Première entrée
Jour 13
Je décide de faire un pseudo journal afin d’être certain de ne jamais rien oublier. C’est également une trace que je laisse pour ceux qui trouveront mon corps, car je n’ai aucun doute quant à ma mort imminente. [...]
Je n’ai pas de suite compris ce qu’il se passait. Ils avaient repris leurs injections et j’étais perdu dans mes analyses. Je dois leur accorder le crédit du bon jeu : une privation sensorielle pour quelqu’un comme moi a été une épreuve redoutable. Les premiers jours se sont bien déroulés mais l’enfer a débuté au bout de ce que j’avais calculé comme deux semaines environ. Mon besoin de tout analyser s’est mû en une irrépressible nécessité pour ma survie.
Heureusement, ils n’avaient pas prévu que leurs injections me feraient accéder à une nouvelle évolution. Mes sens s’en étaient trouvés affûtés et mes capacités d’analyse et de compréhension décuplées. Je ne peux pas me vanter d’avoir tout saisi mais j’ai eu la sensation, à certains moments, de faire partie d’un grand Tout. Une sorte d’appartenance universelle à un ensemble de données et de calculs incessants. Comme si j’étais connecté au plus puissant ordinateur du monde.
Cette connexion a fini par s’atténuer et j’ai finis par me rendre compte que l’éternelle lumière de ma prison s’était éteinte. Une obscurité que je me souviens avoir accueillie avec délectation. Mon corps a pris à ce moment-là le dessus et j’ai dormi des heures durant.
À mon réveil, j’ai encore passé des heures à tenter de me lever et à reprendre le contrôle de mes sens. Ils ne sont toujours pas complètement réveillés J’étais sous alimenté et déshydraté, je ne tenais plus debout. Cette connexion était toujours présente, bien que ténue. Des calculs passaient et repassaient dans mon esprit sans que je n’ai le temps de les déchiffrer à cause de mon état. La porte de la pièce était déverrouillée, seul le compteur de secours de la base offrait aux couloirs une lumière bleue blafarde.
L’endroit avait été attaqué par l’Anathème. Parmi les autres prisonniers, dont la moitié s’était changé en dangereux désespérés, je suis parvenu à m’enfermer dans un bureau. J’ai croisé quelques corps de scientifiques mais la plupart sont sans doute partis.
D’après mes calculs, ça fait 13 jours que j’y suis. Heureusement que les scientifiques passent leur vie là-dedans, les tiroirs étaient remplis de biscuits et de café instantané. […] J’ai réussi à utiliser quelques ordinateurs en fonctionnement – qui aurait pu croire qu’un des scientifiques avait comme mot de passe « incorrect » ? - et j’ai contacté Humanité. J’espère qu’ils m’entendront…
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