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Ignemshir, Tome 1 : L'Étincelle Mourante
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tome 1, Chapitre 58 « Le Fils de la Foudre » tome 1, Chapitre 58

Dans deux mois, Jamal aura dix-huit ans mais d’ici demain, si tout se passait bien, il pourrait siéger légitimement lors des Assemblées des Fils des Nuages et du Tonnerre. Le grand afro-américain s’avança, impatient, dans la grande salle d’entraînement du dixième étage du gratte-ciel central des Thunder Eagles Tower. Il était athlétique, son corps ayant été taillé par cinq années de neshirinshi et quatre de fulrinshi. Il avait les cheveux crépus, coupés courts sur le côté et plus long sur le haut de la tête. Trois éclairs jaunes moirés, teints sur ses cheveux, s’étiraient de la tempe à la nuque.

Ses tuneirs, deux bracelets épais, jaune vif, veinés de bleu et sculpté d’un chef de rapace, entouraient ses poignets. Un rokh. L’oiseau mythique qui accompagnait l’orage. Ils ne le quittaient jamais. Il n’eut qu’à y penser et une brume sombre recouvrit ses deux mains et elle se solidifia en deux gants, des gants fulminants, si fin qu’ils semblaient être une seconde peau du même aspect que les tuneirs.

Depuis qu’il avait subi le Nascentia Fulguris, le phénomène de la foudre verte, il était devenu un fulgator, un authentique Fils de la Foudre, de Fils des Cendres qu’il était. Cela faisait déjà quatre ans. Et comme tous les fulgatori, il avait désormais une force physique supérieure à la moyenne et une grande résistance à la douleur. Et il était capable de faire beaucoup d’autres choses très sympathiques.

— Entraînement-test numéro 201 : survivre à une attaque aérienne de drones. Temps imparti : 5 minutes. Tenez-vous prêt.

Jamal inspira puis expira. Cette fois-ci, le magister primigenius Zurbirgen lui avait dit que ce serait de véritables drones. Il avait intérêt à réussir aussi bien que lors des simulations. Ce test allait lui ouvrir les portes de l’Aigle de Foudre. Il allait enfin réaliser son rêve et ainsi avoir sa place à l’Assemblée.

— Démarrage de l’épreuve, résonna la voix sévère et grave de son magister primigenius au travers des haut-parleurs disséminés dans la pièce. Montre-moi de quoi tu es capable, Jamal.

Jamal s’élança à travers la pièce en s’élevant du Vide jusqu’à l’Aurore sur l’O’rein’Cirkaem, le Cercle du Ciel des fulgators. Ses mouvements étaient rapides sur le sol métallique. Des drones jaillirent des murs et du plafond haut de plus de dix mètres. Des pyramides furtives comme des aigles mais beaucoup plus dangereuses. Jamal serra ses poings et des billes de lumière jaune fluo apparurent autour de ses gants fulminants. Ces particules lumineuses d’Ark pure non différencié étaient appelé arka.

Dès qu’il atteignit le centre, il pivota sur lui-même sans s’arrêter. Les mains levées, il relâcha deux gros éclairs dorés qui crépitèrent sauvagement et frappèrent deux drones qui s’écrasèrent en explosant l’un contre l’un des murs et l’autre sur le sol. Jamal atterrit sur le dos, soufflé par la deuxième explosion et se releva immédiatement après une roulade arrière avant de se remettre en mouvement. Il changea brusquement de trajectoire augmentant sa vitesse après une manipulation très complexe des arkas qui recouvrirent entièrement son corps et à l’endroit où il s’était trouvé quelques secondes plus tôt, un missile s’écrasa et le souffle de l’explosion manqua de le projeter à terre.

Il serra son poing gauche l’entourant de sa main droite après une roulade avant et des éclairs pourpres jaillirent violemment de la paume de ses mains. Il balaya le plafond d’un geste ample de la main.

Plusieurs drones explosèrent en entrant en contact avec la traînée d’éclairs qui persistait dans les airs comme un coup de pinceau rouge électrique sur une toile invisible.

