suspendit le sien au-dessus de sa tête et qu’elle souriait, ravie de son sort.

Saisissez-vous alors ma peur, ma terreur, pour une si minable erreur ? Le diable va bientôt accrocher mon cœur.

Désormais que je marche, je l’entends qui me suis. Mais ! Que je me retourne et, il n’y a personne, pas âme qui vive, pas même un chat errant ou un chat-huant. Rien ! Seulement une ruelle vide, avec son minuscule et dérisoire bec de gaz. Pas même un surineur avec sa lame au clair ou un apache à la gueule tordue qui vous alpague. Non ! Non ! Nenni ! Seulement la nuit. La nuit et une rue vide de toute vie. Pas même une souris ; il n’y a pas âme qui vive ! Alors, souffreteux, je m’immobilise et me recroqueville, détournant mes yeux du lumignon qui m’empêche de regarder le noir. Et j’y demeure, je demeure jusqu’à ce que je n’entende plus que les battements de mon palpitant.

Boum ! Boum ! Boum !

Entendez-vous ? Entendez-vous !

C’est lui qui approche !

Toc ! Toc ! Toc !

Fait la pointe de sa canne sur les pavés humides.

Schouik, ! Schouik ! Schouik !

Le bruit de sa lame qui me lacère.


Texte publié par Diogene, 13 août 2020 à 18h51
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