Avez-vous entendu ce matin ? Oh oui ! Il paraît que le ministère recrute des involontaires. Mais pour quoi faire ? Pour nous faire taire ?
Pour vous faire vivre l’enfer, s’insinue une voix dans la pièce.
Tout sourire derrière ses lunettes aux verres fumés, l’inconnu les fixe. Personne n’ose bouger et tous le regardent s’éloigner, disparaître dans une volute de fumée. Dans les couloirs, personne ne le croise, mais tous sentent peser son regard. Il se tapit là prêt à fondre sur une proie. Mais au lieu de proie, c’est dans une classe qu’il s’introduit.
Enfin, nous y voilà ! susurre-t-il, comme il se glisse vers l’estrade.
Autour de lui, huit paires d’yeux le fixent. Il étire son sourire et dévoile ses dents ivoirines.
Permettez que je me présente, l’on m’appelle Jack, Jack aux yeux d’Argent. Mais je vous en prie Henri-Désiré, auriez-vous l’amabilité de cesser vos tentatives de séductions auprès de cette charmante Élisabeth. Non ! Je vous l’ai déjà expliqué, la comtesse Bathory est là pour apprendre à égorger proprement de jeunes nubiles. Elle est persuadée que leur sang préservera sa jeunesse ; ce dont nous pouvons douter, je vous l’accorde. Mais enfin si vous persistez, vous me recopierez cent fois à tous les temps et à tous les modes : Je ne dois pas utiliser mes petits camarades de classe au cours de mes travaux pratiques. Me suis-je bien fait comprendre, monsieur Landru ? Et n’espérez pas que je cède votre regard, je suis bien trop fort pour vous. Je vous en prie, je vous ai apporté cette dame ainsi que quelques cordelettes pour vous exercer. Oui, mademoiselle Bathory ? Vous voulez vous exercer avec monsieur Kütten. Ma foi, pourquoi pas ? Tant que celui-ci ne tente pas de vous poignarder dans le dos, comme il semble désirer le faire avec la peeeetite Julia, je n’y vois aucun inconvénient. Peter ! Regardez-moi, je vous prie. Non ! Pas mes pieds ! Mes yeux, monsieur Kütten ! Ne vous ai-je déjà point mis en garde ? Si ? Bien ! Alors, donnez-moi ce poignard et maintenant au coin jusqu’à ce que je vous rappelle pour la mise à mort. Julia Vanazio est là pour nous montrer ses œuvres, non pour devenir votre chef-d’œuvre. Vous avez eu d’excellents professeurs, il me semble. Qu’est-ce que c’est encore ? Monsieur Bundy, monsieur Bundy ? Que tentez-vous de faire avec cette mèche ? Un trou ? Bien sûr, mais sans perceuse électrique ni même un foret mécanique ! Où voulez-vous aller ? Vous ne ferez que vous blesser. Et vous, maréchal de Raïs. Pensiez-vous que je ne vous observais pas ? Cessez donc, je vous prie. Les jumeaux Don et Juan sont là pour nous offrir la mesure de leur talent. Leur arme de prédilection ? Ah mais le couteau à beurre ! Ah oui, je sais c’est salissant et çà coupe très mal. Monsieur Landru ! Oui, vous, vous préférez la scie à métaux et la cordelette, ce me semble, pour les faire passer de vie à trépas. Ah ! où en étais-je ? C’est que je perdrai presque le fil. Gilles, oui ! Veuillez, je vous prie, remettez vos bas ! Il y a des enfants dans la salle, enfin ! Mais si vous le désirez vraiment, il y a une pièce à côté, insonorisée cela va de soi, où vous pourrez donner libre cours à tous vos fantasmes. Julia, Julia ! Mais que faites-vous enfin ? Non et non, monsieur Petiot n’est pas votre papa. Et d’ailleurs que faites-vous avec cela à la main, Marcel ? Ah non, non ! Vous allez gâter la viande avec ça. En revanche, si vous avez des anesthésiants, je pense que monsieur Bundy vous en sera très reconnaissant. Je crains qu’il n’éprouve quelques difficultés à forer le crâne de sa victime. Ah bravo ! Il suffit que je détourne le regard pour que les bêtises reprennent. Don ! Juan ! Je vais