Rapidement, Rosa pu annoncer la bonne nouvelle à son aimé. Elle attendait un enfant. Celui-ci ne cacha pas sa joie lorsqu'elle lui apprit. Pendant plusieurs jours, son sourire ne le quitta pas. D'ailleurs, il devait en avoir parlé à Joseph puisque sa Maureen vint rapidement rendre visite à la jeune femme. Souvent, elle venait l'aider, et celle-ci la considérait un peu comme sa propre mère.
Lorsque Dvan rentrait, Danian se jetait dans ses bras et il prenait plaisir à le faire sauter en l'air. Sa femme le regardait toujours faire avec un sourire aux lèvres. Elle avait beau faire de son mieux pour prendre soin de son fils, elle se sentait toujours mal à l'aise lorsqu'elle reconnaissait en lui des traits du contre-maître. Cela l'effrayait et parfois, elle se disait que les gens devaient tout savoir. Mais personne ne faisait la moindre remarque.
Son bien-aimé venait ensuite l'embrasser avec douceur. Ne manquant jamais une occasion de se montrer tendre avec elle, il était toujours présent. Surtout en cette période, alors que sa grossesse avancée la gênait de plus en plus dans ses mouvements.
Souvent, il lui disait qu'il allait faire les choses à sa place. Il n'était pas rare qu'ils coupent des légumes ensemble, ou que Dvan nettoie le linge en sa compagnie. Elle se sentait toujours mal à l'aise parce qu'il passait sa journée à la forge. Mais jamais un reproche n'était sorti de sa bouche.
-Je vais te servir le repas. Va donc te décrasser.
Le géant partit suivit de Danian. L'enfant n'avait de cesse de poursuivre son père partout. Mais Dvan patient, prenait du temps pour lui expliquer les choses. Il était un bon parent, toujours calme et sachant veiller sur sa famille.
En un sens, Rosa se réjouissait de porter son enfant. Ainsi, elle pourrait lui apporter un peu du bonheur qu'il lui offrait chaque jour. Ce bébé était le fruit de leur amour. Il serait aimé et chéri par eux deux, au même titre que son frère. Peut-être plus, même…
Après un repas rapide, la jeune femme avait décidé de mettre au lit son fils.
-Il est temps de dormir, Danian.
L'enfant soupira.
-Mais maman…
-Tu ne discutes pas et tu y vas.
Le garçon secoua la tête avant de regagner son lit, en traînant les pieds.
Était-elle trop dure avec lui ?
Se ressaisissant, elle passa la porte et retrouva le petit garçon sous les couvertures. Elle tendit la main vers lui, et lui caressa le visage. Elle n'avait qu'à reproduire les gestes qu'elle avait appris avec son frère. Du calme, des paroles rassurantes, de la douceur… C'était tout ce dont Danian avait besoin.
-Bonne nuit, mon petit garçon.
Elle déposa un baiser tendrement sur son front.
-Maman ?
-Oui ?
-Le bébé qui est dans ton ventre, est-ce que tu vas l'aimer plus que moi ?
Avait-il sentit la faille ? Cela lui serra le coeur. Elle ne pouvait pas faire souffrir cet enfant innocent qui n'avait rien demandé à personne.
-Non, mon chéri. J'ai assez d'amour pour vous deux.
-Et papa ?
-Papa aussi.
Elle prit sa main dans la sienne.
-Tu es et resteras à jamais mon petit garçon.
L'enfant lui sourit.
Dvan passa la porte à cet instant, et vint s'asseoir par terre près du lit de son fils. Le regard de celui-ci s'éclaira en le voyant.
-Papa !
-Je suis là, mon grand.
Le géant se pencha et l'embrassa tendrement sur le front. Le garçon prit sa main.
-Tu restes là ?! Je ne veux pas rester seul dans le noir.
-Bien sûr que non. Tu sais que tu peux compter sur moi.
