Il se sentit brusquement fatigué mais quoi de plus normal après avoir affronté, même brièvement, un Fils de la Foudre. Son magister primigenius ne l’avait jamais combattu en se tenant au Brasier. C’était la première fois. Et il était clair qu’il avait joué avec lui pour jauger son évolution et estimer son niveau actuel. Le Fils des Cendres avait envie de faire une grosse sieste. Décidément, se battre cinq minutes contre Princeton n’avait rien d’une sinécure. L’adrénaline et la surprise l’avaient tenu alerte jusque-là mais maintenant qu’il était parti… la fatigue causée par l’effort et la douleur le rattrapait. Malgré son bandage de guérison accélérée, de légers élancements remontaient de ses brûlures au bras.
La sonnerie retentit et un carrée de lumière apparut en même temps que son neshir lui murmura l’identité du visiteur. Son neshir ouvrit la porte car il le voulut mais les lumières baissèrent, créant une ambiance tamisée. Il maugréa en se demandant pourquoi cet abruti de Wazushendi faisait cela alors qu’il savait pertinemment que les choses avaient changé.
La porte coulissa et Tessa entra dans le salon de sa gracieuse démarche. Elle était vêtue d’une robe drapée à rayure verticale noire et blanche, portant par-dessus un élégant manteau croisé blanc et chaussant des talons compensés gris. Un coquet sac à main noir pendait à son épaule. Ses cheveux bruns étaient tressés en partie, les tresses rassemblées formaient le symbole soloménique des Harlec, le reste de sa chevelure encadrait son visage et cascadait sur ses épaules. Un beau foulard gris foncé brodé de fils d’argent ornait son cou et des boucles d’oreille en argent incrustées de jade pendaient à ses oreilles. Elle le détailla de son regard calculateur avec son flegme habituel. Son regard s’attarda sur son bandage puis revint sur son visage.
— Que la Terre te soie sauve, Evan, dit-elle de sa voix douce au ton un peu formel.
— Que les cendres de l’Immortel te protègent, Tessa, répondit Evan en refermant la porte de la baie vitrée derrière lui puis se rapprochant : Que me vaut l’honneur de ta visite dans le vieux hangar qu’est ma demeure ?
La jeune fille parut hésitante en se mordant la lèvre inférieure teintée de rouge puis le prévint :
— Je ne fais que passer…
— Je l’avais remarqué, coupa-t-il avec un sourire amusé. Je suppose que ce n’est pas pour mon plaisir que tu t’es faite aussi belle.
Il n’y avait aucune ironie dans sa voix. C’était une évidence. Et aussi le fait qu’elle était en beauté. Il constata déçu par lui-même qu’il était encore sensible à ses charmes. Un peu trop sensible à son goût.
— Demain soir, j’accepterai l’anneau de bois de Lucas, lui dit-elle en guettant sa réaction.
Evan baissa les yeux vers le pouce droit de la jeune fille pris d’une soudaine tristesse qu’il ne s’expliqua pas. Elle ne lui était plus promise pourtant. Il hocha la tête avant de faire demi-tour sans rien dire.
Quand il posa sa main sur la poignée de la porte de la baie vitrée, elle lui demanda :
— Tu ne vas rien dire ?
— Il n’y a rien à dire. Je te souhaite bien le bonheur. Sincèrement. J’ai une toile à finir.
Evan constata que la toile était renversée sur le sol. Lui ou Princeton l’avait heurté alors qu’ils croisaient le fer plus tôt. Il était bien possible qu’il dût la reprendre.
— Je ne suis pas venu uniquement pour te dire cela, Evan.
Il inspira, la mâchoire serrée et se retourna lentement en braquant sur elle son regard. Il attendit sans mot dire qu’elle continue.
— Je suis aussi venu te demander…
Elle continua ensuite d’une traite comme si elle craignait d’être interrompu.
