Petit défi sur les mots "Saturnale", "Solstice", "sylvestre"
« Je suis trop âgée pour les Saturnales ! Et toi aussi !
— Noël. On appelle cela Noël, et depuis un bon paquet de siècles à présent !
— Peu importe. C’est toujours pareil. Une fête idiote où l’on donne des cadeaux aux enfants… »
Angélique croise les bras et jette un regard dégoûté sur l’appartement qu’elle partage avec Henri, à présent décoré de branches de sapin et de houx, ainsi que de nœuds colorés.
« Tout ça, grommelle-t-elle, c’est de la faute du comte. Avec ses sentiments de Noël par ci, son esprit des fêtes par là… Il est encore pire depuis cette histoire d’orgue de cristal ! »
Le journaliste adresse un large sourire à la fillette, même s’il sait que cela l’énervera plus encore.
« Je pensais que tu t’étais un peu adoucie après cette affaire ! »
Sa fille détourne le regard, mi-gênée, mi-courroucée :
« C’était le contrecoup de la surcharge émotionnelle ! Heureusement, j’ai repris mes esprits ! Et pourquoi faire tant d’histoires du solstice d’hiver, d’ailleurs ? Cela reste un jour comme les autres ! »
Henri s’apprête à lui rétorquer que les humains ont besoin de rites pour se retrouver, et que célébrer le retour de la lumière en fait partie, mais il devine à la mine d’Angélique qu’elle n’a pas envie qu’on lui rabâche ce qu’elle sait pertinemment. Quand elle se conduit de la sorte, il est facile d’oublier qu’elle n’a que l’apparence d’une enfant de douze ans. Henri accroche un dernier ruban et se recule pour juger de l’effet ; il ne possède peut-être pas le sens esthétique de son frère aîné, Léo, mais il ne s’en sort pas si mal… du moins de son point de vue. Il apprécie le petit air festif que ces simples décorations donnent à son appartement.
« Bientôt, poursuit Angélique, tu vas commencer à distribuer des cadeaux à tout le monde !
— Pas à tout le monde, mais au moins à mes proches, et puisque Noël est passé, ce sera à l’occasion de la Saint-Sylvestre. À Léo, Alexandre, Eusèbe… et aussi au capitaine Borée, même si ce que j’ai choisi risque de l’embarrasser un peu ! Une édition intégrale d’un roman-feuilleton populaire ces dernières années… Le capitaine préférerait sans doute se promener en robe de chambre et pantoufles dans le jardin des Tuileries en plein jour que d’admettre qu’il adore ce genre de littérature, mais grâce à mon ami Alexandre, je connais à présent son point faible. Léo se satisfera d’un objet d’art rare et précieux… j’arriverai bien à lui dénicher quelque chose. Pour le comte, un livre ancien ou une bonne bouteille d’alcool fin sera parfait… Et Eusèbe a besoin d’un nouveau parapluie… S’il s’enrhume, il va encore me demander d’accompagner l’une de ses nièces au théâtre ou je ne sais où… »
Tout en roulant le reste des rubans, il retombe dans le silence, conscient du regard gris qui pèse sur lui. Au bout d’un moment, Angélique fait un pas dans sa direction
« Et moi ?
— Comment ça, toi ?
— Tu ne vas rien m’offrir ? »
Henri réprime un sourire :
« Tu viens de dire que c’était une fête idiote… »
La fillette esquisse une moue contrariée.
« Certes, mais je ne vois pas pourquoi je serais la seule à ne pas en bénéficier, surtout si je dois supporter tout cela ! »
Elle esquisse un grand geste pour désigner les décorations.
« Donc, tu n’es pas tout à fait contre les fêtes de fin d’année… »
La moue d’Angélique l’amuse profondément ; il noue un ruban d’un beau rouge et l’épingle dans ses cheveux noirs avant qu’elle puisse l’esquiver. La fillette pousse un soupir :
« Pas pour cette fois… Je ferai un effort ! »
Henri a fort envie de la brocarder encore un peu, mais il décide de la laisser en paix. Ce sera un premier cadeau !
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2836 histoires publiées 1285 membres inscrits Notre membre le plus récent est Fred37 |