Lorsque Dvan s'éveilla, il se demanda où il était. La moitié de son visage disparaissait sous un énorme bandage. Un autre l'empêchait de bouger correctement son bras droit. Au fur et à mesure, il se rendit compte de l'étendue des dégâts. Il aurait dû prendre peur, mais il se sentait si mal et si faible, qu'il peinait à penser.
Lorsqu'une infirmière vint pour changer ses pansements, il l'effraya, en murmurant le prénom de sa sœur. Plus tard d'autres personnes vinrent le voir, mais aucune ne fut capable de lui dire où se trouvait Rosa.
Ce ne fut que plus tard qu'il apprit qu'on l'avait transporté dans un hôpital du centre de la ville, bien trop loin de leur quartier, pour que la jeune fille puisse venir le voir tous les jours. Pourtant, elle passait de temps en temps, subissant sans sourciller, les regards dégoûtés sur sa tenue élimée.
Quand Dvan se demanda pourquoi on l'avait soigné dans un endroit si au-dessus de ses moyens, on lui répondit qu'il avait de la chance dans son malheur car il avait servi de cobaye à un éminent docteur. Grâce à lui, le jeune garçon était encore en vie.
Comprenant rapidement, que son rôle ici, ne serait que d'être le sujet d'observation d'étudiant et de collègue, il prit la décision de reprendre le maximum de force pour s'enfuir à la recherche de Rosa.
Il entreprit donc de se forcer à manger, pour retrouver l’énergie de se lever. Une fois qu'il y parvint, il se mit à bouger. Il devait pouvoir fuir si l'occasion se présentait. Le docteur fut très heureux de ses progrès, dont il s'attribuait tous les mérites, même s'il loué le gamin d'avoir la constitution d'un bœuf.
Lorsqu'il put se mettre debout, Dvan se rendit compte que son corps avait continué à grandir alors qu'il cauchemardait et qu'il avait déjà atteint la taille moyenne pour les hommes de son époque. Mais il ne s'arrêterait pas là, et à présent, il dépassait de beaucoup tous ceux qu'ils rencontraient.
Le garçon découvrit l'état de son corps alors qu'on lui changeait ses pansements. Des cicatrices boursouflés qui couraient sur tous les endroits que le feu avait mordu. Il ne découvrit l'étendue des dégâts sur son visage que plus tard. Mais au moins, il était en vie. On ne cessait de le lui répéta. Il ne répondait pas puisque tout le monde s'en fichait.
L'ennui fut brusquement chassé lors d'un après-midi ou une silhouette connue apparue dans son champ de vision : Rosa. Elle avait grandi et les courbes de son corps se faisaient plus féminines, mais c'était bien elle. Il ne put cacher sa joie et il en fut de même pour elle. La serrant contre lui, Dvan se sentit enfin revivre. Il voulait tout savoir sur ce qu'il lui était arrivé et comment elle vivait depuis leur séparation, chose qui embarrassa la jeune fille. Sur le coup, il ne comprit pas pourquoi.
Il lui fit part de ses progrès et de son souhait de rentrer avec elle. Malgré sa joie sur le moment, elle lui expliqua que beaucoup de choses avaient changé, mais cela ne lui faisait pas peur. Il voulait la suivre, trouver un travail et faire de son mieux pour qu'elle est une belle vie. Elle le méritait tant.
Le garçon lui demanda si elle avait assez d'argent et comment elle en sortait, mais elle éluda à nouveau la question et se concentra sur lui. Elle voulait savoir comment il allait, si on le traitait bien, s'il ne souffrait pas trop. Dvan minimisa les choses, lui soufflant juste qu'il serait marqué à vie sur tout son corps. A ses mots, Rosa eut les larmes aux yeux et il la serra gentiment contre lui, pour la rassurer. Elle se laissa aller, en lui chuchotant combien elle était désolée.
Finalement, ils durent se séparer, mais sa sœur fit son possible pour venir le voir au moins une fois par semaine. Elle paraissait plus maigre et plus fatiguée, mais lorsqu'elle voyait le visage de son frère, le sien s'illuminait.