— De faire profil bas dorénavant vis-à-vis de Lucas. Je n’ai pas envie de te voir encore souffr…
— Dis-moi que j’ai mal entendu… La coupa Evan la voix vibrante de colère. Tu es devenu son larbin ? Il t’envoie vers moi pour m’intimider ? Tu es quoi ? Sa secrétaire ? Un trophée qu’il exhibe ?
Tessa sans se départir de son calme, fit un pas vers lui en levant ses deux mains en signe d’apaisement, sans une once d’inquiétude, ni de colère dans ses yeux bleu-gris qui semblaient luire dans la pénombre du grand salon.
— Non, pas du tout, pas du tout, Evan. Ce n’est pas lui qui m’a demandé de venir. Je suis venu parce que…
— Parce que ? Répéta Evan agacé.
— Parce que…
Elle hésita et détourna les yeux avant de les fixer de nouveau sur lui.
— Parce que je tiens toujours à toi… malgré tout... Et je ne veux pas qu’il te fasse plus de mal qu’il t’en a déjà fait.
— Tu dis cela après m’avoir traité comme un fou-à-lier, après m’avoir ignoré pendant trois semaines…
— Je ne savais pas à ce moment… mais tu voulais que...
— Je sais, répondit-il d’un ton plus doux. Désolé. Après tout, c’est moi qui te l’ai demandé… De me laisser tranquille…
Ils restèrent silencieux, se regardant l’un et l’autre comme ne sachant que dire ni que faire.
— Tu vas beaucoup mieux, visiblement.
Evan glissa ses doigts tâchés de peinture sur sa crinière noire, en lâchant un grognement agacé, le visage levé vers le plafond.
— Qu’est-ce que tu veux, Tessa ? j’ai reçu son message ou le tien et je n’en ai cure. Tu sais que je n’en ai jamais rien eu à cirer. C’est bon, tu peux t’en aller.
Elle eut un froncement de sourcil à peine perceptible.
— J’essaye de te montrer que je ne suis pas ton ennemie même si j’ai pu te donner cette impression.
Evan la dévisagea en penchant légèrement la tête sur le côté avant de lui faire remarquer :
— Ton copain m’a spolié de mon titulus et tu te tiens fièrement à ses côtés, au côté de ce serpent et tu essayes de me convaincre que…
— Ne parle pas comme si j’étais la méchante ! Lui cria-t-elle brusquement, son masque d’indifférence se brisant en morceau, les yeux brillants de tristesse. C’est toi qui m’as rejeté alors que je me suis toujours tenu à tes côtés !
— Alors pour te venger, tu choisis l’être que j’abhorre le plus sur cette planète ? rétorqua le Fils des Cendres avec un air incrédule.
Elle secoua la tête, offensée, en le fusillant de son regard clair.
— Tu ne tournes pas toujours autour de toi, Evan… Et comment peux-tu penser cela… Toi parmi tous! Alors que je t’ai toujours soutenu ! Tu m’as récompensé en me méprisant et en me repoussant !
— Je ne t’ai jamais méprisé, Tessa, reprit-il d’une voix douce et calme qui trancha avec le ton qu’il avait pris quelques secondes plus tôt. Jamais. Je te connais simplement trop bien. Je sais ce que tu peux faire et ce que tu ne peux pas…
— C’est-à-dire ? Demanda-t-elle en croisant les bras et le défiant de son regard tristes et furieux.
— Tu seras toujours fidèle à ta famille quoi qu’il advienne.
— En quoi est-ce…
Soudain, elle se tut et porta une main à son front avant de dire avec un sourire désabusé :
— Tu fais référence à ce mystérieux mal qui te ronge depuis quelque temps ?
Voyant le regard hésitant d’Evan, elle s’empressa d’ajouter :
— Charlaine ne m’a rien dit. J’ai compris toute seule que c’était tout sauf une Perte d’Étincelle commune. Elle t’est loyal jusqu’au bout même si cela signifie de me cacher des choses. J’ai fait le lien toute seule, Evan. Et visiblement tu as trouvé un moyen avec Charlaine de te guérir, ou plutôt d’atténuer les symptômes étant donné que depuis ton absence après le brunch chez Jeff, tu as recouvré toutes tes capacités et même plus je dirais…
Evan ne répondit pas. Il ne démentit pas. C’était inutile, Elle n’était pas dupe.
