Astronomix jeta un coup d’œil à sa femme avant de soupirer. Habituellement pleine d’entrain, elle était, pour l’heure, presque éteinte, assise sur sa chaise et ses mains calées sur ses cuisses, le regard porté au loin vers un point imaginaire. Il ne se rappelait pas l’avoir vue si songeuse une seule fois durant leur vie commune. Il fallait dire que jamais ses certitudes n’avaient été autant ébranlées. Il en allait de même pour de nombreux villageois ; le précédent éclat de Valine, quelques jours plus tôt, avait eu son effet, surtout sur les femmes. Ceux qui avaient eu le plus de mal à accepter la trahison de Yucca ou qui l’avaient si aisément accusée de tous les torts revenaient sur leurs opinions ou du moins, pour la plupart d’entre eux, ils ne savaient plus que penser. Leurs esprits s’engageaient sur d’autres sentiers et ils s’y perdaient quelque peu. Que croire et que penser ? Il y avait trop d’incohérences et pas assez de données pour qu’ils pussent être juges. Certains en étaient même venus à croire en la semi-innocence de Yucca presque comme Valine croyait en son amie. En définitive, en plus de l’attente de leurs guerriers, les villageois étaient dans l’attente de réponses, plus incertains que jamais quant à leur avenir. Et comme cela avait rarement été le cas jusque-là, cela avait un côté effrayant.
Il se rendit auprès de sa femme pour poser sa main sur son épaule, dans l’espoir de la tirer de cet état qui en venait à l’inquiéter. Lui avait toujours refusé de croire en la malfaisance de la jeune femme que Praline n’avait jamais cessé de clamer haut et fort. Après l’intervention de Valine, elle était venue se réfugier dans la hutte de son fils et depuis, ce genre de scène se répétait.
— Praline…
Pour seule réaction, Praline leva les yeux non pas vers lui mais vers la petite lucarne taillée dans le mur, qui filtrait la lumière du soleil. Alors qu’il allait tenter une autre approche qui éviterait de la brusquer par la même occasion, elle avoua du bout des lèvres :
— Je ne sais plus quoi penser…
Le regard d’Astronomix s’adoucit et il serra un peu plus l’épaule de sa femme. Lorsque ses yeux s’ancrèrent dans les siens, il y lut la détresse qui la rongeait et cela lui fit mal.
— Elle me semblait si… mais Valine n’a pas tort. Pourquoi ne nous ont-elles rien fait si nous les indifférions ? Pourquoi ne pas avoir tenté d’enlever notre druide, même si elles n’y seraient pas forcément parvenues ?
Pourquoi avoir épargné son fils, aussi ? Elle réalisait peu à peu que si Yucca et ses compagnes avaient été aussi loin que les rumeurs qui témoignaient du sort d’autres villages, il aurait dû mourir ce jour-là sur la plage, avant que Yucca ne disparût avec elles. Elles s’étaient contentées de l’assommer, elles auraient très bien pu le tuer ; lui-même l’avait affirmé, il s’était révélé impuissant face à leur magie. Ce fait distillait la peur dans son corps ; elle aurait pu perdre son fils. Et ce dernier était parti en direction de l’antre de ces femmes, dont il ne reviendrait peut-être jamais ! Jamais elle n’avait réellement craint pour la vie de son enfant jusque-là, assurée comme les autres que la potion magique les protégerait de tout malheur. A présent elle en venait à douter et avait peur, peur de ne jamais le revoir. A côté de cela, le fait d’avoir pu se tromper sur Yucca ne comptait pas. Sa fierté n’était rien comparée à sa vie.
Soudain, elle se leva et fit volte-face pour plonger dans les bras de son mari, le corps agité de tremblements.
— Je ne comprends plus rien… je veux juste que cette histoire se termine et qu’Astérix revienne…
Astronomix l’enveloppa dans ses bras et posa sa tête contre son crâne sans répondre, avant de fermer les yeux. Lui aussi le désirait tellement… le fin mot de cette histoire, et que tout le monde s’en tirât sain et sauf. Ce qui n’était pas si évident, moins que cela ne l’avait été par le passé.
Si le basculement vers l’inconscience avait été brutal, le réveil fut lent et douloureux. Cette douleur était diffuse, leur vrillait la tête et zébrait dans l’ensemble de leurs corps sans qu’ils ne fussent capables d’en localiser l’origine. De ce fait, ils la sentaient sans prendre totalement conscience sa présence. Aucun d’entre eux ne s’en préoccupa ; seule la lutte contre ce sommeil forcé les intéressait presque tous et, dès qu’ils en eurent l’occasion, ils s’y acharnèrent. Finalement, ils parvinrent à le vaincre les uns après les autres.