A présent, ils ne pouvaient compte que l'un sur l'autre. Ensemble, ils étaient bien, se rassurant lorsque l'un venait à flancher. C'était pour cette raison que Dvan ne rêvait que de quitter les lieux, même s'il y était nourri et qu'il avait un toit sur la tête. Tant que sa sœur n'était pas bien, il savait que lui-même ne le serait pas.
Finalement, lorsqu'il n'eut plus besoin de pansement pour protéger sa peau, il comprit que la libération était proche. Alors qu'on lui proposait un beau voyage dans tout le Saint Empire, pour montrer comment un cas désespéré comme lui, avait pu se rétablir sous les bons soins d'un brillant docteur, il les surprit en leur préférant sa sœur. On lui fit miroiter qu'il n'avait pas conscience de sa chance et de ce qu'on lui offrait. Comme rien n'y faisait, on le traita d'ingrat, tout juste bon à crever dans un caniveau. Ce à quoi il répondit que cela avait toujours été là, son destin et qu'il l'acceptait.
Se fut donc guérit, et en pleine force qu'il quitta l'hôpital au bras de Rosa, non sans avoir acceptait avant de laisser le personnel soignant prendre des photographies de ses blessures. C'était la première fois qu'il posait ainsi et c'était pour immortaliser sa laideur.
Une fois sorti, il contempla le visage de sa sœur et n'y vit que de la peur. Sur le coup, il ne comprit pas. Peut-être que c'était trop dur d'imaginer le pire, de penser à ce qu'elle avait dû faire pour survivre… Alors il avait préféré s'inventait un beau rêve où tout aller bien. Non, juste où tout allait suffisamment bien pour qu'elle puisse survivre convenablement.
Plus ils avançaient, plus la peur se faisait forte. Lorsqu'enfin, elle l’entraîna dans une petite chambre miteuse, où le vent entrait par tous les côtés, avec pour seul couchage une couverture trouée et un petit tas de linge, il comprit. Elle vivait dans ce vieil immeuble, où les murs n'étaient que des séparations montées à la va-vite et où l'intimité n'existait pas.
Elle se tourna vers lui, le visage sombre.
-Dvan…
Lorsqu'il entendit sa voix se briser dans sa gorge, et qu'il vit les larmes inondaient ses yeux, il comprit qu'il s'était trop longtemps bercé d'illusion et qu'il était temps de revenir à la réalité. Son coeur se mit à battre plus fort, la nausée le prit et sans qu'elle dise lui moindre mot, le garçon comprit l'envers de sa vie.
-Rosa…
Combien de temps restèrent-ils à se fixer ainsi ?
Finalement, il s'était avancé vers elle, la prenant dans ses bras. Elle s'était laissé faire, se réfugiant avec soulagement dans ses bras protecteurs. Il n'était plus un enfant, il avait à présent, la taille d'un homme et c'était à lui de la protéger.
Elle avait pleuré longuement, entre son torse et lui l'avait gardé serré contre son corps, tentant de lui apporter un peu de chaleur et de réconfort. Lorsque le jour avait commencé à décliner. Elle s'était relevée, avait séché ses larmes, et avait déclaré qu'elle devait aller travailler. Alors il avait acquiesçait, faisant semblant de ne pas comprendre pour ne pas l’embarrasser. Mais peut-être qu'au fond, il n'avait pas voulu y croire parce que c'était plus simple pour lui. Ainsi, l'image de son inutilité ne lui revenait pas tout le temps en tête.
Les jours s'étaient succédé, lui enchaînant les petits boulots pour un salaire de misère, elle disparaissant à la tombée de la nuit et revenant le corps et l'esprit épuisés. Dans ses conditions, après une toilette sommaire, elle venait se blottir contre lui pour tenter de dormir le reste de la nuit. A ce moment-là, Dvan lui caressait le dos comme pour atténuer sa peine.
Ils ne parlaient pas de certaines choses : comme du fait qu'ils avaient besoin de l'argent que Rosa rapportait nuit après nuit, de la colère que ressentait le jeune homme devant son inutilité à prendre soin d'elle, comme il l'aurait souhaité.
Seulement, ce qu'ils ne pouvaient prévoir était que le pire les frapperait plus tôt qu'il aurait pu le croire.
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