Lynette rentra. Elle ne savait pas pourquoi elle avait tant insisté pour recoudre les affaires de Dvan. Elle n’était même pas douée pour la couture. Peut-être pour lui rendre un peu de tout ce qu’il lui avait donné. C’était étrange, cet homme était entré par hasard dans sa vie et prenait de plus en plus de place. Pourtant elle n’avait pas envie que cela s’arrête.
Elle posa le manteau sur la table et sortit son nécessaire de couture, avant de réfléchir. Il vaudrait mieux qu’elle s’occupe de la préparation de son repas. Abandonnant l’aiguille, elle récupéra un couteau et commença à trancher les légumes restants. Demain, il lui faudrait retourner au marché.
La soirée avait été riche en émotion. Elle se sentit rougir, lorsqu’elle repensa à la main de Dvan, dans la sienne. C’était stupide. Ce geste, cela ne voulait rien dire. Vraiment rien… Sinon il lui aurait dit quelque chose, il ne serait pas resté de marbre. Elle devait être la seule à se faire des idées. En même temps, elle n’avait rien d’exceptionnelle. À part une maison et un cimetière… Mais lui vivait déjà ici, ça ne le changerait pas beaucoup…
Lynette soupira. Il n’y avait plus qu’à espérer que les prochains jours seraient plus calmes. Si elle avait de la chance, on retrouverait son père et il rentrerait à la maison. Seulement, elle n’avait pas de chance… Elle n’en avait jamais eu, pas plus que sa famille. Eux tous… Depuis tant d’années…
Elle porta la main à son cœur. C’était presque comme si elle les sentait tous : sa mère, sa grand-mère, son père, Dvan…
Un grattement à la porte la fit sursauter. La jeune fille se leva et alla ouvrir. Mercy se tenait là. Elle ne savait sûrement pas actionner la poignée.
– Mercy, regarde !
Lynette lui montra comment fonctionnait le mécanisme. La goule étudia les mouvements, avant de tenter à son tour de les reproduire. Après avoir réussi, elle sautilla dans la pièce puis alla retrouver sa place devant la cheminée.
Elle était si étrange. Comment une telle créature pouvait-elle exister ? Et Dvan alors ? Lui qui avait besoin de sang pour vivre ? Comment ferait-il ? Lui demanderait-il le sien ? Et si tel était le cas, comment réagirait-elle ?
Lynette laissa glisser ses doigts le long de son cou. Elle n’y rencontra rien, juste sa peau lisse. Il n’y avait ni cicatrice ni marque de croc. Comment cela pouvait-il être possible ? S’il ne lui en avait pas parlé, se serait-elle souvenue de ce moment ?
Elle n’avait pas envie d’oublier ses lèvres qui la caressaient tendrement. Sa bouche glissant avec douceur sur sa peau. Une chaleur s’empara de son corps, et elle ferma les yeux. À chaque fois qu’elle y pensait, elle sentait son cœur s’embraser et n’en comprenait pas la raison. Elle ne le connaissait même pas alors pourquoi être si touchée ? Ce n’était pas de l’amour, elle ne pouvait pas en ressentir pour quelqu’un qu’elle venait juste de rencontrer…
Il fallait qu’elle se concentre sur autre chose. Sinon de quoi aurait-elle l’air lorsqu’il reviendrait à la maison ?
Profitant du fait que Lynette ne faisait pas attention à elle, Mercy prit une pomme de terre dans les mains. Elle se demandait sûrement ce que la cuisinière pouvait faire avec une chose comme ça. Curieuse, elle la sentit, avant de mordre dedans et de recracher vivement ce qu’elle avait en bouche, puis de jeter le tout par terre.
– Mercy ne fait pas ça.
La jeune fille ramassa le reste de pomme de terre et lui mis sous les yeux.
– Tu vois, ça, c’est ma nourriture. Si tu fais ça, tu la gâches.
La goule la fixa. Son regard oscilla entre elle et ce qu’elle avait en main.
– Je sais ce n’est pas simple, on est trois, ici et aucun de nous ne mange la même chose. Il faut faire selon les besoins de chacun.
Doucement, Mercy se pencha et ramassa le morceau qu’elle avait recraché pour le poser dans sa paume. Lynette soupira.
– Merci.
La goule prit place à genoux sur le banc et la fixa alors qu’elle coupait les légumes. Le mouvement paraissait la fasciner. Brusquement, elle tendit les doigts pour attraper le couteau. Heureusement, la jeune fille l’interrompit dans son geste.
– C’est dangereux. Mais viens, je vais te montrer.
