Rosa serrait fermement la main de son frère dans la sienne. Elle ne voulait pas le perdre malgré l'absence de foule dans les rues. Celui-ci se laissait faire docilement. Il commençait à se faire tard, même si la nuit n'était pas encore tombée. Une chance qu'ils soient encore en été, ainsi, ils ne souffraient pas du froid alors qu'ils traînaient dehors sans but.
En rentrant à la maison, ils avaient trouvé leur père très alcoolisé, qui délirait seul, en donnant de temps en temps des coups dans les murs. Dvan avait lancé un regard suppliant à sa sœur. Il ne voulait pas le voir. Même s'il tentait de faire bonne figure, il avait peur. Peur de se prendre encore des coups.
Sa sœur avait tout de suite, comprit son anxiété. Passant sa main sur ses épaules, elle l'avait attiré contre elle, avant de l’entraîner dans une autre direction. Il lui avait emboîté le pas en silence, reconnaissant. Le garçon n'avait aucune idée de l'endroit où elle l'emmenait, mais il l'aurait suivi au bout du monde.
-Allons au parc, le temps que ça se calme, proposa-t-elle.
Il hocha la tête.
Il aimait bien le parc. C'était calme et il y avait un étang avec des canards. Il aimait les regarder jouer. Seulement, le frère et la sœur manquaient de temps pour s'y rendre.
-Il ne ferme pas les portes la nuit ? demanda brusquement Dvan.
-Il fait encore jour.
Le garçon hocha la tête. Sa sœur avait raison.
Ils pressèrent le pas, et entrèrent par la grille en fer forgée ouverte. Aussitôt, le frère lâcha la main de Rosa pour se mettre à courir. Elle le laissa faire, en lui ordonnant de ne pas s'éloigner et de rester dans son champ de vision.
Il courut vers une statue couleur bronze, et en imita la position, ce qui eut le mérite de faire rire, la jeune fille. Voyant cela, il en fit de même pour toutes les sculptures qu'ils croisaient. Il prit quand même le temps de s'arrêter devant les représentations de chaque saison, en cherchant à comprendre ce qui les différenciait. Sa sœur le rattrapa.
-Qui y a-t-il ?
-Pourquoi les gens disent que c'est des saisons, ces femmes ?
-Disons qu'il y a des éléments dessus qui font penser à des saisons.
Dvan laissa errer son regard sur les mots gravés dessus.
-Ca veut dire quoi ?
Sa sœur haussa les épaules.
-Celle-ci, c'est l'automne.
-Comment tu sais ?
-Les raisins dans les cheveux. Celle qui porte des fruits, c'est l'été. Celle avec les fleurs, le printemps et la dernière, l'hiver.
-C'est parce qu'il fait froid en hiver qu'elle a l'air triste ?
-Sans doute.
Ils continuèrent leur chemin et petit à petit, le parc se vida de ses visiteurs. Rosa se posa sur un banc, tout en gardant un œil sur son frère qui continuait de s'agitait, autour de l'étang. Elle espéra qu'il ne viendrait pas à tomber dedans. Ca ne les aurait pas beaucoup avancé.
Dans le ciel, des étoiles se mirent rapidement à briller. Fatigué, Dvan vint s’asseoir à son côté. Sa sœur l'attira contre elle, et il posa sa tête contre ses genoux, s'allongeant de tout son long. Elle lui passa tendrement la main dans les cheveux. Il était bien ici. C'était calme et il avait Rosa pour prendre soin de lui.
-Si on rentrait jamais ? demanda-t-il.
La jeune fille lui sourit.
-Tu sais très bien que c'est impossible.
Il pinça les lèvres.
-Quand je serais grand. On ne vivra que tous les deux, murmura-t-il. Je serais grand et fort, et je te protégerais.
-Tu es un bon garçon. Je ne doute pas de toi.
Rosa leva les yeux vers le ciel. Son frère en fit de même.
-Tu regardes quoi ?
-Les constellations.
-C'est quoi, une constellation ?
-C'est des étoiles, qui, quand tu les relis ensemble, forme une image.
Dvan se concentra sur le ciel.
-Je ne vois pas d'images…
-C'est pas très grave. Regarde juste les étoiles briller.
Il se retourna pour avoir les yeux vers la voûte céleste.
-C'est beau.
Rosa sourit et lui passa tendrement la main sur le front.
-Tu n'as pas froid ?
Il secoua la tête.
-J'aime bien être ici avec toi. Surtout, qu'on est au calme.
Elle l'embrassa tendrement sur la joue.
-Tu es le meilleur des petits frères !
-Pourquoi ?
-Parce que je le pense.
Il se releva et haussa les épaules.
-On joue ?
Tout en disant cela, il sauta sur ses pieds et parti en courant.
-Je me cache, tu ne me trouveras pas !
-Dvan !
Malgré le hurlement de sa sœur, il ne revint pas, trop occupé par son jeu. Celle-ci, entreprit de le poursuivre, mais il faisait nuit et elle avait du mal à savoir où il était passé. Son coeur se mit à battre plus fort. Où pouvait-il être passé ?
-Dvan !