Il fut projeté à nouveau sur le sol par les déflagrations en cascade, fit des roulé-boulé et se remit sur ses pieds, accroupi, vif comme une panthère, au milieu de la fumée et des débris. Sans perdre une seconde, afin de ne pas donner aux drones la possibilité de le cibler plus facilement qu’ils le pouvaient déjà, il se remit à courir, accélérant de nouveau sa vitesse grâce aux arkas, rapide comme le vent et frappa deux autres drones de deux gros éclairs purpurins et ils explosèrent. Il vit un peu tard, au milieu de la fumée, le missile qui se dirigeait sur lui. Il le frappa d’un éclair doré et l’explosion l’envoya planer à plusieurs dizaines de mètres plus loin.

Il se redressa, les oreilles sifflantes. Il avait failli se faire brûler par le souffle, mais s’était protégé à l’aide d’une barrière d’éclair doré maintenue ensemble grâce aux arkas, le Chrysomellor.

Il se releva, désorienté. Il aurait dû réfléchir un peu plus. Il était trop pressé. L’odeur de brûler était insupportable et la fumée lui piquait les yeux. Il fallait à tout prix qu’il réussisse. Il ne devait pas rester plus de cinq drones qui probablement le tenaient déjà en joue. Et son Chrysomellor ne tiendrait pas fasse à cinq missiles.

Il entendit un missile siffler. Il claqua des deux mains et une sphère chatoyante pulsant d’électricité apparut. Il la lança en l’air avant de se jeter sur le côté en faisant une roulade avant, pour éviter l’explosion du missile au moment où il toucha la sphère. Cette fois-ci, cette dernière fut assourdissante. Il se releva et se remit à courir à moitié sourd, les yeux irrités.

Pourquoi Arthur avait-il refusé de lui filer des lunettes de protection ? A croire qu’il ne voulait pas qu’il réussisse le test… Et la téléportation n’était pas autorisée… Il n’y arriverait pas s’il continuait comme cela. Il fallait en finir une fois pour toute. Il caressa du bout des doigts ses bracelets, les tuneirs. Des arkas apparurent. Il en saisit autant qu’il put dans sa main, serra le poing et l’entoura de son autre main. Il sentit une chaleur grandir au creux de sa paume. Les arkas fusionnaient les uns avec les autres augmentant la puissance contenue d’une manière exponentielle.

Soudain, la voix de son magister primigenius résonna dans la salle :

— C’est un ordre, Jamal. Arrête-toi tout de suite ! Tu ne le maîtrises pas encore !

Il ne tint pas compte des paroles du magister et pivota sur lui-même. Il savait qu’il allait échouer sinon.

— Parfois, dans la vie, il faut savoir courir des risques ! cria-t-il.

Quatre autres missiles fonçaient déjà sur lui. Il leva ses bras au-dessus de sa tête. C’était maintenant ou jamais ! Une multitude d’arkas immaculés apparurent autour de son poing levé laissant filtrer des faisceaux de lumière d’un blanc éclatant. Les arkas se mirent à tourbillonner à toute vitesse autour de son poing, contrôlé par son autre main ouverte quand soudain, il ouvrit sa paume. Un tourbillon de lumière suivit d’un grondement de tonnerre de fin du monde secoua toute la pièce au milieu des explosions successives des missiles et des derniers drones. Des débris calcinés volèrent dans toutes les directions dans la lumière aveuglante.

Quand le silence fut revenu, Jamal se rendit compte qu’il était allongé sur le sol. Son bras le faisait terriblement souffrir, mais moins que la dernière fois qu’il s’était servi d’Albatuneir. Comme quoi, il s’améliorait. Lentement mais sûrement. Il vérifia quand même qu’il avait toujours tous ses doigts. Cinq. Oui, le compte y était. On ne savait jamais avec ce momentum. Il se redressa difficilement. La pièce était enfumée. Il toussa et les débris métalliques qui le recouvraient se répandirent sur le sol. Il avait plusieurs lacérations sur le visage et des coupures au niveau du cou. Sa tenue d’entraînement était carbonisée révélant le tee-shirt en ÉcailleDragon qu’il portait en dessous. Il avait plusieurs brûlures en forme d’éclair le long de ses bras, mais il savait que d’ici une demi-journée, sa peau serait complètement guérie et avec les pansements de guérison accélérée, six heures tout au plus. Le système d’aération se mit en marche et l’air saturé de fumée fut progressivement remplacé par un air frais et respirable. Il était temps. À croire que le gars qui avait paramétré le système voulait qu’il meure étouffé…

Jamal inspira profondément. L’air pur était délicieux. La porte s’ouvrit et son magister primigenius entra. Le quarantenaire aux cheveux blonds coupés courts avait le visage constellé de tache de rousseur et des sourcils broussailleux. Il arborait une moustache étroite qui allait de pair avec son air sévère et son nez droit. Il était de taille moyenne. Jamal avait une tête de plus que lui.

