Evan se laissa tomber sur son grand lit bordé recouvert d’une épaisse couverture marronne en coton et pourvu de deux gros coussins.
Son antre, où flottait l’odeur rafraîchissante et apaisante des roses sauvages de Sumatra, était dans un désordre relatif. Au milieu du tapis gris molletonné, trainait une boîte à fusain et un carnet de dessin ouvert avec des croquis. Sur son meuble de chevet en bois sculpté traînaient deux vieux livres épais. Une sphère d’éclairage éteinte flottait une vingtaine de centimètre au-dessus. Les portes fenêtres aux rideaux gris tirés donnaient sur le balcon surmonté d’un auvent. Sur le rebord de la balustrade, une épaisse couche de neige s’était amassée. La lumière vive du soleil, l’œil du ciel, globe d’or scintillant, inondait sa chambre à travers la grande fenêtre elliptique et les portes fenêtres. Sa garde-robe en bois vernis sculpté des mêmes symboles floraux que sa table de chevet chatoyait sous les rayons.
Le grand mur circulaire était un mur écran diffusant une peinture mouvante qu’il avait réalisée plusieurs années plus tôt. Une vue panoramique d’une partie de la cité de Bristol montrant les vestiges du Clifton Suspension Bridge qui passait jadis au-dessus de l’Avon, qui coulait paisiblement, ainsi qu’une fraction des immeubles du centre de la circonscription se dressant à l’horizon, sur un fond de ruine qui s’étendait jusqu’à devenir une plaine sombre, lisse et inhabitée. À l’avant, une portion d’habitation se déployait et ses lumières dorées se réfléchissaient dans l’eau du fleuve, entre chien et loup.
Un grand rectangle à côté de la porte de sa salle de bain était vierge. Plusieurs esquisses, images, photos et document y étaient fixées. Au pied du rectangle inerte, un tableau achevé en peinture mouvante était posé contre le mur. Le portrait qui riait aux éclats puis le fixait de ses yeux clairs, amusé, avant de passer une main délicate dans ses cheveux noirs bouclés. Puis comme si Evan venait de lui faire une blague, la jeune fille aux yeux bleus très clairs tirant sur le gris eut un nouvel éclat de rire. Les couleurs variaient selon l’agencement qu’il avait programmé. Il ne se lassait jamais de contempler cette peinture mouvante, car les couleurs variaient et la peinture se déplaçait avec une magnifique fluidité. Les propriétés de la peinture, son grain, son épaisseur et son ton. Tout devait être pris en compte pour réaliser une œuvre pareille. Il s’arracha de sa transe contemplative du visage rayonnant de Tessa. Il fallait qu’il se fasse une raison et qu’il jette ce tableau. Il fut pris d’une quinte de toux, son estomac l’élançant violemment. Il retira l’élégante veste shirag de son uniforme en toussant de plus belle et la posa à côté de lui, sur le lit. Il défit précipitamment sa cravate et fut pris d’une autre quinte de toux. La paume de sa main était humide de sang. Son ventre tiraillait douloureusement. Le coup de poing du magister avait été dévastateur.
Il entra dans sa salle de bain, le goût cuivré du sang dans la bouche. Il toussa de nouveau et cracha dans le lavabo en verre bleuté. Il sera les poings quand une irradiation explosa dans son abdomen. Il tomba à genou, les traits tordus par la douleur. Pourquoi est-ce que la douleur ne se calmait pas ? Ce n’était pas la première fois qu’il se prenait un punch pareil. En temps normal, il n’aurait pas dû se sentir aussi mal. Etait-ce à cause de ce qui lui arrivait en ce moment ou bien les conséquences du coup de poing d’un magister princeps se tenant au Brasier.
Il s’était déjà pris des coups en se battant avec Princeton lors de ses entraînements mais son magister primigenius ne s’était jamais élevé, lors d’un pugilat avec lui, jusqu’au Brasier sur l’O’rein’Cirkaem, le Cercle du Ciel différent du Cercle de l’Univers dans lequel évoluait le Cercle Intérieur des Fils de la Foudre.
Peut-être était-ce cela…
Il l’espérait parce qu’il refusait obstinément l’idée qu’il était peut-être en train de perdre sa capacité de régénération. Car au point, où il en était, cette idée horrifiante n’était pas si absurde. Après une vingtaine de minutes de supplice, assis sur le carrelage, les bras entourant ses genoux pliés contre son abdomen, les doigts crispés, la douleur s’amenuisa brusquement puis elle disparut.