Du regard Rosa interrogea son mari, il lui fit un petit signe de la tête pour lui signifier qu'il s'occupait du reste. Elle se saisit de la lampe et repartit avec. Depuis peu, Danian craignait le noir alors Dvan, demeurait à son côté, jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Arrivant dans la pièce principale, elle entreprit de nettoyer la vaisselle qui leur avait servi pour le repas. Son esprit était tourné vers le géant. Il était un si bon père, doux et rassurant. Elle, elle avait parfois du mal à s'occuper correctement de son fils. Y arriverait-elle mieux avec le second ?
Une fois sa tâche accomplie, elle se posta devant la fenêtre dont le volet était rabattu. Pendant quelques secondes, elle le fixa en cherchant quelque chose qui n'était pas là, sans comprendre d'où lui venait son sentiment d'abattement. Tout allait bien pourtant.
Seulement, elle avait l'impression d'avoir oublié un élément. C'était comme une petite voix dans sa tête qui lui soufflait que ça ne pouvait pas être vrai. Pourquoi ? Que manquait-il ? Quel était cette chose qu'elle ne parvenait pas à voir.
Elle était pourtant heureuse ici avec son mari et son fils. Alors qu'est-ce que ça pouvait être ?
-Rosa ?
Elle sursauta quand la voix de Dvan la tira de sa torpeur.
-Est-ce que ça va ?
Son ton se faisait inquiet.
La jeune femme se retourna sans un mot.
-Je pensais juste à quelque chose…
-Est-ce que c'est grave ?
Que pouvait-elle lui répondre ? Elle n'en avait aucune idée.
-Non. Bientôt, nous serons quatre, murmura-t-elle.
-Je sais.
Il la prit tendrement dans ses bras et l'enlaça.
-Tu es inquiète pour le bébé ?
Elle secoua la tête, ce n'était pas ce qui la préoccupait en cet instant.
-Non, pour Danian.
-Il va pourtant très bien.
-Ce n'est pas lui le problème, c'est moi.
Dvan la fixa sans comprendre.
-Je suis trop sévère avec lui, parfois…
-Mais non…
-Si. C'est horrible à dire mais il me rappelle cet homme…
-Qui ?
Il n'en avait pas reparlé depuis cette nuit où ils s'étaient enfuis.
-Le contre-maître…
Dvan serra les dents.
-Ce connard qui me regardait toujours en souriant, il devait vraiment me prendre pour le dernier des idiots !
Rosa posa sa main sur son poing fermé.
-On s'en fiche de lui. On est ensemble et heureux, c'est tout ce qui compte. On s'en fiche de ce type.
-Combien de fois est-ce que c'est arrivé ?
La jeune femme soupira avant de s’asseoir dans le fauteuil, fatiguée.
-Dvan…
-S'il te plaît… J'ai besoin de savoir.
Elle tourna la tête sur le côté.
-Je ne sais pas. J'allais le rejoindre parfois la nuit lorsqu'il en formulait la demande.
-Quoi ?!
-Oui, j'étais sa maîtresse.
-Tu l'aimais ?
Elle sentit bien la tristesse dans le ton de sa voix.
-Bien sûr que non. Je faisais ça pour que tu ais un poste qui ne soit pas trop dangereux… murmura-t-elle.
-Rosa ?!
Il la fixa sans comprendre.
Brusquement, il vint s'asseoir à ses pieds et posa sa tête sur ses genoux. Il semblait si mal qu'elle en avait mal au coeur juste en le regardant.
-Tu veux dire que tu faisais ça pour moi ? Etais-je si inutile ?
Aussitôt, elle posa sa main sur son visage pour le caresser tendrement.
-Jamais, tu m'entends ?! Jamais, tu n'as été inutile ! Sans toi, je n'étais rien. Sans toi, je ne serai rien. Tu es un mari aimant et le meilleur père qui soit. L'amour que tu donnes à Danian me réchauffe le coeur à chaque fois que je te vois.
-C'est normal, c'est mon fils.
Il embrassa tendrement sa paume.
-Je t'aime Dvan et je t'aimerai toujours. Je ne désire qu'une seule chose, rester en ta compagnie.
Le géant la fixa ému.