Il avait l’air passablement irrité :

— Jamal Jackson Thunderwalker ! rugit-il de sa voix de stentor. Combien de fois devrais-je te le dire ? tu dois obéir aux ordres et rien de plus, tu n’étais pas autorisé à te servir d’Albatuneir et tu as désobéis. Dans un véritable conflit si tu te retrouves sonné et étendu sur le sol, le ciel sera la dernière chose que tu verras. Même si tu es parvenu à détruire tous les drones, je considérerai cette épreuve comme un échec. Tu aurais pu y perdre ton bras, abruti ! Une telle concentration d’énergie sans le contrôle adéquat est inadmissible. Tu n’as pas tenu compte de mon injonction. Tu n’es qu’un âne jouant avec de la dynamite. C’est à se demander si tu as un cerveau entre tes deux oreilles !

— L’essentiel est que j’ai réussi, répondit-il avec un large sourire.

— Et en plus tu es sourd ! L’insubordination, Jamal. Tu as échoué !

— Quoi ? S’étrangla le Fils de la Foudre.

— Et de ce fait, tu n’es donc pas habilité à faire partie de la centurie de réserve de l’Aigle de Foudre.

— Mais, magister Zurbirgen, je vous en prie…

— Il n’y a pas de mais, un élément incontrôlable tel que toi n’a rien à faire dans la prestigieuse centurie de l’Aurarque, ton père en sera informé.

— Arthur !

Jamal regretta les mots qu’il venait de prononcer. Son magister primigenius était très à cheval sur le protocole et n’avait jamais supporté même si cela faisait plus de neuf ans qu’il était son magister, la moindre familiarité. Un vrai rabat-joie. Enfin c’était l’avis de Jamal.

Il le vit à peine saisir son neshir et l’alamer dans une fumée noire et blanche. Le mouvement était proche de la perfection et exécuté avec la rapidité et la fluidité que quelques noguemis seulement possédaient. Il eut juste le temps d’apercevoir la lame noire nervurée de blanc glisser dans l’encoche d’une dyne bleue, un bâtonnet métallique aux extrémités fluorescentes, chargé d’Ark et pourvu d’une fente sur toute la longueur, servant de complément offensif ou défensif au neshir.

Le plat de sa lame le frappa sur le torse et une petite explosion le souleva de terre. Jamal fut projeté sur le mur à plus de six mètres de son magister et trois mètres du sol. Il le percuta violemment et retomba rudement sur ses genoux, le visage tordu par la douleur, le souffle coupé.

Il y était allé fort en le frappant avec son neshir chargé d’une dyne.

Jamal serra les poings tandis que la colère l’envahissait. Il ignora la douleur de son bras droit et se releva.

Arthur Zurbirgen l’observait toujours avec sévérité et ses yeux froids et intimidants le défiaient :

— Un problème Jamal ? La leçon que je viens de te donner ne te suffit pas ?

Jamal esquissa un sourire carnassier avant de répondre :

— Tu sais très bien que je n’en ai jamais assez, Arthur.

Son magister-primigenius se renfrogna. Jamal se redressa brusquement et se rua sur lui. Il sera ses poings autour desquels apparurent la brume noire qui se solidifia. Des arkas purpurins apparurent et il déchargea une pluie d’éclair sur son magister, mais ce dernier l’ayant anticipé fit une roulade sur le côté. Il se redressa en chargeant son neshir d’une dyne avant de fondre sur lui et de le frapper avec le tranchant de son neshir. Jamal le vit surgir près de lui, serra son poing et bloqua la lame de son magister avec sa paume illuminée d’éclairs. Lorsque les éclairs entrèrent en contact avec la lame de son magister, il y eut une explosion.