Astérix fut le premier à ouvrir les yeux. Il les plissa devant l’agressivité de la lumière du jour et il mit du temps avant de réussir à obtenir une vision correcte. Lorsqu’il put enfin apercevoir le ciel immense qui les surplombait, gris percé de rayons lumineux et barré de larges rondins en bois, il s’efforça de se redresser ; ce fut d’abord sa nuque, et ce léger mouvement réveilla d’autres éclairs douloureux qui le figèrent quelques instants avant qu’il ne décrétât de les ignorer ; puis ce fut son buste, avec l’aide de l’appui offert par ses bras encore tremblants. Enfin il parvint à s’asseoir, au prix d’efforts supplémentaires pour glisser sur quelques pouces et prendre appui sur les barreaux qui les entouraient. Après s’être assuré que tous ses compagnons fussent bien présents et vivants – seul Obélix n’avait pas été sujet d’inquiétude, tant il ronflait comme un sonar –, il eut alors tout le loisir d’observer leur environnement.
Ils se trouvaient dans un petit village installé sur un plateau, dans un paysage sans relief. Les maisons, construites à partir de blocs de pierre et de chaume, étaient agencées de la même manière que leur village, du peu qu’il parvenait à apercevoir ; eux-mêmes se trouvaient au centre d’une large place dans une grande cage en bois, à quelques pas à peine d’un puits. Aucun bâtiment ne se distinguait des autres, pour indiquer celle qui aurait pu appartenir à la plus haute personnalité du hameau. Les habitants eux-mêmes restaient très simples ; vêtus d’épais habits bruns ou ocres pour la plupart, des tuniques et des braies pour les hommes, des robes pour les femmes, aucun ne portait les vêtements rituéliques des druides. C’étaient de simples villageois tout comme eux et parmi eux, aucune druidesse n’était en vue.
Alors que faisaient-ils là ?
Astérix se mit à espérer que ce ne fussent là que des autochtones qui n’avaient aucun lien avec les magiciennes et avec qui ils pourraient discuter. Peut-être avaient-ils cru à un début d’invasion ou à une attaque à leur venue impromptue et insolite, eux les étrangers, et peut-être seraient-ils donc en mesure de réparer cette méprise ? Après tout, elles ne devaient pas être si nombreuses et occuper toute l’île, ni avoir de l’influence sur toute sa superficie. Ce serait très malchanceux pour eux.
– Je n’aurais pas tant d’espoirs quant à cette hypothèse, à votre place.
Le murmure le fit sursauter et il tourna brusquement la tête vers ce nouvel interlocuteur. Il reconnut le visage las et cireux d’Amir. Le geste réveilla la douleur qui avait commencé à diminuer, ce qui le fit grimacer. Ils n’y étaient pas allés de main morte en lui portant ce coup.
– Comment pouvez-vous savoir à quoi je pense ? questionna-t-il en reportant son attention vers l’extérieur de la cage.
Près d’eux, les autres prisonniers s’agitaient plus ou moins et Kadir se redressait déjà, une main posée sur son crâne lancinant.
Amir haussa les épaules avant de répondre.
– Votre visage quand vous les regardez. Vous avez l’espoir de sortir de cette cage seulement en discutant avec eux, espérant qu’il n’y ait là qu’un malentendu ?
– Et pourquoi ne serait-ce pas le cas ? fit Astérix en se renfrognant, bien qu’il gardât son attention tournée vers leurs « hôtes » qui vaquaient à leurs occupations, indifférents à la présence de leurs prisonniers.
A présent qu’il redevenait un peu plus confiant, Amir surenchérissait, comme s’il souhaitait le voir déprimer. Même s’il savait que ce n’était pas du tout le but de l’homme, il fut légèrement agacé par la remarque.
– Ce sera peut-être le cas, concéda Amir en levant les mains en signe de défense comme il sentait l’humeur changeante du Gaulois. Mais je reste peu optimiste sur la question. Après tout, leur attitude me semble étrange.
– Pourquoi ? Ils ne font rien.
Une moue gênée tordit les lèvres du jeune homme à la peau de bronze.
– Je crois bien que le problème est là, justement.
Astérix haussa les sourcils, surpris par la réplique, et il ne comprit pas où il voulait en venir. Les gémissements près d’eux coupèrent court à la brève conversation et il se tourna vers leur source. Si Panoramix était à présent réveillé et se frottait les tempes dans l’espoir de faire cesser son mal de tête, Obélix tardait à se lever, malgré les léchouilles et les petits couinements d’Idéfix à son égard. Cela inquiéta brièvement le petit blond – avait-il été plus sévèrement touché qu’eux ? Avait-il même besoin de soins ? – mais sa crainte disparut rapidement à la suite d’une observation minutieuse ; son ami ne souhaitait juste pas quitter son rêve de bienheureux pour retourner à une réalité plus incertaine.
