– Cela fait bizarre de revenir ici après tout ce qu’il s’est produit, n’est-ce pas ?
– Pourquoi dis-tu cela, Astérix ?
Comme vous l’aurez peut-être deviné, nous retrouvons nos deux héros aux abords de la forêt des Carnutes, où ils attendaient leur druide, qu’ils avaient accompagné comme à chaque fois. Cependant, le sentiment n’était plus le même, à présent, lorsque le petit Gaulois posait son regard sur les arbres au contenu bien mystérieux – même s’il avait eu l’occasion de pénétrer à l’intérieur, une fois, lorsque leur ami avait été enlevé, mais leur réunion était alors déjà achevée. Cependant, ce n’étaient pas les prodiges que pouvaient accomplir les druides qui intéressaient Astérix, non. A vrai dire, il n’était pas sûr que ce fût à l’ordre du jour non plus.
C’était plutôt l’idée que, peut-être, Yucca se tenait à quelques distances de là, si proche et si lointaine à la fois. Ils n’avaient pas revu la jeune femme depuis les événements survenus sur l’île des druidesses mais ses sentiments à son égard n’avaient pas décru, loin de là. Et, plus le temps passait, plus il se demandait s’il n’aurait pas dû les lui avouer, comme Panoramix l’y avait incité. Ses tergiversions sur le sujet n’avaient pas aidé.
Le Gaulois se prit à sourire alors que le vent se levait, fugace, arrachant un bruissement doux au feuillage qui les surplombait.
– Oh, pour rien. Pas grand-chose, j’imagine.
– Tu penses à Yucca, n’est-ce pas ? Tu crois qu’elle sera là ?
Bien évidemment, Obélix était au courant que son ami était toujours amoureux d’elle. Il était tout aussi enthousiaste que lui à la possibilité de la revoir et, tout comme lui, priait pour que ses espoirs ne fussent pas déçus. Ils n’avaient reçu aucune confirmation ou message concernant son hypothétique venue. Cependant, ils avaient appris par Amir et Kadir qu’Aloe s’était installée provisoirement chez eux, soi-disant pour le climat local ainsi que pour représenter les siennes – une nécessité pas réellement nécessaire car toutes celles qui y avaient de la famille y étaient retournées. Elle-même était concernée puisque son père appartenait à ce peuple. Et surtout, Amir et Aloe étaient désormais ensemble. Astérix n’avait cessé d’envier Amir depuis qu’il l’avait su, même s’il était heureux pour lui.
– Je ne sais pas, avoua-t-il, mais il ne perdit pas sa bonne humeur pour autant.
Soudain, des druides émergèrent d’entre les arbres. Les deux Gaulois eurent le plaisir de les voir mélangés aux druidesses et discuter avec elles. Ils reconnurent Calathéa, entre autres. La situation était certes encore tendue, il le devinait, mais si des efforts mutuels étaient consentis, il ne doutait pas qu’avec le temps, les magiciennes gagneraient la place à laquelle elles avaient droit. Ce qui serait profitable pour tous.
– Astérix ! J’ai une surprise pour toi ! s’exclama Panoramix d’un ton joyeux.
La surprise fut éventée aussi vite qu’il prononça ces paroles, tandis qu’un rire cristallin s’associait au sien, plus rauque. Un rire qui appartenait à un passé en même temps si loin et si proche, reconnaissable entre tous.
– Tu oublies Obélix ! s’écria cette même voix amusée.
Les deux amis dévisagèrent Yucca, abrutis par la joie. Obélix fut plus prompt à réagir et se rua vers elle pour l’enlacer, avant de la lâcher à sa demande presque suppliante. Derrière elle se tenait sa sœur, Pilea. Astérix se sentit aussitôt mal à l’aise devant le regard scrutateur qu’elle lui adressait. Il eut à peine le temps de saluer Yucca que les présentations furent faites de manière plus correcte. Puis Panoramix n’attendit pas pour enchaîner :
– Décidément, cette réunion aura bien plus intéressante que d’habitude ! Bon, pas de concours pour élire le meilleur druide de l’année, cette fois. Ce sera pour une autre fois, en plus il faut en changer les modalités pour inclure plus de monde, fit-il en souriant à ses consœurs qui le lui rendirent. Et comparer ce qui est comparable – mais nous avons discuté de…
Le druide se montra particulièrement bavard ; et Astérix dut l’avouer à lui-même, il se perdit dans les méandres de ses explications – et il y avait de quoi, car la rencontre avait été particulièrement longue, bien qu’elle eût été avancée. Entre les druidesses et leur réintégration, la récupération des druides capturés et –
Et que venait-il de dire, là ?
– Attendez, vous voulez faire quoi ?
– Une merveilleuse idée, n’est-ce pas ? s’enthousiasma Panoramix, qui n’avait pas aperçu l’air perdu de ses amis. C’est Calathéa qui l’a proposée. Bon, elle a suscité quelques remous, mais ils vont se faire à l’idée ! Après tout, quoi de mieux que d’associer un druide et une druidesse dans les villages pour assurer leur réintégration dans nos communautés ? Bon, ce ne sera peut-être pas évident à appliquer partout – sans compter le débat sur les effectifs respectifs et autres –, mais dans notre cas, ça le sera ! Par conséquent, Yucca vient faire un essai chez nous ! Pilea restera aussi, du moins un certain temps.
– Un essai ? Un essai de quoi ? marmonna Obélix, qui n’avait strictement rien compris.
Mais Astérix, si. Il se tourna vers Yucca, étonné. Celle-ci affichait un doux sourire et le regardait, lui. Alors il le lui rendit. La perspective l’enchantait.
Tandis que Panoramix se dévouait pour tout réexpliquer à Obélix – et s’efforçait de ne pas perdre patience devant ses interruptions diverses –, Yucca se rapprocha d’Astérix, qui la considéra avec étonnement. Ses lèvres esquissaient un sourire malicieux qu’il fut bien en peine d’interpréter.
– Au fait…
– Oui ?
Pilea détourna le visage et s’éloigna pour leur offrir un peu d’intimité. Il ne s’en aperçut pas, l’attention focalisée sur sa sœur.
– Tu n’avais pas quelque chose à me dire ?
– Euh… quoi ?
De quoi parlait-elle ?
– D’après Panoramix, là-bas, sur l’île, avant que je ne m’interpose. Panoramix insistait pour que tu me révèles quelque chose, explicita-t-elle, mutine.
Astérix se figea à l’allusion, conscient de ce dont il était question. La gêne colora aussitôt ses joues et elle en parut amusée. Elle sait. C’était un fait, elle savait. Pourquoi lui demander une chose qu’elle savait déjà ? A moins que… Y avait-il un espoir ?
Yucca attendait pendant qu’Astérix hésitait. Un peu de rêverie le saisissait. Peut-être aurait-il droit à la même fin qu’Amir, finalement. La jeune femme l’en tira, gagnée par une certaine impatience fébrile.
– Alors ?
Il sourit.
– Effectivement, oui. Il y a bien quelque chose.
Ne restait plus qu’à se lancer.
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