finir par vous confisquer vos couteaux à beurre, si vous ne détachez pas la comtesse tout de suite. Allez ! Donnez-les-moi et ne m’obligez pas à sévir, sinon je vous envoie au coin. Oui, là. Juste derrière la porte, en compagnie du maréchal. Il avait l’air de vous apprécier à votre juste valeur. Ah, merci ! Maintenant, détachez cette pauvre Élisabeth et aidez à la remplir cette baignoire. Peter ! Venez donc par ici. Oui, je lève votre punition. À la place, je désire que vous me saigniez cette petite-là. Les jumeaux prendront l’autre. Au premier à remplir le bain, je lui offrirai l’un de mes instruments. Tout à fait. N’importe lequel !Monsieur Landru, vous désirez sans doute que je vous aide ? Puis-je savoir ce que vous faites avec ce tronc ? Vous voyez bien qu’il ne peut entrer dans votre cuisinière. Ah ? Vous êtes fatigué. Hé bien, demandez de l’aide à votre collègue Marcel ! Il aura plus d’endurance que vous. Quarante corps ! Oui, oui ! Vous m’avez bien entendu. Quarante. Tenez, prêtez-lui donc une scie ! Il achèvera ce que vous avez commencé. Vous serez de corvée de bois à la place. Non ! Pas par là. Au bout du couloir à droite, le bureau du proviseur, cela fera l’affaire. Si vous avez un problème, venez me chercher. Oh non, non ! Monsieur Bundy ! Monsieur Bundy ! Que faites-vous encore ? Ah ! lI y a des gants, des entonnoirs à votre disposition. Comment allez-vous faire pour les prochains exercices, si vous vous faites couler de l’acide sur les doigts ? Donnez-moi votre main et plongez là-dedans. Non ! Ce n’est que du bicarbonate de soude, pas de la soude ! Ensuite, vous irez vous rincer les mains aux robinets, dans les toilettes des garçons. Si vous tombez sur un en cours de route ? Vous nous le ramenez, parbleu ! Ce sera un excellent exercice pour vous et le jeune Julia. Ah mais, c’est quoi encore ce bruit ? Je vous demande pardon, Peter. Vous êtes en train de m’expliquer que vous avez tenté de noyer la comtesse avec les jumeaux ! Au piquet ! Tous les trois et vous me rendez le poignard ainsi que vos couteaux à beurre. J’espère pour vous qu’elle n’est pas morte, sinon je vous envoie faire un tour à côté avec Gilles de Raïs. Prenez garde, Don, Juan, c’est un besogneux. Bon. Hum, vous êtes nés coiffés les enfants. Elle a la panse large, elle a avalé presque tout le contenu de la baignoire. J’espère seulement qu’elle ne me fera pas une indigestion. Julia, ma petite, seras-tu assez aimable pour l’emmener se débarbouiller avant la fin du cours ? Cela serait regrettable de sortir de ma classe dans un état si lamentable. Mes collègues se poseraient des questions. Ah ? Le maréchal n’a pas encore fini. Marcel, Henri Désiré, surveillez-moi ces trois-là comme le lait sur le feu pendant que j’emmène Julia et la comtesse Bathory. Merci ! Vous êtes fort urbains. Non, non ! Maréchal que vous nous avez fait vous là ? Il y a en a partout. Allez donc chercher Ted qu’il vous aide à ramasser vos restes, il est revenu. Ensuite, vous demandez à Marcel et Henri Désiré de vous prêter leur cuisinière ; elle brûle tout. Ah bien, vous voilà propre, comtesse ! Ainsi personne n’ira jaser dans mon dos. Ah, que nous avez-vous rapporté ? Permettez que je les examine ? Ma foi, je crains que ce ne soit tout pour aujourd’hui. Nous avons tout juste le temps de nettoyer la salle pour le prochain cours. Nous n’aurons qu’à les ranger dans la chambre froide. La semaine prochaine, nous nous exercerons à l’art du dépeçage. Très utile pour se débarrasser d’un cadavre encombrant.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2782 histoires publiées 1267 membres inscrits Notre membre le plus récent est JeanAlbert |