La sonnerie de la phablette de Keiji résonna brièvement dans l’habitacle de la Jeep. Evan. Il le prévenait par message d’un rendez-vous imprévu dans le Cimetière. Il lui promettait de se dépêcher et d’être de retour dans une vingtaine minutes, précisant qu’il préférait y aller seul. Le jeune Sha’Daigan eut un sourire en coin en secouant la tête, dubitatif. Evan ne changerait donc jamais… Il se tourna vers Charlaine plongée dans un article d’une revue scientis sur les dernières découvertes en Physique de l’Ark. Elle leva vers lui ses yeux verts interrogateurs. Ils étaient teintés du sérieux et de la perspicacité clinique qu’ils n’avaient que lorsque, concentrée, elle embrassait pleinement sa nature de scientis.
— Je reviens, lui dit-il. Ne fais rien de stupide.
— Tu oublies que je suis une scientis, Kei. Je ne suis pas stupide et je réfléchis toujours avant d’agir.
— Ce n’est pas toujours vrai, Charlie, rétorqua-t-il. Ne sors pas de la voiture, d’accords ?
— Nous ne sommes pas dans les Ruines ici, qu’est-ce qui pourrait…
Keiji n’entendit pas la suite car il avait déjà refermé la portière, sachant que la jeune fille l’abreuvait sûrement de sobriquets peu appréciables.
Le feu couronné d’un halo passa au rouge. Le jeune homme traversa rapidement la rue brumeuse. Les véhicules à l’arrêt, principalement des berlines aérocars fuselés et rutilantes, témoignaient de la richesse et de l’opulence des habitants du centre de la cité venu se divertir dans les arrondissements extérieurs. Le quartier du Coq était l’un des endroits les plus branchés de la cité de Paris-la-Nouvelle et il possédait d’après l’avis général et celui de Keiji, les meilleurs lieux de divertissements, dont les bars les plus prisés. Les meilleures auberges également, et les jeunes du monde entier avaient pour tradition d’y faire escale lors de leur road-trip à travers l’Europe à bord de l’IronGalaxy. Ils s’y logeaient à un bon rapport qualité/prix. La notoriété dont jouissait ces établissements anciens, populaires et authentiques dynamisaient le quartier et même tout le 9ème arrondissement. Mais malgré cette énergie et ce cercle vertueux, le taux de criminalité était deux fois plus élevé que dans les arrondissements intérieurs. Quand on venait dans le 9ème, il fallait savoir où on allait. En comparaison même l’arrondissement du Moulin du côté du quartier de la Grenouille où Evan habitait, était moins dangereux bien qu’il fût accolé au Cimetière.
Keiji aperçut Evan qui s’éloignait au milieu de la marée humaine en habits d’hivers. Les citadins néo-parisiens grouillaient sur les larges trottoirs où des projecteurs encastrés dans le sol faisaient la réclame d’articles vestimentaires ou de gadgets de haute technologie. Les habitants de la cité marchaient à travers ces hologrammes publicitaires sans vraiment y prêter attention. Chacun d’entre eux était brièvement auréolé de lueur d’une couleur marron plus ou moins claire mais toujours identique pour la personne en question. Chaque ton de marron se muait en un chiffre bien précis. C’était de retour… Lorsqu’il était un peu trop stressé ou soucieux, sa synesthésie lui revenait. Comme un mécanisme de défense. Avant de devenir un ignemshir, Keiji expérimentait cela en permanence mais après avoir dompté Hozukin, cela était devenu intermittent. Il avait d’abords eu le sentiment d’avoir perdu quelque chose puis s’était finalement habitué à cette intermittence… Toute personne qu’il rencontrait était auréolé d’une couleur précise se transformant en chiffre. Avant Hozukin, cela était lié au caractère ou à l’habillement de ses interlocuteurs mais après Hozukin, cela avait changé. Comme si sa synesthésie avait muté pour devenir autre chose. Avant il percevait toutes les couleurs possibles mais depuis ce n’était plus que cinq couleurs bien précises. Des tons de bleu pour les salomens, de gris pour les ignemshir et les eretsin en marron. Sans parler des chiffres associés en fonction de la clarté ou non du teint. Les deux autres couleurs n’apparaissaient que sur deux personnes en particulier. Evan était auréolé de rouge et Charlaine de violet. Ils étaient les seuls à être doté d’une couleur différente des autres. Il n’avait jamais vraiment su ce que cela signifiait concrètement même s’il supposait que Charlaine avait cette couleur violette car elle était pathochrome… mais il n’avait jamais rencontré d’autres pathochromes vu qu’ils étaient extrêmement rares et pour Evan… il n’avait toujours pas compris. Il avait fini par supposer que c’était à cause de l’affection qu’il leur portait même si dans le fond, il n’était pas vraiment convaincu de la chose.
