Secouant la tête, Dvan sortit ses mauvais souvenirs de son esprit. Cela n'avait aucun intérêt de ressasser sans cesse ce qui était du passé. De toute façon, rien ne changerait. Pour le moment, il ferait bien de se concentrer sur ce qu'il faisait.
La pièce était redevenue plus chaleureuse. Le feu brûlait joyeusement dans l'âtre, et le géant se rendit compte qu'au fil du temps, il n'en avait plus peur. Tout du moins, plus autant. Malgré ses blessures, il osait à nouveau alimenter la cheminée en bois, ne gardant en lui que cette crainte secrète de voir son corps se couvrir de nouvelles cicatrices. Rosa l'avait compris avant lui et se chargeait de cette tâche, pour l'épargner. Un jour pourtant, en la voyant peiner, il avait saisit le bois et l'avait lui-même jeté dans les flammes. Sa sœur n'avait fait aucun commentaire mais elle lui avait sourit.
Peu désireux de rester immobile, il se releva, et vérifia la cuisson des légumes. Ils étaient prêt à être dégustés. A présent, il n'y avait plus qu'à espérer que le repas plairait à la jeune fille. Peut-être devrait-il lui faire une boisson chaude avec ? Peut-être avait-elle du thé ou des plantes à faire infuser ? Ca ne coûtait rien de regarder. Il pourrait en boire avec elle, pour la rassurer.
Mais avant toute chose, il se saisit de sa chemise. Elle était sèche. Il l'enfila, heureux que la gamine ne se soit pas réveillée avant. Il préférait éviter de se montrer dans cette tenue devant elle ou plutôt dans cette absence de tenue. Son pantalon était encore un peu humide. Tant pis, il le mettrait quand même.
Une fois habillé, il décida d'aller jeter un coup d'oeil dans la commode, près de la cuisine. Dans le rangement du haut, il découvrit les assiettes et les couverts. Il prit un bol, une cuillère et deux tasses, en prévision pour plus tard et continua ses recherches. Le jeune homme se sentait un peu mal à l'aise, de fouiller ainsi dans les affaires des autres.
Que diraient les parents de la jeune fille s'ils revenaient et le trouvaient dans cette position ? Ils n'apprécieraient sûrement pas son initiative. Mais en attendant mieux valait faire quelque chose pour tenter d'aider, que de ressasser les vieux souvenirs.
Il se pencha et ouvrit le placard du bas. Il trouva des bocaux pleins de légumes ou de confiture, avant de finalement mettre la main sur ce qu'il cherchait. Après un bref regard sur les feuilles, il sut qu'il s'agissait de tilleuls. Il ne restait plus qu'à le faire infuser dans la vieille théière qu'il avait aperçu.
Une fois la préparation mise en route, Dvan se décida à aller voir la jeune fille dans la chambre. Juste pour s'assurer que tout aller bien et qu'elle ne risquait rien. Même s'il serait bien impuissant, si c'était le cas.
Il poussa doucement la porte pour ne pas la réveiller et approcha la main de son visage, sans tout de fois, le toucher. Ce simple geste lui suffit pour sentir la chaleur qui émanait d'elle. Au moins, elle n'était plus gelée comme lorsqu'il l'avait allongé dans ce lit. Elle reprenait déjà des forces. Cette nouvelle le fit sourire. Elle était plus forte que son corps minuscule le laissait présager.
Son regard s'attarda sur le visage aux joues rondes, qui lui donnait l'air d'une petite poupée. Elle n'était pas la plus belle des filles, mais il ne put s'empêcher de la trouver mignonne pour une gamine.
Rassuré, Dvan quitta les lieux, en refermant la porte derrière lui. Une fois de retour dans la pièce principale, il s'interrogea sur ce qu'il devait faire. Dehors, la nuit était toujours présente. Il fit donc un tour d'horizon pour voir où le soleil entrerait dans la pièce. Devant l'éviter à tout prix, il était normal qu'il s'intéresse à ce problème.
Au sol, il vit la goule ouvrir un œil lorsqu'il l'enjamba. Voyant qu'il ne lui voulait aucun mal, elle se retourna en boule dans l'autre sens. On aurait presque pu croire qu'elle n'était qu'un chien endormi sur le sol.
La tisane prête, il la servit dans une tasse et fixa le liquide. Il ne savait pas pourquoi il venait de faire ça ? La force de l'habitude, peut-être… Certes la boire ne lui ferait aucun mal, mais ne lui apporterait pas non plus le moindre bienfait. C'était un peu gâcher le produit.
