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tome 1, Chapitre 13 tome 1, Chapitre 13

Arrivée à la maison, Rosa ouvrit la porte rapidement et ils s'engouffrèrent tous ensemble dedans. Dvan se précipita pour posa sa fille dans son lit, alors que Danian le suivait de près. La mère suivit son enfant et s'assit sur les draps tout en prenant la main d'Oriana dans la sienne.

Sans savoir pourquoi en cet instant des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Son fils la voyant si mal posa la main sur son épaule pour la réconforter et elle la serra avec tendresse.

-Ca va aller, murmura-t-elle, sans savoir si c'était elle ou lui qu'elle essayait de convaincre.

Dvan les regarda tous les deux.

-Danian va voir le maire tout de suite et raconte lui ce qui est arrivé à ta sœur. Je reste ici pour veiller sur ta mère et ta sœur.

L'autre hocha la tête, l'air sérieux.

-Oui.

Il fila comme le vent. Rosa ne se sentit pas la force de lui dire de faire attention. A quoi bon de toute façon ? Le garçon avait compris par lui-même ce qui pouvait se passer dehors la nuit. Il n'était pas stupide.

Le géant couvrit Oriana avec les couvertures.

-Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne reprenne conscience.

Il passa derrière sa femme et la prit dans ses bras.

-Le maire a gardé l'appareil de communication. Ne te fais pas de soucis, les renforts seront bientôt là.

Elle lui jeta un coup d'oeil, surprise. Depuis quand Dvan avait-il gagné autant en assurance ? Il n'était plus le garçon timide et rêveur qu'elle protégeait de tout. Il n'était plus l'adolescent mal dans sa peau, qui était sûr que ses cicatrices l'empêcheraient à jamais d'être heureux.

Rosa se releva et vint se blottir dans ses bras. Il la soutenait tellement depuis qu'ils avaient leurs deux enfants. Elle passa la main sur sa joue. Etait-ce elle ou alors ses cicatrices se faisaient moins présentes ?

Non c'était sans doute son imagination. Cela ne pouvait pas être autrement. Comment des blessures pourraient-elles disparaître sans que personne n'y ai touché, ou fait quoi que ce soit ?

-Elle va vite se réveiller, ne t'en fais pas.

-Comment peux-tu en être aussi sûr ?

-C'est notre fille.

La mère contempla son enfant allongé dans le lit. Étrangement, elle paraissait déjà avoir reprit des couleurs : une bonne chose en soi.

-Dvan, je…

-Ne dis rien. Je sais bien que tu t’inquiètes, mais ne t'en fais pas, je suis là.

Elle hocha la tête. Ce n'était pas ça, le problème. A nouveau, elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

-Est-ce que tu veux rester près d'elle ? Je peux aller te chercher une couverture si tu veux.

Rosa ne répondit pas avant de se pencher sur sa fille pour l'embrasser sur le front.

-Je vais faire une tisane bien chaude. Je crois que tout le monde en a besoin.

Elle retourna sans un mot dans la pièce principale où elle entreprit de faire bouillir de l'eau. Elle avait besoin de calme et de réfléchir.

-Est-ce que ça va ? lui demanda Dvan derrière elle.

Que répondre ? Qu'il manquait quelque chose mais qu'elle ne savait pas quoi ?

-L'attaque t'a plus ébranlé que tu ne veux le montrer, déclara le géant.

Comment lui avouer que ce n'était pas l'attaque qui l'avait ébranlé, mais lui-même ?

-C'est de notre fille dont on parle ! J'étais si… impuissante… Je ne savais pas quoi faire contre lui ! Si seulement, j'avais eu un poignard, j'aurais pu…

-Tu ne sais pas te servir d'un poignard…

C'était la vérité.

A moins que…

Son regard se tourna vers sa main. Pour peu, elle aurait pu sentir le contact de la garde sur ses doigts.

Le retour de Danian l'interrompit dans ses réflexions.

-J'ai tout dit. Il va prévenir monsieur le comte.

-C'est bien. Tu es un garçon courageux.

L'adolescent haussa les épaules.

-Pas vraiment. J'étais terrifié par ce qui est arrivé à Oriana.

-C'est normal. Tu n'aurais jamais pu imaginer ça, n'est-ce pas, Rosa ?

