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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

Ils traversèrent le décor, passant au travers avec une facilité déconcertante, pour arriver dans un étrange lieu. Une pièce s'étendant à perte de vue, des 0 et des 1 blanc défilant dans tous les sens. Eux même marchaient sur les chiffres.

-Où sommes-nous ?

-Là, où tout se crée ! Là où tout commence !

La jeune femme agita la main. Aussitôt, les chiffes s'organisèrent pour prendre la forme d'une porte. D'abord irréelle, elle devint rapidement une véritable porte constituée de bois clair avec une longue poignée en métal noir.

-Comment tu fais ça ?

-C'est facile avec l'habitude.

Mélania s'avança et posa la main sur la tige métallique.

-Est-ce que tu le veux vraiment ? Derrière cette porte, se trouve mon univers. Je n'y ai jamais amené personne, mais pour toi, je suis prête à le faire.

-Je ne veux pas t'obliger.

Elle se tourna vers lui et plongea ses yeux dans les siens.

-Je veux que tu comprennes qui je suis.

Elle lui tendit la main, et il y glissa la sienne. Ensemble, ils poussèrent la porte et s'avancèrent dans le monde de Mélania.

Auguste s'était attendu à un monde fantastique qu'il soit à base d'eau, de sable, de métal, de neige ou bien de diamant, mais il n'en était rien. Ils venaient d'entrer dans un appartement et pas des plus grands qui soient. Tout paraissait si simple que le jeune homme en vint à se demandait s'il ne venait pas de rejoindre la réalité et d'être transporté dans le logement de son amie. Ce qui était bien entendu impossible.

Elle lui fit signe de visiter. Il entra dans la première pièce : un salon, avec une petite table, un holoprojecteur, des meubles noirs et blancs qui faisaient leur effet en restant a un prix très abordable. Tout était propre et rangé. Sur une étagère trôné une collection de mémoire interne.

En continuant, on atteignait une chambre, dans laquelle il n'osa pas rentrer, préférant regagner le couloir. Il visita ainsi, la cuisine, la salle de bain et se retrouva face à une dernière porte. Celle-ci était close.

Ne sachant pas trop que faire, il approcha la main pour l'ouvrir, mais avant qu'il est pu faire le moindre geste, elle pivota. Une enfant en sortie. Auguste se rendit compte de sa ressemblance avec Mélania.

-Bonjour, lui dit-elle en souriant.

Ensuite, elle alla se placer derrière la jeune fille.

-Grande soeur, j'ai finis tous mes devoirs.

-C'est bien, tu peux aller jouer maintenant.

L'enfant disparu dans le salon sous le regard interrogateur du jeune homme. Il lança un regard plein de question à Mélania, qui baissa la tête.

-C'est ça mon univers, parce que c'est ce qui me manque le plus.

-Comment ça ?

-Allons nous asseoir.

Elle se dirigea vers la cuisine et il la suivit. Une fois assit, elle lui servit du thé et des gâteaux. Rien n'était réel, mais il pouvait quand même en manger. Seulement ses émetteurs commençaient à dater et le goût ne serait sûrement pas au rendez-vous.

-Surprenant, n'est-ce pas ?

-Un peu, mais...

Il ne savait pas quoi dire. Il ne comprenait pas la finalité de tout cela. Pour rendre son espace personnel de virtualité, semblable à la réalité. Le net était fait pour s'évader. Pourtant, malgré ses pensées, il restait sans rien dire de peur de blesser son amie.

-Tu me connais assez pour me dire ce que tu en penses.

Était-ce vrai ? La connaissait-il ? Elle était sa confidente virtuelle, mais que savait-il vraiment sur elle ?

-Je ne vois pas trop l'intérêt de faire une copie virtuelle de la réalité...

-C'est vrai. Il n'y en a pas pour quelqu'un comme toi. Pour moi, c'est plus compliquer... Je suis...

Elle s'interrompit ne sachant visiblement pas par où commencer. Auguste ne dit rien, fixant son visage. Était-ce le vrai ou un avatar crée de toute part ?

-Avant, j'étais un pirate du net. Je faisais de la récupération de donnée. De grosses boites en générale, pour d'autres grosses boites. C'était dangereux, et je le savais, mais qu'aurais-je pu faire sans diplôme et sans autres talents que celui-ci.

Le jeune homme ne dit rien, attendant la suite.

-Je n'étais pas seule et c'était pour moi, un moyen d'assurer un avenir à ma soeur.

Instinctivement, son regard se tourna vers le salon, elle ne pouvait pas la voir, mais le simple fait de savoir qu'elle était là, paraissait la rassurer.

