«

»

La première nuit qu'ils passèrent dans cette petite maison, Rosa s'assit sur le lit, et fixa les interstices dans les volets, comme si elle cherchait à voir la lueur de la lune. Elle fixa ses mains les trouvant moins pâles qu'elle s'y était attendue. Est-ce que tout ceci était vrai ? Elle avait encore du mal à réaliser. Jamais ils n'avaient eu autant de chance. S'en était irréel.

Dvan poussa la porte de la chambre, la faisant sursauter.

-Désolé, je ne voulais pas te faire peur.

-Ce n'est rien.

Il s'assit près d'elle, et passa son bras autour de ses épaules, avant de l'attirer contre lui. Elle se laissa faire et vint se blottir dans ses bras.

-Est-ce que ça va ?

-C'est juste que je me pose des questions…

-Des questions sur quoi ?

Rosa hésita.

-J'ai comme une impression…

-Oui ?

Il l'encouragea.

-Je ne sais pas. C'est comme si les choses me paraissaient étranges…

-Pourquoi ? Parce qu'enfin on a de la chance ?

Elle hocha la tête. C'était sûrement pour ça, qu'elle se sentait bizarre. Dvan devait avoir raison.

Il lui embrassa délicatement les cheveux, et elle prit sa main dans la sienne.

-Tu imagines une maison pour nous… Pas une vieille cave glaciale…

Elle lui sourit.

-Notre bébé sera bien ici.

Il posa la main sur son ventre.

-Notre bébé, murmura-t-il.

Ses doigts se nouèrent aux siens.

-Nous serons bien tous les trois.

La jeune femme posa sa tête sur l'épaule de son compagnon. Elle était tellement bien dans ses bras. Combien de temps restèrent-ils blottis l'un contre l'autre, sans un mot ? Elle écoutait le son de son coeur qui battait, c'était relaxant.

-Il serait peut-être temps de se coucher, lui souffla à l'oreille Dvan.

-Oui. Tu as raison.

-Je vais te ramener de l'eau chaude.

Il se leva et lui sourit.

Elle se sentait si bien ici, avec Dvan son… mari.

A nouveau, Rosa se tourna vers la fenêtre. Quelque chose clochait, mais elle ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. C'était comme lorsque l'on voyait une ombre du coin de l'oeil et qu'après elle disparaissait.

Dvan revint avec une cruche pleine pour qu'elle puisse faire sa toilette. Il la versa dans une assiette. Avant de vérifier qu'elle n'était pas trop chaude. C'était le cas. Il hocha la tête, satisfait.

-C'est bon.

-Merci, mon grand.

Rosa retira ses vêtements et se frotta avec le linge mouillé. Brusquement, elle sentit une autre main lui toucher le dos. Avec un sourire, elle découvrit le géant, qui prenait soin d'elle avec tendresse.

-Ca ira, souffla-t-elle.

-Je sais.

Il n'arrêta pas et elle en fut heureuse. Il s’occupait encore plus d'elle depuis le jour de leur union. Elle n'aurait pu rêver meilleur mari que lui.

Une fois propres, ils s'allongèrent ensemble, et Rosa vint se coller à lui. Il l'accueillit avec joie en l’enserrant dans ses bras musclés. Posant la tête sur son torse, elle ferma les yeux. Il lui caressa tendrement les cheveux.

-Tu ne m'embrasses plus avant de te coucher ? lui murmura-t-il.

C'était vrai. Toute prise à ses réflexions, elle avait oublié le baiser qu'elle lui donnait chaque soir.

-Nous ne dormons pas encore, glissa-t-elle, avant de poser ses lèvres sur son front.

-C'est tout ce à quoi ton mari a le droit ? bougonna-t-il.

-Mon mari serait-il si pressé ? déclara-t-elle en riant.

Il lui sourit, alors que ses lèvres venaient trouver les siennes.

Même si elle ne disait rien, Rosa se sentait bizarre. Instinctivement, elle s'était tournée vers son front pour l'embrasser. Pourtant, ils étaient intimes depuis quelque temps déjà. Tout cela était étrange. Mais elle chassa ses pensées pour se concentrer sur l'instant présent.

-Je t'aime Rosa.

Ses mots qu'il ne cessait de lui répéter et qui sonnaient si vrai, elle les avait déjà entendu. De même que sa propre réponse.

-Je t'aime, mon chéri.

Leur amour, c'était si fort, si vrai. Elle n'en doutait pas, mais pourtant, elle avait l'impression de se tromper, sans savoir pourquoi.

Le baiser se fit entreprenant, et Dvan la serra plus fort contre lui.

-Aïe !

Il sursauta.

-Je t'ai fais mal ?

Elle fit une petite grimace.

-Désolée, c'est mon ventre, il prend un peu de place.

L'autre baissa les yeux honteux de s'être laissé emporté par son désir. Rosa passa tendrement la main sur son visage.

-Ce n'est pas grave.

-Je t'ai fais mal…

-C'est fini.

-Je suis vraiment un mauvais mari.

Il se laissa retomber sur le lit.

-C'est faux, tu es le meilleur que je puisse imaginer.

Joignant le geste à la parole, elle l'embrassa tendrement, et eut la joie de le voir sourire.

-Reposons-nous, déclara-t-il, alors qu'elle venait coller son corps contre le sien.

Il posa délicatement sa main sur le ventre de Rosa, comme s'il voulait s'excuser auprès de celui qui y vivait. La jeune femme noua ses doigts aux siens et ils s'endormirent rapidement.