— Et tu as pensé que je t’abandonnerai parce que tu n’aurais plus l’avenir glorieux que tu aurais dû avoir, n’est-ce pas ?
Elle paraissait profondément blessée et le parut encore plus lorsque Evan ne démentit pas. Toujours silencieux, il se contentait de la regarder avec une moue maussade.
— Qu’est-ce je te déteste ! maugréa-t-elle, et elle continua, presque dans un murmure. Je te déteste tellement pour ne pas avoir eu confiance en moi.
— Tessa, dit Evan. Aurais-tu réellement accepté et supporté que ton père te regarde comme un échec alors que tu as toujours été une grande fierté pour lui ? Épouser un impotent sans avenir ? Aurais-tu vraiment pu supporter, accepter ce fardeau ? Quel pouvoir aurais-tu obtenu au travers de moi pour l’essor des Harlec ? Quel statut ? Quelle richesse aurais-je apporté ? Aucune, juste du déshonneur et le mépris des autres Familles Anciennes. Se marier avec un bout de ferraille incapable. Tu aurais été la honte de ta famille, tu aurais été méprisé par ton père et ta mère et par tout le Sang de Harlec. Tu en aurais conçu une profonde amertume et tu aurais sûrement fini par me détester…
La jeune fille le regarda avec un regard absent, assimilant tout ce qu’il venait de lui dire. Prenant probablement la mesure du portrait qu’il venait de lui dépeindre. Elle braqua ensuite son regard sur lui et dit avec colère :
— Ne va pas me faire croire que ton acte était motivé par le courage… Tu n’es qu’un lâche. Tu avais peur que je te repousse la première, alors tu as préféré le faire avant.
— C’est vrai, concéda Evan en hochant légèrement la tête, les lèvres plissées. Et vas-tu me blâmer pour cela ? Déjà que prendre cette décision a été comme m’arracher le cœur de la poitrine parce que je t’aime… je t’aimais. Si j’avais été plein de confiance et d’espoir et que tu m’avais rejeté, ce que tu aurais fait finalement. J’aurais été complètement anéanti. Alors vis ta vie, Tessa. Sois heureuse. Je regrette juste que…
Il eut un sourire sans joie.
— Je regrette juste que tu ais choisi un pareil… abruti, mais cela ne me concerne plus, même si le voir me fait souffrir. Pas simplement parce que mes sentiments pour toi n’ont pas complètement disparu, mais aussi parce que mon âme pleure à l’avance à la pensée des souffrances qu’il t’infligera. Parce qu’il le fera, tôt ou tard, car c’est dans sa nature.
Tessa secoua la tête, l’air écœurée avant de se détourner de lui. Elle fit quelques pas vers la porte. Evan crut qu’elle allait s’en aller mais elle lui refit face, l’air affligé, les doigts crispés sur ses lèvres plissés de déception :
— Tu es tellement convaincu de tout savoir, Evan… Tu dis que tu connais les gens, mais moi aussi je te connais. Et…
La jeune fille se rapprocha lentement de lui et lui prit tendrement la tête entre ses mains en plongeant son regard dans le sien.
— Tessa, qu’est-ce que tu…
— Je te connais bien, Evan, le coupa-t-elle. Je te connais mieux que toi-même. Et je sais que quel que soit la chose, la maladie ou l’épreuve que tu traverses, tu es capable de la surmonter. Rien ne pourra jamais avoir raison de toi.
— Et pourquoi cela ? Demanda-t-il d’un regard sombre et dubitatif. Qu’est-ce que tu vois en moi, Tessa ? Dis-moi.
— Je vois ce que tu es réellement. Tu es pur, Evan.
— Hein ? crossa-t-il, pris de cours.
Elle esquissa un sourire, allant même jusqu’à pouffer sans cesser de lui caresser doucement la joue.