Evan, auréolé de rouge, se dirigeait vers l’arrondissement du Moulin. Lui dont le rouge était habituellement très foncé, était devenu de plus en plus clair au cours des six derniers mois. Aujourd’hui, le ton de son rouge s’était éclaircit drastiquement après sa crise. Et le nombre associé avait quasiment doublé. Après quelques minutes de marche rapide, Evan se servit dans un parc de gyropodes à sustentation, prit la voie réservée, rejoignant les autres gyropodistes et continua dans la même direction. Keiji courut, loua l’un des véhicules à la borne et suivit son ami. Evan aurait besoin de son aide. Il ne pouvait se permettre de le laisser aller dans le Cimetière sans assurer ses arrières. Une crise pourrait le saisir n’importe quand, et cela bien sûr, cet abruti n’y avait probablement pas pensé. D’autant qu’il ignorait ce qu’il avait appris, ni à qui il avait parlé. Il avait perçu dans sa démarche une raideur qu’elle n’avait que lorsqu’il était contrarié. Ou soucieux. C’était à peine remarquable mais les détails de ce genre ne lui échappaient pas.
Avec ce qu’ils avaient découvert sur son Cercle Intérieur, Keiji comprenait le besoin d’Evan de s’occuper afin de ne pas réfléchir à sa situation mais il n’était pas sûr qu’aller à des rendez-vous mystérieux fut la meilleure façon de le faire. Il fallait donc qu’il le tempère car il n’était plus celui qu’il était. Il n’avait plus la même force, ni la même vitesse même s’il conservait toujours ses excellents réflexes malgré son Kensh’en Or’i qui s’essoufflait…
Après une discussion avec les deux magistri scientis, Keiji en était venu à la conclusion qu’il devrait chercher du côté des sciences de l’Ark moins conventionnelles mais il ne savait pas exactement lesquelles. Ni par où commencer. Les Trois-Mondes étaient vastes et il était convaincu que quelque part, il existait une solution au problème d’Evan. Une chose était certaine, il ne cesserait pas de chercher. Il ne pouvait pas le laisser mourir. Il ne pouvait pas… Les Olympeons et le Raaek’a Daedalis. Cinq ans plus tôt, ils s’étaient promis d’en sortir victorieux et d’obtenir les positions qui leur permettraient d’être accepté au collegium Nosce. Ils étaient censés faire partie de la prochaine génération de dirigeants du Noguem. Les prochaines généraux et seigneurs des Trois-Mondes. Il était hors de question qu’il le laisse mourir avant qu’ils eussent tous deux laissés leurs empreintes dans l’Histoire. Le cœur de Keiji se serra à la pensée de la perte de son A’shua Meno. Même s’il devait aller dans les Contrées Maudites et même au cœur des Territoires de Phobos pour lui trouver un remède, il irait.
La mâchoire serrée, Keiji ralentit et descendit de son gyropode flottant à quelques mètres d’un vendeur de corn-cheese. Dans sa petite baraque de bois, le petit moustachu au visage buriné tendait à un client coiffé d’un chapeau à large bord et de bottes montantes, un épi de maïs planté dans une tige de bois et entouré d’une lamelle de bacon grillé et de fromage fondu. L’odeur appétissante lui donna faim. Il n’avait même pas grignoté de power-up après l’entraînement de neshirinshi…
La filature se révéla difficile du fait du brouillard qui se faisait de plus en plus épais mais grâce à sa vue de toshirion deux fois plus précise que la normale, il réussit à ne pas perdre son ami de vue. Evan avait laissé son gyropode à la dernière station de location du Moulin, et continué à pied à travers le quartier du Pont. S’il le rattrapait tout de suite et qu’Evan tenait réellement à faire cette course en solitaire, il pourrait ne pas apprécier. Il valait mieux éviter de le contrarier plus. Il fallait avoir la tête froide lorsque l’on allait dans l’arrondissement le plus pauvre de la cité. Il était inutile de rajouter encore à son trouble.