Jamal glissa en arrière et son magister fut repoussé. Le fulgator pivota sur lui-même en même temps que son magister et ce dernier bloqua son poing gauche baigné d’éclairs pourpres avec le plat de sa lame. Son magister dévia son poing et lui donna un coup à l’estomac avec le pommeau de son neshir Impérial qui lui coupa le souffle. Jamal reconnut trop tard le 2ème momentum du 3ème aïsma du Sao-Shirkairon, Le Coupe-vent. Il sentit sa poigne sur ses épaules et sans qu’il ne sache comment ses jambes décolèrent du sol et son dos heurta violemment le sol en même temps que le fil de la lame de son magister pressa son cou.

— C’est terminé Jamal.

— N’en soyez pas si sûr.

Il ouvrit brusquement sa main droite et une lumière brillante comme celle du soleil à son zénith illumina toute la pièce. La fraction de seconde d’inattention suffit à Jamal pour se sortir de la situation défavorable dans laquelle il était, en forçant son magister à s’écarter d’une roulade sur le côté, évitant ainsi le poing chargé d’éclair qu’il lui donnait.

Ils se redressèrent comme un seul homme. Arthur avait toujours les yeux fermés. Pendant ces quelques secondes d’éblouissement, Jamal attaqua sans relâche son magister-primigenius qui, bien qu’ayant les yeux fermés, parvint à bloquer et dévier ses poings chargés d’électricité avec le plat de sa lame. Il serra les poings, deux fois de suite. Arthur le vit venir en ouvrant enfin les yeux et chargea sa lame d’une dyne rouge. Jamal ouvrit la paume de sa main droite et une vague de lumière jaillit et au moment où elle allait submerger le magister, cette dernière toucha sa lame et une violente déflagration les engloutit tous les deux et les murs de la grande salle tremblèrent violemment. Une trentaine de secondes plus tard, dans un calme qui lui parut assourdissant, Jamal s’aperçut qu’il était de nouveau allongé sur le sol. Le parterre de cette salle l’aimait bien visiblement. Ou l’inverse, allez savoir…

Sa vue légèrement trouble, il cligna des paupières en secouant la tête et vit une ombre apparaître dans son champ de vision. Sa vue se fit plus nette et il vit son magister qui le regardait toujours avec cet air sévère et le front plissé en une expression qu’il trouva assez méprisante, la pointe de son neshir posé sur son cœur. Il appuya légèrement, la pointe s’enfonçant dans sa poitrine et Jamal plissa imperceptiblement les sourcils alors que du sang commençait à couler.

— J’espère qu’avec ça tu auras compris la leçon. Il n’y a pas grand monde qui puisse me tenir tête en ce monde tant épéiste que fulgator. Ils se comptent sur les doigts de la main et parmi eux seulement 2 sont fulgators, ton indestructible de père et l’autre se trouve outre-Atlantique, le Cavalier Foudroyant, un véritable chien fou. Tu me fais un peu penser à lui, mais pour le moment, tu n’es même pas au niveau de son petit orteil. Bon, comme je disais, tu as échoué au test d’entrée à l’Aigle de Foudre donc ce ne sera pas demain la veille que tu seras membre de la centurie de l’Aurarque. Et pour te punir pour ton insubordination, tu devras passer deux années à Nosce, avec ceux qui ne savent même pas encore incarner leur neshir, j’espère que tu t’ennuieras et que tu viendras me supplier à genoux d’écourter ton séjour là-bas. Cela signifie que tu devras bien entendu passer les deux dernières épreuves du Periculum. Bien, on se reverra dans un ou deux ans, d’ici là apprends à maîtriser l’Albatuneir sans mettre ton bras dans un état aussi lamentable, sinon tu ne recevras pas d’avis favorable de ma part pour ta prochaine candidature à l’Aigle de Foudre. Sur ce, moi ton magister primigenius Arthur Zurbirgen, 3ème Imperator, Haut Seigneur Onyx des Terres d’Alamans, te salue.

— Va te faire voir, Arthur…

Jamal cogna violemment le mur du vestiaire. Arthur l’avait traité comme un moins que rien, et il l’avait battu sans effort en retournant ses attaques contre lui.