-Il me fallait réunir le plus possible pour le mettre sur un compte pour ses études.

-Et maintenant ?

-Maintenant, je suis là.

La jeune femme fit un geste pour montrer ce qui l'entourait.

-Un mauvais coup du sort.

-Que veux-tu dire ?

-Auguste, si je ne peux pas te rencontrer dans la réalité, c'est parce que je suis coincée ici. Je n'ai pas grand choix. Je ne peux pas quitter le monde virtuel.

Il la dévisagea, semblant assimiler peu à peu les informations.

-Mais comment est-ce possible ?

-Lorsque tu entres sur le net, tu télécharges ton esprit dans une machine. Ton corps est vide et comme mort.

Le jeune homme hocha la tête attendant la suite.

-Imagines que tu n'es plus de corps pour effectuer ton retour, que faire ?

-Mais si on débranche quelqu'un, son esprit est réintroduit dans son corps grâce au processus de secours ! Sinon de nombreux parents auraient tué leurs enfants.

Ils étaient courant chez les parents de débrancher l'alimentation du casque de leurs enfants pour qu'ils passent moins de temps sur le net. Auguste en avait plus d'une fois, fait les frais.

-Je te parle pas de débrancher la personne. C'est plus complexe. Tu veux revenir pourtant cela t'es impossible, et ce, pour la seule et unique raison que tu n'as plus de corps. Ton corps est mort, et ton esprit reste à vivre dans les méandres de la toile.

Abasourdi, il se taisait parce qu'il n'y avait rien à dire.

-Un fantôme du net, murmura-t-il.

-Exactement. Je suis un fantôme du net. C'est pour ça que j'ai tout recréer autour de moi. Pour me sentir moins seule.

Elle ferma les yeux.

-Ma soeur, je ne sais pas ce qu'elle est devenue.

-Pourquoi ne pas aller faire une recherche...

-Ce n'est pas comme ça que je voudrais procéder. Je voudrais juste qu'on me dise comment elle va et si ses choix la rendent heureuse. Je m'en voudrais tant de lui avoir gâché sa vie...

Son visage s'assombrit. Elle portait tant de tristesse en elle. Il aurait voulu faire quelque chose pour elle, lui dire que sa soeur allait bien, qu'elle avait un super travail, plein d'amis, un mari et des enfants, mais il n'en savait rien. Néanmoins, ces mots franchirent ses lèvres.

-Je vais chercher ! Si tu veux, je vais la chercher.

-Tu ferais ça pour moi ?!

Mélania paraissait sincèrement surprise.

-Bien sûr, on est ami, non ? Et puis, être dans ta situation, ça ne doit pas être très enviable.

Elle secoua la tête.

-Ça ne l'est pas. Dire que certains recherchent ça.

-Ça quoi ?

-L'immortalité.

-A quoi ça sert d'être immortel, si c'est pour être coincé ici ?!

-Les gens sont bizarres.

Il y eut un silence et les deux amis, se regardèrent.

-Merci de m'aider, murmura-t-elle.

-Ce n'est rien. Je te promets pas des résultats immédiatement par contre...

-Depuis le temps que j'attends, j'attendrais encore un peu.

La jeune femme se leva et alla contemplait le double virtuel de sa sœur. Auguste la suivit.

-Je n'ai jamais réussis à lui donner la véritable personnalité de ma sœur... Je ne pense pas que se soit réellement possible. De même, elle n'évolue pas et tourne en rond dans un monde figé. Je ne sais pas comment la faire évoluer parce que je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Je n'ai pas vraiment besoin de la voir, juste de savoir qu'elle va bien.

Le jeune homme posa une main sur son épaule dans un geste qui se voulait réconfortant. Elle se tourna vers lui, des larmes avaient coulé sur ses joues. Même dans ce monde virtuel, sa tristesse était véritable.

Il prit sa main dans la sienne. Le jeune homme aurait voulu faire beaucoup plus, mais il ne savait pas véritablement comment réagir face à un être peut-être plus âgé que sa mère et qui apparaissait en même temps, si jeune. Il n'était pas de taille à affronter ça pour le moment. C'était trop dur. Plus tard peut-être, mais là...

Cela ajouterait encore de la complexité à sa vie. Alors il ne fit rien quitte à le regretter plus tard. De toute façon, il serait encore temps de revenir et de lui dire. L'instant propice s'était éteint à jamais lorsqu'elle lui avait dit « rentre chez toi, il est tard ». Il savait qu'elle avait raison pourtant il aurait voulu figer le moment dans l'éternité.

Laissant la nuit se faire une place dans son esprit, il se déconnecta.


Texte publié par Nascana, 24 novembre 2019 à 15h42
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