Il hocha la tête en la gratifiant d’un léger sourire et la porte coulissa. Evan soupira. Il se détourna de la porte et marcha lentement vers sa cuisine américaine, pensif. Ella avait l’air d’une fille sympathique mais franchement envahissante. La manière dont elle lui avait tenue la jambe… Qu’est-ce que tout ce cirque signifiait ? Elle montait pour de la sauce tomate et finissait par obtenir une visite dans l’arrondissement du Moulin. Cette capacité à tordre son environnement pour satisfaire ses besoins sans même que cet environnement ne s’en rendît était bien une prouesse dont la plupart des filles étaient capables. Il repensa à Tessa et son humeur s’assombrit.
Il sortit de son frigo une bouteille de mourch et la posa près de la tarte. Peut-être aimait-il un peu trop le mourch… Les doigts d’Evan pianotèrent pensivement sur le comptoir de la cuisine. Il espérait se tromper. Qu’Ella ne fût pas en train d’essayer de le séduire. Qu’elle était juste naturellement souriante, sociable et volubile. Parce que dans le cas contraire, elle perdait son temps et il n’avait pas envie d’avoir à gérer des déconvenues. Les filles pouvaient être vraiment prise de tête et il n’avait pas de temps pour cela. Encore moins maintenant. Il avait tellement de fois été témoins de ce genre de situation à cause de Keiji qu’il s’arrangeait toujours pour ne plus être inclus dans la vie sentimentale de son ami. Il évitait soigneusement de passer du temps avec les filles qu’il courtisait afin qu’il y ait toujours une distance entre eux et surtout aucune familiarité. Aller savoir pourquoi, dès qu’un problème surgissait, c’était exactement comme avec madame Chèvrechoux. On se tournait systématiquement vers lui et lui demandait de jouer les intermédiaires. De raisonner son meilleur ami… mais il n’avait pas que ça à faire… Et Keiji se marrait à chaque fois que lui se retrouvait dans ces postures inconfortables.
Par ailleurs, Ella n’était pas de son monde. Pour elle, comme pour la plupart des Non-Compatible, la vie d’un aspirant-noguemi était une vie intense et désirable. A cause de toute cette communication préparée par le Noguem qui les faisaient juste passer pour des jeunes sportifs talentueux, ils ne s’imaginaient pas à quel point la réalité était toute sauf glamour. Ils n’avaient aucune idée de la dureté de leurs entrainements quotidiens, spécifiquement à leur début. Les trois premières années étaient les pires. Il fallait s’habitué au rythme ultra intensif, à la violence, à la souffrance physique et morale. Chaque épreuve de fin d’années avait son lot de victimes. Et passer le premier Palier avait été particulière pénible. Plus que le deuxième. Chaque entraînement apportait son lot de blessures sévères qui, bien qu’elles guérissaient rapidement, n’en étaient pas moins douloureuses. Sa peau et ses muscles avaient été tranchés par la lame de son magister primigenius ou par sa propre lame quasiment tous les jours pendant les trois premières années. Parce que le mouvement n’était pas parfait, l’attaque n’était pas assez précise et la défense pas assez solide… Et même ainsi Evan savait que Princeton se retenait mais il devait apprendre à être blessé. Il devait s’habituer à voir son propre sang couler.
Les seuls moments de détente et de réjouissance étaient les sessions d’entraînement de garoway. Jouer au garoway était pour la plupart des aspirant noguemis, le seul vrai plaisir qu’ils avaient dans leur vie. Et le Noguem veillait à ce qu’il en soit ainsi et c’était ainsi qu’il créait leurs prochaines stars. Ceux qui seraient bientôt adulés par la jeunesse Non-Compatible et extérieure au Trois-Ordres et qui ne voyaient en eux rien d’autre que ce que le Noguem voulait.
Définitivement, les Non-Compatibles étrangers aux Trois-Ordres ignoraient tout de la réalité. Il leur était donc très difficile de s’y intégrer et de s’y conformer même si ce n’était pas impossible. Néanmoins, peu de personnes pouvaient en supporter l’horreur et l’incertitude à moins d’avoir été élevé dans cet environnement. Les amalia des aspirants noguemis savaient que chaque jour pouvait être le dernier de leurs fiancés. A un si jeune âge, peu de jeune gens pouvaient l’accepter et le supporter tout en ayant des sentiments vrais et profonds. Surtout s’ils avaient été élevés dans le cocon qu’offrait la vie confortable des arrondissements intérieures de la cité.