C’était tellement humiliant. Maintenant, il était condamné à aller à Nosce. Il en était hors de question. Il savait qu’il était borné, trop borné. On le lui disait tout le temps. Et c’était très bien comme ça. Il fallait qu’il trouve un moyen de pression sur son magister primigenius. Il sortit des vestiaires de la salle d’entraînement. Il s’était changé après une douche régénératrice aux ions des aurores. Vêtu d’un jogging et d’un sweat à capuche, il remonta un couloir menant à des ascenseurs et longé par une grande baie vitrée donnant sur l’Aurarquat. Sur son grand parc et ses élégantes résidences abritant les familles des officiers appartenant à la Légion Céleste, la Légion personnelle de l’Aurarque. Il prit l’ascenseur et sortit sur un large couloir, en face du grand salon privé de son père en mâchouillant un powerup et buvant une bouteille de jus de baie de Coshen qu’il avait attrapé sur le chemin. La porte du salon était légèrement ouverte et des voix s’en échappaient. Il reconnut celles de son magister et de son père.

Bien, Arthur était occupé à faire son rapport. Son magister primigenius avait son propre bureau à cet étage. Donc, s’il était venu avec des affaires, elles étaient sûrement dans ce dernier. Il trottina vers le bureau qui se trouvait au bout d’un couloir adjacent au couloir principal.

Jamal entra et la porte se referma derrière lui.

Il vit sur le bureau une tablette et une sacoche en cuir. Cela devait faire au moins cinq ans qu’il n’avait pas changé de sacoche et cela commençait à se voir. Il essaya tout d’abord de voir s’il pouvait obtenir quelque chose de la tablette. Il était convaincu qu’elle renfermait des informations sensibles. Elle était protégée par un scanner digital. C’était donc une perte de temps. Il ne restait donc plus que la sacoche. Il se frotta les mains avec un sourire malicieux.

Depuis qu’il était petit, il avait toujours voulu savoir ce qu’un Imperator transportait dans sa mallette ? Des patchs avec des informations hautement classifiées que seuls quelques élus connaissaient ? Il voulait faire partie de ces élus. Il allait faire partie de ces élus.

Jamal ouvrir la mallette en déverrouillant les clips métalliques recouverts de rayures et attaquées par l’usure. Il fut surpris de trouver à l’intérieur un dossier en papier. Plus personne ne se baladait avec des dossiers en papier. La seule raison pour laquelle on utilisait le papier était parce qu’on ne voulait que personne ne puisse accéder à l’information hautement classifiée. Cela signifiait que les informations contenues dedans étaient d’une grande valeur.

Jamal jubilait en se disant qu’il était évident qu’il ne pourrait jamais faire pression sur son magister mais au moins, s’il posait ses yeux sur des documents qu’il n’aurait jamais dû voir, cela compenserait un peu le sentiment d’humiliation. Sa logique était probablement tordue mais, c’était sa logique et elle lui convenait très bien.

Il ouvrit le dossier. Il était plein de feuilles volantes en papier épais et jauni. La première représentait un dessin qui lui était inconnu. Un cercle jaune entouré lui-même par une espèce d’étoile circulaire à six branches. Ses branches étaient ondulées comme si avec le cercle intérieur ils représentaient un soleil. Au bout de chaque branche était dessiné un signe soloménique mais dont il ignorait la signification…

Un soleil à six branches, un soleil à six branches. Cela lui disait quelque chose. C’était un symbole ancien. Sa mère lui en avait déjà parlé. Elle était salomen. Des frissons glacés lui parcoururent l’échine. Ce symbole était lié aux dieux neshiriens aussi appelé Reiishirins ou Seigneurs du Chaos. C’était tout ce dont il se souvenait. Et c’était suffisant pour le mettre mal à l’aise. Il regarda par-dessus son épaule, avec le sentiment qu’on l’observait. Les Seigneurs du Chaos qui avaient régné pendant les Trente Années. Il n’aurait pas dû ouvrir cette mallette. Cela n’augurait rien de bon. Autant ce que représentait ce symbole mystique que le fait qu’il se soit permis d’ouvrir le dossier. Une voix le pressait de tout remettre à sa place et de disparaître, mais sa curiosité avait été piquée et il était pris d’une soudaine fascination. Il voulait connaître la suite.

Il tourna la feuille.

