La jeune fille le prit délicatement dans ses bras et entreprit de traverser la forêt maudite. Heureusement que son Maître l’avait prévenu de son rêve prémonitoire !
Pauvre Nolwë ! Voir sa mère mourir sous ses yeux ! Aucune créature au monde, ne devrait avoir à subir cela !
Elle-même n’avait plus de parents mais elle était bien trop petite pour se souvenir d’eux. Elle espérait de tout son cœur que Nolwë garderait des souvenirs heureux de sa maman. C’était tellement précieux les souvenirs ! Elle aurait tellement aimé se rappeler le visage de sa mère! Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle était le fruit d’une union interdite. Ses parents n’avaient pas le droit de s’aimer et l’avaient payé de leur vie. Un jour, elle demanderait à son Maître de lui conter toute l’histoire. Jusqu’à présent, elle avait gardé ses interrogations pour elle, cependant, plus elle grandissait, plus elle avait envie de connaitre ses parents.
Sa destination était en vue : un cul de sac barré par des ronces, qu’elle traversa sans mal. Ce n’était qu’une illusion créée par le Maître pour éviter les regards curieux. Au bout du chemin, une cabane d’aspect misérable apparut devant elle. Elle semblait en ruine, abandonnée, prête à s’effondrer. Là aussi, ce n’était qu’une illusion. Dès qu’elle passa le voile, une confortable maison en bois rempli son cœur d’allégresse. Sa maison, son foyer ! Certes, elle n’était pas grande mais elle était suffisante pour eux deux. C’était le Maître qui l’avait construite de ses mains avec le bois de la forêt lorsqu’il avait décidé de s’établir dans le coin. Elle n’avait que huit ans lorsqu’il avait choisi ce lieu précis. Elle s’était toujours demandée, s’il avait rêvé de cet endroit ou si le hasard de leurs pérégrinations les avait amenés là.
Son Maître était un érudit, ainsi qu’un grand mage. De plus, il était l’un des derniers oracles encore en vie. Un siècle auparavant, les oracles avaient été pourchassés et massacrés par les espions du roi des elfes noirs parce qu’un jour, l’un deux avait prédit qu’un enfant de sang mêlé naitrait et qu'il serait la cause de la fin des trônes elfiques. Fou de rage, le roi promit l’anéantissement de ces mages, ainsi commença la plus grand purge de l’histoire des elfes.
La grande porte grinça lorsqu’elle l’ouvrit. Le Maître était plongé dans ses parchemins comme à son habitude.
- Je suis de retour, Maître.
- Je vois que tu as réussi à le ramener en vie, constata-t-il en levant le nez de ses papiers.
- En doutiez vous ?
- Non ! Pose le sur ces couvertures, je lui ai aménagé un endroit douillet près du feu pour qu’il puisse se reposer.
Elle le mit délicatement sur les peaux de loups. Nolwë ne s’éveilla pas, il dormait profondément : un effet de la magie pour obliger le corps au repos et ainsi favoriser le processus de guérison.
- Que pouvait-il faire dans la forêt maudite ? Toutes les créatures savent qu’elle est dangereuse, demanda Faëriel, songeuse.
- Sans doute que la mère n’a pas eu le choix. Nous vivons une époque troublée, de plus, à cause de l’hiver anormalement long, beaucoup d’animaux crient famine.
- C’est très grave si la faim a poussé cette maman renarde à sortir de sa cachette et mettre son petit en danger ! Il en reste si peu !
- Ainsi, tu as reconnu l’espèce ?
- Oui ! Nolwë est un bébé renard blanc à queue doré !
- Comment l’as-tu reconnu ? C’était la première fois que tu en voyais un ! Questionna le Maître, intrigué.
- Je l’ai lu dans son esprit.
- Ah, c’est intéressant !
- Pourtant, je m’inquiète…
- Pourquoi ?
- Et bien, je sais que les renards blancs à queue dorée ont été pourchassé parce qu’une légende, vieille de plusieurs siècles, disait que si on liait notre esprit au leur, alors, la magie deviendrait illimitée, nous rendant quasi-invulnérable. Seulement, ce que la légende ne disait pas, c’est que les renards ont un esprit fragile, ne supportant pas la corruption et que beaucoup sont devenus fous ou sont morts d’hémorragie cérébrale.
- Oui, en effet. Et ?
- J’ai lu aisément dans l’esprit de Nolwë…est ce qu’on est lié ?
- Oui, tu es lié à Nolwë, mais pas avec le lien de l’esprit. Tu peux lire en lui car tes pouvoirs endormis essaient d’échapper à leur prison.
- Pourquoi avoir scellé ma magie ? Quand aurais je accès à cette partie de moi ?
- Je l’ai scellé car ton pouvoir est bien trop grand pour ta frêle silhouette, il t’aurait dévoré de l’intérieur mais lorsque tu seras prête, que ton corps sera capable de gérer une telle énergie alors ton pouvoir s’éveillera tout à fait.
- Et si je me faisais capturer avant que ma magie s’éveille ? Comment vais-je pouvoir me défendre ?
- Je suis là ! Je ne laisserai personne te faire du mal, tu le sais n’est ce pas ?
- Oui…mais...
- Chaque fois que le danger s’est approché de toi, nous avons fui et je le ferais encore et encore jusqu’à ce que tu sois prête à faire face à ton destin.
- Pouvez vous me promettre que je ne me ferais pas capturer ?
Le Maître soupira, se passant nerveusement une main dans ses longs cheveux dorés. Faëriel se savait injuste, elle se doutait bien que le Maître ne pouvait pas lui promettre cela, même si c’était un oracle.
- Faëriel, tu sais que je ne contrôle pas le moment ou le voile de la réalité se déchire pour me laisser entrevoir l’avenir ?
- Oui, Je sais. Pardon Maître, ma demande était égoïste.
- Je t’ai déjà expliqué que ce que je vois n’est qu’une possibilité parmi tant d’autre. Le futur est comme une multitude de chemins, un geste, un mot, une rencontre, un sourire peut changer ta route. Rien n’est absolu, rien n’est figé.
- Oui, je sais.
- Je comprends que ton futur te préoccupe beaucoup et je ne peux pas répondre à toutes tes interrogations car ce serait t’orienter dans un sens or, ce chemin, tu dois l’emprunter par toi-même, prendre tes propres décisions, murir tes propres expériences mais ça ne veut pas dire que tu seras seule sur ce chemin.
- Vous avez raison, merci Maître.
- Bien ! Il est temps de diner !
La jeune fille avait encore pleins de questions en tête, mais elle savait qu’il était inutile de continuer la conversation. Lorsque le Maître changeait de sujet, c’est qu’il ne pouvait ou ne voulait en dire plus. Aussi, dressa-t-elle le couvert non sans s’être assurée que Nolwë dormait toujours paisiblement.
Ils mangèrent en silence, une soupe de pois avec du pain pétri par le Maître. La jeune fille était songeuse. Ces derniers temps, il y avait une petite voix qui résonnait en elle. Si au départ, ce n’était qu’un murmure, il lui semblait qu’elle devenait de plus en plus forte, jusqu'à devenir un hurlement : pourquoi moi ? pourquoi moi ? pourquoi moi ?
Elle n’avait pas oser en parler au Maître, ayant honte de cette pensée. Elle avait l’impression de geindre comme une enfant capricieuse alors que son peuple souffrait. Elle n’avait pas le droit de se plaindre !
Fatiguée, elle débarrassa la table et le Maître fit la vaisselle. Elle lui souhaita une bonne nuit et alla se coucher.
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