Les Guerrier Impériaux étaient caractérisés par une constance et un total dévouement dans leur relation sentimentale. Une fois qu’ils sautaient le pas et s’unissaient à leur partenaire, ils n’éprouvaient que très rarement des désirs pour qui que ce soit d’autre. Cela durait souvent après la mort de ce dernier. Princeton en était un parfait exemple. Jusqu’à présent, Malia était demeurée la seule femme qu’il avait jamais aimé. Elle était l’amour de sa vie, et le serait probablement jusqu’à sa mort. Les Guerrier Impériaux ne se remariaient jamais.
Pour sa part, prendre la décision de se séparer de Tessa, de reprendre son anneau de bois et de briser les fiançailles, avait été aussi difficile que de s’ouvrir le ventre. Il avait ressenti comme un vide profond s’installer en lui. La pensée qu’elle ne serait finalement jamais sienne avait été comme des lianes recouvertes d’épine qui s’était enroulé autour de son cœur. Chaque battement était douloureux au point qu’il s’était demandé comment ces sentiments pouvaient causer autant de souffrances physiques. Il avait perdu l’appétit et le sommeil pendant plusieurs semaines. Cela s’était ressenti dans la Fourmilière car Keiji avait dû lui sauver la mise à plusieurs reprises.
C’était pourquoi les Fils des Cendres, les Guerriers Royaux ou Impériaux principalement, ne jouaient pas avec leur virginité d’où le cadre strict qui encadrait l’institution des Amalia ess Ta’arki. Des drames se produisaient parfois à cause de jeunes abrutis qui pensaient pouvoir agir comme les Non-Compatibles, il s’agissait souvent de ma’nkel. Ils se retrouvaient malade d’amour pour des personnes qui avaient déjà oublié leur existence, car lorsqu’ils découvraient la réalité de la vie des aspirants, ils refusaient de continuer et encore moins d’officialiser une relation avec quelqu’un ayant déjà un pied dans la tombe. Ces pauvres bougres en devenaient même fous car la douleur, qui ne prenait pas fin, était amplifiée par les bouleversement physiologiques propres à l’adolescence que connaissait les ignemshirs. Et en général, cela se soldaient toujours de la même manière :
Hokein’aki
Quelle manière pathétique de mourir…
Toute cette force et ce pouvoir venait avec son lot de vulnérabilités. Un corps plus fort mais un esprit plus fragile dans des circonstances particulières. Comme une sorte d’angle mort.
Il se frotta les yeux et fixa à nouveau la tarte puis se décida à la découper. Il mit une part dans son assiette et une plus grande dans l’autre assiette. La tarte au citron meringuée était parfaite. L’arôme et le goût du gingembre s’accordait parfaitement avec ceux du citron ; Il décocha un clin d’œil au portrait qui lui répondit par son air espiègle.
Evan mangea le cœur tranquille. Il se resservit plusieurs fois surpris d’avoir autant faim et quand il eut fini, il prit la part qu’il avait servi à Sue et ce qu’il restait et les rangea dans un Tupperware. Il fit ensuite du café et versa le contenu de sa carafe dans un thermos. Sur l’écran tactile, il fixa la température avant d’enfiler une veste légère par-dessus son tee-shirt manche longue et de sortir.
Il traversa les rues sombres et froides sous la lumière blême des lampadaires sphériques en suspension et arriva à la limite entre le Moulin et le Cimetière de Verre et de Métal. Avant la dernière expansion de la cité, tout l’arrondissement du Cimetière de Verre et de Métal faisait encore partie des Ruines. Un projet de réhabilitation était en cours mais il mettrait sûrement une décennie à se mettre en place étant donné l’intérêt que portait le gouverneur Charleroy au bien-être des petites gens.
Des halls d’immeubles lugubres retentissaient les rumeurs de foules et des aboiements de chiens. Dans le Cimetière et une bonne partie du Moulin et quelques quartiers du 9ème, les sentiments de la population envers les noguemis n’avaient rien à voir avec l’admiration dont parlait Delaruelle. Plus on s’éloignait du centre de la cité, plus la vénération se muait en peur et en haine. Les habitants de ces arrondissements, principalement des indigents, les jugeaient responsable de leur pauvreté et de leur malheur, les accusant de privilégier les habitants des arrondissements intérieurs et les riches familles de politiques. Le taux de criminalité y était deux fois plus élevé.
Evan pénétra dans un court tunnel formé de décombres enneigés et toqua à une petite porte pentagonale en BoisFer. Il attendit quelques secondes. Une voix rauque et peu amène brailla alors :
— Foutez le camp, j’ai pas votre argent, bande de rapace !
— Mickey ! c’est moi, Evan.
Il entendit des bruits de pas puis celui de plusieurs serrures avant que l’épaisse porte ne s’ouvre sur un vieillard vêtu d’un vieux pull usé, arborant une grosse barbe blanche, jaunâtre à son extrémité et des cheveux blancs hirsutes.
