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Le soleil brille et j'en profite pour sortir prendre l'air. Je ne vais jamais loin, gambader dans la nature, ce n'est plus de mon âge. En plus, je n'ai pas besoin de sortir de chez moi, j'ai le plus beau des jardins du quartier. Tout le monde m'envie. Il faut dire que j'en prends grand soin.

Depuis toujours, cette passion me suit. J'y passe de longs moments qui me permettent de me détendre. Lorsque je soigne les résidents de mon petit coin d'univers, j'oublie le reste.

D'ailleurs ma mémoire n'est plus ce qu'elle était. Je la sens, qui file loin de moi, et je ne peux pas faire grand chose pour la retenir.

Malgré tout, lorsque je regarde mes rosiers couverts d'une multitude de fleurs dont les couleurs et le parfum me rappelle ma femme. Je les avais mis là, pour elle. Je voulais que chaque matin, elle puisse les voir en sortant de la maison.

Pourquoi m'as-tu quitté ? J'avais besoin de toi...

Un jour, vous prenez conscience que c'est la fin et que plus jamais vous ne reverrez ce doux visage. Elle me manque parfois, mais plus le temps passe, et moins j'y pense. On finit par se faire une raison.

Mes yeux se posent sur cet arbuste. Chaque fois que je le vois, je repense à mon neveu. Ils ont des points communs tous les deux : aussi têtu l'un, aussi têtu l'autre. Ce poirier n'en fait décidément qu'à sa tête. J'ai eu beau tout essayé, il penche toujours sur un côté. Le gamin non plus n'était jamais capable de se décider. Si seulement, il avait suivi mes conseils, il s'en serait peut-être mieux tiré dans la vie...

L'arbuste m'énerve, mais je le garde quand même. Sans lui, le jardin ne serait plus le même. Il y apporte un certain charme.

L'ombre des troènes s'étend sur le jardin et je m'avance vers eux. Diablo aimait tellement se reposer dans ce coin. Il était bête ce chien. Chien de catégorie un qu'ils disaient, fallait le voir pour le croire. Tous les chats venaient manger dans sa gamelle et lui les laissés faire. Pareil pour les oiseaux qui venaient boire son eau.

Je me suis toujours demandé si c'était la gentillesse ou de la paresse, j'ai toujours pas eu la réponse à ma question. Le pauvre vieux, il est parti y a pas si longtemps, mais lui aussi me manque.

Je continue à avancer, un pas après l'autre, je fais le tour de la maison. Tout est en ordre dans le jardin, mais il s'agit de ne pas rester inactif. Un revirement de situation est si vite arrivé.

J'arrive au fond et je découvre le cerisier. Il a encore poussé depuis la dernière fois. La folie des grandeurs, il l'a cet arbre. Par contre, même pas foutu de faire de bons fruits. Même les oiseaux n'en veulent pas de ses cerises, c'est dire. Quand je le vois, je pense à un type que j'ai jamais pu encadrer. D'ailleurs, celui-ci a fini mal. Bien fait, ça lui apprendra à vouloir s'en prendre à moi.

Je préfère tourner le dos, car je sens la colère me gagner. Ce n'est pas bon à mon âge. Instantanément, mon regard se pose sur le lilas violet. Ces fleurs sont si belles mais si fragiles en même temps. Je m'approche.

Pas de doute de tout mon jardin, c'est lui le plus beau. Sans que je m'y attende vraiment, il a poussé, poussé pour devenir une merveille. Depuis combien de temps est-il là ?

Ma mémoire n'est vraiment ce qu'elle était. J'ai beau chercher, je reste sans réponse.

Ça me taraude, surtout que ce n'est pas anodin.

Mince alors ! Mais qui est-ce que j'ai enterré là, déjà ?


Texte publié par Nascana, 25 août 2019 à 17h52
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