Evan soupira en dépliant ses jambes et se laissant aller en avant. Il était à bout de force comme s’il venait de courir un marathon. Ses muscles abdominaux étaient tellement contractés qui eut du mal à se redresser. Il s’adossa à la baignoire et se racla la gorge. Il hésitait à aller au brunch mais Jeff semblait avoir la chose à cœur pour une raison qui le dépassait. Il revit soudain le regard ardent du magister Marshal. Il se repassa mentalement les cinq estocades qu’ils avaient échangées. Il avait visé la poitrine du magister mais ce dernier malgré la vélocité de sa lame avait réussi à l’esquiver efficacement mettant ainsi son buste hors de la trajectoire de sa lame. Et même lorsque cette dernière avait finalement frôlé son bras, on aurait juré que la peau en dessous était en métal plutôt que faite de chair et de sang.
— Intéressant, murmura-t-il.
Il eut brusquement envie de s’entrainer. De faire flamboyer son Kensh’en Or’i contre les hologrammes de Princeton et réaliser son cirkaem movi en faisant le Felk ess Ha’ul. Il y avait des hauteurs qui lui étaient toujours inaccessibles. Avec de l’entraînement, il pouvait les atteindre. Il fixa sombrement la paume de sa main souillée de sang séché et secoua la tête. Il ne pouvait plus s’améliorer désormais. L’effondrement de son Cercle Intérieur grignotait jour après jours sa force, sa vitesse et ses capacités.
La seule solution qui subsistait était peut-être les pilules mais Keiji avait été clair. Charlaine également. Même si l’herboriste l’avait soigné, même sauvé la vie, il ne pouvait pas ingérer n’importe quoi sans savoir ce que c’était. Sans être certain que cela lui ferait réellement du bien. Charlaine avait souligné qu’il était un ignemshir, et qu’il était atteint de quelque chose qui n’aurait jamais dû exister. Comment cette salomen aurait-elle pu en savoir quelque chose ? Mais c’était une Vierge. Une Vierge renégate peut-être mais, il ne savait pas pourquoi, il était convaincu qu’elle ne mentait pas…
Charlaine lui avait dit qu’il était probable que sa dernière crise ait été pire que toutes les précédentes à cause des moyens que la Vierge avait utilisée pour le soigner. Des moyens non conventionnels vue la rapidité et l’efficacité des procédés mais cela s’ensuivait souvent d’effets secondaires violents. Charlaine lui était reconnaissante de l’avoir secouru mais une herboriste restait une herboriste. Des individus amoraux, rejeté par le Sagolem à cause de fautes graves et qui se réfugiaient dans les arrondissements périphériques, loin des centres des cités afin de pouvoir pratiquer sans risquer de sanction de la part de l’ordre des salomens.
Selon Charlaine, il y avait forcément un lien.
Mais Evan, repensait à ce qu’il avait ressenti. Car après être revenu en un sens d’entre les morts, d’avoir été ramené à la vie par l’herboriste, il s’était senti tellement vivant. Il avait eu ce sentiment d’être de nouveau complet. Il arrivait qu’il se dise que peut-être à l’aide de ces pilules, il redeviendrait celui qu’il était.
Que le flamboiement de son Kensh’en Or’i reviendrait…
Depuis deux jours, ses nuits étaient agitées. Nora se glissait dans chacun de ses cauchemars. Elle était à la tête d’une armée chargée de le capturer et de le livrer aux Exécuteurs, mais elle finissait par faire elle-même le boulot. A chaque fois, alors qu’Evan s’était déjà débarrassé du plus gros de son armée, il était frappé d’une nouvelle attaque et se retrouvait immobilisé dans la neige. Elle lui plantait alors sa lame pourpre veinée de noir dans le cœur, ses yeux ambrés brillant comme deux charbons ardents.
Une autre fois, il courait dans les Ruines et elle fondait sur lui avec le masque des oshaïnim sur le visage mais il reconnaissait la lame de son neshir et sa gestuelle. Il se rendait compte que Wazushendi n’était plus là, que son neshir manquait à l’appel. Il ne tenait pas longtemps face à elle et finissait par se vider de son sang, dans la neige, après qu’elle lui eût infligé des blessures si profondes que sa capacité de régénération ne pouvait rien pour lui.
Depuis leur affrontement, elle hantait chacune de ses nuits. Chacun de ses cauchemars finissait invariablement par sa mort. Il mourrait pitoyablement avec le manteau immaculé de l’hiver pour linceul. Le jeune homme plia une de ses jambes et posa son bras dessus.
Cela ne lui était jamais arrivé, même lorsqu’il perdait face à Jahandar et manquait à plusieurs reprises de se faire empaler par la lame noire veinée de blanc de Palerium, son neshir Impérial. Il caressa son front du bout des doigts. En même temps, il avait toute sa force face à Jahandar. Il n’était pas brisé…
Il fallait qu’il la retrouve.
Il évoluait au milieu d’un brouillard avec une blessure mortelle mais ignorait à quoi elle était due, ni quoi faire pour la soigner.