— Bah ça alors, Evan. Ça va faire un bail. T’as encore grandi dis donc !
Il regarda le sac en tissus qu’il tenait puis le regarda de nouveau avant d’hocher la tête en disant après avoir maugréé plusieurs mots dans sa barbe :
— J’avais pas percuté que c’était aujourd’hui. Aller entre petite canaille.
— Merci.
Evan entra dans l’humble demeure de Mickey qui paraissait encore plus vétuste que la dernière fois qu’il était passé. Néanmoins, elle était aussi propre qu’elle pouvait l’être considérant les meubles vermoulus et le patchwork de papier-peint et de peintures écaillées qui recouvraient les murs. Une odeur de tabac froid flottait la petite pièce. Le vieillard se mit à tousser à en cracher ses poumons avant de s’asseoir dans son fauteuil. Ce fauteuil était probablement le meuble le plus confortable et le plus cher de son petit logis. Evan le lui avait offert, quatre ans plus tôt, à son anniversaire. Il se recouvrit d’une couverture aux imprimés écossais avant d’être pris d’une autre quinte de toux. Sa pipe sculptée fumait entre ses doigts crispés.
— Tu n’as pas l’air en forme, fit remarquer Evan d’une voix inquiète en posant sur la petite table, à côté du fauteuil, le Tupperware et le thermos qu’il avait sorti du sac.
— T’en fait pas les parasites comme moi, ça peut pas crever.
— Tu ne veux vraiment pas un chauffage plus puissant ? Celui que tu as, parvient à peine à rendre cette pièce froide par ce temps glaciale.
— Non, non, c’est bon, petite canaille. Je dépouille pas les gens honnêtes comme toi. C’est plutôt les hypocrites qui essayent de se donner bonne conscience que j’escroque avec grand plaisir. Tu ne roules pas sur l’or, hein Evan.
Evan sourit.
— J’ai ma solde d’alumni qui est assez conséquente. Et tu sais bien que mes photos me procurent des bonnes rentrées d’argent. En ce moment le vintage est pas mal à la mode et je possède un des rares modèles encore existants, même les pellicules sont encore plus difficiles à trouver. Fort heureusement je dispose d’une bonne réserve que m’a laissée mon père.
— Ah oui c’est vrai. Mais non, garde tes sous, va ! Et merci encore pour ton invit’ à l’expo. Ils ont hésité à me laisser entrer. Heureusement que t’avais prévenu Adolphe.
Mickey fut pris d’une autre quinte de toux avant de boire une gorgée du café au thermos.
— J’aurais peut-être dû te faire une soupe, dit Evan assis sur l’unique tabouret de la pièce.
L’état de santé du vieil homme l’inquiétait. Il semblait se dégrader un peu plus à chaque fois qu’il venait le voir.
— T’en fais pas, va. Même si tu cuisines comme un vrai chef, le café, c’est suffisant.
Il prit une bouché de la tarte du Tupperware et rajouta :
— C’est toujours aussi bon.
— Ravi que cela te plaise.
Mickey esquissa un léger sourire amical tout en continuant de manger le délicieux dessert.
— J’aurais aimé qu’il en soit autrement l’ami. Mais bien souvent, ainsi va la vie… le malheur des uns fait le bonheur des autres.
— Tant que c’est toi, ça me va… mais pour ce qui est du reste de ma vie… Je n’ai pas mon mot à dire… Après tout c’est sur le sang des alumni qu’est fondé l’équilibre de cette société.
— Le sang des alumni, hein ? Tu m’as l’air encore plus morose que d’habitude dis donc…
— Ouais…
— Hum…
— D’après toi chaque année, sur les cinq milliers d’alumni en dernière année dans les nombreuses scholas du Noguem, combien en reste-t-il au moment des recrutements au collegiums après le Raaek'a Daedalis ?
— Je ne sais pas, quatre-mille-cinq-cents quatre-mille-six-cent ?
— Trois mille en moyenne, les bonnes années. Et ce nombre ne cesse de décroitre. C’est ce qu’ils appellent le Tri. Comme ils le disent toujours. Le Tri continue. Il est inéluctable et primordial.
— Pour des condamnés à mort, vous avez plutôt la belle vie, non ? Enfin…
— Oui, je suppose qu’on peut dire que nous sommes des esclaves choyés. On nous alloue une bourse, on nous fait miroiter le salut de l’Humanité, les prestiges de la position et le pouvoir que cela confère ainsi que le fameux leitmotiv, nous sommes plus que des hommes, nous sommes des ignemshirs. Donc pour la plupart c’est un véritable honneur que d’avoir cette chance d’être un Compatible, d’avoir dans les veines un sang d’airain… mais ils ne se rendent pas compte qu’ils sont la propriété du Noguem. Un Compatible ne peut quitter le Noguem. Il sera un noguemi qu’il le veuille ou non et ce jusqu’à sa mort.