Alors qu’il traversait les derniers blocs avant le Cimetière, Keiji remarqua une silhouette qui semblait-il, suivait Evan depuis déjà quelques minutes. L’individu, plutôt petit et fin, le dos vouté, portait un sweat noir à la capuche rabattue. Ses pas étaient souples et assurés. Le jeune Sang d’Acier se concentra sur l’individu. Il fit abstraction des bruits environnants, qui se faisaient d’ailleurs de plus en plus rare dans cette partie du quartier du Pont mais, aucun son ne lui parvint…
Étrange. Il aurait au moins dû percevoir le bruit de ses semelles crissant sur les cailloux. La silhouette encapuchonnée disparut brusquement à l’angle d’une ruelle, un bloc après les deux gratte-ciels craquelés qui marquaient l’entrée du Cimetière : les Fossoyeur Décapités. Deux gratte-ciels coniques aux fenêtres brisées en béton et en verre dont l’extrémité semblaient avoir été tranchées nettes par le sabre d’un samouraï géant. On racontait que c’était l’œuvre de l’Impératrice aux Milles Flammes lors des Dernières Batailles. Ils étaient recouverts de fissures et de tags vindicatifs réalisés par des groupuscules dissidents à l’encontre du Noguem.
Les Fossoyeurs se dressaient de part et d’autre de la grande route recouverte d’ornière qui au-delà n’était plus que l’ombre d’elle-même. Le plan de réhabilitation n’avait pas encore été lancé. Cela faisait des années que le gouverneur de la cité en parlait et on l’attendait toujours. Depuis la cinquième extension de la cité qui lui avait donnée naissance, les plus pauvres l’habitaient en majorité. Les loyers y étaient très bons marchés et très en deçà des autres arrondissements. Les effondrements n’étaient pas rares et ce à raison d’un évènement majeur par année.
Le Gouverneur Horace Charleroy, promettait toujours de tout faire pour que cela cesse mais la vie reprenait son court sans que rien ne change. Issu de la Grande Bourgeoisie, sa sœur était mariée à l’un des Hauts-Centurions de l’Aurarque. Keiji avait rencontré sa fille, Natalia, dans le cadre d’un rapprochement entre leurs deux familles. Une fille plus jolie que belle, un peu tête en l’air et pas des plus futées. Il s’était lassé de sa compagnie au bout de quelques semaines. En plus de n’avoir aucun centre d’intérêt en commun, elle était la caricature des progénitures des oligarques eretsins : méprisante à l’égard de ceux qui ne vivaient pas dans le Centre plus par ignorance que par véritable méchanceté et ayant une très haute opinion d’elle-même alors que dans le fond, les Grands Bourgeois n’étaient que des parasites.
Que les Familles Anciennes fussent bouffies d’arrogance, cela était, selon Keiji, acceptable car après tout, c’était au prix de leur vie et de celles de leurs enfants, qu’ils protégeaient les cités mais pour ce qui était des membres de la Grande Bourgeoisie, il ne leur trouvait aucune circonstance atténuante. Le jour de leur dernier rendez-vous, une réflexion de Natalia à propos d’Evan l’avait passablement contrarié alors qu’elle s’était trouvée drôle et spirituelle. Cela avait achevé de le convaincre que la balance gain contre perte n’était plus équilibré et qu’il était temps d’arrêter les frais. Les efforts fournis n’étaient de toutes les façons plus suffisant pour faire plaisir à sa mère et atténuer légèrement ses inquiétudes de le voir partir au Raaek’a Daedalis sans avoir au préalable fonder de foyer.
Keiji se mit à trottiner, décidant de suivre l’individu à la capuche. Il n’était pas normal qu’il ne perçût pas le bruit de ses pas. Cela ne voulait dire qu’une seule chose. Qu’il portait des Chesterfield… Seul les ignemshirs étaient autorisés à en porter, à l’instar des vestes shirag. Donc l’individu à capuche était un ignemshir… mais, la présence d’un ignemshir dans le Cimetière, vêtu de cette manière, était particulièrement suspect.
Il s’arrêta à l’entrée de la ruelle. Elle était vide, noyé dans le brouillard. Des bennes à ordure recouvertes de neige trainaient contre le mur fissuré d’un immeuble. Les relents d’égouts mélangés à l’odeur forte de l’urine le firent grimacer. Il enfila ses mitaines de combat. On n’était jamais trop prudent. Une tête de loup blanc, croc dehors, sur un disque doré cerclé d’un anneau noir, était brodé dessus. L’emblème du To-Shirkairon. L’École Implacable.
Scrutant la rue sombre autour de lui, Keiji s’avança, les sens aux aguets. Percevant un bruit, il se retourna vivement.
Rien.
Le bruit avait été aussi léger que la caresse d’une plume contre une pierre. Des bruits de pas étouffés se firent entendre puis s’évanouirent aussi subitement.
Comme était-ce possible ?