Toujours hésitant sur ce qu'il devrait faire, Dvan tourna la tête instinctivement vers la porte lorsqu'un cri résonna. La petite était réveillée et ce n'était pas le meilleur des réveils. L'image de ses sous-vêtements déchirés lui revint en mémoire. Il serra les dents et se dirigea vers la chambre.
***
Lynette fut éveillée par le cri de peur qu'elle poussa. Ouvrant les yeux, elle s’aperçut qu'elle était allongée dans sa chambre. Comment était-elle arrivée jusque dans son lit ? Elle n'en avait pas le moindre souvenir.
Tout son corps tremblait. Elle prit une profonde respiration et chercha ses lunettes. Une fois qu'elle les aurait et qu'elle verrait mieux ce qui l'entourait, il lui serait sûrement possible de se faire une idée. Seulement, elle ne les trouva pas là,où elle les mettait habituellement. C'était impossible. Cette idée la fit paniquer.
On frappa à la porte, avant de celle-ci ne s'ouvre. Une silhouette masculine se détacha. Elle ne reconnut pas celle apaisante de son père. Face à cet inconnu, Lynette sentit ses dents se mettre à claquer. Elle se souvenait encore des horribles mains sur son corps.
-Pitié, ne me faites pas de mal, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.
L'autre suspendit ses gestes.
-Désolé.
Il lui tendit quelque chose et elle hésita à le prendre.
-Ce sont tes lunettes, déclara l'homme.
Lynette s'en saisit d'une main tremblante avant de les planter sur son nez. Au moins, à présent, la silhouette prenait forme. Elle reconnut l'homme qui était tombé dans le cimetière. Étrangement, il avait l'air en parfaite santé. Son regard se tourna vers la plaie qu'il avait au flanc, mais seule sa chemise déchirée lui indiqua qu'elle n'avait pas rêvé.
-Vous ? Je…
Elle ne savait plus quoi dire.
-Comment je suis arrivée ici ? finit-elle par demander, parce que c'était encore le plus simple.
-Je t'ai portée jusqu'ici. Tu t'es évanouie alors je me suis occupé du reste.
Elle le regarda les yeux exorbités, et son corps ne pouvait s'empêcher de frissonner.
-Quel reste ?
Lynette craignait la réponse, mais il fallait qu'elle sache.
L'autre continua d'une voix douce.
-Je t'ai allongé ici, pour que tu te reposes. Après, je t'ai préparé un repas chaud.
-Vraiment ?
Son regard se posa sur ses bras. Elle prit conscience qu'elle était en chemise de nuit.
-Vous m'avez déshabillée, souffla-t-elle.
Il détourna le regard visiblement gêné.
-J'ai juste retiré ton corset pour que tu puisses mieux dormir. Je pensais…
Il hésita.
-Je pensais que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.
Elle baissa la tête, en se remémorant l'état de ses sous-vêtements. Il les avait forcément vus. Qu'avait-il pensé ? L'avait-il prit pour une fille facile ? Peut-être que c'était pour ça, qu'il avait renoncé à la toucher ? A moins qu'elle ne l'est jamais intéressé…
Elle pria pour que la seconde option soit la bonne.
-Est-ce que tu as faim ou alors, je peux te rapporter de l'eau chaude pour te laver ? Dis-moi ce que tu veux ?
Ce qu'elle voulait… Elle serra les dents. Ce qu'elle voulait...
-Je veux mon père, murmura-t-elle, avant de se mettre à pleurer.
Dvan resta interdit devant la scène. Il ne s'était pas attendu à ça.
Réfléchissant rapidement à ce qu'il devait faire, le géant disparu dans la pièce principale. Il ouvrit le tiroir de la commode, en tira un petit mouchoir blanc brodé et saisit la tasse sur la table, avant de retourner dans la chambre.
-Tiens, pour tes yeux et pour te réchauffer.
Avec un sanglot, elle laissa tomber ses lunettes sur sa chemise de nuit et s'essuya les yeux. La jeune fille accepta ensuite la tisane et plongea ses lèvres dedans. Mine de rien, boire quelque chose de chaud lui fit du bien.
-Ca va mieux ?
L'homme se tenait toujours là, un peu gêné, semblant chercher quoi faire pour la réconforter. Il s'était accroupis pour se mettre à sa hauteur.
Elle hocha juste la tête, en silence.
-Écoute, je te propose de te préparer et venir me rejoindre pour manger un repas chaud, ensuite, tu m'expliqueras ce qu'il se passe. Enfin, si tu veux bien.
Sur le coup, elle ne répondit pas. Finalement, alors que Dvan commençait à croire qu'elle ne le ferait jamais, elle souffla un rapide « d'accord ».
-Bien.
Le géant revint et fit couler un peu d'eau chaude dans un récipient prévu à cet effet.