Mickey posa le Tupperware vide et se lécha les doigts en demandant :
— Tu ne voulais pas devenir le plus grand ignemshir que la Terre ait compté pour honorer le dernier vœu de ta sœur ? Tu as changé d’avis ?
— Je ne pense plus être capable de le devenir. Et puis, elle m’a juste demandé de vivre. Je ferais tout pour rester en vie mais c’est tout.
— C’est quand même dommage que tu en sois réduit à partager ton ressenti avec un clochard ayant un pied dans la tombe, dit le vieil homme avant de tirer une bouffé sur sa pipe. Qu’est-ce qu’il en pense ton meilleur ami ?
— Kei ? Je pense qu’il essaye de me comprendre mais il n’y arrive pas vraiment. C’est un Sha’Daigan. Il a été élevé dans le but de régner et de vaincre. Je ne suis qu’un ma’nkel, je ne descends pas d’un Sang Ancien. Je n’ai pas de nom prestigieux à défendre, ni de famille derrière moi pour m’appuyer et me soutenir. La seule chose qui est derrière moi est… Mon ombre… à certain moment de la journée et Princeton, mais Princeton… Eh bien. C’est Princeton.
— Tu pourrais initier une nouvelle dynastie. Qu’importe que tes ancêtres soient inconnus. Et puis, il y a bien d’autres ma’nkel dans ton institut de la torture, non ?
— Kiona Paine est la plus vieille schola au monde, Mickey. Elle jouit d’une renommée inégalée. De fait, les Sangs d’Acier sont majoritaires. Ils occupent en majorité le sommet du classement. Le quart restant est composé des Sangs de Fer, venant de famille un peu moins puissante et ancienne et de quelques très rares ma’nkel. Cinq désormais, moi inclus. Parmi nous, il y en a un qui est aussi fier qu’un Sang d’Acier. Il s’appelle Joaquin. Tu n’imagines pas à quel point je l’aime ce gars. Mais les trois autres que je ne les connais pas vraiment mais je sais qu’ils n’assument pas leur identité. Ils prient chaque jour pour que les autres oublient leurs engeances. Ils ploient le genou devant les Sha’Daigan et les Sha’Genji dans le but d’être accepté par eux et en retour, ces derniers les méprisent souverainement. Ils ne comprennent pas que cette race, le Sang Ancien, ne valorise que deux choses : le sang et la force…
— C’est une affaire compliquée. Ta vie n’est pas simple. Mais bon, la vie n’est jamais simple pour personne…
Evan hocha lentement la tête en jouant distraitement avec son neshir qu’il avait décroché de sa corne.
— C’est vrai… mais tu sais, quand je prends mes photos et que le lendemain je me retrouve dans la Fourmilière, je n’arrête pas de me demander pourquoi est-ce que j’ai hérité de cette malédiction… La Compatibilité. Ma sœur en était tellement fière. Ça aurait dû être moi dans cette tempête… Au moins comme ça tu n’aurais pas eu à supporter mes jérémiades chaque année, à la même date… Sue aurait été forte. Elle aurait probablement cessé de me pleurer au bout de la première année…
— Cesse de raconter n’importe quoi, crétin. Si les choses se sont passées ainsi, c’est qu’elle devait se passer ainsi.
Evan sourit tristement et fixa d’un air perdu la moquette bleue terne, effilochée et rongée par les mites.
— Et tes parents, ils ne t’ont pas élevé avec l’idée que tu devais sauver le monde ?
— Non pas vraiment. Ils ne m’ont pas vraiment élevé. Comme je te l’ai déjà dit la situation était assez complexe. C’est Princeton qui m’a élevé. A part me dire de rendre les coups que l’on me donnait, de m’envoyer dans la chambre méditatoire quand je piquais des colères afin que je comprenne qu’il y avait des choses plus grandes dans cet univers que mon stupide égo meurtri. Et de me dire ne pas me laisser marcher sur les pieds, il ne m’a pas inculqué grand-chose. Si. Il y a bien une chose qu’il m’a toujours dite : « Ne reprends jamais une parole que tu as donnée, Un serment implique toujours ton honneur et ton honneur mesure ta valeur. Si une tâche ne peut être faite que par toi-seul alors, ton devoir aura toujours été de l’accomplir »
— Cela me paraît assez complet comme éducation. En tout cas, cette liberté qu’il t’a accordée t’as sûrement permis de développer un esprit critique. Comme quoi, il ne m’a pas l’air d’être un idiot ton grand frère.
Evan ne put s’empêcher de rire avant de dire :
— Cet abruti m’a fait vivre un enfer, oui.
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