Avez-vous entendu cette nuit ? Mais oui, mais oui ! C’était peu après minuit ! Ce grand cri qui a déchiré la nuit ! C’était qui ? C’était qui ? Une nouvelle victime. Oui ! Une petite fille aux yeux de biche ! La malheureuse ! La bienheureuse ! Elle a croisé son chemin et elle s’est métamorphosée en une fleur carmin. Qui donc ? Qui ça ? Mais le diable, voyons ! Couillons ! L’homme aux yeux de Jack. Il paraît que le Yard est encore sur le coup. D’ici qu’il lui passe la corde au cou, bien des eaux auront coulé sous les ponts.
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Parce qu’il est insaisissable. Il est le diable ! Il est l’homme aux yeux de Jack. Allons donc compagnons ! Réjouissons-nous ! Nos tripailles sont encore là et c’est l’heure de la ripaille. Sortons donc ! L’homme aux yeux de Jack ne frappe jamais au même endroit. Il serait las. Il serait bas. Il marche au pas, de ce pas d’automate. Tact, tac, tac fait-il, quand il est là. Tendez l’oreille, compagnons ! L’entendez-vous ? Non ! Sûrement pas ! Il est bien loin de là ! Profitons ! Profitons, compagnons ! L’auberge n’est pas loin, notre bourse bien garnie et, si le cœur vous en dit, nous irons ensuite cueillir les fleurs dans le cœur de la nuit. Qu’avons-nous à craindre ? L’homme aux yeux de Jack est parti.
Oui ! Oui ! Oui !
Joignons les deux chairs ! Soulageons nos bourses pleines ! En avant compagnons ! La fleur au bout du canon ! C’est ainsi que nous explorerons cette ville si docile, si servile.
Détroussons ! Qu’en pensez-vous ? La flicaille en a après l’homme aux yeux de Jack. Nous ne sommes que des gagne-petit, du menu fretin, au regard de ce diable d’homme aux yeux d’argent. Coupons les bourses des bourgeois et des lords. Elles ne leur manqueront pas. Ce sera autant pour nos gosiers desséchés et nos estomacs creusés. À cœur vaillant, rien d’impossible ! Réjouissons-nous, compagnons, et mettons-nous en route ! Ramassons quelques-unes de ces fleurs qui affleurent des trottoirs. Ensuite, nous lui offrirons ! Qu’en pensez-vous ?
Oui, oui ! Mille fois oui ! Nous le méritons et lui aussi. Remercions, comme il se doit, l’homme aux yeux de Jack. Picolons ! Ripaillons ! Jouissons ! Baisons et immolons ! Que se répandent la joie et le sang, car ce soir nous buvons en l’honneur du diable, l’homme aux yeux de Jack.
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