-Fais attention, elle est brûlante.
Lynette le regarda. Elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi il faisait ça pour elle. Après tout, il ne la connaissait même pas. Cependant, elle devait avouer que sa présence la rassurait. Il n'en voulait visiblement pas à son corps, sinon il aurait eu mille occasions d'en profitait.
-Je te laisse, je vais te servir une assiette de soupe pour te réchauffer.
A nouveau, elle ne répondit pas mais bougea légèrement la tête, pour faire signe qu'elle avait compris.
Dvan quitta la pièce et ferma la porte derrière lui. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu cette nuit, mais s'attendait au pire. Bien sûr, il ne poserait aucune question pour ne pas l’embarrasser. Cependant, il espérait qu'elle se confirait à lui à un moment.
Le géant enjamba la goule qui lui lança un regard mi-anxieux, mi-interrogateur. Avec tout ça, il l'avait presque oublié. Comment réagirait la jeune fille a cette intruse ? Le mieux serait qu'il lui en parle. Bon, évidemment, ce ne serait pas pour tout de suite.
Il remplit copieusement le bol en espérant que ça serait bon. Du fait de son statut de vampire, il ne pouvait plus sentir le goût des aliments et donc, ne savait pas si le plat était assez ou trop salé. Le verdict viendrait bientôt.
Lynette poussa la porte avec appréhension. Elle craignait de se retrouvait face au corps de cet homme. Ce n'était pas le premier cadavre qu'elle voyait, mais le premier qui la terrifiée alors qu'il était encore vivant. S'attendant au pire, elle avança dans la pièce principale.
Tout de suite, son regard chercha son agresseur, comme si elle voulait s'assurer qu'il ne reviendrait pas l'effrayer. Il ne rencontra que du vide. Il n'y avait plus aucune trace de ce qui s'était passé. Le sol avait même été lavé.
Dvan s'avança vers elle. La jeune fille ne s'est pas rhabillée et avait gardé sa longue chemise de nuit, sur laquelle elle avait passé un châle noir.
-Viens t’asseoir et mange un peu, tu te sentiras mieux après.
Elle oui, mais son père…
-Ne fais pas attention à elle.
Du doigt, il désigna la goule, qui s'enfuit dans un coin en poussant un petit cri.
-Je ne savais pas quoi en faire alors…
-Que… Qu'est-ce que c'est ? murmura Lynette.
-Une goule.
Elle le regarda les yeux grands ouverts par la surprise.
-Ca existe vraiment ?
Il hocha la tête.
Dvan tendit la main à la jeune fille, mais se garda bien de la toucher. Elle devait être en état de choc, et mieux valait qu'il évite tout contact, pour ne pas l'effrayer.
Elle hésita, et au moment où il allait retirer sa main, elle la prit du bout des doigts. Avec un sourire, il l'escorta jusqu’à la table où le bol fumant l'attendait. Lynette se laissa tomber sur le banc, et laissa son regard errer sur le verre vide qui lui faisait face.
-Je suis idiot, je ne t'ai pas servis d'eau, déclara le géant, qui se pressa pour faire couler le liquide dans le contenant.
-Merci, murmura-t-elle.
Ce n'était pas vraiment le souci qu'elle avait. Même si ses yeux se posaient sur le verre, elle ne le voyait pas, réfléchissant à tout ce qui s'était passé dans la soirée.
Par habitude, elle plongea sa cuillère dans la soupe et la porta à sa bouche en veillant à ne pas se brûler.
-Est-ce que c'est bon ? Je n'avais pas cuisiné depuis longtemps.
Cuisiné seul, aurait-il dû dire. En général, il s'occupait de ça, avec Rosa.
-C'est très bon.
-Je doutes qu'on puisse aller jusque-là, mais j'accepte le compliment.
Lynette posa son regard sur lui. Qui était-il vraiment ? Elle avait du mal à cerner ce grand homme qui lui avait préparé un repas et avait nettoyé sa maison, pour la rassurer. Qu'attendait-il d'elle en remerciement ?
Ses cheveux roux foncés, lui caché la moitié du visage, ne laissant voir qu'un seul de ses yeux. Il avait la peau si pâle, cela contrasté encore plus avec la couleur rouge sombre de ses boucles. Il n'était pas laid, du moins, du peu qu'elle en voyait. Il paraissait cacher des cicatrices sous sa chevelure, mais elle ne posa pas plus de questions. Elle ne voulait pas l’embarrasser.
-Vous ne mangez pas ?
Il détourna le regard gêné.
-J'ai déjà pris mon repas, souffla-t-il, en la fixant, avec un léger sourire sur les lèvres.
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