-Mon amour…
Il se releva et l'embrassa tendrement.
-Nous ferions mieux d'aller nous coucher.
-Dvan ?
-Oui ?
-Est-ce que tu m'en veux beaucoup ?
-Pour ?
-Le contre-maître…
Elle avait baissé la voix pour dire ces mots.
Le géant s'approcha d'elle et la prit par le bras comme pour la soutenir.
-Ce n'est pas à toi que j'en veux. Tu n'y es pour rien. Mais si jamais je viens à croiser cet homme…
-Pourquoi le croiserais-tu ?
-Je ne sais pas mais si je le vois, il devra répondre du mal qu'il t'a fait !
En l'entendant dire ça, Rosa se blottit contre lui. Elle ne voulait pas de bagarre. Elle ne voulait pas que Dvan prenne le moindre risque. La chose qui l'effrayait le plus, c'était que cet homme savait leur véritable lien. Pourtant elle ne dit rien au géant de ses craintes.
-Je t'aime tant, murmura-t-elle.
Finalement, il la prit par la main pour l’entraîner jusqu'à la chambre. Elle s'arrêta lorsqu'elle sentit un liquide chaud lui couler entre les jambes. Baissant les yeux, elle aperçut de l'eau au niveau de ses pieds.
-Dvan, murmura-t-elle d'une voix blanche.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Le bébé.
Aussitôt, il fut sur elle.
-Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Le bébé arrive.
Il la fixa en silence.
-Maintenant ?
-Oui, maintenant.
Dvan tourna la tête dans tous les sens.
-Ne bouge pas, je vais aller chercher la sage-femme.
-Mais il fait nuit !
-Je sais. Mais nous n'avons pas le choix. Est-ce que tu veux que je t'aide à t'allonger ?
Elle secoua la tête.
-Ca ira, mais sois prudent !
Aussitôt, il fila attrapant au passage son manteau. Rose lui suivit du regard alors qu'il s’éloignait et son coeur se resserra. Elle avait l'impression d'avoir déjà vécu ça. Quand avait-elle dû laisser partir Dvan comme ça ? Jamais…
Pourquoi en avait-elle le souvenir alors ? La jeune femme avait l'impression que quelque chose de ce genre c'était déjà passé. Seulement, ce n'était pas vrai. En plus, Dvan n'était pas parti loin. Il allait revenir.
Elle pencha la tête sur son ventre comme si elle y cherchait une réponse. Il n'y avait rien d'étrange pourtant. Rosa passa sa main dessus. Son bébé était là…
Reprenant conscience, elle gagna la chambre. Toutes ses pensées concernaient Dvan. Elle craignait qu'il ne lui arrive malheur. Pourtant, il n'y avait plus eu de troubles la nuit, depuis celle chaotique qu'ils avaient vécu alors que Danian était encore bébé.
Celle où elle avait croisé le regard de cet homme. Celui qui était voué à la nuit. Cette phrase tournait dans sa tête à présent qu'elle y pensait. Il y avait quelque chose chez lui, qui l'attirait plus. Même si cette attirance était bien différente de celle qu'elle ressentait pour Dvan.
Elle leva la tête vers la fenêtre, comme pour y chercher la solution mais ses yeux ne rencontrèrent que les volets. La lune n'était pas présente dans son champ de vision. La lampe à huile était la seule source de lumière présente dans la pièce.
Alors qu'elle allait se lever, Rosa entendit la porte claquer un grand coup. Dvan était de retour. Il arriva en trombe dans la chambre, et la fixa comme pour s'assurer qu'elle allait bien. Elle lui sourit.
Le géant se précipita sur elle pour prendre sa main dans la sienne. Il semblait beaucoup plus stressé qu'elle.
-Je suis là ! Ne t'en fais pas. Tout ira bien.
Elle eut presque envie de rire de sa mine déconfite.
-Je vais rester là et te tenir la main tout du long, déclara-t-il.
Une silhouette féminine entra.
-J'en doute fort, l'interrompit la sage-femme. Elle a besoin de calme et de tranquillité, pas d'un homme nerveux.