Elle ne lui répondit pas et il reposa à nouveau sa question, tirant de sa concentration sa femme. Celle-ci avait la sombre impression de sentir quelque chose dans sa main.

-Il faut toujours être sur ces gardes avec ce genre de créatures, murmura-t-elle.

-Pardon ?

-Tu les connais ? lui demanda Danian.

Son père l'arrêta d'un geste de la main.

-Ta mère a été choquée par ce qui s'est passé.

Dvan se saisit de la théière dans les mains de sa femme.

-Je vais m'en occuper.

Elle hocha la tête. Sans savoir pourquoi elle se sentait à l’étroit dans cette maison. Non c'était plutôt qu'il lui manquait encore et toujours quelque chose. Une information cruciale…

Alors qu'elle allait ouvrir la bouche, on frappa à la porte. Rosa tourna les yeux vers son mari et son fils. Si le premier gardait un air assuré, le second paraissait beaucoup plus effrayé.

-Je vais ouvrir, déclara le géant.

-Très bien. Danian sort une tasse supplémentaire, lui demanda sa mère.

Celui-ci hocha la tête et obéit.

Dvan revint.

-C'est monsieur le comte.

Son fils se sentit fébrile, à l'idée de se retrouver face à une personne aussi connue, et prit le parti de reculer jusqu'à toucher le mur avec son dos.

Le nouveau venu entra. Il avait l'air toujours aussi jeune. Les longues mèches noirs qui encadraient son visage contrastaient avec la pâleur de celui-ci. Il était en tout point semblable à l'homme qu'ils avaient entraperçu seize années auparavant.

-Pardonnez-moi de vous déranger, mais au vu des informations que j'ai reçu, je ne pouvais pas faire autrement que de venir m'informer par moi-même.

-Je comprends, déclara Dvan.

-Je manque à tous mes devoirs en ne me présentant pas, je suis le comte…

-Warwick Danichka, déclara brusquement Rosa.

-En effet, c'est tout à fait cela.

Danian fixa sa mère sans comprendre.

-Maman ?

Dvan lui fit signe de se taire.

-J'aimerais que vous m'expliquiez le plus fidèlement possible, ce qui s'est passé cette nuit.

Le géant hocha la tête.

-Asseyez-vous.

Il remplit les tasses de tisane et en tendit une au comte qui accepta.

Voyant que Rosa n'était pas dans les meilleurs conditions pour parler, ce fut lui qui commença le récit. Lorsqu'il eut terminé, le comte leur posa des questions et Rosa consentit à y répondre. Fort de ces précision nouvelle, le comte prit congé.

-N'ayez crainte. S'il a volontairement laissé votre fille, il ne reviendra pas la chercher.

-Vraiment ? demanda Dvan.

-Oui, il a dû trouver une raison pour la laisser.

Rosa croisa le regard de son mari. Eux seuls savaient de quoi il était question.

Les époux raccompagnèrent leur invité à la porte.

-Merci pour votre aide.

-Ce n'est rien. Je ne fais que protéger mes gens.

D'un signe de la tête, il les salua avant de tourner les talons.

Toute la famille le regarda s'éloigner avant que Dvan ne referme la porte.

-Au moins, on sait qu'Oriana ne risque rien, déclara-t-il.

Rosa ne répondit pas.

-Tu crois ce qu'il dit ? lui demanda son fils.

Ce qui était arrivé l'avait plus retourné qu'il ne voulait l'avouer.

-Oui. Après tout, il est voué à la nuit !

-Qu'est-ce que ça veut dire ? l'interrogea Danian.

-Que c'est un vampire, déclara soudain Rosa.

Vampire… Ce mot qu'elle cherchait depuis longtemps.

Les deux autres se tournèrent vers elle, sans un mot. Elle fit un pas vers la fenêtre et contrairement à d'habitude, les volets n'étaient pas fermés. La lueur de la lune se posa sur elle, et elle contempla ses mains. Elle était moins pâle qu'elles n'auraient dû l'être, dans ses souvenirs. Quelque chose sonnait faux...

-Maman, comment sais-tu tout ça ?

Sans réfléchir, les mots sortirent seuls de sa bouche.

-Parce que… Parce que moi aussi, j'en suis une…

Ca y est, elle l'avait dit.

C'était donc ça, la vérité qu'elle cherchait depuis si longtemps.