Son R-Tatoo vibra dans sa poche. Il le sortit et un message de Keiji s’afficha. Il lui donnait rendez-vous au brunch de Jeff en le prévenant qu’il mettrait un peu de temps. Il précisa qu’il était ravi qu’il se joignît pour une fois à la « fête ». Evan eut une mimique blasée. Son R-Tatoo vibra de nouveau. C’était Charlaine, cette fois-ci. Elle aurait également du retard car elle finissait les tests sur les pilules de l’herboriste mais à renfort de smiley et d’émoticônes, elle le félicita d’avoir mis pour une fois de côté les Ruines pour se joindre « aux vivants ». Elle lui assura que cela lui ferait le plus grand bien. Il savait qu’ils avaient l’habitude de se rendre à ces brunchs, il se demandait juste comment ils savaient qu’il viendrait. Jeff avait sûrement actualisé la liste des invités sur Keep.
Son esprit dériva sans qu’il ne s’en rende compte. Il pensa aux photos qu’il voulait prendre. Il imaginait les angles, la luminosité et le reflet particulier des rayons du soleil qu’il désirait capter sur les buttes de neiges d’où les vestiges de la grande Paris-la-Nouvelle de l’Âge des Immortels beaucoup plus vaste saillaient par endroit.
Il pensa aussi à Tessa. Aux moments qu’ils avaient partagés. Il se souvenait des beaux après-midis qu’ils passaient dans le Bosquet aux Lilas dans le Shedimat de la cité de Remorum. Un ravissant bosquet fleuri où le piaillement et le pépiement des mésanges et des pinsons retentissaient joyeusement toute la journée au printemps.
Il s’allongeait toujours dans l’herbe, la tête sur les jambes de son ancienne amalia tandis qu’elle lui faisait des papouilles dans les cheveux tout en lisant un ouvrage sur la Physique des Aurores et des Ombres. Pendant ce temps, lui, se laissait bercer par ses doigts dans ses cheveux et la rumeur douce et agréable de la nature, unissant les cris des oiseaux aux bruissements des feuilles. Il s’arracha à ces pensées et ces souvenirs qui lui serraient le cœur.
Zu...
Son neshir répandit dans son esprit quelque chose qui ressemblait à la sensation d’un vent tiède.
— Est-ce que tu sais ce que j’ai… ? Fit-il à haute voix bien que cela était inutile.
Il ne répondit pas tout de suite. Il lui chuchota quelque chose mais cela ne recelait aucune information. Il l’ignorait mais semblait comme désolé…
Si Wazushendi n’avait pas été aussi spéciale, il lui aurait demandé si ses anciens maîtres avaient déjà expérimenté ce qu’il vivait. Malheureusement, il était son kaedenshir, son premier maître en mille ans. Aucun Compatible avant lui n’avait réussi à passer son Test d’Harmonie, la dernière épreuve de la Cérémonie de l’Association car Wazushendi ce que l’on appelait un Sushim. Une lame indomptable.
Appartenant au couple de neshirs tristement célèbre appelé les Yen’doshushim.
Les Gémeaux Indomptables.
L’autre se trouvait toujours dans la Caverne aux Épées à Ulzayan. Deux neshirs qui depuis un millénaire n’avaient jamais été dompté par aucun Compatible et que l’on disait frappés de la Malédiction du Dévoreur mais personne ne semblait vraiment savoir en quoi elle consistait. Si ce n’était qu’elle était étroitement liée à l’apparition de Muishan’alm’er. Et toutes ces superstitions tiraient leur origine d’une des prophéties du Sagolem. C’était pour cette raison qu’il comprenait Charlaine et son fardeau lié à sa pathochromie.
Il comprenait le regard des gens, la défiance, le rejet et même parfois la haine que cela pouvait susciter. Avant de devenir l’Empereur Déchaîné, il était le Yen’doshushimu Tanakim. Le détenteur de l’une des lames insaisissables. Le kaedenshir damné d’un neshir maudit. Il avait accueilli son titulus comme une sorte de délivrance en plus de la reconnaissance qu’il représentait. Le regard des gens avait changé après cela.
Était-ce donc la malédiction qui était à l’œuvre. La Malédiction du Dévoreur… mais si c’était une malédiction, comment lutter contre cette force mystique.
A travers le lien neshirien qu’il partageait avec Wazushendi, il sentit que ce dernier exprimait quelque chose de très fort. Semblable à ce qu’il avait perçu lorsqu’il avait remporté son duel à mort face à lui au prix de l’Ultime Souffrance. Un respect et une soumission d’une profondeur incroyable. Même si par la suite, le neshir avait fait un peu de sienne, refusant parfois de s’alamer à sa demande, il avait fini par se calmer pour de bon.