Sur la feuille suivante, le symbole d’un arbre à huit branches était imprimé et le chiffre un était écrit en grand à côté. Le reste du texte était incompréhensible, probablement crypté. Une suite d’idéogrammes et de signes inconnus. Il sortit son R-Tatoo et prit le soleil en photo puis la page suivante. Il allait prendre celle d’après quand les voix qui provenaient du salon se turent. Ils avaient fini leur entrevue. Il fallait qu’il se dépêche de tout remettre en place et de s’en aller. Il rangea le dossier précipitamment, une feuille s’échappa et s’envola. Il crut que son cœur allait exploser. Le plus silencieusement possible, il la ramassa près de la porte, ressortit le dossier puis y glissa la feuille, mais comme ses mains tremblaient, il la déchira légèrement. Il grimaça, transpirant, le cœur battant à la chamade. Il rangea le dossier et referma la sacoche. Il disposa à nouveau chaque objet à la place où il était et il fila se cacher dans les toilettes contiguës. Au moment, où il referma la porte, celle de l’entrée du bureau s’ouvrit. Il retint son souffle. Il entendit le magister-primigenius prendre ses affaires. Puis plus rien.

Le silence total. Si jamais, il l’avait repéré… Soudain, la porte des toilettes s’ouvrit à la volée, révélant son magister qui avait une expression que Jamal ne put s’empêcher de trouver sinistre.

— Je peux savoir ce que tu fais ici Jamal ? Ton immaturité n’a d’égale que ta stupidité, décidément.

Il ne savait pas. Donc, il ne s’était pas donné la peine de vérifier ses dossiers. D’ailleurs pourquoi l’aurait-il fait ? Il venait ici depuis plus de neuf ans, cinq avec cette même sacoche et peut-être ces mêmes dossiers sans qu’il n’y ait jamais eu le moindre souci, de plus, à ses yeux Jamal était tout sauf une menace. Un ver de terre tout au plus. Cela le contrariait de l’admettre mais c’était comme ça.

Il avait eu chaud.

— Tu devrais aller te reposer discipulus, tu ne m’as pas l’air dans ton assiette. Écoute, ton acharnement est très louable, mais ce n’est pas suffisant. Se soumettre aux règles est essentiel. C’est pour ton bien que l’on t’envoie à Nosce. Tu n’es pas encore prêt. Aller, maintenant va te reposer. Mais avant, passe voir ton père, il veut discuter de certaines choses avec toi.

Jamal baissa la tête en faisant mine d’être déçu, cachant son soulagement comme il le put. Il se leva, fit mine de vouloir se plaindre comme il le ferait en temps normal, et se ravisa en secouant la tête, l’air dépité.

— Ne t’inquiète pas, deux ans, ça passe très vite.

— Ouais c’est ça, rétorqua-t-il pour faire bonne mesure avant de sortir du bureau.

Il accéléra le pas vers le salon où se trouvait son père avec un sourire narquois sur les lèvres.

— Jamal ! l’interpella sèchement son magister primigenius.

Jamal se raidit et se retourna :

— Tu as oublié ta bouteille sur ma table. D’ailleurs, tu pensais vraiment pouvoir passer inaperçue simplement en supprimant ton atmosphaira. C’est vraiment risible, tu n’as vraiment aucune idée de ce dont je suis capable. Pauvre naïf…

Il la lui lança. Lui aussi ne savait pas de quoi il était capable. Jamal la rattrapa et sans rien ajouter, il se détourna avec un sourire rusé et continua jusqu’au salon privé de son père.

La grande pièce était noyée sous le soleil de milieu d’après-midi. Une grande baie vitrée donnait sur plusieurs gratte-ciels au loin et sur la vie washingtonienne qui suivait son cours. Les avenues parallèles au-delà de la muraille de l’Aurarquat étaient noires de monde. Il savait que plusieurs drones étaient en surveillance aux quatre coins de la ville dans la ville, au centre de laquelle se dressait la demeure de l’Aurarque de la Fédération de Washington, les Thunder Eagles Tower, à l’aspect de trois énormes éclairs de cristal planté au milieu du vaste Eagle Park.

Cassius Jackson Thunderwalker, l’Aurarque de la Fédération de Washington, que l’on appelait également le Titan Foudroyant, se tenait de dos à son fils et regardait la cité de New-Washington contrebas. Il caressait distraitement sa moustache de sa main gauche, sa main droite posé sur le pommeau de son neshir au côté. Une aura redoutable irradiait de sa personne, une force tranquille, une puissance discrète qui attirait le respect et la crainte chez tous ceux qui le côtoyaient.


Texte publié par N.K.B, 14 novembre 2019 à 09h36
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