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tome 1, Chapitre 8 « Jouer avec le feu est dangereux » tome 1, Chapitre 8

Cette nuit-là, lorsque tout avait basculé, il faisait froid. Il avait couru comme un fou dans les rues sombres et sales, le peu d'argent qu'il avait gagné, serrait contre son corps. Il fallait qu'il le confit à Rosa. C'était ce qu'il faisait à chaque fois. Elle, elle savait le gérer. Sa sœur se débrouillait toujours pour lui trouver de quoi à se nourrir. Ce qui n'était pas simple avec leur père. Dvan frissonna, il avait toujours peur de lui.

Malgré son jeune âge, sa grande taille et sa large carrure, il continuait à craindre son géniteur. Heureusement que sa silhouette lui permettaient d'avoir accès à des postes qui normalement lui aurait été impossible. Non seulement, il avait la chance d'éviter les tâches nécessitant d'avoir une silhouette frêle menant généralement vers la mort. Mais en plus, il gagnait un peu plus.

Après une courte réflexion, il décida que de ces quelques pièces, il en donnerait à son père pour éviter qu'il ne les frappe lui ou sa sœur. Il s'arrangeait toujours pour en subtiliser afin que son aîné puisse acheter de quoi à les nourrir. Depuis la mort de leur mère, c'était elle qui s'occupait de tout dans le foyer. Faisant aussi parfois quelques menus travaux, pour les aider à survivre.

Seulement, plus elle grandissait, plus Dvan répugnait à la laisser seule avec leur père. Il ressentait un malaise grandissant, mais sa sœur ne lui avait rien dit. Généralement, son géniteur passait sa soirée à boire, avant de s'écrouler et dormir jusqu'au matin. Seulement, il pouvait se montrer très violent lorsqu'il était encore éveillé. C'était souvent le plus jeune qui en faisait les frais. Mais peu lui importé, tant que Rosa n'avait rien.

En arrivant devant le taudis qui leur servait de foyer, un mauvais sentiment s'empara de son coeur. Il poussa à la hâte la porte, alors des cris étouffés s'échappaient de la pièce. C'est alors qu'il les vit. Sa sœur, les jupes remontaient jusqu'à la taille le corps prisonnier entre la table et celui plus massif de son père. Celui-ci lui plaquait la main sur la bouche, pour tenter de la faire taire.

Elle continuait de se débattre et tenter de lui donner des coups de pied.

-Ta gueule ! Tu vas la fermer, espèce de salope. Tout ça, c'est de ta faute.

Sans attendre, Dvan s’empara d'un tabouret et l'abattit violemment sur le dos de son géniteur. Celui-ci poussa un grognement, avant de se relever, et de tourner la tête.

-Qu'est-ce que tu fais là, sale petite merde ! C'est entre ta sœur et moi, ne te mêle pas de ça !

Il lui jeta un regard mauvais de ses yeux injectés de sang, rendu brillant par l'alcool. Dvan savait bien qu'il n'aurait pas le dessus contre lui, pas encore.

Derrière, sa sœur rabattit ses jupons sur ses jambes, et se laissa glisser au sol, disparaissant petit à petit sous la table.

-Ne touches pas à ma sœur !

Son père s'approcha, d'une démarche pataude, et tenta de se saisir de lui. Dvan prit la tangente sur le côté, s'il arrivait à l'éloigner suffisamment longtemps de la porte, Rosa pourrait fuir. Elle courrait beaucoup plus vite que son géniteur, elle n'aurait donc aucun mal à le distancer. Il se ferait sans doute battre, pour laver cet affront, mais cela n'avait pas d'importance.

Il chercha du regard, sa sœur, pour la rassurer. Il avait envie de lui dire que tout irait bien et qu'elle n'avait pas à avoir peur, qu'elle ne devait penser qu'à elle.

-Dvan !

Brusquement, elle hurla.