– Enfin, je suppose que cela ne fera pas de mal de tenter, après tout, souffla Amir.
Son sourcil haussé montrait clairement son scepticisme devant les déambulations indifférentes des villageois. Certains passaient près de la cage sans même tourner un regard vers eux, comme s’ils n’existaient pas. Pourtant, la cage existait bien, elle, puisqu’ils modifiaient leur trajet pour ne pas se cogner contre elle.
Si, à la réflexion, Astérix trouva cela étrange – il en allait de même pour les enfants ; pas un seul ne les jaugea, même par curiosité – il ne comprit toujours pas la précédente phrase du jeune homme mais en abandonna l’idée. Comme aucun des deux mages n’était visiblement prêt à s’expliquer, que Panoramix s’était renfrogné et marmonnait dans son coin et qu’Obélix était encore à moitié dans ses songes, même assis, il sut qu’il ne devait compter que sur lui-même. Il héla donc les passants pour demander, dans un premier temps, la raison de leur séquestration, puis qu’on les libérât ou tout du moins, qu’on fît venir un responsable avec qui ils seraient en mesure de discuter.
Il n’obtint aucune réponse. Pire, il n’obtint non plus aucune réaction : personne ne se retourna vers eux pour voir d’où provenaient ces appels qui devinrent des cris. Comme s’ils n’existaient pas. Une crainte sourde commença à naitre dans la poitrine du petit Gaulois mais ce dernier refusa de se laisser abattre. Il continua de les interpeller jusqu’à ce que Panoramix l’interrompît :
– Tu devrais peut-être essayer autre chose. Ou alors, peut-être ont-ils pour ordre de ne pas nous répondre mais notre demande a été transmise à leur chef, s’ils en ont un.
– Etrangement, je ne suis pas très optimiste à ce sujet, répondit Astérix dans un souffle, comme il scrutait les allers et venues de leurs geôliers avec plus d’attention.
Il songea que le pessimisme d’Amir le contaminait mais peut-être était-ce fondé ; aucun ne semblait ne serait-ce que s’éloigner pour transmettre une quelconque information à qui que ce fût. Ces gens continuaient de vaquer à leurs occupations et leurs agitations n’y changeaient strictement rien. A quoi les destinait-on, dans ce cas ?
Leur sort était-il déjà réglé d’avance ?
– Peut-être, fit Panoramix en fronçant les sourcils. Mais il ne nous coûte rien d’essayer et ce n’est pas comme si nous débordions d’activités ici, de toute façon.
– Pourquoi ne quittons-nous pas cette cage ? intervint soudain Obélix, tandis qu’il louchait sur les larges barreaux qui n’étaient constitués que de bois. Nous pouvons très bien sortir par nous-mêmes, pas besoin de demander leur aide !
Sur ces mots qui avaient créé de l’espoir en un instant chez ses camarades, le rouquin se tourna vers les barreaux qu’il saisit à pleines mains dans le but de les arracher. Au début, il procéda comme d’habitude, avec négligence ; cela ne fonctionna pas. Il fronça les sourcils, dubitatif, et augmenta la pression exercée pour forcer davantage. Cependant, même après de nombreuses secondes à s’acharner dessus de plus en plus fort, ils lui résistèrent. Observant son échec, ses camarades ne virent pas seulement le désespoir les envahir mais l’inquiétude croitre. Même si les barreaux étaient solides, ils n’auraient jamais dû tenir devant la force herculéenne du Gaulois. Ils auraient dû craquer depuis longtemps.
La cause de ce constat n’était pas naturelle.
Lorsqu’Obélix abandonna finalement la partie et se laissa retomber au sol, Astérix sentit un poids alourdir le creux de son estomac. Il observa brièvement le visage des autres ; ils avaient légèrement pâli. Tous avaient déjà observé le Gaulois arracher des arbres avec une facilité déconcertante. Pourquoi lui résistaient-ils ?
– Il y a forcément quelqu’un qui –
– Et vous ne pouvez rien y faire, vous ? demanda brusquement Astérix à l’adresse des mages.
Leurs airs sombres répondirent à leur place mais ces derniers prirent le temps de fixer leur cage quelques secondes pour chercher la trace d’une magie qu’ils seraient en mesure de contrer. Ils psalmodièrent quelques sorts qu’ils avaient en réserve, les yeux vitreux. Panoramix secoua la tête, considérant leurs tentatives comme vaines ; et rapidement, les deux mages en firent de même, dépités. Astérix sentit ses épaules s’affaisser sous la désillusion et déglutit.
Ce n’était pas bon du tout.
– Cela ne veut pas dire que ce sont forcément elles qui sont derrière cela, les rassura Kadir, un peu plus optimiste que son homologue. La magie ne leur est pas strictement réservée.