Mercy s’avança, impressionnée. Lynette lui fit signe de s’installer correctement. Ensuite, elle prit sa main dans la sienne et elles coupèrent ensemble les carottes. L’idée plaisait visiblement à la goule qui en attrapait toujours de nouvelles pour continuer son travail.
Toutes occupées à leur tâche, elles ne virent pas le temps passer, et furent surprises par le retour de Dvan, mais lui firent un bon accueil. Lynette avait l’impression que ça ne faisait que quelques minutes qu’elle préparait le repas. Était-il si rapide ou alors c’était elle qui s’était laissée entraîner par la goule et s’était plus amusée qu’elle ne l’aurait pensé ?
***
Dvan avait fait au plus vite pour enterrer les corps. Il espérait que Lynette ne trouverait rien à redire. Il aspirait à faire le meilleur, pour respecter l’endroit auquel elle tenait tant. Apparemment, elle ne semblait pas prête à le quitter. Ceci dit cela l’arranger bien, puisque ça lui permettait de rester là, avec elle.
Enfin, pour le moment, il fallait qu’il se dépêche. Le géant ramassa les outils, et les rangea consciencieusement comme le faisait le précédent propriétaire. Il ferma ensuite à clé, avant d’en faire de même pour l’atelier.
Maintenant, il devait faire un petit tour en ville. Glissant la clé dans sa poche, il se mit à courir. Voulant éviter de faire grincer la grille, il prit son élan et sauta par-dessus les barreaux en fer forgé. Cela ne lui demanda pas un grand effort, du fait de sa taille.
Dvan continua sa route. Pressé comme il était, il espérait sincèrement tomber sur quelqu’un qui ferait l’affaire. Ce n’était pas chose facile, vu les critères qu’il s’était fixés.
Tout de suite, ses pas le menèrent vers les quartiers les plus pauvres. Il refit en sens inverse le chemin qu’il avait parcouru avec Lynette, en se rappelant avec un sourire, de sa petite main perdue dans la sienne.
Mais il n’était plus temps de rêvasser. Prenant soin de se tapir dans l’ombre, Dvan se dirigeait vers les battements de cœur qu’il percevait dans la rue. Souvent cela ne donnait rien. Un groupe de personne qui discutait, des gens qui se pressaient pour rentrer chez eux, et quitter le froid…
Brusquement une odeur le fit froncer le nez. Un type gisait assit par terre, la tête en arrière, reposant sur le mur d’une habitation. Visiblement alcoolisé, il paraissait somnoler, incapable de rentrer chez lui. Une chance pour ses proches ne put s’empêcher de penser Dvan, en se penchant sur son corps.
L’autre ouvrit de petits yeux injectés de sang.
– Qu’est-ce tu veux connard ?! Dégage ou…
Le géant se saisit de lui et surmonta sa répugnance face à cet homme qui lui rappelait son père. Il planta rapidement ses crocs dans sa gorge, et se mit à boire sans retenue son sang. Il n’avait rien d’agréable, mais il était nourrissant et c’était ce qu’il recherchait avant tout.
L’autre voulut hurler, sans succès, puisque que Dvan avait placé fermement une main sur sa bouche. Il se débattit vainement, avant de sombrer dans l’inconscience. À ce moment-là, sentant le corps se relâcher, il s’arrêta de boire. Cela n’avait rien n’eut d’agréable, mais c’était nécessaire. Au moins, il serait tranquille jusqu’à demain. Lynette ne risquait plus rien à son côté, et cette idée ne put que le faire sourire.
Le géant vérifia que celui qui lui avait servi de repas était encore en vie, avant de quitter les lieux, le plus silencieusement possible. Après tout, s’il disait quelque chose, qui le croirait ? Les vampires n’existaient pas…
Il reprit le chemin en sens inverse, se sentant déjà un peu mieux. Il enrageait d’être si facilement influencé par la faim. Les souvenirs de Rosa et de la cellule lui revinrent en mémoire. Cela avait été pire. Il n’osait imaginer ce qu’il se serait passé s’il avait rencontré la jeune fille à cette époque. Un frisson le parcourut et il repoussa l’idée. Cela ne servait à rien de se faire mal inutilement.
A peine posa-t-il un pied dans le cimetière qu’il se sentit soulagé. Dvan n’avait pas voulu en parler à Lynette pour ne pas l’inquiéter. Ce n’était pas à elle de gérer ce genre de problème, elle avait déjà fort à faire avec son métier.