-Mais je…
-Sortez, à présent !
Il jeta un petit regard confus à sa femme qui hocha la tête.
-Ca va aller, Dvan.
Le géant hésita avant de lui embrasser les doigts pour lui donner du courage. Il lui lança un dernier regard avant de disparaître, en refermant la porte derrière lui.
La sage-femme s'approche de Rosa.
-Nous allons voir ce que ça donne. C'est le deuxième, normalement, ça devrait aller mieux.
La jeune femme l’espéra car elle ne pouvait pas dire qu'elle avait gardé un souvenir heureux de son premier accouchement. Cependant, elle avait hâte de rencontrer leur enfant, mais en même temps, elle craignait pour lui.
La suite fut douloureuse, et prit du temps. Elle prenait sans cesse sur elle pour ne pas hurler. Si jamais elle le faisait, Danian se réveillerait et Dvan s'inquiéterait sûrement pour elle. Rosa ne voulait pas le voir dans cet état. Il fallait qu'elle le protège.
Combien de temps s'écoula ? Elle n'aurait su le dire. Finalement, elle fut récompensée lorsqu'elle entendit le bébé poussé un cri. Il était en vie et elle était épuisée.
-C'est une petite fille, précisa la sage-femme.
Elle en fut heureuse, et se prit à sourire. Dvan serait sûrement content d'avoir une fille.
Son interlocutrice nettoya le bébé avant de l'emmailloter dans des morceaux de tissu, pour éviter qu'il ne bouge. Ensuite, elle le tendit à Rosa et l'aida à le caler contre son sein pour que la petite prenne sa première tétée.
La jeune femme la fixa comme pour chercher le moindre signe qui l'aurait fait sortir de la norme. Mais il n'en était rien. C'est juste un bébé comme les autres avec de grands yeux bleus. Dès qu'elle la vit, Rosa la trouva magnifique.
-Je vais chercher votre mari.
La jeune femme hocha la tête et sourit en entendant un grand bruit. Sûrement Dvan qui se levait en catastrophe. Elle l'entendit discuter avec la sage-femme mais ne comprit pas de ce qu'il racontait. En entendant la porte se fermer, elle comprit qu'il devait sûrement la raccompagner jusque chez elle. Cela devait être dur pour lui, de ne pas se jeter sur elle tout de suite, pour voir leur enfant. Il avait bien grandit. Elle se prit à sourire, c'était un vrai homme à présent en plus d'un bon père et d'un mari aimant. Pourquoi alors ne pouvait-elle empêcher son coeur de se serrer en pensant à lui ?
La porte se rouvrant la tira de ses réflexions. Son époux se précipita sur elle, mais s'arrêta en voyant le bébé dans ses bras. Il le fixa surpris de le découvrir.
-Est-ce que…
Il hésita.
-Est-ce qu'il va bien ?
Rosa hocha la tête.
-C'est une petite fille.
Dvan s'assit sur le lit à son côté et lui caressa tendrement les cheveux.
-Elle est superbe. Tu as bien travaillé…
Il déposa un doux baiser sur ses lèvres.
-Toi aussi. C'est ta fille, Dvan.
Il lui sourit. Jamais elle ne l'avait vu aussi radieux.
-Comment s'appelle-t-elle ?
-J'avais pensé à un prénom, murmura Rosa.
-Lequel ?
-Oriana.
Dvan paru réfléchir.
-J'aime beaucoup.
Elle prit sa main dans la sienne, et ils restèrent un petit moment entrelacé. Jusqu'à ce que Rosa, fatiguée, demande à se reposer. Il prit alors le bébé dans ses bras, avant de le déposer dans le berceau.
L'espace d'un instant, il paru la fixer.
-Elle te ressemble tant, murmura-t-il.
-Non c'est à toi qu'elle ressemble.
En fait, elle leur ressemblait à tous les deux. Après tout, n'avait-il pas les mêmes cheveux roux et des yeux bleus semblables ? Et pourtant personne ne voyait rien.
Rosa s'endormit sur cette interrogation.
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