– La magie utilisée est très puissante, rétorqua Panoramix, une grimace parfaitement visible à travers son épaisse barbe. Il est très probable que –
– Ce ne sont pas forcément des druidesses et les femmes n’ont pas le monopole des magies puissantes, même s’il est certain qu’elles ont souvent plus de facilités dans ce domaine. Cependant –
Kadir s’interrompit et tous rivèrent leur attention vers l’extérieur. Les habitants étaient pris d’une excitation soudaine et incompréhensible. Ils s’agitaient et bientôt, ils comprirent que quelqu’un arrivait car ils arrêtaient leurs activités pour fixer une direction précise et dessiner une allée entre eux, qui se dirigeait tout droit vers eux. Les quatre compagnons se raidirent tandis qu’Obélix se contentait de cligner des yeux, perplexe. Ils en déduisirent que cela annonçait l’arrivée de quelqu’un d’important. Un futur interlocuteur providentiel ?
Ils se détendirent lorsqu’ils virent apparaitre un homme de petite stature et à la carrure fine mais dont l’aura laissait deviner sa fonction de la même façon que les habits colorés. Ses traits anguleux accordaient plus de sévérité que n’avait réellement son visage qui n’exprimait aucune émotion particulière. Ce dernier, escorté par deux hommes imposants et armés, des gardes du corps car le chef ne portait aucune arme visible, pratique étrange de leur point de vue, se rendit directement auprès de leur cage, le regard rivé sur eux.
Allaient-ils enfin savoir ce à quoi ils les destinaient ?
Ils se levèrent et s’avancèrent lorsque le chef s’arrêta devant leur cage pour les regarder tour à tour, attentif. Eux attendirent. Au bout de quelques secondes, Astérix sentit l’impatience de son ami transpirer derrière lui et lui jeta un bref regard en réponse dans l’espoir qu’il conservât le silence. Il espéra seulement qu’Obélix avait compris le message.
Pendant ce temps, Panoramix avait commencé à parler à leur nouvel interlocuteur pour lui réclamer de connaitre la raison de leur séquestration ainsi que ce qu’ils comptaient faire d’eux. Il n’eut pas plus de succès qu’Astérix car l’homme ignora sa demande. Il se contenta de le dévisager scrupuleusement avant de le désigner du doigt et de se mettre à parler dans un dialecte inconnu d’eux, une langue aux consonances anglophones qu’ils ne furent pas en mesure d’interpréter. Pourtant, ils devinèrent parfaitement une chose : ils parlaient de Panoramix et de sa tenue.
Donc du fait qu’il fût druide.
S’ils avaient encore espéré échapper aux druidesses en cet endroit, l’idée partait doucement en fumée. Après tout, quelles probabilités y avait-il pour que quelqu’un d’autre s’intéressât tant à lui sans qu’il n’y eût un quelconque lien avec elles ?
L’homme cria des ordres qu’il appuya de grands gestes de bras à l’encontre de ses condisciples, qui s’égaillèrent et disparurent rapidement de la place avant de prendre congé lui-même. En quelques secondes, il n’y eut plus personne et le silence s’installa dans le lieu, si ce n’était les corbeaux qui croassaient au-dessus d’eux et quelques autres oiseaux qui piaillaient. Cela n’avait rien de rassurant et ne les renseignait aucunement sur ce qui allait suivre, même s’ils en devinaient la teneur.
– Vous êtes réellement sûrs de ne pouvoir briser le charme ? tenta tout de même Astérix puisqu’il ne leur restait plus que cela.
Les trois seuls hommes capables d’une telle prouesse secouèrent la tête en signe de dénégation.
– Eh bien, je suppose que l’on saura rapidement ce qu’il en est…, murmura finalement Astérix en reportant son regard vers l’allée qui se dirigeait vers la forêt, une boule serrée dans la gorge.
Il pria juste pour ne pas l’apercevoir elle, si elles devaient venir les trouver.
Ils eurent la réponse au bout d’une heure lorsque les habitants ressurgirent des ruelles. Ils encadraient un groupe compact constitué uniquement de femmes. Leurs toges étaient sans équivoque et laissaient transparaitre leur fonction. Celle qui se tenait à côté du chef du village et s’entretenait avec lui était visiblement parmi les plus âgées ; vieille et rachitique, il était presque aberrant qu’elle fût encore en vie. A leurs yeux, il était certain qu’elle tenait le rôle de matriarche au sein du groupe, même si plusieurs femmes dans les mêmes âges figuraient à ses côtés, mieux conservées qu’elle. La plupart de ses consœurs était jeune et avait entre vingt et trente-cinq ans. Astérix observa avec malheur que son unique vœu n’avait pas été exaucé.
Yucca se tenait parmi elles.
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