Mes doigts nerveux se torturent entre eux. Encore une fois, je me retrouve face à sa porte fermée, ce qui est en passe de devenir une habitude depuis deux semaines. Au départ, sous prétexte de surveiller mon grand malade, puis d'être sûr de finaliser notre exposé. Après le dit exposé, j'ai prétexté de l'aider à rattraper les cours qu'il avait manqué. En réalité, même après quatre jours d'absence, c'est Cléandre qui m'expliquait les cours et non l'inverse. Avoir un petit ami intelligent, ça peut-être sympa. Cependant, par moment, ça me renvoie juste en pleine face à quel point je suis stupide.
Après ça, il a fait une rechute. Sa bronchite a resurgi. Outre la "repousse" de notre visite chez mes parents, voilà près de deux semaines que nous n'avons pas fait l'amour, et près d'une semaine que nous avons pourtant reçu les résultats de la prise de sang. Je n'ai pas encore ouvert mon enveloppe. Dans un élan de romantisme, je lui ai proposé de les ouvrir ensemble quand il irait mieux, ce qu'il a accepté. Les résultats ne font aucun doute de toute façon, mais j'ai très envie de voir cette lueur lubrique dans ses yeux pendant qu'il décachettera sa lettre, très envie d'observer son sexy mordillage de lèvres, très envie de l'observer en train de se déshabiller, puis de sentir ses fesses se frotter contre mon entrejambe. Mon anatomie se réveille à l'idée de m'enfouir en lui sans préservatif.
La première chose que je remarque lorsqu'il ouvre, ce sont ses yeux brillants d'anticipation. Ensuite, c'est l'enveloppe qu'il agite sous mon nez, en tout point similaire à la mienne. Sa main libre attrape le col de ma chemise et l'instant d'après, la porte claque dans dos. Aussitôt, ses lèvres partent à l'assaut des miennes pour un baiser époustouflant. Nos hanches se collent, nos torses aussi, nos doigts parcourent le corps de l'autre, fébriles.
Quand nos bouches s'arrachent l'une à l'autre, il est à bout de souffle. Sans un mot, il m'attire dans sa chambre pour me jeter sur son lit avant de grimper sur moi.
– Prêt, Nath ?
– Oh que oui, surtout en sentant ton cul frétiller sur ma queue !
Il me dévisage, mi amusé mi-affligé, puis agite les deux enveloppes — mais quand donc a-t-il récupéré la mienne ? – devant mon nez : il parle de nos résultats, bien sûr, pas de mon érection qu'il trouve toutefois enchanteresse. À ce propos, une boîte neuve de préservatifs nous attend à la salle de bain, juste au cas où, même s'il n'a aucun doute sur le résultat.
Sans faire davantage planer le suspense, il décachette nos deux lettres, les parcourt rapidement avant de m'offrir un large sourire. L'instant d'après, son T-shirt vert pâle passe par dessus sa tête pour aller s'échouer au pied de son lit. Son bassin ondule sur mes hanches, ma respiration accélère. Puis, ses doigts se glissent sur mon torse, viennent déboutonner ma chemise à une lenteur insupportable. Chacun de ses gestes m'électrise, ma peau frissonne, mon corps se tend vers lui.
Toujours avec cette lenteur exagérée, il se penche sur moi. Ses lèvres caressent les miennes sans pour autant m'embrasser. Lorsque je m'avance pour les cueillir, il recule. Plusieurs fois d'affilée. Cherche-t-il à me rendre fou ? La lueur malicieuse de ses prunelles me hurle que oui. Et ça marche, bien sûr, d'autant qu'une autre lueur a momentanément disparu de ses magnifiques yeux lavande : celle de tristesse.
Mon cœur s'emballe ; c'est de plus en plus fréquent, ces derniers-temps, il profite réellement de l'instant présent sans plus penser à son passé. Est-ce grâce à moi ? Grâce à notre... amour ? J'aime à le croire ! Et cet amour, je compte bien le lui prouver pendant toute l'heure qui vient ! Ou peut-être juste la demi-heure, selon mon endurance...