Après avoir repris son souffle, il passa la main dans ses boucles, tentant de recouvrir la partie droite de son visage avec. Comme si cela faisait une différence ? Elle devait bien avoir deviné ou entrevu les cicatrices. Elle était juste trop polie pour faire une remarque.
Seulement sans savoir pourquoi, il désirait se montrer sous son meilleur jour devant elle. Ce n’était pas gagné avec sa figure. Voyant qu’il ne pourrait pas faire grand-chose d’autre, il ouvrit la porte et entra.
Relevant la tête, Lynette qui faisait tourner la soupe à Mercy, l’accueillit avec un large sourire. Il fut touché par cette vision. On aurait presque pu croire qu’ils formaient une famille. Cela devait être ça, avoir un foyer… Il ne lui manquait que la présence de Rosa, et il aurait été l’homme le plus heureux au monde.
Le voyant arriver, la goule quitta le banc et se dirigea en courant vers le géant. Elle s’arrêta devant lui, alors qu’il posait sa main sur sa tête, et lui tendit une pomme de terre. Dvan accepta le cadeau, mais s’interrogea sur sa signification.
– Dvan n’en mange pas non plus, Mercy. Je suis la seule, ici, à qui cela convient. Mais je les mange cuites.
La goule parue déçue. Mais retourna s’installer devant la cheminée.
– C’est bon, c’est fait.
– Merci beaucoup.
À nouveau, ce sourire radieux illuminait son visage. Comment réussissait-elle à faire ça ? Il détourna le regard.
– Ça t’embête si j’emprunte ta chambre pour me nettoyer ?
Il avait l’impression de sentir l’odeur de l’alcool encore sur lui.
– Non, aucun souci. Je vous attends.
Se servant de l’eau puisait précédemment, Dvan disparu dans la pièce d’à côté. Il fallait absolument qu’il se débarrasse des relents de cet homme. Si jamais elle venait à se rendre compte, elle pourrait se méprendre. Après tout, qui avait envie d’accueillir chez soi, un soûlard qui noyait son chagrin dans l’alcool…
Il craignait tant d’être mal jugé. Devoir quitter cette maison lui briserait le cœur, pas après avoir vu l’accueil qu’elle lui avait réservé. Ce sourire si chaleureux qu’elle avait pour lui. C’était la première fois que quelqu’un d’inconnu lui tendait la main. Il n’était même plus un homme, mais cela ne paraissait pas la déranger. Lynette était exceptionnelle.
Après s’être nettoyé avec soin, il passa des vêtements propres. Vu le peu de change qu’il possédait, mieux valait laver les autres rapidement. Il s’en occuperait lorsqu’elle dormirait. Si elle acceptait, il ferait aussi sa lessive. Autant se rendre utile.
Alors qu’il boutonnait sa chemise, son regard fut attiré par le pot de crème. L’espace d’un instant, il fut tentait de s’en servir sur ses cicatrices avant de renoncer. Il y en avait tant qu’il le viderait en une utilisation.
La vérité, c’était qu’il espérait secrètement qu’elle propose de lui appliquer le produit. Dvan se souvint avec délice de ses doigts glissant tendrement sur sa peau lésée. Comment faisait-elle pour ne pas être dégoûtée alors que lui-même peinait à croiser son regard dans le miroir ?
Il repoussa ses cheveux en arrière, exposant les blessures à la lumière. Derrière les marbrures prenaient des aspects inquiétants. Écœuré par la vision, il laissa retomber ses boucles, formant un rideau protecteur entre les cicatrices et le monde.
Prenant son courage à deux mains, il regagna la pièce principale. Lynette tenait son manteau sur les genoux et jouait habilement de l’aiguille. Il la fixa l’espace de quelques instants.
– Ce n’était pas pressé, tu sais. J’aurais pu attendre…
Même s’il n’appréciait pas les déchirures dans le vêtement que lui avait confectionné Rosa, il se sentait gêné de voir la jeune fille s’en occuper alors qu’elle avait déjà tant à faire.
– Ce n’est rien. J’ai presque terminé.
– Vraiment ?
Elle hocha la tête.
– Seulement à l’avenir, évitez de vous faire tirer dessus.
Il baissa les yeux, mal à l’aise.
Elle avait parfaitement raison, et il en avait plus que conscience.
– J’ai fait les mauvais choix, murmura-t-il.
– Alors il ne reste plus qu’à faire les bons, à présent.
Comment pouvait-elle lui répondre avec tant de naturel ? C’était presque comme si son passé lui importait peu. Comme si le fait qu’il soit un vampire n’est pas d’importance pour elle.
Lynette se leva et lui tendit le manteau.