Il resta immobile pendant plusieurs secondes. Rien. Le silence le plus total régnait dans la ruelle. Il avait dû se tromper… ce qui n’arrivait jamais… Il jura à voix basse. Il ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps. Evan était actuellement livré à lui-même. La balance bénéfice-risque penchait un peu trop dans le mauvais sens. Pourchasser un fantôme n’avait aucun intérêt… Si fantôme il y avait… Il se pressa vers la grande route et remarqua une forme dans la pénombre de l’immeuble. Et pourtant son corps ne réagit pas. Il continua de marcher comme si de rien n’était. Il avait beau l’avoir parfaitement repéré, il avait l’étrange conviction que ce qu’il avait vu n’était que le fruit de son imagination. Il aurait continué son chemin s’il n’avait pas été dans cette ruelle pour une raison bien précise. Prenant cette conviction profonde à revers, non sans un véritable effort, il s’immobilisa et se retourna. Il fit un pas, puis un deuxième et soudain plusieurs éclats luirent dans la pénombre. D’une succession de revers ultrarapide, le jeune Sang d’Acier para chacun des couteaux dans une série quasi simultanée de tintements métalliques. Les couteaux tombèrent dans la neige alors que finissait de dissiper dans l’air glacial la fumée grise et jaune d’où s’était formée la lame de son neshir. Son adversaire, qui était sorti des ténèbres, portait sous sa capuche un masque noir arborant des disques blancs au niveau des yeux, une larme rouge perlant sous l’œil droit et un croissant de lune blanc sous le gauche.
Le masque du bonimenteur… personne ne portait ce masque sur les Trois-Mondes. Il était vu comme un objet de malédiction et de mauvais augure depuis l’Aube Grise. À sa connaissance, les seuls qui se permettaient de l’arborer était les oshaïnim…
Voilà qui n’annonçait rien de bon.
L’oshaïnim portait des gants en cuir arborant la larme rouge sur le gauche et le croissant de lune sur le droit. Ils étaient dénués de l’emblème du shirkairon qu’il pratiquait. Il brisait les codes d’honneur se cachant du regard des Témoins de l’Ashayshin. Cachant son identité dans l’obscurité, il reniait la Voie de la Flamme Immaculée. Keiji éprouva à son égard le plus grand mépris. Mais venant d’un oshaïnim, cela n’avait rien de surprenant.
Keiji le jaugea le temps d’un battement de cil puis bondit vers lui sachant que chaque seconde était cruciale. Une question de vie ou de mort. Son neshir heurta violemment la lame pourpre de son assaillant dans une pluie d’étincelles. Sa lame fendant les cristaux de glace tombant nonchalamment du ciel, il enchaîna plusieurs estocades à une vitesse de l’ordre du millième de seconde. Son adversaire évitait, parait et se mouvait véloce et agile, les appuis souples et solides. Il contrattaquait avec la même dextérité que lui-même avait dans ses propres mouvements. Leurs lames se heurtaient à un rythme élevé au milieu d’étincelles remplissant la ruelle d’une multitude de chocs métalliques. Son adversaire était aguerri. Clairement. Il performait le Ballet de la Flamme avec beaucoup de grâce, d’énergie et d’assurance.
Soudain, son bras gauche le brûla. Un bref coup d’œil au milieu des échanges des coups d’épée et des étincelles, lui permit de constater, non sans stupéfaction, qu’il l’avait blessé. Et non d’une simple estafilade mais d’une coupure assez profonde qui saignait abondamment. Et pourtant, la fameuse botte de son adversaire ne lui avait paru ni dangereuse, ni difficile à parer… Comprenant, il jura entre ses dents en se tassant un peu plus sur lui-même, en parant les deux assauts suivants avec une attention encore plus accrue et répliquant agilement d’un momentum qui laissa une estafilade sur la cuisse de l’oshaïnim. Il était sacrément bon… Son adversaire était un henshirion. Un membre du Hen-Shirkairon, l’École Apaisé. Face à cette école de l’art ancien, il était difficile d’évaluer la force, la trajectoire et le rythme des attaques. Son adversaire avait réalisé un momentum qu’il avait déjà vu lors de duels antérieurs, il en était certain. Malgré cela, il n’avait pas été capable de correctement anticiper. Il n’y avait pas de rythme défini dans leur momentum. Ou plutôt, le rythme était extrêmement souple et facile à faire varier. Il aurait perdu son bras s’il n’avait pas été aussi bon qu’il l’était.