Evan se souvint de la vision olénique qu’il avait eu à la fin du Test d’Harmonie, Wazushendi, sous la forme d’un grand et puissant prince à la peau d’ébène et aux yeux de feu, dans son palais d’onyx, était descendu du trône de feu et de lumière sur lequel il était assis et s’était agenouillé en face de lui en posant sa couronne obsidienne sur sa tête.
Evan sourit et remercia mentalement Wazushendi qui se retira ensuite de sa psyché.
La peinture qu’il avait commencé la veille et qu’il n’avait pas encore finis l’attendait dans son atelier.
Ses doigts le démangeaient. Sans s’en rendre compte, il se mit à murmurer :
— Qui es-tu guerrier… manant d’entre les manants...
Qui ose s’aventurer… dans la terrible vallée du vent ?
Dans cette vallée où tant de larmes ont coulé, tant de pleurs ont résonné…
Que l’air en est imprégné.
Imprégné à jamais, leurs échos résonnent encore, tant d’années après…
Dans le brouillard et la fumée…
Lieu d’habitation du Roi du désespoir, du Prince de la peur
Repaire du rustre Chuchoteur
Il esquissa un pâle sourire avant de dire :
— Fichu Chuchoteur…
Evan n’en savait toujours pas plus à son sujet. Et ce n’était pas près d’évoluer.
Il se remit vivement sur ses jambes et sortit de la salle de bain. Les portes de sa penderie coulissèrent révélant ses tenues suspendues.
Il remarqua alors la veste qu’il portait lorsqu’il était allé dans le Cimetière. Charlaine l’avait passé au lave-linge ionique le jour même avant d’apposer une languette de suspension et de le ranger. Il n’était en état de rien faire après la crise qui l’avait foudroyé pendant son duel avec Nora. Il prit la veste, repensant sans raison particulière à la discussion qu’il avait eue avec la jeune Zal. Elle avait laissé son R-Tatoo à Ella en lui demandant de le lui remettre. Un R-Tatoo qui ne fonctionnait même pas… Pourquoi ? Encore des énigmes ? Il en avait marre des énigmes.
Nora était habile. Elle lui avait pris son Atomium Adamantis sans qu’il ne le remarque. Si elle avait pu lui prendre quelque chose sans qu’il ne s’en rende compte, elle avait aussi pu… Il mit une main dans la poche extérieure de sa veste et ses doigts se refermèrent sur un objet… Il le sortit et découvrit qu’il s’agissait sans le moindre doute d’une sphèrophone. Une sphère de la taille d’une bille marquée du signe soloménique de la Nuit. Elle pouvait léviter d’un point A à un point B si on lui donnait une adresse ou une coordonnée. C’était un appareil de transmission d’informations cryptée, souvent utilisé dans les Contrées Maudites à cause de sa robustesse, il était réputé inviolable. Il avait été conçu par des scientis renégats en se basant sur les clavientis. Evan connaissait autant de chose sur les sphèrophone grâce à Mickey.
Tu m’intrigue vraiment tu sais.
Evan sera les dents. Pourquoi est-ce qu’il n’arrivait pas à se sortir cette fille de la tête ? Elle peuplait ses pensées, et son souvenir faisait la pluie et le beau temps sur ses sentiments. A croire qu’il était sous le coup d’un envoûtement. Elle était trop intrigante. Elle était elle-même une énigme. Il détestait les énigmes mais son esprit n’arrivait pas à s’en défaire. C’était le même genre d’obsession qui le poussait dans son atelier. Le désir de parachever une œuvre. Un mouvement, un projet ou une action. De l’emmener à son terme afin qu’elle puisse réaliser le dessein pour lequel elle avait été initié. La raison qui avait conduit à son commencement. Ses tableaux avaient pour but de le débarrasser des émotions qui le torturaient. Nora, quelle était sa raison première.
Evan eut brusquement mal à la tête.
Que racontait-il ?
Elle était un être humain pas un objet…
La raison première dans son existence… La raison pour laquelle sa destinée avait croisé la sienne et s’y était mêlé pour un temps déterminé avant de s’en défaire.
Son esprit se mit à considérer les indices qu’elle aurait pu rester et il comprit pourquoi le R-Tatoo… Comme toujours…
J’aurais aimé te connaître quand tu étais encore au sommet de ta force, Empereur Déchainé.
Il soupira et presque contre sa volonté, il porta le sphèrophone près de sa bouche et murmura :
— Waterproof.
— Un message a été enregistré à l’attention d’Evan Jameson Kupenda. Voulez-vous l’écouter ?
Evan resta un moment, les yeux dans le vague. Cette fille se payait vraiment sa tête. Et il était suffisamment stupide pour se faire piéger. A chaque fois… Il ferma les yeux en déglutissant et murmura :
— Négatif…
— Il ne vous reste qu’un dernier essai après quoi le message sera détruit.
Le jeune homme remit à contrecœur la sphèrophone dans la poche de son uniforme et choisit une tenue appropriée pour le brunch.
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