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tome 1, Chapitre 1 tome 1, Chapitre 1

Crédits : L’univers et les personnages d'Astérix appartiennent aux créateurs de l’œuvre, René Goscinny et Albert Uderzo, et à ses autres détenteurs, je ne détiens aucun droit les concernant.

Seuls l’histoire et quelques personnages sont issus de mon imagination et m’appartiennent de ce fait.

Notre histoire commence non pas au sein du village de nos valeureux héros mais à la lisière de la forêt des Carnutes. C’était dans celle-ci que se rassemblaient au moins une fois dans l’année les différents druides venus partager leur savoir et leurs méthodes et élire le meilleur d’entre eux, et c’était à sa bordure qu’attendaient Astérix et Obélix, venus une nouvelle fois accompagner leur druide jusque-là où ils en avaient le droit. Car ils ne pouvaient pénétrer au sein même de la forêt ; cette dernière était strictement réservée aux druides et se devait de préserver leurs secrets. Une pancarte rappelait même cette règle à son entrée. Cette loi était toujours en vigueur même si d’autres avaient déjà fait fi de celle-ci, dont eux-mêmes, ce dont ils se souvenaient parfaitement avec un peu d’amertume – enfin, Astérix surtout. Mais malgré leur propre inquiétude suite à cette histoire, leur druide, Panoramix, avait tenu à continuer à l’appliquer.

Rien ne promettait un quelconque problème ; les clameurs qui leur venaient d’entre les arbres les assuraient du bon déroulement de la rencontre. Cela faisait déjà plus de deux heures qu’ils s’étaient installés là, assis nonchalamment contre un rocher. Idéfix somnolait à présent à leurs pieds et Astérix avait fini par se détendre. Tous trois profitaient de la tranquillité des lieux après un repas copieux gracieusement chassé par le tailleur de menhir, le temps était clair et doux et le ciel dégagé, et seule une légère brise soufflait. Que demander de plus ?

Leur seul souci était désormais de savoir si leur druide l’emporterait une fois encore cette année, même s’ils n’avaient aucun doute sur la réponse.

– Cela fait déjà longtemps qu’il est parti, Astérix, non ?

La voix rauque du rouquin brisa soudain le silence. Cependant, le petit Gaulois n’ouvrit même pas les yeux et décroisa juste ses bras, calés derrière sa tête, pour se frotter le nez d’une main.

– A peine plus de deux heures, Obélix.

Il ne se rappelait plus du tout le temps que cela avait pris la fois précédente, mais il lui semblait que c’était dans ces eaux-là. Les druides ne devraient donc pas tarder à réapparaitre. Mais il ne le partagea pas avec son ami car s’il venait à avoir tort, Obélix en viendrait à s’impatienter pour rien.

– J’espère qu’il va se dépêcher de revenir, cette fois.

Cette fois, Astérix ouvrit les yeux pour les lever au ciel. Il n’eut pas à bouger beaucoup la tête pour cela.

– Son retard n’était pas volontaire, lui rappela-t-il, puis il tourna la tête vers lui, tout de même vaguement surpris par sa remarque. Pourquoi es-tu –

Un grondement particulièrement fort l’interrompit et résonna quelques instants avant de lentement se transformer en un faible gargouillis, puis il se tut. Les yeux d’Astérix s’agrandirent de surprise en descendant vers le ventre rebondi de son ami.

– Oh, Obélix !

Puis il rit de l’air penaud que celui-ci arbora tandis que son teint rejoignait la couleur de ses cheveux. La faim était un parfait argument, tout du moins pour ce Gaulois. Il aurait dû le prévoir ; ils avaient dû partager un seul sanglier, ce qui était bien loin de sa consommation habituelle.

Mais son amusement fut bref, car les bruits s’étaient calmés et avaient changé. A présent, ce n’étaient plus des réjouissances mais des conversations diverses, et bientôt, les sons se rapprochèrent.

– Je crois que tu n’auras pas à t’impatienter encore longtemps, Obélix. Les voilà qui arrivent !

– Chouette ! s’exclama Obélix en se redressant d’un bond et en se frottant les mains. C’est que je commence à avoir faim !

– Oh, vraiment ? répliqua Astérix d’un ton amusé en se redressant à son tour, cependant la crainte gâcha un peu l’effet.

Obélix ne le remarqua pas, mais le blond repensait aussitôt aux événements de la fois précédente et espérait de tout cœur qu’une telle chose ne se reproduisît pas. L’histoire s’était bien terminée et même s’il aimait l’aventure, il n’appréciait pas celles qui impliquaient la vie de ses amis.

Une file de druides émergea bientôt d’entre les troncs pour bifurquer à leur gauche une fois la lisière franchie, tout en discutant. Toutefois, le leur demeura hors de vue. L’angoisse d’Astérix s’accrut à mesure que le temps passait et que les mages défilaient juste devant leurs yeux. Elle disparut en un claquement de doigts lorsque finalement, Panoramix apparut à son tour. Il était bon dernier et se tenait étrangement un peu à l’écart des autres, perdu dans ses pensées. Astérix ne sut qu’en penser mais ne s’y attarda pas à cet instant ; s’il y avait un problème, le druide ne se gênerait pas pour le leur faire savoir.