Sa voix se faisait plus tremblotante qu'elle ne l'aurait voulu.
Elle avait peur, peur qu'il lui arrive malheur. Elle ne le supporterait pas. Pas à lui… Elle ne s'en remettrait pas.
-Dvan !
Est-ce qu'il l'entendait, mais ne lui répondait pas volontairement ? Il en était capable, tant il serait plongé dans son jeu.
***
Fier de lui, Dvan détala comme un lapin. Il fallait que Rosa le cherche longtemps. Si elle ne le trouvait pas, il pourrait sortir fièrement de sa cachette. Peut-être pourrait-il en profiter pour lui faire un peu peur ? Ca serait marrant.
Il l'entendit crier son nom, mais ne répondit pas. Sinon ça serait trop facile !
Alors qu'il allait faire le tour d'un buisson pour se cacher derrière, une voix l’appela. Ce n'était pas celle de Rosa, mais celle d'un homme inconnu. Il fronça les sourcils.
-Bonjour, mon garçon. Tu veux gagner un peu d'argent ?
Il se mit à réfléchir. C'était une proposition alléchante, seulement Rosa lui avait toujours dit de se méfier de ceux qu'il ne connaissait pas.
Restant à bonne distance, il répondit pourtant :
-Ca dépend, je dois faire quoi ?
-Approche.
Il hésita, avant de faire un pas.
-Tu es bien mignon, viens me voir.
-Je dois faire quoi ? répéta le garçon.
Se fut l'homme qui s'approcha de lui.
-C'est assez simple. Juste te servir de cette jolie bouche.
-Je dois parler ?
-Pas exactement.
L'homme s'était rapprochait tout en discutant et à présent, il était très proche de lui. Trop proche de lui. Il tendit la main pour le saisir lorsque Rosa arriva en courant.
-Dvan ! Viens-là !
Aussitôt, le garçon se réfugia derrière elle.
-On s'en va !
-Ne te mêles pas de ça ! C'est une histoire entre le garçon et moi ! grogna l'homme.
-Ha oui ?
La jeune fille se baissa, attrapa un caillou au sol et le lança de toutes ses forces sur l'inconnu. Il y eut un bruit lorsqu'il le frappa en plein visage. Cependant, elle ne resta pas pour profiter de son succès. Elle criait déjà à Dvan de courir. Il ne se fit pas prier et tous deux, détalèrent, sous les injures du type.
Le garçon saisit la main de sa sœur, et ils s'engouffrèrent dans une petite ruelle, y évitant adroitement les restants de palette et autre détritus qui jonchait le sol. Ils tournèrent rapidement à un angle. Avant d'emprunter d'autres rues dans le seul but de semer un éventuel poursuivant. Finalement, à bout de souffle, ils s'arrêtèrent.
-Il ne t'a pas fait de mal ? demanda brusquement Rosa.
Dvan secoua la tête, avant de se jeter dans ses bras. Elle l'enlaça tendrement, tout en passant la main dans ses boucles auburn.
-Tu sais ce qu'il te voulait ?
-J'ai pas compris. Il a dit que je devais utiliser ma bouche.
Sa sœur serra les poings.
-Saloperie ! Tu te rends compte qu'il aurait pu t'arriver malheur ?!
-Pardon Rosa…
-J'ai eu très peur ! Qu'est-ce que je ferais sans toi, moi ?
Il se blottit un peu plus contre elle, profitant de sa chaleur. Il se sentait vraiment mal. A cause de ses bêtises, sa sœur avait souffert.
Elle soupira, avant de l'embrasser sur le crâne.
-Jure-moi de ne plus recommencer !
-Promis.
-Surtout fait bien attention, à ne plus t'approcher de ce genre de type ! Il te voulait du mal.
Dvan écarquilla les yeux. Sur le coup, il ne s'était pas rendu compte que la situation était si dramatique.
-Rentrons, décida brusquement Rosa.
-Et père ?
-Il doit être tombé comme une masse à l'heure qu'il est. Mais je vérifierais quand même, si tu veux ?
Dvan hocha vigoureusement la tête, avant de prendre la main de sa sœur dans la sienne. Elle était chaude et réconfortante. Avec elle, il avait l'impression que rien de malheureux ne pouvait lui arriver. Tant que Rosa serrait là, pour veiller sur lui, tout irait bien, il en avait la certitude.
-Rosa ?
-Oui ?
-On restera toujours ensemble ?
-Bien sûr.
-Même quand tu te marieras ?
Elle secoua la tête.
-Je doute d'être un bon parti. Tu devras me supporter encore un bon moment.
-Moi, je veux être avec toi, toute ma vie.
-Je doute que ta femme soit d'accord.
-Bah alors ça ne sera pas ma femme, d'abord. C'est toi, en premier et elle, en deuxième.
Rosa lui sourit avant de déposer un baiser tendre sur sa joue.
-Tu es adorable. Mais tu penseras autrement quand tu seras plus vieux.
-Même pas vrai. Je t'aimerais toute ma vie.
Sur ce point, il ne mentait pas. Son amour pour elle, ne changerait jamais quels que soient les événements qui les rapprocheraient ou sépareraient.
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