Le garçon eut la surprise de se sentir tirer vers l'arrière. Son père venait d'attraper sa chemise et de l'attirer vers lui. Un coup de poing le cueillit au vol, et le fit chuter sur le sol, sonné. Il tenta de se relever, mais un coup de pied dans le dos, l'en empêcha et instinctivement, il se protégea avec ses bras.

-Sale petit bâtard, j'aurais dû te laisser crever dans la rue, comme la merde que tu es.

Dvan ne dit rien. Il avait l'habitude de ce surnom que dans un grand élan d'ingéniosité son père lui avait donné. Jour après jour, il ne cessait de lui dire qu'il n'était rien et aurait dû mourir. S'en était presque devenu une habitude.

-On va voir si tu es si attaché que ça à la vie.

Se saisissant de la bouteille d'alcool qui traînait sur le sol, son géniteur vida le fond sur son corps recroquevillait, qui tentait encore de reprendre ses esprits. Le fixant avec un regard fou, il sortit une allumette de sa poche et la gratta, avant de la laisser tomber sur lui.

Le feu prit instantanément, dévorant ses vêtements aussi que sa peau, lui arrachant au passage un hurlement bestial. Il se mit à se rouler sur le sol pour tenter de faire disparaître ce mal qui le rongeait, dévorant peu à peu son corps.

Alors que le père se trouvait là, immobile, fixant son œuvre avec passion. Il sentit que quelque chose se plantait dans son dos, avant de ressortir dans une gerbe de sang. Ne comprenant pas ce qui avait pu lui arriver, il se tourna pour faire face à l'ennemi invisible qui avait osé s'en prendre à lui.

A nouveau la lame s'enfonça. Le coup le toucha au niveau du cou. Il fixa Rosalina sans la voir. Avant de porter la main sur l'objet fiché, près de son visage. Il le retira vivement et l'amena devant ses yeux, permettant à son sang de quitter sa prison de chair.

C'était une paire de ciseaux. La même avec laquelle sa fille cousait des vêtements et en réparait pour quelques pièces.

Sa vue commença à se brouiller et ses genoux se dérobèrent sous lui.

-Salope, cracha-t-il à l'attention de la jeune fille.

Seulement, celle-ci n'était déjà plus là, elle s'était emparée d'une couverture avec laquelle, elle avait recouvert son frère, pour étouffer les flammes qui le dévoraient. Combien de temps cela dura-t-il ? Elle avait l'impression que le temps s'était arrêtée et que pendant une éternité, elle n'avait fait que se battre contre le feu.

Lorsqu'elle fut sûre qu'il n'y avait plus la moindre étincelle, Rosa se pencha enfin sur son frère. Elle frissonna devant son visage calciné. Son bras, la moitié de son torse et une partie de sa jambe n'avait pas été épargné non plus.

-Dvan !

Chassant ses larmes qui ne lui seraient d'aucune aide, elle le secoua.

-Dvan, j'ai besoin de ton aide.

Elle avait passé son bras autour de lui, pour le redresser.

-J'arriverais pas à te porter. Il faut que tu m'aides. Je t'emmène au dispensaire.

Comment avait-il réussi à trouver la force de se lever et de marcher ? Il ne le saurait jamais. Dans un état second, proche de la mort, il l'avait suivi parce que c'était la seule chose à faire. Parce qu'elle lui parlait et que la savoir près de lui, était la seule chose qui le faisait tenir.

La suite n'était que confusion. Des rêves noirs, emplie de douleur qui ne le quittait jamais, tournant autour de lui, pour tenter de le faire sombrer de plus en plus profondément. Le temps n'avait plus eu de prise sur lui.

Il avait souffert, tellement souffert sans savoir si cela s'arrêterait un jour. Plongé au plus profond de l'enfer, Dvan n'avait même pas eu la force de songer à s'en échapper. Ce n'était que lorsqu'il avait repris conscience, qu'il avait compris que la mort n'avait jamais été loin.


Texte publié par Nascana, 19 mai 2019 à 13h00
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