– Essayez-le !
Il obtempéra, alors qu’elle fixait les points qu’elle avait reprisés.
– Malheureusement ça se voit. Je ne suis guère douée…
– Seulement quand on est proche, donc ce n’est pas grave. Je te remercie pour ton travail. Tu n’aurais pas dû t’infliger ça, ce soir.
– Celui-là ou un autre, cela n’avait pas grand importance. Ce qui est fait est fait.
Sans rien ajouter de plus, elle alla s’occuper de la nourriture qui cuisait lentement, en embaumant toute la pièce. Dvan appréciait cela, trouvant que cela apportait un côté chaleureux à la maison.
– J’aurais aimé pouvoir manger ce que tu prépares avec tant d’amour, murmura-t-il, avant de prendre conscience de ce qu’il venait de dire.
– Ça vous rendrez malade…
– C’est la raison pour laquelle je ne le ferai pas. Mais j’aimerais, sincèrement.
Lynette déglutit. Elle ne savait pas quoi faire. Devait-elle lui proposer son sang ? Ou ce geste était trop intime ? Se sentant rougir, elle se détourna.
– Tu devrais manger au plus vite et aller te coucher. Il est déjà tard.
– Sûrement. Mais si je le fais, je ne pourrais pas discuter avec vous…
– Tu le feras à un autre moment. Je ne vais pas m’envoler… Je t’ai dit que je restais alors je reste.
Elle retourna avec un grand sourire aux lèvres.
– Merci. Je peux trouver d’autres mots pour vous exprimer ma reconnaissance.
– Merci, c’est suffisant. Tu m’aides aussi.
Lynette s’installa face à lui avec son repas.
– Comment ?
– Tu m’acceptes chez toi. Ce n’est pas tout le monde qui l’aurait voulu. Encore moins sans connaître mon passé.
– Je n’ai pas besoin de le connaître. Je sais d’instinct que vous êtes quelqu’un de bien.
Il fronça les sourcils.
– J’espère juste que tu n’es pas aussi gentille avec tout le monde. J’ai trop vu le mal chez les êtres humains…
Elle baissa les yeux.
– Mais vous n’en êtes pas un…
Il la dévisagea.
– Raison de plus… Je suis pire qu’eux. Bien pire.
– C’est faux. Vous pourriez me faire du mal, mais ce soir-là, vous avez pris soin de moi. Il aurait été facile de me tu…
Elle parut buter sur les mots.
– De m’abandonner dans le cimetière alors que j’étais inconsciente.
Il ne répondit pas.
– Je sais qu’avec votre force, vous auriez pu abuser de moi. Je n’ai même pas réussi à de défendre face à cet homme alors…
Des larmes naquirent aux coins de ses yeux et dévalèrent la pente de ses joues alors que sa voix peinait à traverser sa gorge nouée.
Réagissant d’instinct, Dvan posa sa main gauche sur la sienne.
– Je ne te ferais jamais de mal.
– Je sais…murmura-t-elle, en tentant de contenir les tremblements qui s’emparaient de son corps.
Il retira sa paume. Son contact ne devait pas l’aider. Seulement ses doigts retinrent les siens. Elle lui lança un regard suppliant comme si elle ne voulait pas rompre ce lien de peur de voir ses cauchemars l’envahir.
Dvan se leva pour s’installer à côté d’elle. Si cela avait été Rosa, il l’aurait tout de suite enlacé et l’aurait serré contre lui.
Ce fut elle qui vint à lui, posant doucement son visage contre son bras et nouant ses doigts aux siens. Lynette ne dit rien, elle voulait juste rester ainsi, comme si sa seule présence pouvait chasser les mauvais souvenirs. Les yeux fermés, elle ne bougea pas.
Il hésita, avant de lever sa main droite pour la placer sur ses cheveux tendrement. Mais lorsque son regard se posa dessus, il la retira rapidement et la cacha à nouveau sous la table, honteux. Heureusement, la jeune fille n’avait toujours pas rouvert ses paupières, son corps se calmant petit à petit à son contact.
Des gants… Il faudrait vraiment qu’il trouve des gants…
– Je… Je te protégerais, lui murmura-t-il, sachant que cette remarque n’effacerait pas le mal qu’on lui avait fait. Si jamais tu as le moindre problème, je serais là. Même le jour !
Elle se redressa, et passa la main sur ses joues pour essuyer ses larmes.