— Je ne veux pas dire pur dans le sens que tu viens de comprendre. Je veux dire qu’en toi, je vois une force pure, un pouvoir pur et sans mélange qui te rendra capable de faire des choses qui dépasse l’imagination des hommes. Dès le premier jour où je t’ai vu revenir dans la cour du Manoir du Maître des Soupirs après la Cérémonie de l’Association. Je l’ai vu en toi. La plupart était inquiet, défiant à cause du fait que tu avais dompté Wazushendi mais moi, j’étais fasciné. Ce qui à leurs yeux était une ignoble malédiction, moi j’y ai vu un pouvoir sans égal. Et ça, je ne l’ai vu qu’en toi. Et c’est pour cela que j’aurai été à tes côtes jusqu’au bout, Evan.
— Parce que tu es convaincu que je suis indestructible.
— Oui, parce que j’ai cette confiance absolue en la force que je vois en toi.
Soudain, elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur ses lèvres. Evan ne bougea pas. Il ne recula pas, pas plus qu’il ne lui rendit son baiser même s’il en mourrait d’envie et que son cœur battait à la chamade. Elle ouvrit les yeux, posant ses prunelles gris-bleu sur lui et un morne sourire apparu sur ses lèvres.
— Pourquoi as-tu fait ça, Tessa, demanda Evan qui ressentait un malaise profond et une tristesse sans borne. Tu viens de me dire que demain tu accepteras son anneau de bois. C’est malsain… Pourquoi…
Elle le lâcha, la mâchoire serrée comme prenant conscience de son acte. Elle fit un pas en arrière, les bras croisés, se recroquevillant sur elle-même comme si elle avait eu brusquement froid ou mal. Elle balbutia, la voix émue alors que ses yeux se baignaient de larmes qui tracèrent des sillons humides et scintillants sur ses joues.
— Je ne sais plus où j’en suis… Evan. Avant je savais. Je savais où j’allais, ce que je voulais. Désormais, je… Ma vie est juste devenue un enfer….
Elle se mit à sangloter. Evan à défaut de trouver quoi faire d’autre, la prit dans ses bras et posa une main apaisante dans son dos alors que ses sanglots redoublaient. Elle pleura pendant de longues minutes au cours desquelles, elle l’enlaça si fort qu’on aurait dit qu’elle craignait de le voir disparaître. Le jeune homme se sentit coupable.
Peut-être avait-elle raison… Peut-être aurait-il dû lui faire confiance…
Evan Azekel Nakayi, tel est mon nom. Je n’en ai pas d’autres.
Oui, trop de chose devait être changé et réparé. Son identité n’était même pas réellement la sienne. Il tenait à récupérer son véritable de nom. D’ici-là, il était inutile qu’il fasse quoique ce fut d’aussi important que de prendre une Katai’A’Shi. Pourquoi n’avait-il pas simplement renoncé à cela trois ans plus tôt, au lieu de prendre la décision stupide de demander sa main au père de la jeune fille ?
Il n’en savait trop rien. Il était en plein dans son ascension. Le monde était littéralement à portée de main. Sa renommée allait en grandissant. Il avait le sentiment que rien ne lui était impossible. Il était ainsi parvenu à se convaincre que cela n’avait plus beaucoup d’importance. Qu’il pouvait demeurer Kupenda jusqu’à la fin de ses jours mais plus les années étaient passé plus le désir que le nom de son père ne disparaisse pas avec lui s’était fait impérieux.
Les Nakayi existaient au travers de lui. Le monde devait le savoir. Il devait cela à leur mémoire quel qu’eussent été les raisons qui les avaient poussés à changer son identité. Quel que pût être le danger qui se cachait derrière cette réalité, il ne comptait pas abandonner. Il respecterait la promesse faite à sa sœur. Il vivrait. Il deviendrait un ignemshir puissant et sa renommée serait associée au nom de Nakayi. Il devait cela à ses parents. Leur souvenir ne pouvait être ainsi oublié. Il devait aussi cela à Sue. Sa jumelle. Issue de la même chair et du même sang que lui.