– Ô Panoramix ! l’interpella Astérix en le rejoignant, tandis que dans sa distraction, le druide suivait ses collègues par automatisme.

– Mmh ? Oh ! Je suis désolé, fit-il en s’arrêtant, rejoint par les trois compagnons. J’étais dans mes pensées.

Puis il secoua la tête comme pour chasser la cause de son trouble évident et son regard se baissa sur le petit Gaulois, qui lui renvoya un regard interrogateur.

– Quelque chose ne va pas, ô druide ? demanda alors ce dernier, vaguement inquiet.

Obélix, penché vers Idéfix, ne s’intéressa pas à la question. Panoramix haussa les épaules, replaça son sac correctement sur son épaule et amorça quelques pas vers le chemin du retour.

– Pourquoi cela n’irait-il pas ? répondit-il tout de même, tout en adoptant un visage lisse et inexpressif.

Mais Astérix ne fut pas dupe.

– Se serait-il passé quelque chose de grave ? fit-il en calquant ses pas sur ceux du druide.

Obélix en fit de même et quelques secondes plus tard, ils formaient une ligne de front qu’ils devraient bientôt rompre car déjà, un autre bois se présentait devant eux.

– Non, bien sûr que non, démentit Panoramix d’un ton tranquille, le sourcil levé : Pourquoi penses-tu ainsi ?

– Vous êtes troublé, constata le petit Gaulois.

Le druide ne réagit pas et Astérix ne savait plus quoi dire. Et Obélix était loin de l’aider ; il n’était même pas sûr qu’il eût écouté la maigre conversation qu’ils entretenaient.

Astérix soupira et en désespoir de cause, décida de laisser ce sujet de côté, jusqu’à temps qu’il trouvât un moyen d’en apprendre davantage. Il changea donc de sujet.

– Au fait, ce concours ? Avez-vous gagné, cette année encore ?

Peut-être était-ce finalement cela le problème ; peut-être était-il juste déçu et réfléchissait-il juste aux raisons de sa défaite. Après tout, il ne paraissait pas non plus inquiet. Juste troublé.

Mais le druide agita la main, écartant sa supposition par la même occasion.

– Non, non. J’ai gagné, comme d’habitude.

Le tout fut dit sur un ton si morne et sans émotion qui fit tiquer même Obélix. Il aurait pourtant dû se réjouir de cette nouvelle. Il en avait d’ailleurs frémi d’impatience jusqu’à son entrée dans la forêt. Alors que s’était-il passé pour qu’il considérât sa victoire avec autant d’indifférence ?

Le silence plana durant quelques secondes, tandis que la luminosité décrut légèrement lorsqu’ils passèrent sous le couvert des arbres. Comme le sentier n’était pas tracé et que le passage était étroit, Obélix se retrouva derrière eux avec Idéfix, et Astérix dut lutter pour rester à la hauteur du druide.

– Il y a un problème ?

Astérix avait l’impression de se répéter mais il n’y pensa pas longtemps. Le visage du vieil homme se faisait hésitant et il y avait des chances pour qu’il se mît à parler bientôt. Comme quoi, son obstination allait finalement payer.

Et effectivement, ce fut le cas. Panoramix soupira.

– Oh, pas grand-chose, finit-il par avouer d’une voix basse et songeuse. Nous ne pouvons pas réellement parler de problème, ce n’est sans doute rien, mais… plusieurs de mes collègues étaient absents aujourd’hui. Septantesix, par exemple. Et personne n’est capable d’en donner la raison. Personne n’a eu de nouvelles d’eux.

Astérix en fut un peu étonné. Il ne l’avait pas remarqué en voyant la file de druides quitter la forêt, mais il ne les connaissait pas et ne savait combien ils auraient dû être. Il ne sut que dire pour rassurer le druide affligé. De nombreuses choses pouvaient expliquer leur absence, mais pourquoi aucun n’aurait envoyé de message pour les en avertir ? Car même si certains vivaient dans des lieux trop reculés pour le pouvoir, cela paraissait étonnant que ce fût le cas de tous. Mais malgré tout, c’était bien insuffisant pour s’en inquiéter ; ils avaient dû avoir des empêchements de dernière minute. La coïncidence était hasardeuse mais possible.

Et après tout, combien de personnes étaient concernées ?

Le Gaulois jeta brièvement un regard par-dessus son épaule pour surprendre Obélix en train de hausser les épaules, partageant son désarroi. Il reporta son attention sur le druide, mais rien d’autre ne lui venait.

– Ils étaient sans doute occupés, finit-il par lâcher d’un ton hésitant, car il avait malgré tout l’impression de dire des bêtises.

Panoramix ne releva pas et Astérix se demanda même s’il l’avait entendu. Il le dut, car il répondit au bout de plusieurs secondes :

– Tu as sans doute raison.

Il n’ajouta rien de plus, et le silence se fit. Il perdura durant toute la traversée du bois, jusqu’à ce que le village fût en vue. Rien ne croisa leur route et tout était aussi calme qu’à l’habitude. Il n’y avait décidément rien qui donnait lieu à s’inquiéter.


Texte publié par Ploum, 1er janvier 2019 à 23h05
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