– Mais le soleil…
– Ça ne serait pas pire que de laisser quelqu’un te faire du mal…
La jeune fille ne dit rien, et ils restèrent quelques instants ainsi. Lui pencher vers elle, et elle la tête contre son épaule. Il n’aurait pas fallu grand-chose pour que leurs visages se touchent. Il chassa cette pensée. Comme si c’était le moment… Elle n’avait pas besoin de ça. Pas après ce qu’elle avait souffert.
– Tu devrais peut-être terminer ton repas… Il va être froid… Et toi aussi, mon corps est glacé…
Elle se détacha à regret de lui, pour picorer le contenu de son assiette. Lynette n’avait plus faim et elle serait restée longtemps contre lui, s’il ne lui avait pas fait la remarque. Sa main droite était encore fraîche de son contact prolongé avec la sienne. Elle se demanda si sa chaleur lui avait fait un peu de bien. Sûrement pas, les choses ne devaient pas fonctionner ainsi.
Touchée par sa sollicitude, la jeune fille n’ajouta rien, et termina son repas. Lui n’avait pas bougé, restant près d’elle, comme s’il voulait former un rempart entre l’horreur de ses souvenirs et leur quotidien nouveau.
Se saisissant de ses couverts et assiettes, elle se dirigea vers la bassine d’eau pour les laver. Mais Dvan l’arrêta d’un geste.
– Laisse, je le ferais. Tu as besoin de repos.
– Mais…
– Il faut bien que je fasse quelque chose de ma nuit. À ce propos, je comptais nettoyer mes vêtements. Tu veux que je m’occupe des tiens ?
Elle rougit.
– Est-ce que ça te gêne ?
– Ce n’est pas à vous de le faire…
– Mais si. J’aidais bien ma sœur, avant. Ça ne me dérange pas.
Lynette hésita. Avant de marcher vers un meuble. Elle tendit la main pour attendre quelque chose, mais n’y parvint pas même en se mettant sur la pointe des pieds.
– Attends.
La saisissant sous les bras, il la souleva du sol. Elle poussa un cri de surprise alors que ses pieds battaient sans toucher à la terre ferme. Après quelques secondes, la jeune fille se reprit et attrapa un rouleau de corde, accroché à la partie supérieure du meuble.
– C’est bon, murmura-t-elle gênée.
Il la reposa.
– J’aurais dû vous demander tout de suite. Ça m’aurait évité de me rendre ridicule…
Disant cela, elle lui tendit la ficelle, tout en lui faisant signe de la suivre.
– Mon père l’attachait à la poutre. Cela permettait de faire sèche les vêtements devant la cheminée.
Dvan n’eut qu’à lever les bras pour accrocher la corde au morceau de bois. Son parent quant à lui, montait toujours sur le tabouret. La jeune fille eut soudain une terrible révélation. Même juchée sur le siège, elle n’aurait pas réussi à attendre la poutre.
– Je vais vous chercher le linge, murmura-t-elle, sans oser le regarder dans les yeux.
Elle disparut dans la chambre avant de revenir les mains pleines et posa son chargement à même le sol, près de la bassine.
– Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ?
– Sinon, je ne l’aurais pas demandé.
– Bien.
Elle contempla la pièce comme si elle la voyait pour la première fois.
– Tout ira bien, la rassura-t-il.
Il posa la main sur sa tête et caressa ses cheveux, doucement. C’était agréable. Seulement, il retira rapidement ses doigts, comme s’il se sentait gêné.
Après un hochement de la tête Lynette se retourna, et commença à se diriger vers la chambre, pendant qu’il se penchait pour ramener les miettes de pain au creux de sa main. Lorsqu’elle passa à son côté, elle ne put résister et profita de sa position pour déposer tendrement un baiser sur sa tempe.
– Bonne nuit, Dvan.
Après quoi, elle disparut en quatrième vitesse, trop gênée pour rester dans la pièce avec lui. Alors que lui-même portait la main à son visage, se sentant rougir. Il ne comprenait pas le sens de ce geste : voulait-elle le remercier d’avoir était présent pour elle ou alors… Non ce devait être la première solution, il ne pouvait pas en être autrement. Il ne devait pas se faire d’idée, ce ne ferait que lui faire plus de mal.
Ses doigts passèrent sur la peau cicatrisée de son visage. Ce contact grumeleux le ramena à la réalité. Cela ne servait à rien de rêver : comment pourrait-elle vouloir de ça alors qu’elle pouvait avoir beaucoup plus ?
Il balança les miettes de pain dans la cheminée, cherchant à y évacuer sa colère par la même occasion. Une question restait et le faisait souffrir : aurait-elle accepté d’être avec lui, s’il avait été un homme normal ? Il n’en saurait jamais rien.
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