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Lors du solstice d’Hiver, sur le continent d’Orante, on célèbre Syria, l’étoile bleue de l’hiver. Le moment où elle atteint sa position la plus haute dans le ciel correspond à la nuit la plus longue de l’année. C’est l’occasion de grandes fêtes à travers toutes les contrées, que leurs habitants célèbrent avec leurs amis et leur famille. Dans les rues de vielles, des échoppes vendent des boissons, de douceurs ou de petits présents que s’échangent les habitants. De toutes jeunes filles qui symbolisent Syria offrent des étoiles de carton décoré aux passants. Il est de coutume pour les enfants d’en amasser le plus possible, car elles représentent la chance pour le semestre à venir.

Dans la petite principauté de Trazzetia, si on laisse assez d’étoiles devant la fenêtre, on dit que l’Avatar de l’Étoile, sous la forme d’une lumineuse jeune fille aux cheveux bleus, viendra vous apporter un présent lors de la nuit de Syria. Herlhand, le jeune prince héritier de Trazzetia, en a reçu beaucoup en hommage et, cette année encore, il espère recevoir le présent dont il a toujours rêvé…

Honoré Avatar de l’Hiver,

Je sais que cette année encore, je n’ai pas été très sage. J’ai encore usé deux précepteurs et j’ai failli faire renvoyer mon maître d’équitation. Je sais que j’ai mal agi, mais pour le maître d’équitation, j’avais des excuses ! Je voulais partir à l’aventure. N’est-ce pas honorable, pour un prince, de suivre les aspirations de son âme et d’affronter les dangers ?

Voici mes étoiles. J’aurais préféré les ramasser dans les rues ou les recevoir des envoyées de Syria, mais je n’ai pas le droit de m’éloigner de mon père. Même si j’essayais, les gardes me rattraperaient. Ils disent que c’est dangereux pour un prince de se promener seul, mais je ne vois pas pourquoi. Je suis le futur maître de Trazzetia et les gens m’aiment, n’est-ce pas ? Ils me font toujours de beaux cadeaux – même si la plupart me sont enlevés dès que j’arrive au Palais et mis en sécurité pour « plus tard » (dommage, j’aimais beaucoup cette épée à la lame bleutée que m’avait présentée l’armurier…)

Donc, il y a exactement trois cent quarante-quatre étoiles. Je déclare sur l’honneur que ce chiffre est exact. Il y en a cinquante-deux de plus que l’année dernière, donc, peut-être que cette fois, tu répondras à mes vœux.

Comme l’année dernière, je ne désire qu’un seul présent : la Nef blanche qu’avait fait construire mon grand-père. Puisque de là-haut, tu vois tout, tu dois savoir où elle se trouve à présent ! Tu ne peux pas te tromper : c’est le plus beau des vaisseaux aérien, entièrement fait d’os végétal. Il n’y a rien de comparable nulle part ailleurs. Je sais qu’elle est trop grande pour tenir dans le palais, même dans le salon d’apparat, mais tu peux l’arrimer au toit au-dessus de cette pièce. Quand je verrai les amarres, je saurai qu’elle est là !

Je sais ce que tu vas penser : je suis trop jeune pour la faire voler… mais il suffit de la garder à l’abri pour plus tard, comme l’épée à lame bleue. Je réussirai bien à persuader mon père de m’envoyer à l’académie aérienne, et dès que je serai prêt, je pourrai la commander !

Si trois cent quarante-quatre étoiles, ce n’est pas assez, ne les pends pas : je les garderai pour l’année prochaine et j’en rajouterai encore et encore, jusqu’à ce qu’il y en ait assez pour que tu m’offres ma nef !

Comme tu es le plus merveilleux avatar qui soit, je suis certain que tu réussiras à la retrouver et à me l’apporter !

Je suis, honoré Avatar de l’Hiver, ton fidèle serviteur,

Herlhand Guisberd Argyl vor'Deiter off'Trazzetia