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Les Malédictions de l'Homme aux Yeux de Jack
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volume 1, Chapitre 13 « Le Vin de l’Homme aux Yeux de Jack » volume 1, Chapitre 13

Entends-tu mon ami cette douce mélodie ? Le bruit du vin qui s’écoule du fût. Le son de la vie qui s’enfuit. Ce soir, c’est toi qui accorderas mes mets. Et gare à toi si cela ne me plaît pas, car il t’en cuira. Comment ? Qu’ouïe-je ! Tu oses me soutenir qu’il y a méprise ! Que nenni mon ami et j’en ris. Que dis-je ! Je me gausse. Je m’esclaffe. N’est-ce point toi qui, la nuit venant, chantais à tue-tête, te vantais de pouvoir accorder le vin à la messe. Ne mens pas, s’il te plaît. Bien sûr, j’étais fort occupé, puisque je m’étais apprêté et que déjà de ma lame l’une s’en allait trépasser. Hélas, pour toi, ma femme m’accompagnait, comme en tant d’autres soirs, témoin voyeuse, spectatrice tentatrice, actrice sublime de mon théâtre d’ombres obscures, la divine Oblivia de Sade. Elle t’a écouté et t’a apprécié. Ce faisant, je me suis moi-même laissé charmer. Ce soir, nous fêtons nos noces d’écarlate et ce sera la trêve. Ni larme ni carnage ne troubleront cette nuit noire, au cours de laquelle nous danserons tous deux le sabbat. Il n’y aura que nous deux, moi, l’homme aux Yeux de Jack et ma femme, Oblivia de Sade. Tout est déjà prêt ! Il ne reste que le chef, toi, sommelier de dieu, ainsi que tu te réclames ! Il t’en revient donc de nous accompagner.

Pourquoi ?

Mais parce que je suis le Diable, ainsi que le professe toute la piétaille de cette ville funeste. Et enfin, ne vois-tu pas l’honneur insigne, le présent suprême, le divin privilège que je vais t’octroyer. Goûter à ma cuvée. Un millésime né de mes envies et de mes crimes. Sache que chaque nuit, alors que ma lame danse et chante au clair de lune, je m’en vais la bénir au milieu des vignes, des raisiniers ; arbres suspendus au bout desquels pendent les grappes rubis. Ainsi donc, quand je m’en retourne, d’une nuit bien remplie, où j’ai accompagné mes victimes de leurs cris, je m’en vais, paisible, cueillir, sous le regard tendre de la lune, le raisin, non de ma colère, mais de ma joie. Vois-tu donc ! À chaque vertu, sa grappe. Mêle du sang de mes oiseaux perdus, la sève se gorge alors de leur vertu pour mieux, à la fin, sublimer le nectar divin. Sourie donc messire, puisque tu vas me suivre. Que tu sois ignare ou savant, peu me chaud. Maintenant, noue donc cette étoffe sur ta vue. Pourquoi ? Pourquoi !

Mais pour te préserver, mon ami. Je suis cruel et sadique en tout, certes. Mais je sais être patient et magnanime quand il faut. Enfin ! Pourquoi n’éprouves-tu aucune joie ? Pourquoi trembles-tu d’effroi ? Alors même que je te convie dans, ce qu’il convient d’appeler, mon jardin secret. Celui-là, où moi et Oblivia nous adonnons à nos vices, où chaque nuit, nous festoyons et nous régalons en contemplant la lune noyée dans son habit de brume. Ainsi lorsque tu t’en reviendras, tu pourras t’exclamer : j’ai dîné à la table du Diable. Imagine donc la plèbe à tes pieds, jetée. Tu seras porté aux nues tel un nouveau roi ! Et tandis que je demeurerai le roi de la nuit, le roi de minuit, tu seras couronné empereur du midi !

À présent, il me faut te remercier, comme il se doit, et te récompenser de ta bonté, car je connais ton secret ; elle me l’a susurré il y a de cela quelques nuitées. Comment ! me suis-je exclamé. Un mortel serait capable d’invoquer le divin Dyonisé. Voilà qui ne manquera pas d’épicé mon millésimé, celui que je réserve depuis tant d’années à ma moitié.

Réjouis-toi, car demain l’on te retrouvera. Sac à vin, ou sac de grain, peu m’importe, puisque tu m’auras offert le dernier ingrédient ; ce nectar puissant que l’on dit sacré. Le sang d’une divinité ! N’est-ce point celui qui s’affirmait fils de dieu qui proclamait, à qui voulait bien l’entendre, ceci est mon corps, ceci est mon sang ? Allons ne tire donc point cette figure chafouine et apeurée, car je vais t’exaucer. Mais oui ! Tu vas passer à la postérité.


Texte publié par Diogene, 2 juin 2020 à 21h05
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