Sur le chemin du cimetière, le jeune homme sentit son cœur se serrer. Il était venu seul, et avait éteint son multiTel, pour être sûr d'être tranquille. Il n'avait aucune envie d'être dérangé par qui que se soit. De toute façon, ce que les autres pouvaient avoir à lui dire, était sans importance. Auguste s'était lui même donné une mission, il se devait d'aller jusqu'au bout.
Intimidé par le bâtiment sombre, le jeune homme entra, après avoir pris une dernière inspiration. C'était comme s'il poussait la porte d'un lieu maudit.
A l'intérieur, tout n'était que vastes allées tapissaient d'étagère qui accueillaient les urnes funéraires des disparues. Il y en avait des tas sur plusieurs hauteurs. Un gain de place, en réduisant l'espace consacré à chaque mort.
Pour trouver le sien, il fallait se servir de l'ordinateur. En entrant, les noms et prénoms, on obtenait une série de chiffres qui résumaient le chemin à faire pour l'attendre. Ils indiquaient le numéro de l'étagère puis la partie où elle se situait et enfin l'étage. Un vrai jeu de piste, en beaucoup moins drôle.
Auguste était seul, en ce lieu. Il eut l'impression que le temps s'était arrêté lorsqu'il avait poussé la porte, tant le silence était pesant. En faisant le moindre bruit possible, il chercha l'urne de Norma. Une fois, sa liste de chiffres en poche, il se mit en quête de l'endroit où était conservé les reste de son amie.
Plusieurs étagères plus tard, la réponse lui sauta aux yeux. Rangé tout en bas, l'urne lui faisait face. En silence, il la contempla. Ce n'était qu'un vulgaire vase bon marché. Il n'y avait rien d'autres. Pas de fleurs, d'hologramme du défunt, de petits symboles ou autres colifichets.
En passant les doigts sur le rebord de l'étagère, Auguste activa l'hologramme d'accueil. Le nom et le prénom de son ami s'affichèrent, lui confirmant qu'il était au bon endroit. Ils furent suivis par un hologramme la représentant. Le jeune homme fut surpris par la ressemblance qu'avait la jeune femme avec son avatar de jeu. Elle, elle n'éprouvait pas le besoin de masquer la réalité. Peut-être parce qu'elle était morte et que ses préoccupations avaient changés.
Un autre texte s'afficha « décédée dans l'explosion de son habitation ». Auguste sentit son estomac se nouer. Personne ne venait jamais ici. La poussière accumulée, le lui prouver. Etait-il possible que sa soeur...
Il fallait qu'il sache. La vérité devait être connue.
Se redressant, il commença à activer les hologrammes d'accueil de toutes les urnes qui jouxtaient celle de son ami. A chaque fois, son espoir était de tomber sur une personne inconnue. Malheureusement, on ne peut pas toujours gagner.
Il trouva cependant ce qu'il cherchait : l'urne d'une enfant. Une enfant morte dans l'explosion de son habitation. Alors sans un bruit, il tourna les talons et rentra chez lui.
Sur le chemin, il tapa un message destiné à Norma. Au début, il écrit ce qu'il avait appris. Mais au dernier moment, il effaça tout. A la place, il nota « Ta soeur va bien, mais elle a déménagé. Elle a beaucoup de travail, mais ce n'est pas grave, elle s'en sort bien. ne t'en fais pas ! ».
Pourquoi ce message ? Longuement, le jeune homme s'interrogea. Peut-être que Norma savait déjà ? Peut-être qu'elle ne voulait pas savoir ? Si elle l'avait voulu, elle aurait cherché elle-même. Son amie avait peur de ce qu'elle allait trouver. Jamais sa parole ne serait mise en doute. Elle voulait juste un moyen de se rassurer.
« Merci, je crois que maintenant, ça va mieux ».
Se furent ses derniers mots. Auguste se demanda s'il l'avait mis en colère et qu'elle ne voulait plus lui parler ou alors si débarrassée de sa culpabilité, elle s'était évanouie. Honnêtement, il penchait pour la seconde solution.
Sa vie reprit son cours, sans Norma. Tout le monde oublié sauf lui.
Il y pensait encore dans le tram ce jour-là, lorsque la fille au livre pointa à nouveau le bout de son nez. Mais pourquoi donc lisait-elle des livres en papier ?
Il fallait qu'il sache.
-Pourquoi lire un livre ? demanda-t-il.
-Parce que lui se tait et me laisse tranquille.
Elle lui sourit. Elle lui rappelait quelqu'un alors même qu'elle ne lui ressemblait pas.
-Auguste.
-Mélania.
Alors il se surprit à sourire, sincèrement heureux de cette nouvelle.
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