Quand elle eut pleuré tout son saoul, elle s’écarta de lui en s’essuyant les yeux. Evan prit un des mouchoirs en tissus plié sur son buffet et le lui tendit. Elle le prit en le remerciant. Evan se détesta pour l’avoir fait ainsi souffrir. Il avait été égoïste.
Du début à la fin.
C’est lui qui ne la méritait pas et non pas le contraire. Il s’était laissé aveuglé par ses sentiments et les désirs de Tessa qui lui avait fait promettre de la prendre pour amalia lors de la fête des Ta’arki précédent celle de leur quatorzième anniversaire. Il avait toujours eu le béguin pour elle et il avait oublié qui il était. L’effondrement de son Kar’Cirkaem était venu lui rappeler qu’il était différent à bien des égards d’elle et de tous ceux qui l’entouraient. Il n’était pas comme les autres. Il le savait. C’était son fardeau et tant qu’il n’y aurait pas fait face, il n’avait rien à offrir, à personne. Il l’avait tant aimé et il l’aimait toujours autant mais…
Elle renifla plusieurs fois puis les yeux rougis, le regarda avec douceur. Il la trouva encore plus belle. Elle lui dit :
— Merci... Je regrette que tu n’aies pas cru en moi, Evan Jameson Kupenda. Mais, je te souhaite de trouver la fille qui comblera tes désirs et tes attentes, mieux que je n’ai pu le faire, même si toi, tu les comblais tous. Alors, que la Terre soit sans péril…
Evan lui fit un sourire maussade alors que ses yeux le piquaient et elle lui en rendit un de même nature avant de se détourner et elle s’éloigna vers la porte. Alors que cette dernière s’ouvrait et qu’elle allait passer l’encadrement, Evan, la gorge serrée, le regard fixé sur ses beaux cheveux bruns, lui lança malgré lui :
— Si tu pouvais accepter de…
Elle s’arrêta et se retourna vers lui en le dévisageant.
— Si je pouvais accepter quoi, Evan ?
— Si…
Tu acceptais de m’attendre. Juste le temps que je puisse mettre ma vie en ordre
— Evan ? Répéta-t-elle avec comme une lueur d’espoir dans ses yeux clairs alors que la main qui tenait le mouchoir tremblait légèrement. Si je pouvais accepter quoi ?
Mais je ne pourrais pas te dire combien de temps cela prendra… Ni même te promettre de pouvoir réellement y parvenir mais peut-être que demain j’aurais une solution pour le Kar’Cirkaem mais il me faudra encore comprendre et trouver les assassins de mes parents, comprendre ce que ce fichu projet Odiani est exactement. Et aussi je devrais demander à reprendre mon véritable nom. Si tu pouvais m’attendre jusque-là mais sans garantie que j’y parvienne, je passerai le restant de mes jours à tes côtés…
Une seule réponse était possible.
Il aimait mieux ne pas l’entendre.
Cela lui ferait trop mal.
— Non, rien. Se ravisa Evan. Je suis désolé pour tout. Sois heureuse, Tessa Alana Harlec et que les cendres de l’Immortel te protègent.
La jeune fille, les lèvres tremblantes, sembla lutter intérieurement pour garder le contrôle d’elle-même et ne pas fondre en larmes de nouveau. Elle branla du chef à plusieurs reprises en reniflant puis sans un mot supplémentaire s’en fut dans les escaliers. La porte se referma étouffant le bruit de ses talons dans les escaliers.
Le jeune orphelin sentit des larmes couler sur ses joues alors que son visage se tordait en une expression de profonde souffrance. Il serrait sa mâchoire si fortement qu’elle lui faisait mal. Il avait du mal à déglutir tant sa gorge le serrait. Fébrilement, il s’assit sur son canapé, les yeux toujours fermés déversaient un flot continu de larmes dans la solitude du grand salon. Il renifla, pleurant en silence, la tête penchée en avant, les coudes sur les genoux. Il essuya ses joues, la bouche crispée avant de murmurer :
— Sois sauve et que les cendres te protègent, Tess.
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