Anticiper les choses face à un henshirion de ce niveau s’avérait difficile même pour un toshirion de sa stature alors que l’anticipation était la marque même du To-Shirkairon. Il était temps d’arrêter de jouer. Keiji se plongea dans le cirkaem movi et s’éleva sur le Cercle de l’Univers jusqu’au Point du Crépuscule, amplifiant ainsi son Kensh’en Or’i. Son atmosphaira se répandit dans la ruelle alourdissant l’atmosphère. Son adversaire eut un léger mouvement de recul à peine perceptible. Une réaction assez inhabituelle… le jeune Sang d’Acier bondit et lorsque sa lame rencontra celle de son adversaire, il ne sentit plus la même assurance, ni la même force que précédemment.
Keiji comprit enfin… Cela expliquait pourquoi son rapport au bruit avait été altéré et pourquoi même s’il avait vu le contour de sa silhouette dans la pénombre, son cerveau avait eu du mal à traiter l’information correctement. C’était aussi pour cette raison qu’il ne sentait pas la moindre émanation d’atmosphaira de sa part.
Un Vide parfait.
Il avait parfaitement aligné le Point de l’Être de son Cercle Intérieur au Point du Vide du Cercle de l’Univers. C’était impressionnant. Au repos, sans concentration particulièrement, le Point de l’Être d’un ignemshir se trouvait toujours légèrement au-dessus du Vide. Cette courte distance pour l’aligner parfaitement était plus difficile à parcourir que de remonter vers le Point suivant. Parmi les alumni de la schola, seul Evan était capable de réaliser un Vide parfait. Même Alex n’y arrivait pas aussi bien que lui. Et de manière général, rares étaient les ignemshirs capables de le faire.
L’intensité de son atmosphaira écrasait l’oshaïnim. Comme ils étaient des experts de la maîtrise du Vide, il s’imposait une faiblesse pour obtenir en retour des capacités redoutables de dissimulation et de diversion qu’ils puisaient dans le Vide. Les Richesses. Il fallait un excellent niveau de maîtrise de l’Air pour voir dans le tohu-bohu du Mirkh’Ogadoran que lui percevait comme une série de chiffres qui tourbillonnait sans cesse. Ce qui l’empêchait de déterminer le nombre qu’ils représentaient alors qu’il savait que ce chiffre était la clé. Celle qui lui permettrait s’emparer des Richesses...
L’oshaïnim s’écarta vivement puis enchaîna avec deux saltos arrière. Keiji bondit derechef comprenant immédiatement ce qu’il s’apprêtait à faire. Il comptait manipuler l’Air pour exploiter l’une des Richesses du Vide et lui refaire le même coup qu’à sa venue dans la ruelle. Réalisant le momentum Fil du Loup, Keiji prit de cours son adversaire qui tenta de le bloquer, mais ayant déjà anticipé ses mouvements car il les avait étudiés, il porta son coup avec la précision requise… mais… la lame de son neshir fendit le vide. Son adversaire s’était volatilisé.
Keiji se retourna immédiatement, surpris d’être encore en vie. Il était tombé dans le piège de Richesse du Vide mais son adversaire n’avait rien fait. Il découvrit l’oshaïnim de dos et à bonne distance. Alors qu’il aurait déjà pu et dû le poignarder à de multiples reprises, il n’avait rien tenté à son encontre. Pourquoi ne l’avait-il pas tué ? En voyant les poings crispés de l’oshaïnim qui tremblaient de colère, Keiji se retourna vers l’endroit où ce dernier s’était tenu avant qu’il ne disparaisse et y vit le masque tranché en deux qui gisait dans la neige. Keiji esquissa un sourire tandis que la lame du neshir de l’oshaïnim finissait de se vaporiser en une fumée noire et pourpre.
Au final, son dernier momentum avait atteint sa cible. Il savait que pour un oshaïnim, perdre son masque était synonyme de défaite. Vu qu’il avait été pris de cours lorsque ce dernier avait battu en retraite, il avait visé son point faible. Le masque. Il leur était interdit de combattre sans masque. Il tenait cette information de son grand-père qui les avait combattus à de nombreuses reprises. Même s’ils ne respectaient pas les codes habituels, ils avaient les leurs. Et lorsqu’ils perdaient leur masque, il n’était autorisé à en mettre un autre que lorsque la lune se lèverait à nouveau. Échec et mat. Et de peu… Il avait remporté la partie et par la même occasion évité le pire. Pour cette nuit du moins. Son A’shua Meno n’aurait pas à s’en faire pour cet oshaïnim car pour Keiji, il était désormais une évidence qu’il suivait bien Evan.
— Pourquoi le suivais-tu ? demanda Keiji. Qu’est-ce que vous lui voulez ?
Le jeune Sang d’Acier grimaça car son bras blessé le lancina. Il baissa rapidement les yeux sur sa blessure.
Cette seconde suffit à son assaillant pour s’évanouir dans la nature.
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