Cependant, lorsque mon regard se pose sur sa table de nuit, je change d'idée : il semblerait que mon amoureux se soit acheté des huiles, ou bien sa mère les lui a offertes ? Peu importe, au final. Je choisis celle de droite, une huile à l'odeur entêtante et étrangement exquise de cannelle et de pin.
Il ne me faut que quelques secondes pour le retourner sur le ventre. Un grognement étonné franchit ses lèvres lorsqu'au lieu de me sentir retirer son short comme il s'y attend, un filet d'huile de massage épouse sa colonne vertébrale. Ce grognement se change en gémissement quand mes mains viennent caresser ses flancs. Elles s'égarent sur son dos, explorent ses épaules, redescendent le long de ses bras avant de glisser sous son corps, sur son ventre. Il frémit, se trémousse. Lorsqu'il ondule, le scorpion sur son dos semble prendre vie, c'est fascinant. Excitant.
N'y tenant plus, je me débarrasse de ses derniers vêtements avant de partir à l'assaut de ses fesses galbées. Néanmoins, je demeure sage, je me contente du massage. Un râle lui échappe, il me maudit, me supplie, je reste ferme. Je veux profiter ce soir, faire durer les choses. On fait toujours l'amour dans l'urgence ou la passion du moment...
Par inadvertance, mes doigts se perdent sur son second tatouage, sauf qu'au lieu de continuer leur chemin, ils s'y attardent ; Cléandre se raidit aussitôt avant de cercler mon poignet. Ses muscles tremblent, sa respiration se fait désordonnée. Bravo, Nathéo, tu as encore foiré : masser ce qui lui rappelle son ex décédé, ce n'était pas la meilleure idée du siècle...
Mes mains quittent sa peau. Il se retourne à demi pour m'observer entre ses paupières mi-closes.
– Ça va aller... évite juste... cet endroit, OK ? Surtout que... tu n'as pas envie que je pense à quelqu'un d'autre maintenant... n'est-ce pas ?
Il n'a pas tout à fait tort. Non, il a même totalement raison. Qu'il pense à Kaname pendant que je savoure ces sensations à nu ? Hors de question ! Tout ce que j'ai à faire, c'est occuper totalement ses pensées, et pour ça... quoi de mieux que de changer de décor ?
– Gladys revient pas ce soir ?
– Non...
Son regard se fait désormais interrogatif. Sans plus de précisions, je m'empare de ses mains, l'oblige à se lever puis l'entraîne au salon au pas de course. Parvenu au canapé, je le pousse dessus avant de me débarrasser de mes habits. Pari réussi, la gourmandise chasse la douleur de ses iris. Il me contemple des pieds à la tête, son regard s'arrête sur mon intimité. Sa main la saisit. L'odeur de l'huile m'enivre, son corps glissant contre le mien aussi. La chaleur de sa bouche également, laquelle me quitte bientôt pour conquérir mes lèvres.
Le baiser me laisse pantelant. Mes lèvres s'égarent bientôt sur sa mâchoire. Ma langue goûte sa peau tendre, mes dents mordillent sa pomme d'Adam. Je lutte soudain contre l'envie d'y enfoncer les dents et descends un peu plus, sur son épaule, pendant que ma deuxième main explore son corps enduit de cette huile étourdissante.
Ses gémissements se font plus rauques alors qu'il me fait chuter avec lui sur le canapé. Ses jambes s'enroulent autour de ma taille, son bassin se soulève. L'impatience me gagne, lui tire un grognement de douleur, mais rapidement, nous perdons notre souffle ensemble.
Ma première fois sans préservatif, ma première fois à savourer ces sensations décuplées et nouvelles provoquées par ce doux frottement. C'est comme si nous ne faisions, enfin, plus qu'un. Lui gémit toujours, se cambre. Il murmure mon prénom, halète. Nos peaux huileuses se couvrent de sueur. J'adore cette moiteur, l'odeur de l'amour, du sexe... rien ne pourrait me tirer de ce moment d'extase !