-Maman !

A nouveau, elle fixa ses mains qui brillaient d'un éclat nouveau sur la lumière de l'astre lunaire. Une sorte de brillance irréelle l'entourait. En passant la main sur son visage, elle sentit sa peau rebondit. Elle était plus jeune. Elle avait retrouvé l'âge qu'elle avait lorsqu'elle était devenue vampire.

Danian se jeta sur sa mère.

-Maman.

Il paraissait inquiet.

Soudain une pensée se mit à grandir dans son esprit : les vampires n'ont pas d'enfants. Elle déglutit. Oriana, et Danian, sa fille et son fils bien aimés… Comment est-ce que cela était possible ? A moins que…

A moins que rien ne soit vrai… Si tel était le cas…

En désespoir de cause, elle regarda Dvan. Il s'était avancé vers elle.

-Ce n'est pas…

Le géant prit ses mains dans les siennes.

-Tu n'es pas obligée d'y penser…

Bien sûr qu'elle n'était pas obligée de le faire. Seulement, elle le devait. Il y avait des gens qui avaient besoin d'elle, ailleurs.

Elle n'était plus Rosa, l'humaine qui voyageait en compagnie de Dvan. Elle était Rosa, la vampire, qui s'était fait des ennemis plus que dangereux. Elle repensa à eux. Etait-ce là, une de leur sale manipulation ? Il n'avait donc honte de rien.

-Tu pourrais rester avec nous, lui murmura suppliant Danian.

Oui, elle pourrait. Elle en avait d'ailleurs très envie, seulement…

Oriana arriva à son tour et se précipita sur elle pour l'enlacer.

-Je ne serais plus jamais méchante avec toi, maman. Ne nous quitte pas.

Elle les fixa l'un après l'autre. Ses enfants qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer. Qui était le responsable de ce jeu cruel ? Qui s'amusait à lui faire croire qu'elle avait une vie de rêve ? Qui lui avait donné la chose qu'elle désirait le plus ? Non les choses qu'elle désirait le plus : revoir Dvan et avoir des enfants.

L'espace d'un instant, elle hésita. Que devait-elle faire ?

Le géant passa doucement la main sur son visage, et elle le fixa, incapable de parler.

-Tu dois faire ce que tu penses être le mieux.

-Mais papa, gémit Oriana.

Il passa la main sur ses épaules.

-C'est important. C'est à ta mère de décider.

Rosa lui fit un sourire triste.

-Toi qui me connais mieux que personne, tu sais déjà ce que je vais faire…

Dvan hocha la tête.

-Je ne te dirais pas que ça me plaît, mais je te comprends.

Il prit ses enfants dans ses bras. Oriana pleurait, alors que Danian baissait la tête, sans dire un mot. A son tour des larmes se mirent à couler sur ses joues.

-Prends soin d'eux.

-Je veillerais sur eux, comme je l'ai toujours fait.

Elle s'approcha de lui.

-J'ai toujours su que je pouvais compter sur toi.

Elle serra tous dans ses bras avec tendresse.

-Je vous aime fort tous les trois.

-Je t'aime maman, je ne veux pas que tu partes, la supplia Oriana.

Mais à nouveau, Dvan lui prit la main pour qu'elle laisse sa mère.

-N'oublies jamais que nous serons toujours là, pour toi.

-Je le sais, Danian. Je le sais.

Elle regarda avec amour ses enfants.

-Si on te manque trop, reviens nous voir. Nous t'attendrons.

Elle les serra dans ses bras avec force.

-Les enfants soyez gentil avec votre père et n'oubliez jamais que mon amour pour vous ne connaît aucune limite.

Disant cela, Rosa ferma lentement les yeux. Elle les aimait tant et ne voulait pas les oublier. Ils avaient passé tant d'années ensemble. Il y avait eu tant d'amour entre eux. Pourrait-elle seulement les revoir un jour ?

Oui, car ils resteraient dans son coeur à jamais.

Elle n'aurait jamais voulu les quitter. Pourquoi devait-elle le faire alors ?

Ha oui, parce que ce n'était pas la réalité…

Elle devait retourner dans ce monde horrible qui lui avait fait tant de mal. Tout ça pour quoi ? Dvan, bien sûr.


Texte publié par Nascana, 22 septembre 2019 à 14h09
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