Au milieu de la nuit, Dvan sentit un souffle d'air froid pénétrait dans la chambre. En entrouvrant les yeux, il s’aperçut qu'il n'était plus seul. Une silhouette se dessinait devant lui. Il ferma à nouveau les paupières. Dans un état de semi-conscience, il espéra que se serait dangereux et que sa vie prendrait bientôt fin. Au moins, il ne souffrirait plus pour rien.
Il frissonna, mais il ne prit même pas la peine de remonter la couverture sur son corps. A quoi bon ?
-Dvan…
On prononça son prénom. Son coeur se brisa lorsqu'il reconnut la voix de sa sœur. Etait-ce une illusion venu le tourmenter ? Lui rappeler combien il avait été inutile…
Ses yeux s'ouvrirent.
Elle était là, devant lui. Toujours la même, même si sa peau paraissait plus pâle.
-Pourquoi me tortures-tu ainsi ?
Elle le regarda sans comprendre.
-Dvan, c'est moi ! C'est vraiment moi.
Le garçon laissa courir son regard sur ses vêtements, sobre, mais de bonne facture. Ils étaient neufs. Pas le genre de tenue qu'elle portait au quotidien. Preuve que ce n'était pas la réalité.
-Tu es un ange ? murmura-t-il.
Elle leva les yeux au ciel.
-Dvan, réveille-toi et arrête de délirer ! C'est moi, je te dis. Rosa, ta sœur !
-C'est impossible, soupira-t-il. Ma sœur a disparu.
Elle fronça les sourcils, ayant un mauvais pressentiment.
-Tu es sûr que tu vois bien, la nuit ? Tu me le dirais si tu avais des problèmes de vue.
La jeune femme posa la main sur la sienne et la guida jusqu'à son visage.
-Rosa, c'est bien toi ? Mais tu es si froide.
-Ca te vas bien de dire ça.
Sans attendre, elle se saisit de la couverture et lui posa sur les épaules, avant de déposer un baiser sur son front. Aussitôt, il l'attira à lui pour la serrer fort dans ses bras.
-J'ai cru te perdre, murmura-t-il. Je suis désolé. Tellement désolé… Rosa.
Avec son pouce, elle essuya les larmes sur son visage.
-C'est rien, mon petit frère. C'est ma faute. Jamais je n'aurais dû te parler aussi méchamment. Tu ne savais rien.
-Si, j'aurais dû deviner. Être moins bête…
-C'est moi qui n'est jamais rien dit. Je ne voulais pas que tu saches. Tu as dû avoir tellement honte.
-Honte ?
Il répéta le mot sans paraître le comprendre, avant de serrer Rosa contre son torse.
-Je n'ai jamais eu honte de toi. Je suis tellement fier. Ma sœur est si forte. Elle n'a pas besoin de moi.
-C'est faux. J'ai besoin de toi. J'ai besoin que d'un seul homme dans ma vie et, c'est toi.
Il passa tendrement la main dans ses cheveux. Ils étaient si doux, respirant leur odeur, il y devina un parfum inconnu. Le genre qu'ils n'auraient jamais pu se payer. Tout de suite, il pensa à un homme et sentit son coeur se serrer. Qui était-il, celui qui pouvait lui offrir de tels cadeaux ?
-J'ai eu si peur après ta disparation… Que s'est-il passé ?
Il la sentit se crisper dans ses bras.
-Je suis là, lui chuchota-t-il à l'oreille.
Quand un instant, le silence régna dans la chambre.
-Cet homme, murmura soudain sa sœur, il m'a suivi… Je ne m'en suis rendu compte que lorsqu'il était trop tard.
Elle s'interrompit mal à l'aise.
-Est-ce qu'il t'a touché ?
La jeune femme cacha son visage contre le torse de son frère.
-Oui.
Cette révélation fit grincer les dents de Dvan. C'était arrivée ici, alors qu'il était si près d'elle. Il lui aurait suffi de quelques pas pour empêcher ça. Mais non… C'était trop tard. Il ne pourrait plus jamais changer cela.
Elle reprit d'une voix plus faible.
-Nous nous sommes battu et il m'a fait tomber au sol. Ma tête a frappé une pierre. J'avais mal et je ne voyais plus rien. J'ai cru que j'allais mourir, mais je sentais ses mains sur mon corps.
