Je n'ai pas eu besoin de plus. Un seul regard et j'ai su. Cela peut paraître complètement stupide, de se dire qu'on a aimé quelqu'un au premier regard. Moi-même, je n'y aurais pas cru. Seulement, j'ai eu l'impression qu'un lien existait entre nous. C'était comme si je savais que je pouvais lui faire confiance.
J'étais dans le jardin, assise à réfléchir, les yeux perdus dans la contemplation de la fontaine. Je profitais du calme du moment, pour poser à plat toutes mes réflexions. Ce lieu qui était ma résidence depuis l'enfance, se révélait pesant et plus aussi agréable qu'a son habitude. J'aspirais à le quitter, à voyager. Malheureusement, on m'avait bien fait comprendre que ce n'était pas à l'ordre du jour, mes compétences étant trop précieuses.
J'étais seule, lorsqu'un bruit de pas a résonné derrière moi. J'aurais pu tout bonnement l'ignorer, rester plonger dans mon monde intérieur jusqu'à ce que l'importun se décide à s'en retourner d'où il venait. J'avais spécifié que je ne voulais parler à personne et tout le monde savait que je pouvais me montrer borner à l'extrême.
Pourtant, la personne restait postée là, les bras ballants. Énervée, je me retournais pour lui déclamer d'une voix hargneuse le fond de ma pensée.
Je fus interrompue dans mon élan en le voyant et manquais de m'étouffer avec mes mots. Devant moi, se tenait un jeune homme dont l'air embarrassé transpirait par ses gestes maladroits. Sans doute, ne s'était-il pas attendu à trouver une furie dans ce jardin.
Je le regardais sans un mot ne sachant quoi dire. Il avait des cheveux blonds, si clairs qu'il paraissait presque blanc, de même son teint se révélait d'une pâleur laiteuse. Malgré le soin qu'il avait pris à se coiffer, une mèche se distinguait en retombant sur son front. Comme si elle voulait contrebalancer l'aspect soigné du jeune homme, par sa seule présence. Ses yeux bleus gris quant à eux, se cachaient derrière des lunettes rectangulaires à fine monture argentée.
Rasé de près, il avait revêtu sa tenue réglementaire qui le faisait paraître plus sévère qu'il ne devait l'être.
-Bonjour, fit-il par murmurer. Je me suis perdu et... Je ne m'attendais pas à trouver...
Prenant les devant, je lui coupais la parole.
-Je sais, ce n'est pas commun. Mais si je suis là, c'est pour une bonne raison.
-Désolé, je ne voulais pas vous insulter.
Je haussais les épaules. J'aurais voulu être aimable, mais je ruminais encore mes sombres pensées. De plus, c'était comme si je savais qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur.
-Ce n'est rien. J'ai grandie ici donc dites-moi ou vous voulez aller et je vous y emmènerais.
Il me fit un discret signe de la tête pour me remercier.
-Je ne me suis pas présenté, je manque à tous mes devoirs. Je suis le père Aurélio.
-Et moi, Chiara.
Alors que nous échangions un regard, j'ai su que notre amour ne ressemblerait à aucun autre. Il serait bien plus intense et bien plus tragique.
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