Rien, sauf peut-être la sonnette de son appartement qui retentit alors que je suis à deux doigts de me déverser dans son accueillante chaleur. D'un accord silencieux, nous décidons d'en faire fi. Ses cuisses se resserrent autour de mes hanches et, en quelques délicieux mouvements, il m'amène au bout du plaisir. Ma bouche cherche ses lèvres pour un baiser passionné, hélas, notre visiteur sonne derechef. Cléandre soupire.
– C'est pas ta mère, hein ?
– Elle a les clefs... mais pas Clarenz. Je dois m'assurer que c'est pas lui.
Il se trémousse pour échapper à mon emprise, puis court vers la porte.
– Hey, ça pouvait attendre cinq minutes ! Tu n'as même pas encore...
– Si c'est vraiment Clarenz, je ne peux pas le laisser poireauter cinq minutes derrière la porte, il s'inquiéterait. Il passera toujours avant...
Au moment où sa main se pose sur la poignée, la sonnette retentit à nouveau. Énervé, je lui attrape le poignet pour l'empêcher d'ouvrir.
– Avant moi ? C'est ça ?
Un soupir lui échappe tandis qu'il lève les yeux au ciel.
– Ne sois pas stupide, Nathéo, et ne gâche ce moment. Il était important pour nous deux, je veux qu'il le reste.
– Mais...
– Mais rien du tout. Je n'ai pas vu Clarenz depuis deux semaines parce que tu viens me voir tous les soirs. Donc, non, il ne passe pas après toi. Je refuse juste de le faire passer après mon propre plaisir... surtout après deux semaines à repousser nos rendez-vous. Il s'inquiète probablement à mort ! Des orgasmes, j'en aurais d'autres avec toi. Enfin, j'espère bien !
En échos à ses dires, la sonnette hurle une troisième fois, suivie de tambourinements frénétiques. J'abdique.
– Espère juste que ce soit lui parce qu'on est à poil.
Ce n'est pas le cousin, mais Jared. Un Jared momentanément muet — un exploit ! – et aux joues plus rouges qu'une tomate de nous voir tous deux nus comme des vers. Notre excitation pas tout à fait retombée ne laisse aucun doute sur nos récentes activités. Néanmoins, il finit par se passer une main dans les cheveux avant de grogner qu'il ne fallait pas lui ouvrir si nous étions occupés à ce point. Ce à quoi mon amoureux rétorque qu'il préfère m'avoir derrière ses fesses que de l'avoir, lui, derrière sa porte — il faut croire que le rouge est contagieux, mon visage prend la même teinte que celui de Jared —, puis il exige de savoir ce qui nous vaut l'honneur de cette visite imprévue.
– Bah, c'était pas si imprévu, c'est mon anniversaire ce soir, Nathéo doit m'aider à tout mettre en place. Il a dû oublier...
– Je... peut-être un peu...
– D'ailleurs, tu m'as pas confirmé si Cléandre venait...
En effet, je n'ai pas osé. Je connais Jared, il aurait cherché à savoir pourquoi. J'aurais fini par céder et mon meilleur ami aurait jugé bon d'ajouter ce mystère à l'affaire tulipe.
– ... du coup, je t'ai compté. Comme un pote, pas comme son m...
– J'vais me doucher. Nath, on se voit demain.
– Hey, c'est pas une façon très sympa de décliner l'invitation !
Le visage de Cléandre se ferme.
– Permets-moi de décliner ton invitation et d'aller me douch...
– Mais pourquoi ?
– Pourquoi la douche ou le refus ? Je pourrais bien répondre à la première question, mais vu que Nathéo et moi venons de faire l'amour sans préservatif, je te laisse en tirer les conclusions qui s'imposent.
Pour la deuxième fois de la journée, Cléandre a tari le flot de paroles du moulin qui me sert de meilleur ami.
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