Il resserra sa prise sur elle, comme si cela pouvait suffire à la protéger de ce qui était arrivé. Il y eu un moment de silence.
-Quelqu'un est venu. Il m'a soulevé et m'a porté comme si je n'étais rien. Il m'a parlé doucement. J'entendais ses mots sans les comprendre. Finalement, il m'a ramené chez lui. Quand je me suis réveillée, j'étais différente… Mais je n'ai pensé qu'à toi. C'est pour ça que je suis revenue directement ici. Il le fallait. Je devais te voir.
-Désolé, j'ai un peu de mal à comprendre.
-Ce n'est pas grave. Tu es là et je suis là, c'est le plus important.
Il sourit, tentant de regarder le visage de sa sœur, masse floue dans la pénombre. Il aurait dû faire plus attention à celui-ci et le graver dans son esprit pour ne jamais l'oublier.
Elle se rapprocha de lui.
-Tu as toujours tant fait, pour moi, petit frère.
-C'est normal. Je ferais n'importe quoi pour toi, Rosa.
La jeune femme se jeta dans ses bras.
-C'est à mon tour. Je vais t'aider. Je pense savoir comme guérir tes cicatrices.
-Ce n'est pas le plus important. On s'en fiche de mes blessures. Je les ai depuis si longtemps que…
-Je sais qu'elles te font souffrir.
Elle passa la main dans ses cheveux, dégageant son œil. Aussitôt, il l'arrêta.
-Non.
-Tu vois, tu ne veux même pas que je te regarde.
-A quoi bon, c'est horriblement laid.
-Tu vois quelque chose de cet œil au moins ?
Il haussa les épaules. Dvan n'avait vraiment pas envie de parler de ça, mais il ne voulait pas se disputer à nouveau. Pas après, avoir risqué de perdre sa sœur.
-Ca dépend de ce que tu entends par voir, grommela-t-il entre ses dents.
-Dvan ! Je t'ai tellement négligée. J'ai honte. Pourquoi je ne me suis pas intéressé à ça, avant au lieu de faire comme si tout aller bien…
Elle l'incita à poser la tête contre son épaule, pour le bercer. Il ferma les yeux avec un sourire. C'était agréable d'avoir quelqu'un pour s'occuper de lui.
-Dvan, mon chéri, j'aurais dû faire tellement plus…
-Tu ne pouvais pas. Il fallait s'occuper du plus urgent et ce n'était clairement pas l'état de mon œil…
-Je sais.
Elle posa un baiser contre son front.
-Laisse-moi, réparer ça…
-Je doute que ça soit possible mais bon…
-Et s'il existait un moyen ? Est-ce que tu serais près à essayer ?
-Nous n'avons pas d'argent…
-Je n'en ai pas besoin.
Il sentit l'espoir naître dans son coeur, pendant l'espace d'une seconde avant qu'il ne décide de l'oublier. Il savait combien cela pouvait faire mal d'être déçu.
-Que faut-il faire ?
-Donne-moi juste ton accord.
-Si tu veux, mais mon accord pour quoi ?
Elle posa le doigt sur sa bouche comme pour le faire taire.
-Ferme les yeux.
Ayant, une parfaite confiance en elle, il obtempéra. Que pouvait-elle bien lui caché ?
Il sentit qu'elle lui embrasser le cou et cru à une blague. Vint ensuite une légère douleur comme un pincement, avant qu'il sente un froid intense l'envahir. Pourtant, il ne s'inquiéta pas. Il n'avait pas mal. Le garçon se sentait plutôt fatigué et il avait l'impression d'être bercé doucement. Le sommeil l'appelait, et il ne rêvait plus que d'y plonger.
Alors qu'il allait s'endormir, la voix de Rosa lui parvint.
-Bois ça.
Trop épuisé, Dvan se contenta d'ouvrir légèrement la bouche. Il ne se sentait pas capable du moindre mouvement. Un liquide coula lentement entre ses lèvres, lui rappelant un goût sucré. Peut-être était-ce du miel ?
Il se sentait bien. Sa sœur était là. Elle lui parlait et sa voix le berçait. Les abîmes du sommeil l'appelait avec tant de force, qu'il ne put y résister et y plongea.
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